Palestine
Khodr Adnan :
le prisonnier que craint l’entité
sioniste
Fadwa Nassar
Samedi 13 juin 2015
Pour la seconde
fois, sheikh Khodr Adnan est en grève de
la faim contre la détention
administrative, système utilisé par les
sionistes pour emprisonner quiconque
gêne le maintien de l’occupation. En
2012, il avait protesté contre son
arrestation et son humiliation, il avait
refusé tout contact avec l’occupant, et
entamé une grève de la faim, qui a duré
66 jours, avant d’être libéré,
inconditionnellement. Ni l’occupant, ni
l’Autorité palestinienne (qui a pourtant
essayé) n’ont réussi à stopper ses
activités, juste après sa libération, de
solidarité et de soutien aux
prisonniers, et notamment à tous ceux
qui ont suivi son mouvement de la grève
de la faim, qu’ils soient détenus
administratifs , comme Thaer Halahla ou
Bilal Diab, ou détenus pour d’autres
motifs, comme Samer Issawi.
Jusqu’en juillet
2014, date de son arrestation et
emprisonnement à nouveau sous le régime
de la détention administrative, sheikh
Khodr Adnan avait parcouru toute la
Cisjordanie, ses villes et ses villages,
pour mobiliser la population autour de
la lutte des prisonniers. Il a réussi à
dépasser les clivages entre les
organisations palestiniennes et forgé
une unité dans la lutte, dans la claire
tradition du mouvement du Jihad
islamique en Palestine, auquel il
appartient. En deux ans, il avait réussi
à mettre en pratique la vision de son
mouvement consistant à s’appuyer sur les
masses, sur le peuple, sur les
militants, et à l’écart de toutes les
ONGs, productrices de rapports présentés
régulièrement à leurs financeurs
étrangers. Au lieu de rester aux portes
du CICR, il avait envahi ses locaux,
avec les familles des prisonniers, pour
protester contre son attitude
conciliante envers l’occupation. C’est
pourquoi Khodr Adnan est parvenu à
rallier les militants, de toutes les
organisations, du Fateh, du FPLP, du
Hamas, du FDLP, parfois à l’encontre des
directives de leurs directions, qui
craignaient d’être dépassées. Dans les
territoires occupés en 48, auxquels il
ne peut accéder que menotté et enchaîné,
c’est autour du nom et des photos de
sheikh Khodr Adnan que les militants se
rassemblent, étant devenu le symbole de
la lutte des prisonniers et le symbole
de l’unité militante.
Khodr Adnan est
devenu la « bête noire » de l’occupant,
qui sait pertinemment qu’il ira jusqu’au
bout, qu’il poursuivra la grève de la
faim, jusqu’à sa libération. Pour Khodr
Adnan, la lutte qu’il mène n’est pas
individuelle, même s’il a décidé seul,
avec l’approbation de son mouvement, de
déclencher à nouveau la grève de la
faim. C’est contre la détention
administrative qu’il se bat et qu’il
avait décidé de se battre en 2012, cette
forme de détention arbitraire qui
maintient emprisonnés, dans des
conditions humiliantes, près de 450
palestiniens et palestiniennes à
présent, mais ce chiffre augmente ou
baisse, en fonction de la situation sur
le terrain.
Derrière sheikh
Khodr Adnan, le mouvement du Jihad
islamique en Palestine mobilise, mais
menace aussi : il tient à la vie de son
valeureux militant, qui ne cèdera pas.
Les dirigeants du mouvement l’ont
affirmé à plusieurs reprises ces
jours-ci, dans une sorte de message aux
autorités de l’occupation : « sheikh
Khodr Adnan n’est pas isolé »,
signifiant que le mouvement serait prêt
à agir, si celles-ci ne cèdent pas.
Déjà, dans les prisons, les prisonniers
du mouvement commencent à s’agiter et à
se préparer pour le soutenir, au moment
où les prisonniers du FPLP se mobilisent
aussi pour soutenir Ahmad Saadate, le
secrétaire général de leur mouvement,
qui entame bientôt la grève de la faim,
pour réclamer la fin de l’interdiction
sécuritaire des visites familiales, qui
le vise tout particulièrement.
Sheikh Khodr Adnan
n’est ni seul ni isolé, et c’est ce que
craint l’occupation. Les masses
populaires et militantes de la
Cisjordanie ne l’ont pas oublié, lui qui
était présent à leurs côtés lors de
leurs luttes. Au fur et à mesure que
dure la grève de la faim, elles se
mobilisent et élargissent la
mobilisation, non plus seulement pour
soutenir Khodr Adnan, mais pour une
révolte généralisée contre l’occupation,
en dépassant tous les cadres formels
instaurés par l’occupant et l’Autorité
palestinienne. C’est également pour cela
que le mouvement du Jihad islamique n’a
pas encore vivement riposté, il préfère
donner libre cours à la mobilisation
populaire, seule capable de durer et de
modifier le rapport de force sur le
terrain, car les divers actes
individuels de résistance, qui se sont
multipliés dans al-Quds, ces derniers
mois, traduisent un état insurrectionnel
en puissance.
L’entité coloniale
sioniste craint sheikh Khodr Adnan et sa
lutte. Elle a récemment adopté des lois
pour empêcher les grèves de la faim des
prisonniers, dont celle de les alimenter
de force, au risque de les tuer. Elle ne
pourra mettre en pratique ses lois qu’au
risque de recevoir quelques fusées
ciblées et mettre en échec sa stratégie
envers la bande de Gaza, malgré toute la
classe fasciste qui la gouverne à
présent. La famille de Khodr Adnan et
le mouvement du Jihad islamique ont
témoigné de leur confiance dans la
victoire de la lutte du sheikh Khodr
Adnan, car les sionistes, malgré le
durcissement apparent de leurs discours
et malgré la répression qu’ils font
subir aux prisonniers, souvent par
vengeance et sadisme, vont céder devant
la détermination de Khodr Adnan, qui
réclame la liberté et la dignité pour
son peuple, et vont céder de crainte que
la mobilisation, en Palestine et dans le
monde, ne s’étende.
Il est vrai que
sheikh Khodr Adnan ne peut plus se
déplacer, sauf sur un fauteuil roulant,
affaibli par la grève de la faim et son
refus d’ingurgiter tout ingrédient
servant à renforcer son organisme. Il
est vrai qu’il se trouve alité et
enchaîné dans un hôpital « civil »,
entouré de gardiens malfaisants, et
qu’il lui est interdit de rencontrer les
avocats. Il est vrai qu’il est à la
merci, physiquement parlant, de ses
geôliers et de l’occupation, mais sheikh
Khodr Adnan garde l’espoir d’être
libéré, sa détermination est toujours
aussi puissante, sa foi dans sa cause et
celle de son peuple n’a jamais été aussi
grande. C’est ce qui fait sa force et
c’est ce qui fait craindre son ennemi.
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