Actualité
La France face au bras de fer
entre l’Iran et les États-Unis
Antoine Charpentier
Lundi 15 juillet 2019
Depuis le retrait du président américain
Donald Trump de l’accord de Vienne signé
avec l’Iran en 2015 au sujet de son
programme nucléaire, un bras de fer sans
précédent s’est engagé entre les deux
pays.
Par son retrait de
l’accord de Vienne, Donald Trump visait
à affaiblir d’une part l’Iran et d’autre
part l’Europe. Entraver la démarche de
l’Iran a également comme objectif
d’amoindrir les marges de manœuvre de
l’axe de la résistance, qui à son tour
empêche la mise en place du «Deal du
siècle», soutient la cause palestinienne
et s’oppose à «Israël». Donald Trump
impose de dures sanctions à l’Iran dans
l’objectif d’affamer son peuple,
espérant qu’il se soulève contre son
gouvernement à l’instar des peuples
voisins lors du «printemps arabe».
Ébranler l’Europe
signifie pour Donald Trump plus
d’hégémonie et de domination, donc des
États européens vassaux en guise
d’alliés, pour servir ses intérêts. De
ce fait, les européens ne parviennent
pas à satisfaire leurs promesses
formulées à l’égard de l’Iran, tel que
le système Instex.
Face à l’arrogance
américaine et à la défaillance
européenne, l’Iran s’est armé de prime
abord par une patience stratégique, rare
dans le domaine des relations
internationales. Toutefois, en tant que
pays souverain, l’Iran a le droit et le
devoir de se défendre face aux
agressions extérieures. Sans briser
l’accord de Vienne, et tout en
respectant ses engagements, comme
l’affirme l’AIEA, l’Iran a usé de
l’article 26 et 36 de l’accord en
question, afin de suspendre certaines
clauses concernant l’enrichissement de
l’uranium et la détention de l’eau
lourde, donnant un délai de 60 jours aux
européens pour remplir leurs promesses à
son égard, au risque de prendre d’autres
mesures. Résultat, les dirigeants
européens se sont repliés derrière leur
inertie.
Par la suite, deux
évènements se sont produits
successivement. Il s’agit en premier du
drone américain Global Hawk abattu le 20
juin, lorsqu’il a violé le ciel iranien
ainsi que la fin du délai de 60 jours.
Suite à l'expiration de ce délai, et en
l'absence de signe positif et concret de
l’Europe, l’Iran déclare sa reprise de
l’enrichissement de l’uranium de 3,67 %
comme l’exige l’accord de Vienne, à 5%.
Il convient de préciser que le seuil de
5% d’enrichissement de l’uranium
n’aboutira pas à la fabrication de la
bombe atomique, que l’Iran refuse de
fabriquer pour des raisons éthiques,
morales et religieuses. L’Iran souhaite
uniquement obtenir le nucléaire civil.
L’enrichissement de
l’uranium est une nouvelle carte de
pression dont l’Iran use dans sa
confrontation avec l’Occident.
Cependant, il accompagne son annonce par
un nouveau délai de 60 jours. Les
autorités iraniennes donnent encore une
preuve de bonne foi et ne ferme pas la
porte de la diplomatie. Aussitôt que
l’Iran annonce sa reprise de
l’enrichissement de l’uranium, les
médias occidentaux se sont précipités
afin de propager une fausse nouvelle,
comme quoi l’Iran quitte l’accord de
Vienne. Néanmoins, ils ont occulté
délibérément le fait que l’Occident n’a
laissé aucun choix à l’Iran. Donald
Trump s’est retiré injustement de
l’accord infligeant à l’Iran de dures
sanctions, et l’Europe n’a pas activé
comme convenu le système Instex.
Toutefois, ce dernier devient une
méthode de chantage de la part des
européens envers l’Iran.
Nous assistons
actuellement et à la suite de récentes
annonces de l’Iran à une action
diplomatique française sans précédent.
De quoi s’agit-il exactement ? Que peut
offrir davantage la France à l’Iran sur
fond de crises irano-américaines d’une
part et européenne d’autre part ? Il
convient de préciser que la France
participe aux sanctions contre l’Iran et
que ses entreprises se sont retirées du
marché iranien à la suite de la décision
de Donald Trump, et que le président
Macron est un des dirigeants européens
les plus proches de Donald Trump. C’est
pourquoi, il est très difficile pour la
France de prendre parti et en même temps
vouloir jouer la médiation. Quant à la
crise européenne, elle se traduit par la
lutte entre la France et l’Allemagne
pour commander l’Union européenne, et
entre les deux pays cités et la Grande
Bretagne, bras droit des États-Unis en
Europe. Ceci dévoile une des raisons de
la détention du pétrolier iranien par la
marine anglaise. Le but étant de saboter
les pourparlers en cours entre Français,
Allemands et iraniens.
Le président
français Emmanuel Macron semble vouloir
également se donner à travers ses
initiatives à l’égard de l’Iran une
posture d’homme d’État, ayant un poids
sur la scène internationale. Ceci dans
le but d’envoyer un message aux
européens ainsi qu’aux français pour des
intérêts politiques propres à lui.
Il est certain que
l’initiative française à l’égard de
l’Iran révèle une crainte d’une escalade
voire une guerre entre les États-Unis et
l’Iran. De ce fait, la France ainsi que
l’Europe savent pertinemment qu’en cas
de guerre, Donald Trump va les utiliser,
dans le cadre de l’OTAN. D’où les
différentes agitations diplomatiques,
afin d’essayer de rapprocher les points
de vue entre américains et iraniens.
Si la France, et
l’Europe souhaitent sincèrement obtenir
des résultats positifs, dans l’objectif
d’assouplir le bras de fer qui se joue
actuellement entre les États-Unis et
l’Iran, mettant le monde au bord du
précipice, elles doivent activer au plus
vite le système Instex. Elles doivent
cesser de participer aux sanctions
contre l’Iran. Elles doivent saisir
l’occasion historique, que l’Iran leur
offre, qui est de faire bloc avec la
Russie, la Chine, l’Inde et différents
autres pays, pour faire pression sur les
États-Unis, afin qu’ils reviennent à la
table des négociations, mais aussi dans
l’objectif d’échapper à leur hégémonie
sur elles. Enfin, la question que nous
posons est la suivante : La France, et
l’Europe prendront -elles cette posture
historique ?
Reçu d'Antoine Charpentier pour
publication
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