Conférence de
presse
Les Syriens sont en colère et
n'attendent plus grand-chose de Genève 2
!
Fayçal al-Mikdad
Capture
d'écran PalSol
Mercredi 12 février 2014
La deuxième session de Genève 2 a débuté
par un énième massacre qui a emporté 42
citoyens syriens à « Maan », petit
village dans la banlieue Nord Est de
Hama [1]. Des femmes, des personnes
âgées et des enfants immolés et passés
au fil de l’épée wahhabite, pour que les
négociations du lendemain soient
perturbées par la propagande mensongère
qui tue tout espoir de paix.
Encore un massacre ayant sélectionné sa
cible sur la base de son appartenance
« ethnique ou religieuse » ;
appartenance incompatible avec un « État
Juif » dans les parages, et tout aussi
incompatible avec les plans de partition
du Moyen-Orient sur cette même base.
Plans désormais notoirement concoctés,
puis mis à exécution, par la triade
« États-Unis, Arabie saoudite,
Turquie », sans oublier tous leurs
alliés qui les couvrent dans l’espoir
d’en tirer profit. Mais, n’attendez pas
que les communiqués officiels syriens
vous précisent de quelle minorité
ethnique ou religieuse il s’agit cette
fois-ci. En Syrie, on ne parle jamais de
cela... c’est ainsi !
Les Syriens sont en colère et
considèrent, dans leur très grande
majorité, qu’il est inutile de négocier
avec les assassins et leurs
commanditaires [2]. Pour eux, de Jisr
al-Choughour à Maan, en passant par
Alep, Khan al-Assal, Al-Houla, Karm al-Zaytoun,
la Ghouta de Damas, Lattaquié, Ma’aloula,
Adra, etc., les responsables de tous ces
monstrueux massacres sont les mêmes. Et
la clique des prétendus opposants
syriens, censée les représenter à Genève
2, n’est composée que de complices
vendus aux « wahhabites sionisés » qui
ne s’en cachent même plus.
Les Syriens sont en colère, car ce
énième massacre - perpétré à la veille
d’une énième rencontre internationale -
vient prouver que ceux qui se targuent
de parler au nom de la communauté
internationale ne veulent pas de
« solution politique » à leur tragédie.
Au contraire, ils s’efforcent par tous
les moyens de satisfaire les exigences
de leurs bailleurs de fonds à Riyad,
Doha, Ankara, Washington, Paris et
Tel-Aviv... Exigences qui se résument à
détruire la Syrie !
Les Syriens sont en colère, et les
raisons de cette colère sont plus que
claires après avoir entendu la
conférence de presse impromptue,
accordée par Mr Fayçal al-Mikdad, en
pleine rue, dès son arrivée à Genève, ce
10 Février 2014. Certains passages sont
en anglais, les questions ne sont pas
toujours audibles... En voici quelques
extraits [NdT].
1. Qu’avez-vous à
dire sur le massacre de Maan ?
J’éprouve une immense
peine... Ce massacre a été perpétré hier
[9 Janvier 2014]. Des groupes de
terroristes armés ont envahi ce village
qui a connu des attaques à répétition
ces deux dernières années, mais où un
petit nombre d’habitants était revenu
depuis peu. Aux dernières nouvelles, le
nombre de victimes approche la
cinquantaine... Surtout des femmes et
des enfants, exécutés de sang froid et à
l’arme blanche... À l’heure qu’il est,
leurs maisons sont en train d’être
pillées et incendiées...
Une fois de plus, ce
fait témoigne de ce qui a été
systématiquement programmé par ces
organisations terroristes et ceux qui
les soutiennent aux niveaux régional et
international. C’est cela l’avenir
qu’ils voudraient pour la Syrie : des
massacres à perpétuité !?
Nous sommes venus
travailler pour la paix, et je vous
affirme que nous ferons tout ce que nous
pourrons pour arrêter ces massacres. Il
le faut, car les Syriens n’ont plus
confiance et n’attendent plus rien de
ces négociations à Genève. C’est
pourquoi, nous exigeons que la lutte
contre le terrorisme soit la priorité de
l’ordre du jour. C’est pourquoi
[concernant le communiqué de Genève 1 du
30 Juin 2012, Ndt], nous devons
procéder, pas à pas, pour arrêter les
violences. Sinon, ce terrorisme envahira
les pays voisins avant d’envahir le
monde. Tel est le but de la délégation
de la République arabe syrienne à
Genève !
2. Mais l’opposition a déclaré que vous
êtes responsables de ce massacre et du
matraquage des civils par des barils
incendiaires... que répondez-vous ?
Je réponds que
ce sont là
des
questions idiotes...
3. Existe-t-il le moindre terrain
d’entente entre vous et la communauté
internationale, pour remédier à ce
terrorisme qui fait tant souffrir le
peuple syrien au quotidien ?
