Tendances de
l'Orient
Pas de salut sans véritables réformes
Ghaleb Kandil

Lundi 12 mai 2014
Ceux qui refusent toute réforme
démocratique du système politique
libanais polémiquent au sujet de la
pertinence de l'organisation d'une
constituante. Ils rejoignent, de la
sorte, les défenseurs de la formule
figée issue de l'accord de Taëf, à
laquelle s'est greffée une foule de
faits accomplis imposés par l'ère
haririenne, ainsi que ceux qui
soutiennent la formule actuelle, qui
encourage les ingérences étrangères dans
les affaires internes libanaises.
Pourtant, l'idée du référendum et de
l'élection du président de la République
au suffrage universel est une
proposition pratique susceptible de
briser la polarisation au Parlement,
dont les délicats équilibres conduisent
à deux scénarios: le premier est la
conclusion d'une entente sur l'élection
d'un président centriste, qui voit
l'émergence, le plus souvent, d'un
président faisant primer ses liens avec
les pays occidentaux et les Etats arabes
du Golfe sur les intérêts supérieurs de
la nation. Ce type de président est, par
conséquent, condamné à gérer la crise,
ce qui retarde les solutions radicales
aux problèmes politiques, économiques et
sociaux auxquels le Liban est confronté.
Le deuxième scénario est d'attendre des
compromis régionaux et internationaux
qui permettraient l'élection d'un
président, issu des rapports de force
ambiants, comme ce fut le cas après les
guerres de 1958 et 1975, et après
l'accord de Taëf. S'en remettre à la
volonté populaire est l'expression la
plus vivante de la démocratie, et
l'élection par le peuple du président de
la République serait suivie d'un
renforcement des prérogatives du chef de
l'Etat et d'un rééquilibrage du pouvoir
exécutif. La formation de la commission
supérieure pour l'abolition du
confessionnalisme, stipulée par la
Constitution, et l'application de la
proportionnelle dans la loi électorale,
sont deux réformes bloquées par la
paralysie du Parlement, à cause des
équilibres en son sein. En outre, les
réformes mettant un terme à la dictature
du capitalisme sauvage et effaçant les
séquelles du haririsme sont un besoin
dont l'urgence est apparue avec les
débats qui ont accompagné le débat sur
la grille des salaires dans le secteur
public. Depuis l'accord de Taëf, les
voix appelant à un nouveau contrat
social s'élèvent réclamer l'arrêt du
processus de destruction des classes
moyennes. Mais aucune mesure pratique
n'a été prise dans ce sens.
L'organisation d'une constituante est la
seule voie pour mettre en œuvre des
réformes constitutionnelles, politiques,
économiques et sociales radicales,
nécessaires pour assurer une stabilité
durable dans le pays. De telles réformes
renforceraient la place du Liban dans
les équations régionales et
internationales, en prenant pour base
l'intérêt supérieur de la nation. Elles
permettraient, enfin, de confirmer le
choix de la résistance au Liban, remis
en cause par les pressions américaines,
occidentales et des Etats du Golfe.
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