Algérie en phase
avec le mouvement du monde
Le monde du futur sera électrique ou ne
sera pas :
L’Algérie devra prendre sa part
Chems Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Lundi 24 juillet 2017
«Un sourire coûte moins cher que
l'électricité, mais donne autant de
lumière.»
(L’abbé Pierre)
Le monde de 2030 et plus encore de 2050
sera un monde de moins en moins carboné
pour deux raisons, il y a de moins en
moins de découvertes majeures et les
coûts d'exploitation seront de plus en
plus importants pour les nouvelles
zones. Cependant, le pétrole de schiste
américain est en train de brouiller —
temporairement — les données, cette
abondance artificielle à la fois des
stocks et du recours prévisible à
l’électricité dans la locomotion fait
qu’il y a un excédent, ce qui explique,
dans une grande mesure, que les prix
seront en dessous de 50 dollars le
baril. Une autre raison autrement plus
dangereuse est que les changements
climatiques vont imposer leur tempo en
termes de conséquences néfastes, surtout
pour les pays vulnérables qui n'ont pas
la parade.
Des 98 millions de
barils/jour, le pétrole atteindra les
100 millions de barils /jour d’ici la
fin de la décennie. La production ne
risque pas d’être ralentie surtout avec
le retour des Etats-Unis avec le pétrole
de schiste. Les sociétés américaines
peuvent produire à moins de 50$ le baril
du fait d’une maîtrise de la
technologie, cela veut dire qu’il ne
faut pas espérer revoir le baril
dépasser les 60, 80 ou 100 dollars à
moins d’un évènement exceptionnel
(guerre, arrêt des
approvisionnements...). La nouvelle
spirale descendante des prix du pétrole
est partie pour durer. Nous entrons dans
une conjoncture délicate du fait aussi
du dynamisme des producteurs américains
qui arrivent à produire du pétrole de
schiste à moins de 50 $ avec des stocks
importants et enfin de l’arrivée du
pétrole libyen. Ces paramètres auxquels
s’ajoute l’indiscipline des pays du
Golfe, resquilleurs, font que les
fondamentaux sont fragiles, surtout si
la spéculation s’ajoute.
Le marché mondial
du gaz naturel subit une transformation
majeure grâce à de nouveaux
approvisionnements en provenance des
Etats-Unis. La demande globale de gaz
devrait croître de 1,6% par an pour les
cinq prochaines années, la consommation
atteignant près de 4 000 milliards de
mètres cubes (bcm) d'ici 2022, contre 3
630 milliards d'habitants en 2016. Les
Etats-Unis — le plus grand consommateur
et producteur de gaz au monde —
représenteront 40% de la production
mondiale de gaz supplémentaire à 2022
grâce à la croissance remarquable de son
industrie du schiste domestique. D'ici
2022, la production américaine sera de
890 bcm, soit plus d'un cinquième de la
production globale de gaz. La production
du Marcellus, l'un des plus grands
champs du monde, augmentera de 45% entre
2016 et 2022, même à des niveaux de bas
prix actuels, les producteurs
augmenteront l'efficacité et produiront
plus de gaz avec moins de
plates-formes.(1)
L’avenir est aux énergies
renouvelables
Sans être
naïf, il faut savoir qu’en 2030 le monde
aura toujours recours aux énergies
fossiles, peut-être dans la proportion
de 2/3 à 3/4. Cependant, l’avancée des
énergies renouvelables (solaire et
éolienne) est inexorable. De plus, il y
aura de moins en moins recours aux
énergies fossiles dans les transports,
comme nous allons le montrer. Les
énergies renouvelables ont attiré 297
milliards d'investissements en 2016. Le
rapport de l’Agence internationale de
l’énergie sur les investissements
consentis en 2016, publié ce 11 juillet,
montre une inflexion de tendances
historiques : les investissements dans
l’électricité pour la première fois
devant le pétrole. En 2016, les
investissements mondiaux dans
l'électricité ont dépassé ceux effectués
dans le charbon, le pétrole et le gaz.