Je suis persuadé que
la communauté internationale, telle
qu’on devrait l’entendre, n’est
absolument pas d’accord avec ce
terrorisme qui frappe la Syrie. Mais,
entre communauté internationale et
gouvernements existe une nette
différence !
Les gouvernements qui ont trempé dans
les massacres des Syriens ont d’autres
priorités qui relèvent exclusivement
d’objectifs politiques, à travers
lesquels ils voudraient obliger la Syrie
à abandonner ses prises de position face
aux crises qui déchirent la région, et
aussi à démolir les réalisations du
peuple syrien ; lequel peuple, je vous
l’affirme, soutient sans hésitation,
directement ou indirectement, nos
opérations de lutte contre le
terrorisme...
4. Avez-vous abordé les problèmes vécus
par Alep et Ma’aloula sur la table des
négociations ?
Ces problèmes ont été
abordés lors de toutes nos réunions
précédentes, mais nous n’avons perçu
aucune réaction, ni même une réelle
orientation, visant à régler ces
problèmes. Nous disons que nous devons
discuter les articles du Communiqué de
Genève 1, un par un, en commençant par
le premier ! Et à ce stade je serais
franc pour vous dire que n’avons aucune
réserve pour discuter, le moment venu,
de l’article concernant le « Comité du
gouvernement de transition ». C’est là
une priorité feinte que certains
voudraient imposer... mais ce n’est pas
la priorité !
5. Votre priorité est de combattre le
terrorisme, mais il se peut qu’en face
il y ait cette autre priorité d’un
gouvernement provisoire...?
Ceux qui posent cette
priorité se fichent éperdument de faire
couler le sang syrien. Ils se fichent
éperdument des massacres incessants
commis par les groupes de terroristes
qu’ils couvent, nourrissent, arment et
remontent contre le peuple syrien. Ils
posent cette priorité pour masquer le
problème fondamental que traverse la
République arabe syrienne : le
terrorisme !
Dès ce matin, notre
délégation a présenté un projet de
communiqué appelant Monsieur Lakhdar
Brahimi, ainsi que les Nations Unies, à
condamner le massacre commis à Maan... à
faire en sorte que ce terrorisme
cesse... à mettre enfin la lutte contre
le terrorisme à l’ordre du jour...
Autrement, ces réunions ne seraient que
palabres inutiles...
6. Quelle valeur
accordez-vous aux dernières décisions
prises par l’Arabie saoudite et
concernant notamment le rappel des
Saoudiens combattant en Syrie ?
Considérez-vous cela comme un pas en
avant ?
Franchement, je
considère cela comme un pas en
arrière... Cette loi émanant de
l’Administration saoudienne qui prévient
ses ressortissants, partis combattre en
Syrie, qu’ils seront condamnés à quelque
chose comme trois ou dix années
d’emprisonnement, si j’ai bien compris,
consiste à les inviter à ne pas rentrer
en Arabie saoudite ! Il serait donc
préférable pour eux de continuer à tuer
et à terroriser en Syrie ou... de se
suicider !
Même en admettant une
éventuelle bonne intention de leur part,
elle serait insuffisante... Nous leur
disons, ainsi qu’à tous ceux qui
financent le terrorisme, cette décision
doit être globale. Autrement dit, qu’il
ne suffit pas qu’elle vise tel ou tel
peuple, mais qu’il faudrait qu’elle
sanctionne tout autant les hauts
fonctionnaires des différents états
responsables de soutenir le
terrorisme...
Ainsi, il est
notoirement connu que nombre d’officiers
et de militaires haut gradés, de
différentes nationalités, sont présents
en Arabie saoudite et en Jordanie...
pour diriger les batailles qu’ils
déroulent sur le territoire syrien. Nous
demandons au Conseil de sécurité des
Nations Unies de traiter sérieusement
cette réalité. Ceci, en sachant que des
états qui prétendent soutenir Genève 2
collaborent au sein de salles
d’opération en Jordanie, en Turquie, et
ailleurs, dans le seul but de continuer
à tuer des Syriens.
7. Pensez-vous que
le massacre de Maan nuira au dialogue en
cours ?
Si d’aucuns pensent
que la parole d’un peuple a une certaine
valeur, croyez que le peuple syrien est
en colère au point que nous craignons
que ne faiblisse son soutien au
processus de Genève, faute d’y croire
devant l’absence de toute condamnation
des massacres qu’il endure par ceux qui
prétendent représenter son opposition ;
ceci, quand elle ne se contente pas d’en
accuser l’État syrien... Comme si cette
opposition venait du néant - ce qui est
le cas - sans rien entendre, ni
comprendre à la Syrie ! Une opposition
qui devrait admettre que la priorité des
priorités, pour arriver à une solution
politique et arrêter les violences,
passe par la condamnation du terrorisme.
8. Est-ce que vous
voulez dire que la délégation de
l’opposition syrienne n’a avancé aucune
solution sérieuse ?
