Syrie
Fowa et Kefraya :
Timidité de la Communauté Internationale
Antoine Charpentier
© Antoine-Noura
Charpentier
Mardi 2 mai 2017
Alors que le monde entier est
préoccupé par les élections
présidentielles françaises, les civils
des villages de Foua et Kefraya en Syrie
souffrent encore et toujours le martyr.
Lorsque nous cherchons dans un moteur de
recherche français les mots : « Foua et
Kefraya », nous ne trouvons pas beaucoup
d’informations. Pourtant ces deux
localités syriennes de la région d’Idlib
sont encerclées depuis le 29 mars 2015
par des groupes terroristes appartenant
à l’organisation Jaych Al-Cham,
pratiquant envers les habitants toutes
sortes d’agressions, les privant de
leurs droits les plus élémentaires,
coupant l’eau, l’électricité, et
interdisant l’entrée des secours et le
ravitaillement en médicaments, sans
oublier les bombardements quotidiens des
deux villages par plusieurs sortes
d’obus et de missiles. A titre
d’exemple, l’hôpital central de Foua et
Kefraya a été détruit sur la tête de ses
pensionnaires.[1]
Majed Hatmi, journaliste syrien, affirme
que : « Les terroristes ont bombardé les
habitations civiles, les écoles, les
mosquées, les hôpitaux, les champs
cultivables, avec des mortiers et des
obus de toutes sortes, les mettant hors
d’état de fonctionner. Tandis que les
snipers tirent sur le bétail afin
d’empêcher les habitants de les
exploiter. »[2]
Le cas de Foua et Kefraya révèle au
grand jour plusieurs aspects de la
pensée islamiste radicale, d’obédience
wahabite qui se propage au Moyen-Orient,
visant les minorités de la région. Le
seul tort des habitants de Foua et
Kefraya est leur appartenance à l’islam
chiite. Pourtant, rares sont les médias
qui évoquent ce grave problème. La toile
regorge d’affreux récits, qui ne peuvent
qu’être condamnés par les conventions et
les instances internationales.
Récemment, l’État syrien est arrivé à un
accord d’échange des combattants
enfermés dans les localités de Madaya et
Zabadani[3]
encerclés à leur tour par l'armée
syrienne, contre une grande partie des
habitants de Foua et Kefraya.[4]
Le fait de l’encerclement des quatre
localités est quasiment le même, la
différence étant dans le comportement
des forces qui bloquent les accès des
villages en question. D’après les
données du terrain, les habitants et les
combattants enfermés à Madaya et
Zabadani n’ont pas subi le même sort que
ceux de Foua et Kefraya. Tout de
même, ce qui est malheureux, est la
situation des civils qui deviennent une
monnaie d’échange et un moyen de
chantage entre les deux parties.
Toutefois, lors de l’opération
d’échange, les combattants de Jaych
Al-Cham et leurs alliés n’ont pas cessé
leurs intimidations en retardant à
plusieurs reprises les convois sortant
de Foua et Kefraya, tirant sur les bus à
multiples reprises, blessant plusieurs
civils.[5]
Le 15 avril 2017, un grave incident a eu
lieu lors d’une halte au quartier d’El-Rachidine
à Alep. Tandis que les secouristes turcs
rassemblaient les enfants afin de leur
distribuer de la nourriture, une voiture
piégée a explosé parmi eux faisant 126
morts dont 68 enfants.[6]
Cet acte abject révèle la défaillance
volontaire des groupes armés de protéger
les civils de Foua et Kefraya, comme
stipulé dans l’accord avec le
gouvernement Syrien. Toutefois, deux
cent personnes ont disparu au passage de
Bab Al-Hawa[7] et
en Turquie. Elles faisaient partie des
civils de Foua et Kefraya qui ont été
blessés et transférés par les ambulances
turques vers des hôpitaux de
campagne. Les groupuscules armés
refusent catégoriquement de les ramener
vers les zones contrôlées par le
gouvernement syrien.
Tout cela pose la question des
intentions et du sérieux des groupes
armés à trouver des solutions non
militaires et moins violentes pour
régler les choses.
Les condamnations de la communauté
Internationale se font très timides et
sans aucun poids pertinent. Pourquoi les
enfants de Foua et Kefraya tués avec une
lâcheté sans précédent ne provoquent-ils
pas une réunion à l’ONU et une enquête
internationale ?
Certes, des enfants morts intoxiqués au
gaz sarin suscitent plus d’émotions,
mais le fait que des innocents qui n’ont
rien demandé d’autre que de vivre en
paix, se fassent tuer parce que les
garants de leur sécurité ont été plus au
moins volontairement défaillants,
demeure aussi quelque chose d’horrible.
Les condamnations de la communauté
internationale ont été plus timides que
pour les évènements de Khan Cheikhone
pour lesquels l’enquête piétine, pour
lesquels le déroulement des faits est
douteux, où les avis des experts se font
moins tranchants. L’évocation du
massacre des enfants de Foua et Kefraya
est moins relayée dans les médias de
tous bords.
Toutefois, deux massacres ont été
perpétrés. Deux massacres envers des
civils qui méritent une enquête
internationale pour crimes de guerre.
La communauté internationale
rechignerait-elle à établir la vérité,
perdue depuis longtemps au Moyen-Orient
notamment en Syrie ?
Antoine Charpentier
[1]
Al-Mayadeen, De la Terre,
Foua et Kefraya, 11-06-2015,
01-09-2016, émission en arabe en
ligne sur youtube.
En savoir plus sur
http://reseauinternational.net/syrie-les-droits-de-lhomme-a-la-carte/#M25sUDGitUXywi7S.99
[2]
Majed Hatmi, « Kefraya Al Foua
et l’Occident affligé à Alep »,
www.alam.ir (En arabe)
En savoir plus sur
http://reseauinternational.net/syrie-les-droits-de-lhomme-a-la-carte/#M25sUDGitUXywi7S.99
[3]
Madaya et Al-Zabadani deux
villages à la proximité de la
frontière libanaise. Les deux
villages ont été encerclé par
des forces syriennes et leurs
alliés, le 4 juillet 2015 suite
à une offensive contre le
dernier bastion de d’Ahrar
Al-Cham à Qalamoun, en réponse à
l’encerclement de Foua et
Kefraya.
[4]Syrie
: des bus du CICR sont dépêchés
pour évacuer les habitants de
Foua et
Kefrayahttp://presstv.com/DetailFr/2017/04/14/517971/Foua-Kefraya-Syrie-CICR-Madaya-Zabadani-vacuation-gouvernement
[5]
Syrie : plusieurs bus devant
évacuer les malades et les
blessés des villes d'Al-Foua et
Kefrayahttps://www.youtube.com/watch?v=65GN_YH7o2c
[6]Alep :
L’attentat contre un convoi
d’évacuation fait au moins 70
victimes.
ctimeshttps://fr.sputniknews.com/international/201704151030916891-alep-attaque-victimes/
[7]
Les passages de Bab Al-Hawa est
un passage entre la Turquie e la
Syrie contrôlé par des groupes
armés.
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