Les enjeux
de la vie internationale
Israël et une frappe en Iran face
à une
Amérique faible
Charles Enderlin
© Charles
Enderlin
Mercredi 19 mars 2014
Pression sur les Occidentaux qui
négocient avec Téhéran ? Peut-être, en
tout cas l’information a de quoi
inquiéter. Selon le quotidien Haaretz,
ce matin, Benjamin Netanyahu et Moshé
Yaalon, le ministre de la Défense ont
donné l’ordre à l’armée de poursuivre
les préparatifs en vue d’une frappe en
Iran en 2014. Il faut rappeler qu’en
2010, selon la presse israélienne, le
Premier ministre israélien et Ehoud
Barak, son ministre de la défense à
l’époque avait décidé de passer à
l’étape supérieure et placé Tsahal en
alerte « Iran ». Ils s’étaient heurtés à
l’opposition de tous les patrons du
système sécuritaire, Gaby Ashkenazi, le
chef d’état-major, Meir Dagan du Mossad
et Youval Diskin, du Shin Beth.
Netanyahu avait dû renoncer.
Pour sa part, Moshé Yaalon a révélé
lundi dernier, à l’université de Tel
Aviv qu’il penchait désormais en faveur
d’une opération militaire contre le
nucléaire iranien. Jusqu’à présent, il
était contre et a donc changé d’avis en
raison, selon lui, de la faiblesse
actuelle des États Unis, persuadé que
l’administration Obama ne veut pas
intervenir, que les Iraniens mentent et
peuvent décider à tout moment de
franchir le pas vers la réalisation de
l’arme nucléaire. Mais Yaalon ne s’est
pas arrêté là. Pour lui, le camp
sunnite, modéré, a été déçu par les
Américains dont il attendait un soutien
semblable à celui que les Russes
accordent au Chiites, notamment en
Syrie. Et de citer la Chine qui se
renforce et l’Ukraine où les États Unis
ont montré de la faiblesse.
Les relations israélo-américaines ? Dans
le domaine sécuritaire « ils ne nous
font aucune faveur, dit-il, nous avons
inventé la batterie « Iron Dome », les
ailes du chasseur F35 et le « Arrow »,
le missile antimissile » La réaction ne
s’est pas fait attendre. Un haut
fonctionnaire américain – qui a tenu à
garder l’anonymat- a accusé Yaalon de
porter atteinte aux bonnes relations
entre Israël et les États Unis. Une
personnalité juive a déclaré -tout aussi
anonymement ne pas comprendre pourquoi,
le ministre de la défense continue « à
cracher dans la source qui alimente la
sécurité d’Israël dont il est
responsable ».
Déjà, en janvier dernier, il avait dû
s’excuser auprès de John Kerry, le
secrétaire d’état après l’avoir qualifié
de « messianique et obsessif».
Moshé – Bogie, est son surnom –
Yaalon était, dans son jeune temps, à
gauche, devenant membre du kibboutz
Grofit dans le Néguev. Militaire, il
s’est fait remarquer à la tête de la
Sayeret, le commando d’élite, ce qui lui
a mis le pied à l’étrier. Général,
commandant la région centre, chef
d’état-major adjoint puis, patron de
l’armée il a dirigé la répression de la
seconde Intifada, persuadé que les
Palestiniens poursuivaient ainsi la
guerre de 1948, lorsque les armées
arabes tentèrent de détruire le jeune
état juif. Ministre de la Défense,
solidement installé dans la droite du
Likoud dont il briguera un jour la
direction, Yaalon dit, à qui veut
l’entendre, que Mahmoud Abbas n’est pas
un partenaire pour la paix, et tout
accord, impossible. Cela, en
encourageant le développement de la
colonisation en Cisjordanie. De toute
manière, pense-t-il, Israël a les moyens
de faire face à toutes les pressions, et
les Américains, même affaiblis, ne
cesseront jamais leur aide sécuritaire à
Israël qui saura en faire bon usage.
Impasse dans les négociations
israélo-palestiniennes, sous l’égide de
John Kerry. Difficultés dans les
pourparlers entre les puissances
occidentales et l’Iran. L’année 2014
s’annonce intéressante.
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