La paix version Netanyahu-Obama mise à
nu
Les Palestiniens
somment Abbas
de se retirer du piège des négociations
Djamel Bouatta
Jeudi 12 décembre 2013
Le président de l’Autorité
palestinienne, Mahmoud Abbas, est sommé
par les siens de sortir de la mascarade
des négociations de paix avec Israël
qu’il a repris en automne sous la
pression du président américain Barak
Obama. Celui-ci, qui n’était pas à une
promesse près dans le dosser des
Palestiniens, vient de céder de nouveau
face aux exigences des Israéliens. Le
secrétaire d’État américain, John Kerry,
s’est en effet désavoué en accédant à la
demande israélienne d’introduire avant
la conclusion de tout accord de paix
avec les Palestiniens, un accord
intérimaire qui garantirait le maintien
de la présence militaire israélienne sur
leur territoire ! Cette volte-face de
l’administration Obama n’a pas d’autre
explication que son partage avec la
position israélienne qui est d’empêcher
la création d’un État de la Palestine,
fut-il un homeland comme l’avait
instauré l’Afrique du Sud raciale.
C’est-à-dire, des poches de
concentrations palestiniennes dans un
territoire surveillé par les forces de
répression israélienne. Netanyahu, plus
que son prédécesseur Sharon, le bourreau
de Sabra et Chatilla, s’est employé à
détricoter l’accord d’Oslo de 1993 qui a
prévu un État souverain pour les
Palestiniens, en élargissant la
politique de colonisation sur l’ensemble
de la Cisjordanie, commençant par
Jérusalem et Hébron. Netanyahu a nommé
comme ministre du Logement un religieux
extrémiste persuadé qu’Israël s’étend de
la Méditerranée au fleuve Jourdain, à la
frontière avec la Jordanie, et qui a
installé de nouvelles colonies en
profondeur des territoires dévolues aux
Palestiniens par l’Onu. La ligne verte,
la frontière de 1967, n’est plus qu’un
vague souvenir. Sa stratégie a porté
puisqu’aujourd’hui, arguant la
dissémination de colonies juives,
Netanyahu pose la question de leur
sécurité pour maintenir le maillage
militaire des poches palestiniennes.
Dans ces conditions, des Palestiniens se
demandent à quoi bon rechercher des
accords dès lors qu’il n’y a plus de
conditions pour assurer l'indépendance
d’un État palestinien et que les
dernières propositions de Kerry, la
semaine dernière, penchent résolument
sur la nouvelle demande israélienne de
sous-surveillance militaire l’improbable
État confettis de la Palestine. Une
posture partagée par Obama en personne
qui a prévenu en début de semaine les
Palestiniens d’accepter une
période de transition après la
signature d'un accord de paix, leur
précisant qu'ils ne pourraient pas
obtenir tout ce qu'ils veulent dès le
premier jour ! On est à des années
lumières de son discours à Al-Azhar et
de ses accolades avec Mahmoud Abbas.
Obama a fini par manger dans l’écueil
d’Israël en se pliant aux ordres des
lobbys juifs aux États-Unis. Pis, non
seulement, il a fait siennes les
réponses de Netanyahu à ses propres
préoccupations de sécurité d'Israël,
mais le président américain a surtout
publiquement reconnu que la décision
revenait au Premier ministre israélien
Benjamin Netanyahu et à ses chefs
militaires et de sécurité ! Après
avoir exigé et obtenu qu'un État
palestinien soit démilitarisé, Netanyahu
veut qu'Israël puisse y garder ses
forces militaires et sécuritaires dans
la vallée du Jourdain. Les Palestiniens
qui ont refusé toute présence militaire
israélienne sur leur sol après un accord
de paix, ont accepté une force
internationale. Une option rejetée par
Israël. Cette nouvelle exigence
intervient alors que les questions
fondamentales, comme Jérusalem, les
réfugiés, les colonies et les frontières
sont toujours en suspens. Le dos et le
nez au mur, le président Mahmoud Abbas
refuse ce nouveau chantage. Les
populations palestiniennes ont compris
bien avant lui qu’Israël n’a jamais été
consentant pour un partage, et qu’à ses
yeux, le futur État de la Palestine
pouvait se contenter de Gaza, la prison
à ciel ouvert où l’apartheid abattu par
Nelson Mandela règne dans toutes ses
rigueurs.
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Publié le 13 décembre 2013 avec
l'aimable autorisation de Liberté
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