Palestine
Sheikh Khodr Adnan : la dignité d’une
nation
Fadwa Nassar
Jeudi 25 juin 2015
A la veille du 52ème
jour de la grève de la faim menée par
Sheikh Khodr Adnan, placé en détention
administrative il y a un an, la
population du camp de Jénine a organisé
une veillée de solidarité avec lui, en
présence du responsable du mouvement du
Jihad islamique dans le camp, sheikh
Bassam Saadi, toujours recherché par les
sionistes, depuis sa libération.
Cet hommage à Khodr
Adnan n’est pas exceptionnel mais le
fait qu’il se déroule dans le camp de
Jénine est significatif, à cause de
l’ambiance combative en plein mois de
Ramadan, mois de lutte, de victoire et
de sacrifice, et à cause de la présence
de nombreuses formations combattantes et
de leur unité autour du « sheikh de la
dignité » dont elles réclament la
libération immédiate.
Le père de Khodr
Adnan a souligné, au cours de ce
rassemblement, la nécessaire unité des
formations de la résistance autour de la
lutte de son fils et autour de la
question des prisonniers, qui
représentent la combativité et l’âme du
peuple palestinien résistant. Pendant
plus de cinq minutes, il a affirmé son
espoir dans la victoire de son fils qui
se bat non seulement pour lui-même, mais
pour la dignité de tout le peuple, qui
veut en finir avec l’occupation et ses
pratiques barbares et humiliantes. Pour
lui, comme pour les militants présents,
qui portaient haut les affiches du
« combattant pour la dignité » et le
drapeau palestinien, Khodr Adnan est
déjà victorieux : qu’il soit libéré ou
qu’il soit martyr, il a su réinsuffler
au peuple palestinien le souffle de la
combativité, que les méandres des
divisions interpalestiniennes et des
pratiques de l’Autorité palestinienne
(coopération sécuritaire avec
l’occupant, attentisme et paralysie) ont
réduit à presque néant ces dernières
années.
Autour de la figure
de sheikh Khodr Adnan, le peuple
palestinien s’unifie. Les rassemblements
solidaires se multiplient dans toute la
Palestine occupée et dans l’exil. La
puissance médiatique des sionistes et de
leurs alliés a peut-être réussi à
masquer cet élan de solidarité autour de
ce militant courageux et digne, mais n’a
pas réussi à le briser, ni à briser le
moral de Khodr Adnan en lui sussurant
qu’il est seul et abandonné de tous.
Khodr Adnan refuse depuis plus de 50
jours de se plier à une entité coloniale
et militaire qui a déjà détruit des
villes, rasé des villages, décimé des
familles entières, en quelques secondes,
mais qui est perturbée par la lutte
menée par un Palestinien prisonnier qui
l’affronte avec la seule arme dont il
dispose, son corps. Il a récemment
refusé la proposition sioniste
consistant à ne pas lui renouveler la
détention administrative, réclamant une
libération immédiate, et déclarant qu’il
n’arrêterait la grève de la faim que
dans sa propre maison, parmi les siens.
Car Khodr Adnan a
fait l’expérience des promesses
sionistes, comme d’ailleurs les autres
prisonniers et tout le peuple
palestinien. L’entité sioniste n’a
jamais tenu sa promesse que lorsqu’il
s’agit d’avaler les terres et de démolir
les maisons des Palestiniens, de les
tuer ou de les emprisonner, et ce depuis
1948. Il a décidé de mettre fin aux
manœuvres sionistes et de montrer le
visage barbare de l’occupant, au monde
entier. De plus, Khodr Adnan a rompu
avec la logique de l’entité coloniale
qui présente tout recul de sa part comme
une concession, comme si la partie en
face n’avait aucun droit et que seul
existerait le droit des sionistes, dont
celui de d’emprisonner arbitrairement
tout Palestinien. Alors que Khodr Adnan
veut remettre en cause le principe même
de la détention administrative,
l’occupant cède sur des miettes ne
remettant pas en cause ce principe.
C’est précisément toute la signification
de la « bataille de la volonté » que
mène Khodr Adnan.
Enchaîné sur le lit
d’hôpital où il a été transféré il y a
deux semaines, après avoir été placé en
isolement, sheikh Khodr Adnan a décidé
de mener la lutte jusqu’au bout. Son mot
d’ordre « la liberté ou le martyre »
traduit la combativité du peuple
palestinien, quand il est libéré des
illusions injectées par l’ONU, les
puissances occidentales et orientales,
les ONGs et les médias à leur solde
depuis des décennies. Khodr Adnan renoue
avec le principe de la lutte et du
sacrifice pour la libération du pays et
du Palestinien. Il refuse de composer,
de manœuvrer, de faire des tactiques et
des calculs. Son intégrité morale et
politique, puisée dans l’islam, dans
l’histoire de son peuple et dans la
pensée du fondateur du mouvement auquel
il appartient, le Mouvement du Jihad
islamique en Palestine, le martyr Dr.
Fathi Shiqaqi, et sa popularité
grandissante auprès de son peuple et de
sa nation, jettent le trouble dans les
rangs des occupants sionistes, qui
manoeuvrent et louvoient, mais qui
savent qu’en fin de compte, sheikh Khodr
Adnan a déjà remporté la victoire, parce
qu’il a précisément rompu avec la
logique de l’occupant. Sinon, pourquoi
de plus en plus de détenus
administratifs refusent de comparaître
devant les tribunaux militaires (grèves
des tribunaux), rejettant les simulacres
de procès à huis-clos où leur sort est
déterminé à l’avance par l’occupant et
ses appareils ?
Par la grève de la
faim qu’il mène pour réclamer sa liberté
et la fin de la détention
administrative, synonyme d’humiliation
de tout un peuple, et par son intégrité
morale et politique qui effraie les
sionistes et leurs alliés, sheikh Khodr
Adnan représente non seulement la
combativité historique du peuple
palestinien mais celle des peuples
arabo-musulmans, longtemps en lutte
contre les invasions, l’occupation et la
barbarie occidentales. Au moment où des
groupes armés rebelles se font soigner
par ces sionistes qui arrêtent et
torturent enfants, jeunes et vieillards
palestiniens, femmes et hommes, au
moment où ces rebelles n’hésitent pas à
louer « l’humanisme » des colons
sionistes pour les soins qui leur sont
prodigués dans ces mêmes hôpitaux qui
maltraitent les Palestiniens ou les
refusent tout net, sheikh Khodr Adnan
déclare, par sa lutte, attaché à un lit
de leurs hôpitaux, que le combat contre
l’ennemi sioniste reste la boussole, et
que cet ennemi reste le responsable des
maux subis par nos peuples, malgré toute
la propagande diffusée par l‘occupant et
ses alliés occidentaux et orientaux.
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