Si les énergies renouvelables (43% des
investissements) ont mobilisé, en 2016,
297 milliards de dollars, les nouvelles
capacités installées sont 50% plus
importantes, pour une production qui
devrait être de 35% plus élevée. Avec
21% des 1 700 milliards dépensés dans
l'énergie en 2016, elle devance les
Etats-Unis (16%), l'Europe (en baisse de
10%) puis l'Inde, qui attire 7%
d'investissements de plus qu'en 2015.
Mesurés pour la première fois, les
investissements en recherche et
développement sont stables, à 67
milliards de dollars. Ils se
répartissent à parts égales entre les
secteurs public et privé, le premier
étant plus actif dans les énergies
décarbonées. L'AIE estime que la demande
mondiale de gaz augmente à 2022 alors
que les États-Unis entraînent une
transformation du marché.(2)
«Les sources
d'énergie renouvelable représentent près
des trois quarts des 10,2 billions de
dollars, le monde investira dans la
nouvelle technologie génératrice
d'énergie jusqu'en 2040, grâce à la
baisse rapide des coûts de l'énergie
solaire et éolienne, et un rôle
croissant pour les piles, y compris les
batteries de véhicules électriques, en
équilibrant l'offre et la demande.» Le
solaire et le vent dominent l'avenir de
l'électricité, 72% des 10,2 billions de
dollars consacrés à la nouvelle
génération d'électricité dans le monde
entier jusqu'en 2040 seront investis
dans de nouvelles centrales
photovoltaïques. Le solaire est déjà au
moins aussi bon marché que le charbon en
Allemagne, en Australie, aux Etats-Unis,
en Espagne et en Italie. En 2021, ce
sera moins cher que le charbon en Chine,
en Inde, au Mexique, au Royaume-Uni et
au Brésil. Les coûts de l'énergie de
l’éolien terrestre diminuent rapidement,
et l'offshore tombe plus vite.(3)
Le monde du
futur sera électrique ou ne sera pas
La vision
de Jean-Bernard Lévy,
Président-Directeur Général d'EDF, fait
appel surtout à l'électricité :
«L'électricité accompagne l'ère
digitale. Elle est l'une des principales
solutions permettant de lutter contre
les émissions de gaz à effet de serre et
donc contre le réchauffement climatique.
L'électricité constitue l'un des leviers
majeurs du développement économique et
social. C'est ce qui permet d'affirmer
que notre avenir est électrique.
La consommation
d'énergie par habitant devrait atteindre
un pic durant la décennie 2030. L'avenir
de la consommation d'énergie du secteur
du transport constitue un défi majeur.
La solution passera par la poursuite des
progrès technologiques, mais aussi par
le développement de sources d'énergies
alternatives : biocarburants, gaz,
électricité, etc. ; la limitation de
l'augmentation de température en dessous
de 2°C reste un défi majeur.»
La part des
véhicules électriques a bondi depuis que
des progrès spectaculaires ont été faits
dans les batteries. Le transport est
devenu largement durable : développement
des tramways, mobylettes et vélos
électriques et bien évidemment véhicules
électriques en libre-service. Pour le
transport des marchandises, on utilise
de plus en plus le train et les cours
d'eau ainsi que les véhicules
fonctionnant au gaz naturel. Mais c'est
dans l'habitat que le rôle de
l'électricité s'est affirmé : la
domotique permet de gérer à distance
toutes les fonctions des appareils
utilisateurs (chauffage, sécurité,
programmation optimale des équipements
en fonction du prix observé sur le
marché de l'électricité, etc.).
La révolution de
la voiture électrique
La voiture
électrique est une véritable révolution,
un siècle après celle de la voiture à
carburant fossile, à la fois pour des
raisons climatiques (pas de pollution)
mais aussi pour l’électricité
renouvelable de plus en plus disponible
à des coûts égaux à celui du kWh
thermique. L'impact des voitures
électriques sur la demande de pétrole
sera de plus en plus important. La
prospérité croissante stimulera la
propriété automobile, en particulier
dans les marchés émergents. Pendant ce
temps, les cibles d'efficacité
énergétique et la baisse des coûts de la
batterie sont susceptibles de stimuler
l'électrification. Nous nous attendons à
ce que la demande de pétrole continue de
croître au cours des 20 prochaines
années, grâce à l'augmentation de la
demande de transport, en particulier
dans les économies asiatiques à
croissance rapide(4).
