Chronique
Un boomerang en bonne et due forme
Chérif Abdedaïm
© Chérif
Abdedaïm
Vendredi 21 mars 2014
Alors que l’OTAN
et ses marionnettes accusent la Russie d’envahir la Crimée, John Brennan, directeur
de la CIA depuis 2013, déclare qu’il
n’en
est rien. En effet, un traité conclu en
1997 entre la Russie et l’Ukraine autorise la
présence de 25.000 militaires russes.
Or, le nombre de soldats russes déployés
dans la péninsule est bien inférieur
– le « gouvernement » de Kiev
parle de 16.000. Donc, même si Moscou a
envoyé des troupes en Crimée ces
derniers jours pour renforcer un
contingent jugé trop faible, il ne s’agit
pas d’une
« invasion » aussi longtemps que le
plafond de 25.000 n’est pas dépassé.
D’ailleurs,
Russia Today confirme ce fait…
et quelques autres. La présence russe en
Crimée remonte à 1783 (Catherine II),
Sébastopol a été fondé par le prince
Potemkine (ministre et amant de la
tsarine) ; la Crimée a fait partie de la
Russie jusqu’en 1954 (transfert
administratif de la Russie soviétique à
l’Ukraine soviétique) ; après la disparition
de l’URSS,
la Russie a récupéré 81,7 % de la flotte
soviétique ; le traité russo-ukrainien
est valable jusqu’en
2042 ; outre les 25.000 militaires, l’armée
russe a le droit de stationner en Crimée
132 véhicules blindés, 22 avions, 24
batteries d’artillerie
d’un
calibre de 100 mm ; elle dispose
également de cinq unités navales et de
deux bases aériennes.
Le 7 mars dernier, les Occidentaux
réagissent de manière hystérique à l’annonce
du référendum de Crimée. Il serait
paraît-il « illégal »
– le coup d’Etat, lui, ne l’était
pas. Comme toujours, on confond à
dessein causes et conséquences. On
impose des « sanctions » à la Russie,
quitte à crier au scandale lorsque ce
pays adoptera des mesures de rétorsion.
Washington et Bruxelles ont le droit de
« punir », Moscou a seulement le droit
de se soumettre…
Mais c’est
sur place que tout va se décider. Les
commandos pro-putsch, impuissants en
Crimée, débordent d’activité
dans les autres régions russophones du
sud et de l’est, à Odessa et même
à Donetsk, où ils ont pour mission de
reproduire l’effet Maïdan. Face à
cela, Poutine est revenu à sa tactique
favorite : l’attentisme. Toutefois, la suite des
événements lui a donné raison. Les
experts des Instituts occidentaux
paniquent. Non seulement Poutine a joué
et gagné en Crimée et mit KO les
occidentaux et la junte de Kiev. Mais
les analystes proches de Washington et
Bruxelles jugent que les sanctions vont
renforcer Poutine et même son économie !
Dans ce sens, à Simféropol, la capitale
de la République libre, dans la foulée
de la proclamation d’indépendance et de la demande de
rattachement à la Russie, tous les 85
députés se sont prononcés pour la
nationalisation par la Crimée de tous
les biens de l’Etat
ukrainien qui s’y
trouvent.
L’une
des premières « nationalisations »
décidées lundi par le parlement de la
Crimée indépendante a visé les actifs
situés dans la péninsule de la société
pétrolière publique ukrainienne
Tchernomorneftegaz.
La décision votée dans la foulée de la
déclaration d’indépendance
de la péninsule ukrainienne qui demande
son rattachement à la Russie, porte
également sur « le plateau continental
et la zone économique exclusive en
mer ».
Principale entreprise du secteur de la
région, Tchernomorneftegaz s’occupe
de l’exploration
et de l’exploitation
de gisements d’hydrocarbures
dans la zone ukrainienne de la mer d’Azov
et de la mer Noire, selon le site de la
société. L’entreprise y exploite
dix-sept gisements, onze de gaz naturel,
deux de pétrole et quatre de condensat
de gaz. Elle assure aussi la production,
le transport et le stockage de
carburants employant plus de 4.000
personnes et disposant de 13 plateformes
off shore et de 1.300 km de gazoducs,
dont 370 km en mer, elle a extrait en
2012 1,2 milliard de mètres cubes de
gaz.
Le parlement de la Crimée a nationalisé
aussi les biens de deux autres
entreprises du secteur des
hydrocarbures, Oukrtransgaz et l’Entreprise
d’approvisionnement
en hydrocarbures de Feodossia dans le
sud-est de la Crimée.
Ainsi, proclamation d’indépendance, demande de rattachement
adressée à Moscou, dissolution annoncée
des unités militaires ukrainiennes,
introduction du rouble: les autorités
réunionistes de la nouvelle Crimée ont
brûlé les étapes lundi au lendemain du
plébiscite pour leur rattachement à la
Russie.
Et les sanctions occidentales n’ont pas tardé. En
vain
…
Le président russe Vladimir Poutine sort
dans l’immédiat renforcé du référendum qui a
largement approuvé dimanche le
rattachement de la Crimée à la Russie et
ne se laissera nullement impressionner
par les sanctions occidentales, estiment
les analystes.
Voilà donc, un boomerang en bonne et due
forme.
Article publié sur
Les 7 du Québec
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