Actualité
Election de M. Ziyad Nakhaleh, à la
direction
du Mouvement du Jihad islamique en
Palestine
Fadwa Nassar
Samedi 29 septembre 2018
Vendredi 28 septembre, un communiqué de
presse du Mouvement du Jihad islamique
en Palestine annonçait l’élection de M.
Ziyad Nakahleh, au poste de secrétaire
général et la composition partielle du
nouveau bureau politique. Ces
élections, les premières depuis la
fondation du mouvement au début des
années 80, se sont déroulées sur une
période supérieure à un an, et ont
couvert l’ensemble de la Palestine et
les camps de réfugiés.
M. Ziyad Nakhaleh
succède au dr. Ramadan Shallah qui était
à la tête du mouvement depuis
l’assassinat en octobre 1995 du martyr
dr. Fathi Shiqaqi, fondateur et premier
secrétaire général. La préparation des
élections a commencé bien avant la grave
maladie de Dr. Ramadan Shallah, puisque
les textes qui les organisent avaient
été fixés depuis plusieurs mois déjà.
Bien qu’ayant assisté dr. Ramadan
Shallah pendant 23 ans (1995-2018) en
tant qu’adjoint, M. Ziad Nakhaleh a
cependant été élu et non nommé, car la
direction du mouvement avait déjà pris
la décision d’organiser des élections
pour différents postes dirigeants.
Une conférence de
presse a suivi le communiqué, organisée
à Gaza dans la matinée, à la frontière
de la Palestine occupée, à l’endroit
même où se déroulent les marches du
retour, lieu symbolisant la volonté du
retour des réfugiés en Palestine et de
la poursuite de la lutte nationale. Mais
la biographie détaillée du nouveau
secrétaire général du mouvement avait
été déjà diffusée par le bureau de
l’Information, où on pouvait lire que M.
Ziyad Nakhalé est né à Gaza en 1953, et
qu’il avait été prisonnier de l’occupant
de 1971 à 1985, à cause de sa
participation à la résistance.
Immédiatement après sa libération, dans
le cadre de l’accord d’échange entre le
FPLP-CG et l’entité sioniste, il fut
nommé au cercle de la Shura
(consultation) du mouvement auquel il
avait adhéré en prison, et assumé la
direction de l’action militaire contre
l’occupant. Il fut ensuite arrêté,
détenu puis expulsé en 1988 vers le
Liban, à cause de sa participation à
l’Intifada et à la direction du
mouvement, mais cela n’a pas mis fin à
son rôle dans le développement de la
résistance militaire, aux côtés des
autres tâches qui lui furent confiées
par le martyr Fathi Shiqaqi, puis par dr.
Ramadan Shallah. Il a participé aux
différentes consultations
inter-palestiniennes au Caire au sujet
de la réconciliation nationale.
Cette courte
biographie reste incomplète si on
n’ajoute pas le fait que
l’administration des Etats-Unis le
considère comme un « dangereux
terroriste », comme le dr. Ramadan
Shallah, et qu’elle est prête à payer 5
millions de dollars pour quiconque aide
à l’arrêter. D’où l’importance du
message envoyé par le mouvement à
l’administration US, par son élection à
la tête du mouvement : le Mouvement du
Jihad islamique n’a pas changé, il
poursuit sa voie, il ne craint ni les
listes américaines (ni les autres), car
il est convaincu de sa ligne politique
et d’accomplir son devoir de résistant.
Le second message a été transmis à
l’entité sioniste, par l’organisation de
la conférence de presse sur le lieu des
tentes du retour, et au jour de la
commémoration du déclenchement de
l’Intifada al-Aqsa, le 28/9/2000, ce
qu’a tenu à rappeler Daoud Shihab,
porte-parole du mouvement.
Les médias de
l’entité coloniale ont annoncé
l’élection de M. Ziyad Nakhaleh en
soulignant qu’il est encore plus
« féroce » que les autres, et que la
ligne du mouvement reste la plus dure
envers l’entité sioniste et qu’il n’y a
nul moyen d’entamer une quelconque
ouverture vers lui.
Au cours de la
conférence de presse, M. Daoud Shihab a
nommé 9 membres du bureau politique sur
les 15 élus, car les conditions
sécuritaires ne permettent pas de citer
les autres membres de la Cisjordanie,
d’al-Quds, des territoires occupés en 48
et dans les prisons, à cause de la
répression sioniste mais aussi de la
répression des services sécuritaires de
l’Autorité palestinienne dans les
territoires de la Cisjordanie. M. Khaled
al-Batsh, président du conseil supérieur
des marches du retour accède au bureau
politique du mouvement, aux côtés
d’autres anciens, comme Nafez Azzam et
dr. Al-Hindi.
Si la ligne
politique du mouvement demeure, les
dirigeants apportent souvent leur touche
personnelle marquée par des situations
et circonstances différentes. Alors que
le martyr Shiqaqi était connu pour avoir
posé les fondements du mouvement,
théoriques et pratiques, insistant sur
les trois dimensions : l’islam, la
conscientisation, la révolution, dr.
Ramadan Shallah a marqué la pensée du
mouvement par ses remarques approfondies
et critiques sur les mouvements
islamiques en général, après les
sinistres accords d’Oslo et son approche
vers l’intérieur palestinien, pour
sauver ce qui peut l’être, politiquement
et militairement, avec le développement,
sous son égide, de la branche armée du
mouvement, Saraya al-Quds, jusqu’à
devenir la deuxième force militaire,
alors que le mouvement est devenu la
troisième force politique de la
Palestine. M. Ziyad Nakhalé, qui a
longuement connu les prisons de
l’occupation et organisé la résistance
militaire, a été considéré, par les
électeurs du mouvement et par l’ensemble
des formations palestiniennes
résistantes, comme la personne apte à
poursuivre le chemin entamé par ses
prédécesseurs. Ses précédentes
interviews et déclarations témoignent de
la clarté des positions du mouvement sur
de nombreux sujets, comme ils témoignent
de la franchise avec laquelle
s’expriment en général tous les hommes
de terrain.
Le sommaire De Fadwa Nassar
Les dernières mises à jour
|