Dans les
prévisions de cas de base, le parc
automobile mondial devrait doubler de
0,9 milliard de voitures en 2015 à 1,8
milliard d'ici 2035, car la hausse des
revenus et l'amélioration de
l'infrastructure routière augmentent la
possession de voitures. Dans le même
délai, la flotte non OCDE triplera,
passant de 0,4 milliard de voitures à
1,2 milliard. Dans l'ensemble, la
demande mondiale pour les déplacements
en voiture double à peu près au cours
des perspectives de l'énergie. Le nombre
de voitures électriques augmente
considérablement, passant de 1,2 million
en 2015 à environ 100 millions d'ici
2035 (6% de la flotte mondiale). Environ
un quart de ces véhicules électriques
(EV) sont des hybrides plug-in (PHEV),
qui fonctionnent sur un mélange
d'énergie électrique et d'huile, et les
trois quarts des véhicules électriques à
batterie pure (BEV). Le rythme auquel
les coûts de la batterie continuent de
tomber.
En 2015, les
voitures représentaient 19 mb/j de la
demande de carburant liquide — un
cinquième de la demande mondiale. En
théorie un doublement de la demande de
déplacement de voitures au cours des 20
prochaines années entraînerait un
doublement de la demande de carburant
liquide des voitures.
Cependant, les
améliorations de l'efficacité
énergétique réduisent considérablement
cette croissance potentielle (de 17
mb/j), car les fabricants répondent aux
normes d'émission de véhicules plus
strictes. La croissance des voitures
électriques atténue également la
croissance de la demande de pétrole,
mais l'effet est beaucoup plus faible :
l'augmentation de 100 millions de
voitures électriques réduit la
croissance de la demande de pétrole de
1,2 mb/j. Par comparaison, il s'agit
d'environ un 10e de l'impact des gains
dans l'efficacité du véhicule.
Les voitures
thermiques ne seront plus vendues en
2040 en France. C'est en tout cas ce que
promet Nicolas Hulot, le ministre de la
Transition écologique : «Nous annonçons
la fin de la vente des voitures essence
et diesel d’ici 2040.» Les voitures
essence et diesel, qui seraient
responsables en majeure partie de toutes
les catastrophes écologiques doivent
donc être éradiquées du territoire,
tandis que l’offre de nos chers
constructeurs devra en conséquence se
limiter au tout-électrique.
Nicolas Hulot a
également présenté d’autres mesures plus
réalistes pour les années à venir.
Notamment une prime, qui a pour but
d’inciter les possesseurs de voitures
essence d’avant 1997 et diesel d’avant
2001 à acheter un véhicule plus récent,
qu'il soit neuf... ou d'occasion. Une
première. !
Les voitures
électriques à la portée de tous
L’Inde et la Chine
travaillent sur des véhicules de 3 000 à
7 000 $. Pour démocratiser ce véhicule,
le prix de la batterie devra descendre
sous la barre des 100 $ le kWh. Depuis
2010, la chute est vertigineuse pour
arriver actuellement à 190 $/kWh. Le
nouveau leadership de la Chine et
l’augmentation du nombre de voitures
vendues nous rapprochent rapidement de
cet objectif de démocratisation.
Les batteries
pourraient bien avoir une deuxième vie
afin de stocker la production
d’électricité renouvelable dans les
maisons et les habitations, mais in
fine, un processus de retour à la nature
devra être implémenté. La mobilité
électrique apporte une disruption totale
sur le marché de l’énergie mondiale.
Elle rebrasse les cartes au niveau de la
géopolitique pétrolière et des matières
premières. La voiture change son statut
pour devenir un outil de partage et
d’efficacité. Contraste saisissant entre
une voiture à pétrole qui n’utilise que
«2 dl sur 1 litre d’essence/diesel avalé
et qui produit 15 kilos de CO2 au 100
km».(5)
Communiquant sur
ses objectifs en matière de voitures
électriques, Nissan annonce que
l’électrique pourrait représenter
jusqu’à 20% de ses ventes d’ici à fin
2020. De plus, selon le quotidien
japonais Nikkei, Nissan s’apprêterait à
accélérer son offensive électrique en
Chine avec le lancement, dès 2018, d’un
modèle low cost et citadin.
