Algérie en phase
avec le mouvement du monde
Yes we Khan: Le triomphe de la raison
sur la peur
Chems Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Mardi 10 mai 2016
«Nous devons apprendre à vivre
ensemble comme des frères, sinon nous
allons mourir tous ensemble comme des
idiots.»
Martin Luther King
Ça y est, le musulman Sadiq
Khan a battu le juif Zac
Goldsmith dans la course à la mairie de
Londres! Cette phrase est volontiers
provocatrice, pour m'indigner de la
façon dont les médias français ont plus
zoomé sur la religion du maire de
Londres que sur sa valeur ajoutée. D'une
élection a priori en dehors de la
religion, les médias français, à de
rares exceptions ont entonné- d'une
façon insidieuse-, le clairon de
l'ennemi de l'intérieur, du «grand
changement», de l'invasion, voire
l'occupation pour reprendre un terme
cher à Marine Le Pen.
Qui est Sadiq Khan?
Sadiq Aman Khan est né le 9 octobre 1970
à Londres. Premier maire musulman d'une
grande capitale occidentale, il a grandi
dans un quartier populaire du sud de
Londres. «Mon père était chauffeur de
bus et ma mère couturière», raconte
Sadiq Khan. J'ai dormi jusqu'à l'âge de
24 ans dans un lit superposé. Devenu
avocat, spécialiste des droits de
l'homme, il présidera pendant trois ans
l'ONG Liberty. En 1994, il est
élu conseiller municipal de Wandsworth,
dans le sud de Londres. En 2005, il
abandonne sa carrière d'avocat pour se
faire élire député de Tooting où il vit
toujours avec sa femme Saâdiya, avocate,
et leurs deux filles adolescentes qui
vont à l'école où il a lui-même suivi sa
scolarité. «Toute ma vie, j'ai vu mes
parents travailler. Alors, dès que j'ai
pu, j'ai trouvé un petit boulot: livreur
de journaux», déclare-t-il. Trois ans
plus tard, en 2008, Gordon Brown lui
offre le poste de ministre chargé des
Communautés, puis celui des Transports
l'année suivante. Il devient le premier
musulman à siéger au cabinet d'un
Premier ministre britannique.
Il défend un islam ouvert et dénonce
les extrémismes. «Je serai le musulman
britannique qui vaincra l'extrémisme et
la radicalisation. Mon expérience fera
de moi le meilleur maire pour Londres»,
affirme Sadiq Khan qui se revendique
social-démocrate. Pour se faire élire,
il a promis davantage de logements
sociaux et d'investissements dans les
transports londoniens. Sadiq Khan a
insisté avant l'élection sur le fait que
sa confession n'était que l'une des
composantes de sa personnalité. «Je suis
Londonien, je suis Britannique (...)
j'ai des origines pakistanaises, je suis
un père, un mari, un supporteur de
Liverpool», a-t-il lancé à l'adresse du
camp adverse qui a tenté sans relâche
d'instrumentaliser sa religion pour
refaire son retard.
Qui est Zaccharia Goldsmith le
fils à papa millionnaire?
«Un beau gosse né avec une cuillère
d'argent dans la bouche: Frank Zacharias
Robin Goldsmith, dit Zac. Député de
Richmond, quartier huppé dans la
banlieue sud-ouest de Londres, Zac
Goldsmith a étudié au collège d'Eton,
une école élitiste et très coûteuse. Il
en a été renvoyé pour possession de
cannabis. Fils du milliardaire
franco-britannique lui-même d'origine
juive allemande, Jimmy Goldsmith,
ex-propriétaire de l'hebdomadaire
L'Express et ami de Philippe de
Villiers, avec qui il a mené la liste
MPF L'Autre Europe en France lors des
élections européennes de 1994. Jemima,
la soeur de Zac, fut un temps l'épouse
du Pakistanais, joueur de cricket et
homme politique Imran Khan avec lequel
elle a eu deux enfants: Sulaiman Issa
Khan et Qasim Khan. Zac aurait hérité
près de 300 millions de livres lors de
la mort de son père en 1997. De 1998 à
2006, il a été rédacteur en chef du
mensuel The Ecologist, fondé par son
oncle et consacré à l'écologie.(...)
