Actualité
La Torah ne saurait légitimer le
massacre des Palestiniens
Gabriel Hagaï
L’armée israélienne a ouvert le feu sur
la population palestinienne de Gaza
qui manifestait pour ses droits
Mercredi 15 mai 2019
Source :
Mizane.info
Le rabbin Gabriel Hagai est engagé dans
le
dialogue judéo-musulman. Homme d’une
grande spiritualité, il dénonce, dans un
texte que publie avec son autorisation
Mizane.info, les derniers massacres de
Palestiniens ordonnés par le
gouvernement israélien au moment des
célébrations du transfert illégal de
capitale de Tel Aviv à Jérusalem. Un
bilan meurtrier porté à une soixante de
morts Palestiniens.
“L’horreur a passé
un nouveau cap dans la tragédie
Israël-Palestine. L’armée israélienne
tire sur des manifestants massés du côté
gazaoui de la frontière, faisant plus
d’une cinquantaine de morts et des
milliers de blessés, dont des enfants et
des femmes. Du massacre pur et simple !
C’est cela la soi-disant armée « la plus
morale du monde » ? Je suis en colère !
Le tir à balles réelles sur des civils
désarmés est toujours un crime, quelles
qu’en soient les raisons avancées par le
Gouvernement israélien. L’idéologie
sioniste vient de montrer ici son vrai
visage. Fonder un pays sur l’exclusion
des non-juifs et sur le racisme
nationaliste entraîne tôt ou tard
l’engagement dans l’épuration ethnique.
Sous couvert d’un discours sécuritaire,
l’État d’Israël continue de violer les
droits de l’Homme envers les
Palestiniens. D’abord l’occupation
armée des territoires, puis la
suppression des droits civiques, et
enfin la répression meurtrière. La
spirale infernale est enclenchée – celle
qui se répète malheureusement par-delà
l’Histoire et la géographie.
La communauté
juive prise en otage par l’idéologie
sioniste
Benjamin Netanyahu
et Donald Trump sont des criminels de
guerre. Ils ont sur leurs mains beaucoup
de sang. Tôt ou tard, ils devront
répondre de leurs crimes devant une cour
de justice (internationale ou non) et
devant Dieu. Tout d’abord, ils rendront
compte des vies de tous ces
Palestiniens, fauchées dans leur combat
pour la liberté. Puis des vies de tous
ces juifs assassinés par ceux qui
manquent de discernement, croyant
résoudre une injustice par le sang
versé. Car la politique israélienne –
dont celle des massacres perpétrés par
son armée – nuit aux juifs de par le
monde. Tout le contraire de ce que sa
propagande affirme ! Le raccourci est
aisé : identification entre l’État
d’Israël et les citoyens israéliens,
puis entre les Israéliens et tous les
juifs. Comment empêcher cet amalgame
toxique ? Les institutions juives
françaises n’aident pas à calmer la
situation, au contraire. Leur soutien
inconditionnel à l’État d’Israël – et
leur fait d’assimiler l’antisionisme à
l’antisémitisme –, ouvre le bal de tous
les amalgames. La communauté juive se
retrouve prise en otage par l’idéologie
sioniste. Et les discours s’enflamment
de tous les côtés.
« La Torah ne
saurait légitimer le massacre des
Palestiniens »
Le rabbin Gabriel
Hagai dénonce la violence de l’idéologie
sioniste qui instrumentalise l’identité
juive à des fins meurtrières.
Non, il n’y a pas
de « guerre » entre les juifs et les
musulmans (les « Arabes » dans la bouche
des racistes). Tout au long de
l’Histoire, malgré quelques aléas
anecdotiques circonstanciels (des fois
douloureux), la cohabitation
judéo-musulmane s’est faite sans heurts,
et même dans un auto-enrichissement
réciproque. L’idéologie haineuse n’a pas
sa place dans la religion. Le vrai
judaïsme n’est pas du nationalisme.
L’identité juive ne peut pas servir
d’excuse pour un apartheid soi-disant
sécuritaire excluant les non-juifs de
tous droits civiques. La Torah ne
saurait légitimer le massacre des
Palestiniens. Car il est écrit
(Deutéronome 16:20) : « Ṣedeq ṣedeq
tirdof (justice, tu poursuivras la
justice) ! ». Le choix de Donald Trump
d’implanter l’ambassade des États Unis à
Jérusalem dessert la paix. Cette paix
tant recherchée. Cette paix authentique
fondée sur la justice pour tous les
protagonistes, et non pas sur la simple
absence de violence, ou sur le
remplacement d’une injustice par une
autre. Cette paix au bénéfice des
Palestiniens et des Israéliens,
ensemble, et non pas au détriment des
uns et au bénéfice des autres, ou
réciproquement.
Danser à
Jérusalem quand on massacre à Gaza ?
Je suis indigné !
Halte au massacre ! Comment danser à
Jérusalem quand on extermine à Gaza ?!
Où sont les sages ? Ceux qui comprennent
que les concepts impersonnels comme
l’État, la Nation, les Frontières ou le
Gouvernement, n’entraînent que conflits
et souffrances lorsqu’ils sont
instrumentalisés par des idéologies
haineuses. Où sont les êtres de paix ?
Ceux qui placent l’humain au centre,
dans tous ses droits et dans toute sa
dignité. Toute vie est sacrée. C’est
cela le principe le plus élevé de la
Tôra, comme il est écrit (Deutéronome
30:15-19) : « Wu-vaḥarta ba-ḥayyîm (tu
choisiras la vie). » N’est-il pas
affirmé dans le Midrash (Bemidbar Rabba
23, Eliyyahu Rabba 10) et répété dans la
Mishna (M. Sanhedrîn 4:5) que « celui
qui sauve une personne c’est comme s’il
avait sauvé le monde » ? Ainsi que son
contraire (ibid.) : « Celui qui tue une
personne c’est comme s’il avait détruit
le monde. » ! Ainsi, nous sommes tous
liés, tous unis par nos liens
d’humanité. Quand un être humain meurt
assassiné, c’est nous tous qui mourons.
Honte à l’État d’Israël ! Honte au
Gouvernement américain ! Honte à l’ONU !
Honte au Conseil de Sécurité !”
Rabbin Gabriel
HAGAI
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