De même Renault
veut lancer une voiture électrique à
moins de 7 000 euros en Chine. Rappelant
son objectif de proposer une voiture
électrique low cost pour le
marché chinois, Carlos Ghosn a annoncé
vouloir commercialiser un premier modèle
avant 2020. Objectif de prix annoncé :
entre 6 300 et 7 200 euros.
Pour le
constructeur au losange, la conquête des
marchés émergents comme l’Inde ou la
Chine passe par le développement de
voitures électriques à bas coûts. «Nous
sommes en train de développer une
voiture électrique à bas coût en Chine,
nous parlons aujourd’hui de 7 000 à 8
000 dollars (6 300 à 7 200 euros)», a
déclaré le PDG de l’Alliance Renault
Nissan.(6)
Perspectives des
véhicules électriques d’ici 2040
Pour le
site Blomberg, «la révolution EV
va frapper le marché automobile encore
plus rapidement que prévu il y a un an.
Les véhicules électriques sont en bonne
voie pour arriver à 54% des ventes de
voitures neuves en 2040. Cela signifie
que les véhicules électriques seront
moins chers que les voitures à essence
ou diesel dans la plupart des pays entre
2025-29». Les batteries et la
flexibilité renforcent la portée des
énergies renouvelables. Les véhicules
électriques renforcent l'utilisation de
l'électricité. En Europe et aux
Etats-Unis, les EV représenteront 13% et
12% de la demande d'électricité d'ici
2040. Le chargement d'EV avec souplesse,
lorsque les énergies renouvelables
génèrent et que les prix de gros sont
bas, aidera le système à s'adapter au
sol et au vent intermittent. Les
prévisions de cette année de BNEF
considèrent que les coûts de l'énergie
solaire diminuent de 66% d'ici 2040, et
le vent terrestre de 47%, les énergies
renouvelables sous-estimant la majorité
des centrales fossiles existantes d'ici
2030.
Les véhicules
électriques constitueront la majorité
des ventes de voitures neuves dans le
monde d'ici 2040 et représentent 33% de
tous les véhicules légers sur la route,
selon une nouvelle recherche publiée
aujourd'hui. La prévision montre que les
ventes d’EV au niveau mondial augmentent
de façon constante de 700 000 voitures
en 2016 à 3 millions d'ici 2021. Soit
près de 5% des ventes de véhicules
légers en Europe. Cependant, le
véritable décollage pour les EV viendra
à partir de la seconde moitié des années
2020, lorsque, d'une part, les voitures
électriques deviennent moins chères que
les modèles aux carburants essence ou
diesel. (7)
Depuis 2010, les
prix des batteries au lithium-ion ont
chuté de 73% par kWh. Les améliorations
de la fabrication en plus d'un
doublement de la densité d'énergie de la
batterie étant établies vont amener une
nouvelle chute de plus de 70% d'ici
2030. Blomberg considère que 67% des
ventes de voitures neuves en Europe
d'ici 2040 seront électriques, et pour
58% des ventes aux Etats-Unis et 51% en
Chine à la même date. De plus les
véhicules autonomes et le partage de
trajet. Avec un rôle croissant sur le
marché après 2030, avec 80% de tous les
véhicules autonomes dans des
applications partagées étant électriques
d'ici 2040 en raison de la baisse des
coûts d'exploitation.(8)
Et en Algérie ?
Un mix énergétique à 50% renouvelable
d'ici à 2030 est possible
Le moins que l'on
puisse dire est que nous avons plusieurs
contraintes ! La question qui se pose
est : est-ce que l’Algérie,
cinquante-cinq ans après l’indépendance,
n’est pas capable – avec ses capacités —
de vivre sans le pétrole et le gaz ?
Pendant plus de dix ans on nous disait
que le solaire n’était pas rentable.