Londres est en plein bouleversement
démographique et compte de plus en plus
d'habitants immigrés (37% au dernier
recensement de 2011). Ainsi, on retrouve
Zac Goldmisth s'enturbanner pour
célébrer la nouvelle année sikh pendant
que Sadiq Khan serre des mains à la
sortie de la messe le dimanche ou va à
la rencontre de familles juives.» (1)
«Le dernier meeting de campagne pour
la mairie de Londres du candidat
conservateur, mardi, écrit Sonia
Delesalle-Stolper, illustrait à
merveille la réserve, le manque de
charisme. Pour Zac Goldsmith, ne pas
soutenir le Brexit aurait été un peu
comme renier son père. Les huit enfants
de Jimmy Goldsmith, tous devenus
millionnaires après son décès, (...) En
2010, il est élu député de la
circonscription de Richmond (sud-ouest
de Londres) pour le Parti conservateur.
Sa campagne pour la mairie de Londres
aura été en contraste absolu avec sa
voix très douce.» (2)
Une campagne électorale
nauséabonde
Les coups bas ont volé. Les allusions
plus ou moins subtiles à l'origine
ethnique de Sadiq Khan ont donné à sa
campagne un arrière-goût nauséabond.
Plusieurs conservateurs modérés et
lui-même ont paru parfois gênés par ce
ton. «En janvier dernier, le
conservateur Zac Goldsmith a estimé que
son rival à l'élection du maire de
Londres, le travailliste Sadiq Khan,
était «radical et source de divisions».»
Musulman, Sadiq Khan a estimé
qu'utiliser de tels termes à son égard
était dangereux: «[Zac Goldsmith] joue
avec le feu. Quand on qualifie ainsi un
candidat de confession musulmane,
qu'est-ce qu'on sous-entend?» Zac
Goldsmith a alors répliqué que Sadiq
Khan «jouait la carte de la race», tout
en assumant ses propos, expliquant que,
sous Jeremy Corbyn (soutenu par Sadiq
Khan), le Parti travailliste était
devenu «radical». (...) Selon Alan Sugar,
les principaux arguments de Sadiq Khan
«ne sont pas ses politiques; c'est le
fait qu'il est le fils musulman d'un
chauffeur de bus». Pourtant, comme le
rappelle Philippe Marlière, professeur
de sciences politiques à l'University
College de Londres, «Sadiq Khan est
plutôt un modéré, contrairement à ce
qu'affirme son rival Zac Goldsmith. Il
ne penche pas vers la gauche du parti.
Il est plus à droite, par exemple, que
le chef des travaillistes Jeremy Corbyn».
(3)
«Khan est clairement un musulman
moderne et progressiste», estime Tony
Travers, professeur à la London School
of Economics, Sadiq Khan, 45 ans, est en
effet une icône du cosmopolitisme, et il
se présente comme tel. S'il est élu, il
serait le premier musulman élu à la tête
d'une grande ville occidentale. Il a
déclaré: «L'extrémisme est un cancer
dans la société britannique et il faut
l'éradiquer. J'ai esquissé des plans
solides pour éradiquer l'extrémisme et
faire face à la radicalisation comme
maire de Londres.» (3)
Au cours d'une campagne âpre, voire
calomnieuse, le Parti conservateur ne
s'est pas gêné pour alimenter la
polémique sur l'antisémitisme au sein du
Labour ou pour accuser Sadiq Khan,
d'avoir fréquenté des extrémistes
islamistes. Même le Premier ministre
conservateur David Cameron avait relayé
les accusations de Zac Goldsmith, sur
les supposées fréquentations de Sadiq
Khan avec des extrémistes islamistes.
Dans une lettre envoyée à certains
électeurs, le Premier ministre assurait
que Sadiq Khan était «dangereux» et que
s'il était élu, «les Londoniens
deviendront les rats de laboratoire
d'une expérience politique géante». (3)
«La campagne «nasty» (c'est-à-dire
«perfide»), comme disent certains médias
britanniques, de Zac Goldsmith est
d'autant plus étonnante que, comme le
souligne Philippe Marlière, il est
considéré comme un conservateur «vert,
modéré et progressiste». Mais dans cette
campagne, il s'est révélé beaucoup plus
à droite et surtout très agressif. (...)
