Tendances
de l'Orient
L'Etat syrien a déjà remporté
la première manche à Genève 2
Ghaleb Kandil
Lundi 27 janvier 2014
La conférence de Genève 2 a montré avec
force la position souveraine et
indépendante de l'Etat syrien et sa
détermination à trouver sérieusement une
solution politique à la crise à travers
le dialogue avec l'opposition. En
revanche, cette opposition a présenté un
visage déconfit et a poursuivi, avec les
ennemis de la Syrie, la campagne de
mensonges pour intensifier les pressions
sur cet Etat résistant. Genève 2 a
permis de dégager une série de données,
en tête desquelles figurent la solidité
de l'Etat syrien et sa crédibilité, qui
se sont illustrées dans les faits
suivants: -La ferme détermination à
protéger l'indépendance et la
souveraineté nationales, en refusant
toute condition préalable et en
s'attachant à la volonté du peuple
syrien, ultime autorité de référence
constitutionnelle et politique. Une
détermination encore plus grande à faire
face à toute tentative d'intervention
étrangère dans les affaires souveraines
syriennes. -Le choix sérieux du dialogue
inter-syrien, même si la délégation de
l'opposition souffre d'un grave manque
de représentativité et est manipulée par
l'alliance qui mène une guerre contre la
Syrie, conduite par les Etats-Unis.
-L'attachement ferme à la priorité de la
lutte contre le terrorisme, subtilement
intégrée au concept de l'arrêt de la
violence, consacré par l'initiative de
Kofi Annan, sabotée par les Etats-Unis.
-La présentation de la conception de
l'Etat syrien de la période transitoire,
qui doit être le couronnement du
dialogue à l'ombre de la Constitution
actuelle et non pas un coup d'Etat à
travers un conseil transitoire de
gouvernement, comme l'a défendu le
secrétaire d'Etat John Kerry et avant
lui Hillary Clinton, depuis le
communiqué de Genève 1. Un communiqué
qui fait l'objet de lectures
contradictoires entre Moscou et
Washington. En plus de tous ces
éléments, la délégation de l'Etat syrien
est apparue comme une équipe homogène,
gérant avec habileté la bataille
médiatique, politique et diplomatique,
et ravissant l'intérêt des journalistes
présents à Montreux. La délégation
syrienne a donné une image brillante de
l'Etat syrien, cohérent et confiant dans
sa suprématie. Les Etats-Unis ont, comme
à leur habitude, sorti un lot de
mensonges dans le but d'intensifier les
pressions sur l'Etat syrien, en tentant
d'imposer une lecture bien déterminée de
Genève 1, relayée par de nombreux médias
occidentaux. En réalité, Genève 1 ne
mentionne nulle part nommément le
président Bachar al-Assad, et ne prévoit
pas la formation d'une instance de
transition supra-constitutionnelle. Cela
signifie qu'une telle instance, si elle
devait voit le jour, ne pourrait être
constitutionnelle que si elle est formée
par un décret signé par le président
Assad et que si ses membres prêtent
serment devant le chef de l'Etat. Les
gesticulations de John Kerry et de
François Hollande sur le rôle du
président Assad ne sont donc pas en
conformité avec les dispositions de
Genève 1. Et l'indécence a atteint de
tel sommets que dans le même temps, les
autorités françaises, américaines et
britanniques font circuler des
informations sur des contacts entrepris
avec les autorités syriennes sur la
coopération dans la lutte contre le
terrorisme. Sans aucun scrupule, Kerry a
envoyé l'un de ses adjoints à la salle
de presse de Montreux pour déclarer,
devant des journalistes connus pour leur
amitiés avec l'Etat syrien, que les
Etats-Unis sont conscients des
changements des rapports de force
imposés par l'Armée arabe syrienne et
pour confirmer les contacts
syro-américains. Cette schizophrénie a
été palpée par les journalistes présents
en Suisse pour couvrir la conférence. Le
gouvernement du Qatar, et derrière lui
les services de renseignements
américains, a inventé un gros mensonge
pour tenter d'influer sur le climat de
la conférence, à travers le soi-disant
rapport sur la torture et les
liquidations dans les prisons de l'Etat
syrien. Des journalistes et des experts
occidentaux n'ont pas manqué de relever
les nombreuses failles et défaillances
dans ce document, ainsi que son timing
inespéré pour l'opposition et les
ennemis de la Syrie. Certains ont
souligné ironiquement que des pays comme
le Qatar et l'Arabie saoudite, qui n'ont
même pas de Constitution, se présentent
comme des défenseurs des droits de
l'homme face à un Etat civil et laïque,
combattu par des groupes extrémistes-takfiristes,
financés par ces deux pays rétrogrades.
Autre incongruité de la conférence,
l'apparition de l'ambassadeur américain
à Damas, Robert Ford, comme le vrai
président de la délégation de la
Coalition nationale syrienne (CNS).
Probablement que la conférence va se
terminer par les trois points proposés à
Moscou par le ministre Walid Moallem: un
échange de prisonniers; des arrangements
de sécurité, qui commenceraient à Alep
-la CNS les souhaite à Homs;
l'acheminement d'aides humanitaires. Un
autre rendez-vous pourrait ensuite être
fixé après le règlement des deux failles
auxquelles le ministre russe des
Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a
promis de remédier: l'exclusion de
l'Iran et l'élargissement de la
représentativité de la délégation de
l'opposition, en y incluant d'autres
franges qui ont été écartées. L'Etat
national syrien a remporté une manche
importante et la lutte continue. C'est
l'Armée arabe syrienne qui aura le rôle
principal lors de la période à venir.
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