Bien qu’il le soit en Allemagne avec un
gisement solaire à 1 200 kWh m2/an
contre 3 000 pour le Sud et 2 500 pour
le nord de l’Algérie !!! Que
faisons-nous du GPL Sirghaz que nous
n'arrivons pas à commercialiser du fait
d'une mauvaise prise en charge au niveau
du financement du kit GPL et d'une
publicité inexistante. Pourquoi ne
réservons-nous pas le pétrole uniquement
aux usages nobles que sont la
pétrochimie ? C'est tout cela qu'il faut
revoir si nous voulons avoir une
visibilité pour les 15 prochaines
années. Qu'avons-nous comme stratégie
dans ce domaine pour sortir du sortilège
du pétrole? Peut-être que la crise a du
bon. Il n’est jamais trop tard si on
décide de se battre. La problématique
globale est celle de passer d'un modèle
de consommation où tout est gratuit et
dont personne n'est responsable vers un
modèle de consommation vertueux où
chaque calorie est épargnée, grâce à des
économies. C'est cela le développement
durable. Il ne faut pas oublier que
notre meilleure banque en termes de
retombées de la rente est et restera
notre sous-sol.
Développement
durable et mobilité électrique sauveront
l'avenir énergétique du pays
«Nous devons prendre le train du
progrès. Nous avons une fenêtre de
quelques années pour pouvoir mettre en
œuvre une politique volontariste basée
sur une sobriété énergétique.» A
l'instar des pays développés, il nous
faut sans tarder mettre en place une
stratégie audacieuse. Un mix énergétique
à 50% renouvelable. Le modèle
énergétique part du principe du
développement durable qui est de laisser
un viatique aux générations de 2030.
Pour cela il faut freiner drastiquement
la consommation d'énergie fossile par
une rationalisation de l'énergie, mais
aussi de l'eau, mettre en place les 3R
(récupération, recyclage et
réutilisation des déchets), le
traitement des eaux usées,
l'exploitation des forêts et surtout
sortir des carburants thermiques.
C'est une
transition vers le développement humain
durable qui repose sur une stratégie
énergétique qui devra être flexible et
constamment adaptable. Des calculs
réalisés par les élèves ingénieurs à
l’Ecole polytechnique dans le cadre de
la 21e Journée du développement durable
ont montré que la mise en place d’un
scénario à 50% renouvelable à atteindre
d’ici 2030 nous ferait économiser des
milliards de m3 de gaz. Au total, sur
les 12 ans à venir, le gain serait entre
109 et 246 milliards de m3, soit 39 à 88
milliards de dollars. De plus, dans ce
scénario les calculs montrent que 6,3
millions de tonnes d'essence peuvent
être économisés avec l'introduction du
gaz de pétrole liquéfié (Sirghaz). Nous
avons même prévu l’introduction
graduelle à partir de 2018 de la voiture
électrique qui pourrait être rechargée
même chez soi, cela ferait à l’horizon
2030 un million de voitures électriques.
Naturellement ces calculs sont donnés à
titre indicatif, ils indiquent des
tendances.
Il est important
de ce fait de mettre en place une
transition énergétique qui nous
permettra de diminuer notre dépendance
aux carburants en ne réservant le
pétrole qu’aux usages nobles, de faire
des économies d’énergie, de lancer, sans
tarder, le plan énergies renouvelables,
car à titre d’exemple une centrale de 1
000 MW solaire permettrait d’économiser
1,5 milliard de m3 de gaz naturel. Il
nous faut de même aller vers une vérité
graduelle des prix de l’énergie et de
l’eau par une pédagogie de former l’écocitoyen
de demain à l’école mais aussi à
l’université avec les nouveaux métiers
du développement durable.
La chasse au
gaspillage
Dans ce
modèle une place importante est réservée
aux économies d’énergie qui peuvent
aller jusqu’à 20%. Cette nouvelle vision
devrait être bien expliquée au citoyen,
pour qu'il adhère ou qu’il soit lui-même
acteur du changement au lieu de le
subir, voire le combattre comme c’est le
cas avec la mentalité atavique du «beileck»
(synonyme : on peut couler la baraque),
loin de la vision du fait que nous
sommes tous embarqués sur le vaisseau
Algérie et que nous devons militer,
chacun avec ses moyens, pour le bien
commun et la nécessité de laisser un
viatique pour les générations futures.