Pour cette élection du 5 mai, les
priorités des habitants sont surtout les
questions du logement, perçu comme trop
cher et insuffisant, et des transports,
surpeuplés.»(3)
Le communautarisme est-il
compatible avec les valeurs de la
République?
«Existera-t-il un Sadiq Khan un jour
en France? Tahar Ben Djelloun semble
penser que Sadiq Khan a été élu par les
musulmans perpétuant ainsi la vision
clanique communautariste. «Dans
Soumission écrit-il, Michel Houellebecq
imaginait un musulman élu président de
la République française. Cette
éventualité est très peu probable, non
pas parce que les Français ont peur de
l'islam, mais parce que jamais les
musulmans de ce pays n'arriveraient à se
mettre d'accord pour être représentés
dans leur diversité par une personne.»
(4)
Ce n'est pas vrai! les Musulmans ne
représentent qu'un million sur les 8,4
millions. Il a été élu parce qu'il
apporte un programme: «Je veux être là
pour tous les Londoniens, de toutes
confessions, pour les millionnaires, les
milliardaires, les chauffeurs de bus et
les internes en médecine.»
Rappelons que la communauté est une
forme d'organisation sociale qui suppose
un lien organique entre ses membres, qui
s'ancre dans la vénération des ancêtres,
la valorisation du passé, les liens de
sang, ethniques ou religieux. Dans une
communauté, ces liens nous unissent
malgré nous, avant même que nous soyons
considérés comme des personnes
autonomes. Justement on accuse à tort le
modèle britannique de favoriser les
extrémismes et on l'oppose au modèle de
la laïcité à la française. C'est faire
fi de l'histoire des droits de l'homme
dans ce pays avec l'habéas corpus act de
1679. Il n'est que de voir comment
l'imam de la mosquée de Foxbury, un fief
salafiste, a bénéficié de tous les
recours pendant plusieurs années avant
d'être expulsé en Jordanie. Ceci est
inconcevable ailleurs.
« Existera-t-il un Sadiq Khan un jour en
France ? Tahar Ben Djelloun semble
penser que Sadiq Khan a été élu par les
musulmans perpeétuant ainsi la vision
clanique communautariste « Dans
Soumission écrit-il, Michel
Houellebecq imaginait un musulman élu
président de la
République française. Cette
éventualité est très peu probable, non
pas parce que les Français ont peur de
l'islam, mais parce que jamais les
musulmans de ce pays n'arriveraient à se
mettre d'accord pour être représentés
dans leur diversité par une personne ».
(4) Ce n’est pas vrai ! les Musulmans ne
représentent qu’un million sur les 8,4
millions. Il a été élu parce qu’il
apporte un programme : « Je veux
être là pour tous les Londoniens, de
toutes confessions, pour les
millionnaires, les milliardaires, les
chauffeurs de bus et les internes en
médecine. »
Phillippe Bernard rapporte, cependant
à titre d’exemple une des conséquences
du communautarisme : « L'Angleterre
écrit-il est secouée par une affaire qui
illustre a contrario l'importance du
statut des établissements et de leur
mode de gestion, pour la préservation du
« vivre-ensemble ». A Birmingham,
deuxième ville du royaume, un rapport
d'inspection de 21 écoles publiques a
révélé, le 9 juin, l'existence d'«
un climat de crainte et d'intimidation »
lié à la volonté de certains
gestionnaires d'imposer une idéologie
islamiste. (…) Les responsables de l'une
de ces écoles cherchent à «
promouvoir une idéologie communautaire
et étroite basée sur la foi »,
ajoute le document ». (5)
Certes aucun pays ne veut accueillir
sur son pays des terroristes. Certes il
existe une réticence vis à vis de
l’Islam entretenue notamment par les
médias mais on ne sent pas le même
acharnement partout . « Pour Danièle
Joly, directrice du Centre de recherche
sur les relations ethniques de
l'université de Warwick (centre), le
communautarisme n'est pas le problème .
