Chronique
Un cran de plus
Chérif Abdedaïm
© Chérif
Abdedaïm
Dimanche 27 avril 2014
Décidément, la
tension va crescendo entre la Russie et
l’Occident. Selon Reuters,
Vladimir Poutine est monté d’un
cran en proférant des menaces à
l’encontre de l’armée Ukrainienne : « il
y aura des conséquences si Kiev a eu
recours à l’armée contre les
séparatistes pro-russes de l’Est
ukrainien » a-t-il promis jeudi dernier.
« Si ces gens en sont venus à la phase
dite « critique » (de la confrontation
avec les manifestants), il ne s’agit pas
d’une phase critique, mais d’une action
punitive et elle aura évidemment des
conséquences pour ceux qui ont pris ces
décisions, y compris sur nos relations
bilatérales », a déclaré le président
russe lors d’une intervention devant la
presse régionale retransmise à la
télévision.
Quand un camp fait
état de pertes non confirmées par la
partie adverse, l’on peut avoir des
doutes légitimes sur la véracité des
faits, une manipulation n’étant jamais à
écarter. Mais ce n’est pas ce qu’il
semble s’être passé à Saviansk, dans
l’est de l’Ukraine, ce 24 avril.
En effet, le
ministère ukrainien de l’Intérieur a
affirmé que plusieurs activistes
pro-russes ont été tués lors d’une
opération visant à reprendre Saviansk,
l’une des villes contrôlées par les
séparatistes, où des hommes armés, en
treillis et sans signes distinctifs,
occupent les bâtiments officiels.
A Moscou, le
président Poutine a réagi en affirmant
que ce recours à la force était « un
crime grave » du gouvernement « contre
son peuple » et que ces « auront des
conséquences ». La veille, le
ministre russe des Affaires étrangères,
Sergueï Lavrov, avait évoqué, au sujet
de la situation dans l’est de l’Ukraine,
une « réponse » si les intérêts «
légitimes » de Moscou « étaient attaqués
». « Une attaque contre les citoyens
russes est une attaque contre la Russie
», avait-il insisté.
Quoi qu’il en soit,
suite au bilan annoncé par Kiev, l’armée
russe a entamé de nouvelles manœuvres à
la frontière ukrainienne. Selon les
estimations de l’Otan, elle y compterait
40.000 hommes et serait capable
d’atteindre ses objectifs en 4 ou 5
jours si jamais elle recevait l’ordre
d’intervenir en Ukraine.
« Le feu vert
donné à l’utilisation d’armes contre les
civils de son propre pays a déjà été
donné. Si on n’arrête pas cette machine
militaire aujourd’hui, cela mènera à un
grand nombre de morts et de blessés », a
encore fait valoir M. Choïgou, au sujet
de l’assaut donné par les forces
ukrainiennes contre les séparatistes à
Saviansk.
Selon, le ministre
russe de la Défense Sergueï Choïgou,
l’opération lancée par Kiev compterait
11.000 hommes alors que les activistes
pro-russes ne seraient à peine plus de
2.000. « Le rapport de force est
clairement inégal », a-t-il estimé.
Par ailleurs, les
éternels va-t-en-guerre américains ont
envoyé en Pologne une compagnie (130
hommes) appartenant à la 173e brigade
aéroportée. Il s’agit-là d’une
avant-garde puisque Washington a annoncé
le déploiement de 600 militaires en
Europe de l’Est pour y mener des
exercices conjoints (et non dans le
cadre de l’Otan).
Article publié sur
La Nouvelle République
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