Opinion
« L'affaire Dieudonné »
Pour en finir avec les termes :
holocauste & shoah !
Daniel Vanhove
Lundi 30 décembre 2013
Mise au point.
Lundi soir s’est tenue l’émission
Mots croisés animée par Y. Calvi sur
France2.
Le sujet principal en était « l’affaire
Dieudonné » avec pour objectif – du
moins, j’imagine – de tenter de démêler
le vrai du faux. Sérieux défi ! Surtout
au vu des invités sur le plateau, en
tête desquels, « l’agité de l’identité »
(comme l’a très justement nommé un
internaute), à savoir A. Finkielkraut.
Pour ce qui aurait pu être un débat de
société, point de contradicteur digne de
ce nom. Mauvais point pour le
responsable de l’émission et son équipe.
Beaucoup de choses invraisemblables ont
été lancées au cours de l’émission, et
en établir le détail m’est tout
bonnement impossible. Ceux qui le
désirent peuvent toujours revoir
l’émission sur le site de la chaîne.
Mais à un moment, Y. Calvi a soulevé une
question intéressante, voire
essentielle, à savoir : n’y a-t-il pas
deux poids, deux mesures dans la manière
dont on parle du génocide des juifs,
tant à l’école que dans les médias? Et
les invités du plateau, dont Finkelkraut
en tête (évidement!), d’assurer en gros,
que non.
Ben, voyons…
Il convient donc d’éclairer quelque peu
les choses en signalant pour commencer
que seul, ce génocide s’est vu affublé
de 2 noms pour le caractériser:
Holocauste & Shoah. Avec leurs
majuscules de préférence! Or, que
signifient ces mots “savants” que la
majorité de ceux qui l’utilisent
(croyant par-là se hisser à un degré de
savoir que manifestement ils n’ont pas)
ne connaissent apparemment pas ?
1.Le mot “holocauste” vient du grec, et
signifie le sacrifice par le feu de la
bête entière offerte à Dieu au lieu de
n’en offrir qu’une partie et de manger
le reste. Ce serait à peu près la même
chose qu’une immolation. Où y aurait-il
eu un tel sacrifice, une immolation des
juifs à Dieu dans le génocide dont ils
ont fait l’objet!? C’est une
terminologie tout simplement
inappropriée…
1.Et le mot “shoah” est utilisé quelques
fois dans l’Ancien Testament pour
désigner une catastrophe naturelle. Où
ce génocide serait-il une catastrophe
naturelle!? Tout à l’inverse, il est le
produit d’une décision strictement
humaine, politique, dont les acteurs
doivent assumer l’entière
responsabilité. Et pourquoi l’avoir
choisi dans le lexique biblique, sinon
pour y ramener insidieusement la notion
de peuple “élu”? Une nouvelle fois,
cette terminologie est tout simplement
inappropriée…
Dans le langage commun, utilisé par tout
le monde, croyant ou non, il y a
quantités de mots et d’expressions pour
qualifier des actes qui ne relèvent que
d’une barbarie humaine: génocide,
solution finale, crime contre
l’humanité, etc… utilisés d’ailleurs
pour tous les autres massacres sur des
populations entières – on estime à env.
20 millions les Amérindiens décimés par
les colons européens lors de la
découverte des Amériques – sans parler
de tous les autres crimes contre
l’Humanité perpétrés au cours de la
sinistre Histoire humaine…
Les mots que l’on utilise, ne sont
jamais neutres, ils évoluent avec le
temps et l’usage que l’on en fait… Et il
y a donc bien, en ce cas, un “deux
poids, deux mesures” évident! Le nier
est une imposture. Méfions-nous dès lors
de tomber dans un vocable que nous ne
comprenons pas nous-mêmes et que nous ne
faisons que reproduire de façon
grégaire. Ne cédons pas à la tentation
de la paresse intellectuelle en répétant
ce que l’on entend. Et finissons-en une
fois pour toutes, avec les mots
holocauste et shoah! Cela n’ajoute rien
à la gravité des faits. Au contraire…
c’est peut-être pour certains, une
manière de cacher un problème de racisme
non résolu…
Rappel : Albert Camus disait : “Mal
nommer les choses, c’est ajouter au
malheur du monde”.
Daniel Vanhove –
Observateur civil
Auteur
15.01.14
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