Les économies sont multiformes, cela va
de l’eau économisée car elle revient à
90 DA le m3, mais le citoyen n’en paye
que 6 DA. L’erreur que l’on fait c’est
de donner l’impression au citoyen que
tout est gratuit, que vous consommiez
pour 10 climatiseurs, que vous ayez un
4x4, que vous changiez l’eau de la
piscine souvent, vous paierez un prix
dérisoire pour l’énergie et l’eau. Il
faut expliquer au citoyen que 80% des
subventions sont aspirées par ceux qui
ont les moyens de payer plus mais qui
paient des sommes dérisoires.
A titre d'exemple,
les prix dérisoires de l'énergie sous
toutes ses formes mais aussi les prix de
l'eau font qu'il est pratiquement
impossible de continuer à ce rythme de
consommation débridé. Les économies
d'énergie ne peuvent être
opérationnelles que si un juste prix est
pratiqué. Sait-on par exemple que le gaz
naturel que nous payons est facturé 20
fois moins cher que son prix
international, que le prix du gasoil est
facturé sept fois moins cher que celui
de nos voisins, que le prix de l'eau à 5
DA est dérisoire, que le même mètre cube
est facturé 20 fois plus ailleurs?
L'Algérie est l'un des rares pays où le
prix de l'essence est le plus bas. La
vérité graduelle des prix bien expliquée
aux citoyens sera admise d'autant que
les classes à faible pouvoir d'achat
paieront proportionnellement à leurs
revenus. Il est anormal que le soutien
des prix profite à tout le monde. Même
le FMI recommande de cibler les
catégories à aider. De ce fait, cette
transition énergétique devrait avoir le
consensus du plus grand nombre, car au
moment de l'application, ce sont les
citoyens, avec un comportement
écocitoyen, qui feront que cette
stratégie réussira.
De plus, nous
sommes convaincus que la transition
énergétique est l'affaire de tous les
départements ministériels, c'est l'école
où l'apprentissage de l'écocitoyenneté
se fera, c'est la formation
professionnelle et l'enseignement
supérieur qui auront à former les
milliers de techniciens et d'ingénieurs
dont la formation qui a disparu devrait
en toute logique être réhabilitée. C'est
aussi les affaires religieuses où les
prêches porteraient sur les dégâts du
gaspillage, c'est évidemment
l'environnement, l'écotourisme mais
aussi le commerce qui devrait contribuer
avec l'industrie et l'énergie à
l'interdiction des appareils
électroménagers et véhicules énergivores
en électricité ou en carburant. C'est
enfin l'information qui devrait
convaincre les chaînes publiques et
privées de l'importance de cette cause
nationale en faisant preuve de pédagogie
La révolution de la voiture
électrique
La formidable
révolution électrique dans les
transports qui font que l’électricité
sera de plus en plus utilisée ; le
diesel qui est cancérigène sera
abandonné. A titre d’exemple, Volkswagen
ne fabriquera plus de voitures diesel à
partir de 2025. La France supprimera les
carburants et totalement d’ici 2040. Les
voitures vont coûter moins cher que les
voitures à carburants fossiles. D’ici
2020. La voiture électrique consomme
10kWh/100km, soit à 6 DA le kWh environ
60 DA contre 250 DA, soit quatre fois
moins cher pour les 7l/100km d’essence
ou de gasoil consommés d’une façon
définitive alors que l’électricité peut
être graduellement renouvelable.
Les constructeurs
comme Renault Nissan et d’autres sont en
train de mettre en œuvre des voitures low
cost électriques. Elles sont en
train d’être construites en Chine avec
un prix autour de 7 000 euros (1 million
de DA) comme le prévoit Renault. Nous
pouvons gagner une étape en nous
inscrivant dans cette révolution
électrique. Nous devons demander sans
complexe à Renault de nous aider à
mettre en place une voiture électrique low
cost comme elle s’apprête à le faire
en Inde. Nous devons demander à
Volkswagen, non pas de nous aider à
mettre en place une industrie des
voitures thermiques qui seront
rapidement obsolètes, mais une industrie
des voitures électriques.