Vous devriez poser
cette question à l’émissaire onusien, M.
Brahimi. Je n’ai pas à parler en son
nom.
9. Quelle a été la
réponse du gouvernent syrien à M.
Brahimi quant au cessez-le-feu de votre
côté, et à la formation d’un comité de
gouvernement transitoire ? Vous êtes
vous engagés sur ces deux sujets ?
Dès le début de la
première session de Genève 2, nous avons
abordé les modalités susceptibles de
faire cesser les actions terroristes et
toutes sortes de violence. Ensuite, nous
sommes passés aux points suivants. Ici,
je répète et insiste : tous les points
suivants, dont celui concernant le
« gouvernement transitoire ».
Ce point de
discussion figure naturellement sur
l’agenda de Genève. La philosophie de la
situation et la rédaction du communiqué
de Genève fait que nous devons en
discuter rationnellement et sans
détours. Ce qui implique, que nous
étudiions d’abord le premier article du
dit communiqué, avant de passer au
septième concernant le « gouvernement
transitoire ». Vous serez étonnés de la
proposition que nous ferons une fois que
nous y serons arrivés !
10. Qu’avez-vous à
dire à Fabius, suite à ses déclarations
en tant que ministre français des
Affaires étrangères ?
Fabius n’a pas le
droit de parler d’ « humanité », parce
qu’il n’est pas humain. Je dis
clairement que la France, et
particulièrement l’administration
française actuelle, a largement
contribué à faire couler le sang syrien,
soutient le terrorisme par tous les
moyens dont elle dispose, et consacre
des millions d’euros pour tuer en Syrie.
C’est pourquoi ni
Fabius, ni le gouvernement français,
n’ont le droit de prétendre respecter
les valeurs humaines ou la charte de
l’Organisation des Nations Unies, la
France étant de surcroît membre
permanent du Conseil de sécurité ! Ils
ont perdu leurs valeurs. Ils ont perdu
leur liberté. Ils ont perdu leur
humanisme... Tout cela, pour une poignée
de dollars venus des états pétroliers de
la région du Golfe arabique.
11. Qu’en est-il
de la prison centrale d’Alep ?
Encore une fois, des
organisations terroristes sont à l’œuvre
en Syrie. Ce sont eux qui tuent des
civils Syriens, le gouvernement syrien
défendant son peuple ! Vous savez que
des dizaines de milliers de terroristes
ont attaqué la prison centrale d’Alep
avec l’intention de tuer tous ceux qui
s’y trouvaient. C’est de cela aussi que
les médias doivent parler...
12. Je veux parler
des 20 prisonniers décédés dans cette
prison faute de soins ?
C’est vrai. Les
groupes terroristes empêchent la
livraison de nourriture depuis des mois.
Mais nous avons signé un accord avec la
Croix Rouge Internationale pour pouvoir
faire passer quelques repas, en
collaboration avec le Croissant rouge
syrien. Mais voilà que les groupes armés
sont revenus sur cet accord, ce qui fait
que nombre de prisonniers meurent de
faim.
Les prisonniers
meurent de faim à cause du siège et des
attaques répétées menées par des groupes
armés contre la prison centrale d’Alep !
13. Il est clair
qu’un complot vise la Syrie et que
plusieurs états sont impliqués dans sa
destruction. Que se passerait-il s’ils
arrivaient finalement à la soumettre au
Chapitre VII ?
Nous pensons que le
chapitre VII ne passera pas ! C’est une
mascarade et une manœuvre pour nous
coincer et coincer nos amis.
Le chapitre VII
devrait être utilisé contre les
États-Unis qui soutiennent le
terrorisme.
Le chapitre VII
devrait être utilisé contre la France et
la Grande Bretagne qui soutiennent le
terrorisme de toutes leurs forces.
Le chapitre VII
devrait être utilisé pour ceux-là qui
ont été assassinés, hier, à Maan près de
Hama.
Car, c’est pour
protéger les peuples, non pour les tuer
et servir les colonialistes, que nos
pères - dont Farès al-Khoury - ont
contribué à l’élaboration de la Charte
des Nations Unies et de ce chapitre en
particulier !
Dr. Fayçal al-Mikdad
Vice-ministre syrien des
Affaires étrangères et des Expatriés
10/02/2014
Texte transcrit et
traduit par Mouna Alno-Nakhal
Source : vidéo /
You Tube
مؤتمر صحفي || فيصل المقداد نائب وزير
الخارجية السوري من جنيف
https://www.youtube.com/watch?v=tR_IsH3JM-g
Notes :
[1] Massacre à Maan
http://www.youtube.com/watch?v=Hza_tJ51U5k&feature=youtu.be
[2]
ما المطلوب من الوفد السوري إلى جنيف بعد
مجزرة معان..؟
http://www.jpnews-sy.com/ar/news.php?id=69431#.Uvk-d_qHMkU.facebook
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
Le
dossier Syrie
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