Syrie
Syrie : retour sur une date
Antoine Charpentier
© Antoine-Noura
Charpentier
Samedi 15 avril 2017
Le vendredi 17 mars 2017 restera
une date charnière dans les annales de
la guerre syrienne. Ce n’est ni plus ni
moins qu’une nouvelle étape qui a été
franchie. Dès le
début de la guerre en Syrie, Israël n’a
cessé d’intervenir, sans scrupule et de
différentes façons dans le conflit, tout
en affirmant qu’il se tient à l’écart de
ce qu’il se passe en Syrie.
À maintes
reprises, l’aviation israélienne a
frappé en Syrie, sous prétexte de
neutraliser des convois d’armes destinés
au Hezbollah. Cela sans aucune preuve
convaincante. Pour les dirigeants
israéliens, tous les prétextes sont bons
pour intervenir en Syrie, alors que
vis-à-vis du Droit International cela
demeure une grave ingérence. Israël ne
devrait-il pas cesser d’endosser le rôle
de justicier au Moyen-Orient ?
Le 17 mars,
l’armée de l’air israélienne a encore
frappé en Syrie. Sauf que cette fois,
l’armée syrienne a riposté fermement à
l’incursion des chasseurs israéliens, en
abattant l’un d’entre eux.
Après que
Sayyed Hassan Nasrallah ait fait
comprendre aux dirigeants israéliens,
lors d’un de ces derniers discours que,
concernant le Liban, ils ne pouvaient
plus faire comme ils voulaient et comme
ils avaient l’habitude de faire par le
passé, voilà que la Syrie formule par sa
riposte la même idée.
Toutefois,
Israël qui ne s’attendait pas à une
telle réponse, a commis une erreur
fatale. Il croyait toujours être protégé
par ses relations cordiales avec la
Russie. Mais, il convient de préciser
que ce sont les soldats syriens qui ont
tiré contre les chasseurs israéliens,
avec des missiles russes.
En dehors du
fait qu’Israël se soit fait démasquer en
Syrie, la riposte syrienne vient de
l’écarter de toutes interventions
directes sur le sol syrien, notamment au
profit des groupuscules armés.
Par cette
manœuvre, la Syrie vient de se
débarrasser d’Israël, comme elle vient
de se débarrasser de la Turquie qui a
annoncé récemment la fin de son
opération ‘’Bouclier de l'Euphrate’’.
Cela signifie le retrait de l’armée
turque de Syrie.
Pourrions-nous voir dans les deux
affaires, israélienne et turque, le
résultat des récentes visites de M.
Netanyahu et M. Erdogan en Russie ?
L’armée israélienne ne peut plus
intervenir à sa guise en Syrie. Les
Turcs ont vu leur marge de manœuvre
également réduite. Hormis le fait
qu’Israël et la Turquie ne pourront plus
intervenir directement sur le territoire
syrien, ces deux états ont été aussi
écartés des batailles de Raqqa et
d’Idlib. Ce qui signifie qu’Israël et la
Turquie pourraient être en position de
hors-jeu à propos de toutes solutions à
la guerre syrienne. Cela signifie
également que les groupes armés vont
avoir plus de difficultés pour obtenir
du soutien extérieur, même si cela reste
faisable en adoptant d’autres formes.
Actuellement,
l’implication d’Israël dans le conflit
syrien n’est plus à démontrer.
Israël croyait encore et
toujours, qu’il pouvait faire comme il
avait l’habitude de faire au
Moyen-Orient. Toutefois, se rend-il
compte que la donne politique et
stratégique a changé et qu’il vaut mieux
négocier que s’enorgueillir ?
En ce moment,
le moral du peuple israélien doit être
au plus bas. Après les propos de Sayyed
Nasrallah concernant le réacteur de
Dimona, les missiles syriens qui ont
atteint le Jourdain -même s’ils ont été
interceptés- pose une importante
question : Israël pourra t- il persister
dans sa logique guerrière, tout en
protégeant sa population ? Cette
population qui sera la première touchée
en cas de conflit majeur.
La riposte
syrienne à l’attaque israélienne
s’inscrit aussi dans une démarche qui
vise à limiter le plus possible les
interventions extérieures, afin de
favoriser les manœuvres vers une
solution politique et une fin du
conflit.
La réaction
syrienne contre les chasseurs israéliens
enterre définitivement l’idée qui
consiste à penser que la Russie a
accepté d’ouvrir l’espace aérien syrien
afin qu’Israël puisse frapper le
Hezbollah. Il parait difficile
d’envisager un conflit militaire entre
la Russie et Israël, surtout sur le
terrain syrien. Cependant, les relations
politiques et diplomatiques entre les
deux pays prennent une nouvelle
tournure.
Une solution
politique est en train de s’opérer en
Syrie, les groupes terroristes sont en
train de vivre leurs derniers jours. La
logique est que Syriens, Russes,
Iraniens ainsi que leurs alliés ne vont
pas permettre que leurs plans qui
avancent de jour en jour -dans le but
d’arrêter la guerre en Syrie- capotent à
cause des ingérences extérieures. Les
dernières attaques d’Israël contre la
Syrie ont prouvé réellement sa volonté
de vouloir empêcher toutes solutions
dans ce pays. Enfin, il paraît que le
Premier ministre israélien a visité
Moscou, il a entendu les paroles de M.
Poutine, mais il a tout de même voulu
tester la fiabilité du discours russe.
Il a obtenu la réponse.
La question
qui mérite d’être posée est de savoir
pourquoi Israël s’entête dans une
logique conflictuelle au Moyen-Orient,
au moment où le rapport de force n’est
plus en sa faveur ? Ne serait-il pas
plus judicieux de se remettre
sérieusement à la table des
négociations au lieu d’embraser toute
une région ? La logique israélienne
semble suicidaire, mais la question
est : pourquoi ?
Antoine
Charpentier
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