« Il a plusieurs sources au problème, en
particulier la façon dont les politiques
multiculturelles ont été appliquées
Elles étaient adaptées aux premières
générations d'immigrants qui
s'organisaient pour travailler avec les
autorités, mais le profil démographique
de la population immigrée a évolué et
ceux nés ici ne s'identifient plus aux
traditions de leurs parents ni aux
jeunes Anglais blancs. Et alors que “la
société britannique a donné sa place à
l'islam”, souligne-t-elle, le
terrorisme, la politique étrangère de
Londres et l'hostilité des médias à
l'encontre des musulmans ont contribué à
“gâter les choses”. “Ce cumul de
facteurs a insufflé aux jeunes musulmans
le sentiment d'être mis à l'écart et a
participé à la radicalisation” et à la
politisation d'une partie d'entre eux,
estime-t-elle » (6)
Cette contribution du site le
Droit Humain sur le communautarisme
et sa compatibilité en France avec la
République nous parait digne d’intérêt
et résumer l’essentiel du débat : « … Ce
concept polysémique désigne, en France,
un fait social, un phénomène
socio-politique, voire une dérive,
plutôt qu’une idéologie. opposé à
l’idéal républicain. Il désigne, alors,
une forme de socio-centrisme,
d’ethnocentrisme qui donne la priorité à
la communauté sur l’individu et qui a
pour conséquence l’enfermement de la
personne, l’entrave à la liberté
individuelle par assignation de
l’individu à sa communauté. D’autre
part, il peut signifier primauté des
règles du groupe sur la loi
républicaine. (…) Le renouveau du fait
communautaire est récent en France. (…)
De nombreuses communautés ont ainsi
affirmé leur existence dans un contexte
propre à la France, avec l’importance du
fait colonial, ou, à cause de phénomènes
récents : crise économique, difficultés
d’intégration, immigration de plus en
plus diverse. Aujourd’hui la société
française peut paraître de plus en plus
atomisée et la conscience collective
peut sembler très affaiblie à cause des
origines multiculturelles et surtout de
la croissance des inégalités ».(6)
« Face à ces inégalités, un tiers des
Français considèrent que la République
est une promesse non tenue. Les « ratés
de l’intégration » expliquent, pour
certains, le développement des
communautés refuge, protectrices. Les
difficultés économiques, les pertes de
repères entraînent la tentation du repli
sur soi, de l’entre soi : la recherche
identitaire se fait à travers
l’appartenance communautaire, même si
les mariages mixtes sont nombreux en
France et acceptés par une majorité.
Depuis quelques années, les communautés
s’affirment en France et expriment des
revendications nouvelles vis-à-vis de
l’Etat républicain. (…) Même si
certaines revendications inquiètent, on
ne peut nier le rôle social et l’intérêt
des communautés qui servent de médiateur
pour les primo arrivants,
d’intermédiaire avec l’Etat. (…) Les
revendications communautaires peuvent,
cependant, être dangereuses pour la
République si elles risquent d’entraîner
la fin de la communauté républicaine des
citoyens, ou si elles sont contraires
aux principes républicains. (…) L’Etat
doit s’efforcer de délimiter les
frontières entre ce qui est tolérable et
ce qui ne l’est pas. Il est nécessaire
d’être vigilant mais les enjeux doivent
être identifiés. (…) On peut considérer
comme dérives communautaristes tout ce
qui menace la cohésion sociale, l’ordre
public, la liberté individuelle,
l’égalité des droits. Cependant, les
communautés qui existent en France
paraissent dans l’ensemble s’exprimer de
manière modérée et ne refusent pas
l’intégration à la communauté des
citoyens ». (7)
« Actuellement la République est
souvent sollicitée par les
revendications religieuses. (…) Le
ministre de l’Intérieur a accepté la
demande du CRIF d’éviter de placer des
examens au moment de la Pâques juive.
(…) S’il n’est absolument pas question
de réviser la loi de 1905, il semble
nécessaire de donner leur place aux
religions apparues récemment dans
l’espace social français qui sont
ignorées par la loi (…) Il est temps,
alors, de se poser une autre question,
comment concilier la République
universaliste à laquelle nous sommes
attachés avec le pluralisme de fait de
la société actuelle. (…) Au XXIème
siècle, les citoyens français sont
obligés d’admettre qu’ils vivent dans
une société complexe et différenciée sur
le plan culturel et religieux, qu’il est
nécessaire de penser la différence, même
s’ils considèrent comme fondamentaux les
principes universalistes de la laïcité,
de l’égalité.(…) L’intégration, si l’on
reprend les termes du Haut Conseil à
l’Intégration: « consiste à susciter
la participation active à la société
toute entière, de l’ensemble des hommes
et des femmes appelés à vivre
durablement sur notre territoire».
