Opinion
Entre Herzog et Lieberman Bibi a choisi!
Charles Enderlin
© Charles
Enderlin
Mercredi 18 mai 2016
Si on
en croit des informations diffusées par
le quotidien Haaretz, la combine montée
par Tony Blair et John Kerry a fait long
feu. L’ex représentant du Quartet au
Proche-Orient et le secrétaire d’état
américain avaient demandé au président
égyptien Abdel Fatah Sissi de lancer un
appel « aux partis politiques israéliens
» pour qu’ils acceptent une initiative
de paix régionale. Tout cela pour
encourager Benjamin Netanyahu à faire
entrer le parti travailliste dirigé par
Yitzhak Herzog dans sa coalition
gouvernementale. Le premier ministre
israélien avait accepté de discuter d’un
tel accord de gouvernement. Mais, voilà
il n’était pas prêt à entériner des
accords écrits sur un changement de sa
politique de colonisation, seulement à
offrir offrir des promesses verbales…
Comprenant qu’il n’obtiendra rien de
plus, Herzog a plié bagage, humilié.
Donc
Lieberman!
Netanyahu qui n’a qu’une seule voix de
majorité au parlement voulait absolument
coopter quelques voix de plus, et s’est
donc tourné vers Avigdor Lieberman le
patron de « Israël Beytenou », le parti
russophone qui compte six députés. Ses
conditions étaient connues : le
portefeuille de la défense et une loi
définissant la peine de mort pour les «
terroristes». Netanyahu a dit banco ! Et
les négociations en vue de d’un nouvel
accord de coalition ont débuté.
Le
premier ministre réussirait ainsi à se
débarrasser du général Moshé Yaalon, le
ministre en titre,dont il n’apprécie pas
les dernières prises de position en
faveur des généraux de l’état major. Par
exemple son soutien au chef d’état major
adjoint, le général Yaïr Golan qui avait
déclaré lors de la journée commémorative
de la Shoa : « Une chose m’effraie.
C’est de relever les processus
nauséabonds qui se sont déroulés en
Europe en général et plus
particulièrement en Allemagne, il y a
70, 80 et 90 ans. Et de voir des signes
de cela parmi nous en cette année 2016.
La Shoah doit inciter à une réflexion
fondamentale sur la façon dont on traite
ici et maintenant l’étranger, l’orphelin
et la veuve. Il n’y a rien de plus
simple que de haïr l’étranger, rien de
plus simple que de susciter les peurs et
d’intimider… » Dans l’affaire du
soldat, traduit en cour martiale pour
avoir, à Hébron, achevé un
assaillant palestinien, qui avait blessé
un militaire à coup de couteau,
Netanyahu avait, de fait, pris position
contre les chefs militaires.
Mettre
les généraux au pas.
Lieberman, à la Défense, c’est aussi
l’occasion pour le chef du Likoud, de
mettre au pas cette élite qu’il n’aime
pas : les chefs de l’armée. Il a
eu maille à partir avec eux, chaque fois
qu’il a dirigé le gouvernement depuis
1996. Ce sont les généraux et les chefs
des services de sécurité, le Mossad et
le Shin Beth, qui lui ont dit non
lorsqu’il a voulu lancer une opération
contre le nucléaire iranien.
http://www.haaretz.com/israel-news/.premium-1.720327
L’arrivée de Lieberman à la défense,
c’est aussi un message à
l’administration Obama ainsi qu’à la
diplomatie française : « Laissez moi
tranquille avec vos initiatives de paix!
»
Lieberman a fait son service militaire
dans l’artillerie en qualité de
magasinier.
Et si
Tony Blair arrêtait de se mêler des
affaires de la région? Ce serait plutôt
bien, elles se terminent toujours très
mal..
Tout
cela est encore en discussion, et il
peut y avoir des surprises.
Plusieurs personnalités du Likoud,
notamment Beni Begin, le fils de
l’ancien premier ministre,
considèrent cette nomination, comme
bizarre et dangereuse pour la sécurité
du pays. Et Yaalon n’a pas dit son
dernier mot.
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