De plus le plan
solaire qui devrait démarrer fera que le
Sahara sera une véritable pile
électrique qui fournira de l’électricité
pour le transport multimodal : voitures
camions, rail. Cette électricité
solaire peut même remplacer le gaz
naturel dans le chauffage et la cuisson
domestique. C’est autant de gaz naturel
et de pétrole qui sera laissé en
viatique aux générations futures. «On
peut imaginer des villes nouvelles au
Sahara avec la disponibilité de l'eau
et de l'énergie permettant les activités
agricoles et même une transsaharienne
du rail et des camions électriques.»
Il n’est pas interdit de penser à un
nouveau schéma d’aménagement du
territoire qui permettrait la création
de villes nouvelles renouvelables avec
la disponibilité de l’eau et de
l’électricité qui permettront le
développement de l’agriculture avec une
politique de transport utilisant
l’électricité dans les véhicules, les
camions, le rail qui permettrait de
désengorger le Nord . C’est cela qui
fera que le Sahara pourra être une
seconde Californie.
L’implication
du système éducatif
Enfin rien ne peut
se faire sans la participation du
système éducatif qui est tenu jusqu’à
présent soigneusement à l’écart du
développement du pays. Nous devons
former pour les métiers du futur, former
d’abord à l'école l'écocitoyen de
demain puis en mettant en place un bac
du développement durable ; les nouveaux
métiers du Développement humain durable
dans la formation professionnelle et à
l'université devraient faire partie des
nouveaux programmes. C’est une
formidable opportunité pour un
développement endogène qui fait du compter
sur soi le but ultime de cette
formation. Ce sont des dizaines de
milliers d’emplois qui seront générés
par cette vision du développement
durable car tout est à faire cela va du
diagnostic énergétique à une politique
d’économie d’énergie, voire ensuite
intégrer la mise en place
graduelle d’un savoir endogène
concernant le développement des énergies
renouvelables ( géothermie, biomasse,
micro-hydraulique, solaire, éolien.)
Les start-up de
jeunes ingénieurs et de techniciens dont
il faudra réhabiliter les formation qui
ont été supprimées prendront en charge
la demande sociale. C’est cela une
véritable Ansej de l’intelligence. La
nécessité de revoir fondamentalement
notre vision du futur concernant
l’énergie est d’aller sans tarder vers
une transition énergétique qui nous
fera sauter des étapes, des
carburants fossiles notamment celui
d’aller graduellement vers la
locomotion avec une électricité verte .
Le concept du développement humain
durable, est un concept mobilisateur
de tout les départements ministériels
et de la société civile car c’est,
en définitive, le citoyen convaincu qui
aura à mettre en œuvre les attentes de
ce cette transition. De plus, et de mon
point de vue, c’est l’un des rares
domaines où il est possible d’avoir un
consensus national tant il est vrai
qu’il s’agit de ne pas hypothéquer
l’avenir des générations futures.
Notes
1) L'AIE estime que la demande mondiale
de gaz augmente à 2022 alors que les
États-Unis entraînent une transformation
du marché. Site AIE 2017
2)
http://www.iea.org/newsroom/news/2017/july/iea-sees-global-gas-demand-rising-to-2022-as-us-drives-market-transformation.html
3) La Chine et
l’Inde représentent 28% et 11% de tous
les investissements dans la production
d'électricité à 2040. Site blomberg 11
juillet 2017.
4)
http://www.bp.com/en/global/corporate/energy-economics/energy-outlook/electric-cars-and-oil-demand.html
5) Laurent Horvath
https://lilianeheldkhawam.com/2017/07/17/la-mort-annoncee-de-la-voiture-a-petrole-laurent-horvath
6)
http://www.automobile-propre.com/breves/renault-voiture-electrique-low-cost-moins-7000-euros-chine/
7)
https://about.bnef.com/blog/global-wind-solar-costs-fall-even-faster-coal-fades-even-china-india/
8)
https://about.bnef.com/blog/electric-vehicles-accelerate-54-new-car-sales-2040/
Article de
référence
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2017/07/24/article.php?sid=216832&cid=41
Professeur Chems
Eddine Chitour
Ecole Polytechnique
Alger
Publié le 25 juillet 2017 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
Le
dossier Algérie
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