Mais la République pour « faire des
égaux », doit pratiquer une intégration
inclusive, par une lutte constante et
effective contre toutes les
discriminations et les injustices. (…)
Pour concilier la diversité des origines
et la cohésion sociale, la diversité
culturelle et l’intégration dans une
même communauté de citoyens solidaires,
il n’y a pas de solutions miracle, pas
de solutions simples en tout cas. On
peut s’en approcher avec la volonté
d’agir dans un cadre républicain en
affirmant l’universalité de l’humain ».
(7)
Le Grand remplacement : la
terreur entretenue
Un filon que celui de Renaud Camus
–avec son concept de grand remplacement
que de surfer sur les peurs et d brandir
le spectre d’une invasion à rebours.
Tous les Zemmour, les Menard se sont
engouffrés dans la brèche d’autant que
ça fait vendre. Jean Bonnevey écrit à ce
sujet : « Ce qui est incontestable,
c’est qu’un descendant de colonisés
devient maire d’une ville de plus en
plus cosmopolite et de moins en moins
anglaise. Le symbole est fort. Qu’en
aurait dit Kipling ? Les peuples
colonisés, chez eux hier, sont devenus
les immigrés d’aujourd’hui chez nous. La
loi de la démographie transforme cette
immigration de différentes natures en
une immigration de peuplement et de
remplacement, de substitution, en tout
cas de submersion. Le changement parait
irréversible. C’est d’ailleurs le thème
du prémonitoire « soumission »
de Houellebecq où le président français
est un Sadik Khan de chez nous » (8).
Poursuivant sa rhétorique Jean
Bonnevey annonce une inexactitude : « En
revanche s’ il n’y a eu qu’indirectement
un vote religieux, il y a eu de toute
évidence un vote ethnique. Tous les «
coloured « qui le pouvaient ont voté
avec les travaillistes convaincus pour
le candidat issu de la diversité et des
milieux populaires. (.. ;) Quand aux
blancs londoniens, les plus modestes ont
voté pour le candidat travailliste sans
tenir compte de ses origines pour son
programme. Il faut bien voir que le
candidat conservateur est une caricature
d’une certaine oligarchie d’origine
juive, (…) Contre le grand remplacement
mieux vaut donc un Johnson qu’un
Goldsmith, cela aussi est une leçon de
Londres » (8).
Sur le même site Bernard Plouvier le
contredit : « (…) Le recensement de l’An
2011 a démontré que le nombre de
musulmans (muslims) avait doublé en dix
années. (…) les muslims n’y sont qu’un
million sur les 8,4 millions
d’habitants. Le problème est donc
double. (…) On avait déjà observé le
phénomène aux USA lors des deux
élections de Barak-Hussein Obama : il
avait récolté 95% des voix de Noirs,
mais aussi 40% des voix de Blancs. Quels
que soient ses mérites intrinsèques, le
nouveau maire ne pouvait l’emporter par
les seules voix musulmanes, (…) Il
s’agit de réfléchir à un simple
phénomène de continentalisme : les
Européens veulent-ils ou non demeurer
les maîtres en Europe ? Tant que cette
question n’aura pas été résolue par
l’affirmative, le continent ira dans le
sens souhaité par les maîtres du
métissage universel ».(9)
Dans le même ordre on connait la
haine de Robert Menard pour les
Musulmans surfant sur les peurs il a été
élu comme maire dans une petite localité
du Sud de la France Pour
Thierry de Cabarrus : «
Robert Menard n'en loupe pas une !
Robert Ménard a une fois de plus brillé
par son ignorance et sa bêtise en
postant un énième tweet aussi provoquant
qu'affligeant. Selon lui, l'élection de
Sadiq Khan à la mairie de Londres est un
signe que "le grand remplacement est en
cours". Une fois de plus, le maire de
Béziers Robert Ménard vient de battre un
record dans les domaines de la bêtise et
de l’abjection.(…) On pourrait rejeter
ce genre de délire avec mépris,
considérer qu’après tout ce triste
personnage, élu à Béziers grâce au
soutien du Front national, reste dans le
droit fil de ses actions précédentes les
plus contestables (…) » (10)
Pourtant, le climat qui règne en
France interdit de prendre à la légère
ce genre de déclarations qui ne fait
qu’encourager encore davantage les
soupçons qui pèsent sur les étrangers,
les immigrés et plus généralement, "les
autres". Ceux que l’on ne peut ranger
complètement dans le tiroir identitaire
le plus rassurant, celui des Français de
souche, aux "racines chrétiennes", selon
la formule de Nicolas Sarkozyet si
possible, de "race blanche", comme
disait Nadine Morano. Robert Ménard, une
fois de plus, surfe sur les peurs de nos
concitoyens les plus fragiles, ceux qui
sont aux prises avec les plus grandes
difficultés matérielles dans leur vie
quotidienne, ceux qui, inquiets pour
leur avenir et celui de leurs enfants,
finissent par regarder comme des ennemis
les boucs émissaires qu’il leur présente
» (10).
Pourtant comme le souligne l’auteur :
« (…) Mais ce serait oublier que Ahmed
Aboutaleb, le maire de Rotterdam arrivé
à l’âge de 15 ans du Maroc avec ses
parents dans le plus grand port
d’Europe, remplit son rôle d’élu depuis
neuf ans sans provoquer le moindre
scandale ni attenter aux traditions des
habitants des Pays-Bas. (…) Sadiq Khan
n’est pas "que" musulman, même si vu de
France, il est parfois montré comme
l’heureux élu d’une guerre entre deux
politiques d’identité fondamentalement
différentes : face à un héritier
conservateur, Zac Goldsmith, fils d’un
aristocrate milliardaire, il représente
la méritocratie, le gamin issu d’un
milieu très défavorisé qui parvient à
lever tous les obstacles de l'ascension
sociale grâce à des qualités propres
exceptionnelles : intelligence, bagout,
culot, ambition démesurée etc . En
réalité, le camp conservateur de Zac
Goldsmith a favorisé cette vision d’un
combat qui aurait été purement
identitaire. (…) C’est cette déformation
opportuniste (…) qui autorise
aujourd’hui Robert Ménard à annoncer ce
qu’on pourrait appeler le début de la
fin de la culture occidentale. (…) Sadiq
Khan l’a dit : il est européen,
britannique, mais avant tout Londonien.
Et tant pis pour ceux, qui comme Robert
Ménard, ne voient en lui rien d’autre
qu’un musulman ». (10
Que dire en conclusion ?
S’il est normal que du point de vue
identitaire des citoyens d’un pays se
sentent menacés par une éventuelle
invasion, il est par contre anormal que
des politiciens en mal d réel projet de
société surfent sur les peurs. Ceci a
existé dans tous les régimes par tout
les temps. Cette haine de l’autre est
exacerbée par la diminution de l’espace
vital de chacun, par la disparition de
l’opulence qui a permit à l’Occident
après avoir terrassé ruiné et épuisé les
ressources du Sud, se permet de parler
de droits de l’homme , dont on
s’aperçoit qu’en réalité, ils concernent
les droits de l’Homme Blanc !
N’est ce pas en effet , Jules Ferry, le
colonialiste acharné, père de l’Ecole
Républicaine qui du haut d la tribune de
l’Assemblée Nationale Française a pu
dire sans être contredit : « les droits
de l’Homme ne sont pas valables dans les
colonies ! »
Pourtant les épaves humaines que sont
devenues les migrants appartiennent à la
même humanité ! Arrêtons de jouer les
races supérieures et méditons sur ce que
Dieu proclame Lui-même : Essayons de
voir ce que l’on a en commun dans nos
différences. Londres – patrie de l’habéas
corpus –première tentative de codifier
les droits de l’homme en Europe-300 ans
avant la Déclaration des Nations Unies-
à coup sûr se détache du reste du monde
comme ville monde ou se côtoient 300
langues où chacun suit son essence mais
demeure citoyen avec des droits et des
devoirs.
Certes, des dérives sont constatées
çà et là, souvenons-nous des 50 morts du
métro de Londres en 2005. Mais on ne
sent pas cette pesanteur qui commence à
gagner l'Europe et notamment la France
et la Belgique. Une situation
d'exception qui ne règle pas le problème
de fond, à savoir l'échec de la
République en théorie, sa forte volonté
d'intégration sans désintégration
identitaire, porteur de névroses, de
malvie et dont les irruptions relèvent
plus du social que de l'aspect
religieux.
Peut on rêver à l’avènement d’un
monde plus juste où seule la valeur
intrinsèque , le poids spécifique
dirait Jacques Berque , compte. Alors
arrivera un moment sur Terre quelque
soit la latitude seule la compétence
comptera seule l’engagement comptera
seul le dévouement comptera
l’appartenance par la naissance,
l’histoire à un pays aura de moins en
moins cours Les citoyens du monde –
mondialisation oblige- seront amenés à
migrer à aller là où l’herbe est
plus verte, là où on reconnait leur
talent.
Naturellement, en écrivant cela j'ai
bien conscience que je dois, en tant
qu'Algérien, faire d'abord mon
introspection et me poser la question du
vivre ensemble avec des personnes qui
n'ont pas le même vécu que moi: est-ce
que les Algériens acceptent les
étrangers? Est-ce que nous verrons un
jour un Malien ou un Somalien maire
d'Alger? Nous nous gargarisons de
versets religieux que nous n'appliquons
pas: «La noufarikou baina a'djami
oua arabi illa bitakoua» «Nous ne
faisons pas de différence entre un Noir
ou un Arabe qu'à l'aune de la croyance
en Dieu» (Sermon d'adieu du Prophète
Qsssl). L'islam abolit toutes les
différences entre les hommes quelles que
soient leurs conditions sociales et sans
discrimination de race. On comprend que
dans nos actes quotidiens, nous en
sommes loin et qu'il faut saluer
l'exemple de Londres qui montre plus que
jamais qu'avec le vivre ensemble, la
parole désarmée, l'utopie est possible.
1.
http://www.lepoint.fr/monde/londres-va-t-elle-elire-un-maire-musulman-28-04-2016-2035530_24.php
2.Sonia Delesalle-Stolper,
Correspondante à Londres - 4 mai 2016 à
20:21
http://www.liberation.fr/planete/2016/05/04/zac-goldsmith-le-fils-a-papa-millionnaire_1450645
3.Maâti Bargach, Tudor Tepeneag
http://www.rfi.fr/europe/20160503-municipales-londres-sadiq-khan-zac-goldsmith-candidats-tout-oppose
4. Tahar Ben Jelloun: Existera-t-il un
Sadiq Khan un jour en France? Le Point.
Fr 06/05/2016
5.
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1512358-sadiq-khan-elu-a-la-mairie-de-londres-la-reaction-abjecte-et-ridicule-de-robert-menard.html#xtor=EPR-2-[ObsActu17h]-20160507
1.http://www.lepoint.fr/monde/londres-va-t-elle-elire-un-maire-musulman-28-04-2016-2035530_24.php
2.Sonia
Delesalle-Stolper, Correspondante à
Londres — 4 mai 2016
http://www.liberation.fr/planete/2016/05/04/zac-goldsmith-le-fils-a-papa-millionnaire_1450645
3.Maati
Bargach,
Tudor Tepeneag
http://www.rfi.fr/europe/20160503-municipales-londres-sadiq-khan-zac-goldsmith-candidats-tout-oppose
4.
Tahar Ben Jelloun Existera-t-il un
Sadiq Khan un jour en France ? Le Point.
Fr 06/05/2016
5.Philippe
Bernard
http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/06/30/l-angleterre-dans-le-piege-du-communautarisme-scolaire_4447819_3232.html#KLTo7pklj3yhROg4.99
6.http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2007/01/30/article.php?sid=48907&cid=26
7
http://www.droithumain-france.org/le-communautarisme-est-il-compatible-avec-les-valeurs-de-la-republique/
8.Jean Bonnevey
http://metamag.fr/2016/05/07/grand-remplacement-la-preuve-par-londres/
9.Bernard Plouvier,
http://metamag.fr/2016/05/07/un-muslim-maire-de-londres/
10..http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1512358-sadiq-khan-elu-a-la-mairie-de-londres-la-reaction-abjecte-et-ridicule-de-robert-menard.html#xtor=EPR-2-[ObsActu17h]-20160507
Article de référence :
http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur
_chitour/241172-le-triomphe-de-la-raison-sur-la-peur.html
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique
enp-edu.dz
Publié le 10 mai
2016 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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