Al-Ahednews
La bataille de Kobané…
La Turquie et le prix exorbitant à
payer!
Akil Cheikh Hussein
Vendredi 17 octobre 2014
La zone-tampon revendiquée par Erdogan
comme un pas sur la voie de la
réalisation de son rêve hystérique de
neutraliser la Syrie n'acquiert pas le
consentement de Washington qui craint un
nouvel embourbement après toutes ses
défaites dans la région. N'ayant pas pu
renverser le régime syrien, le projet
israélo-américain ne trouve pas mal le
fait de liquider la Turquie. C'est la
guerre de tous contre tous à l'intérieur
du camp qui réunit les ennemis de la
Syrie.
Erdogan a du se sentir effrayé en
observant la grande mobilisation
conduite par Washington en vue de former
la Coalition internationale contre «Daech».
Sa frayeur vient d'une erreur de
pronostic : Pensant que «Daech» sur
lequel la Turquie nourrissait, en
parfait accord avec les Etats-Unis, des
grands espoirs et lui consacrait un
traitement préférentiel sur les plans de
l'accueil, du financement, de
l'entrainement et de l'armement, allait
se vaporiser sous les frappes aériennes
de la Coalition.
Ankara et Washington en accord
pour permettre à «Daech» d'envahir Aïn-al
'Arab
Cependant, Erdogan ne pouvait, après un
mois entier de bombardement qui n'a pas
réussi d'empêcher «Daech» de poursuivre
son avancée rapide, que réviser ses
convictions et se constituer une
nouvelle façon de voir qui l'aiderait à
se rassurer au sujet de ce groupe
terroriste et takfiri. Surtout avec
l'éclatement de la question de Aïn-al 'Arab
(Kobané) et l'éclaircissement de la
position américaine telle qu'elle s'est
exprimée dans les déclarations de John
Kerry affirmant qu'empêcher la chute de
la ville ne fait pas partie de la
stratégie américaine.
Ces déclarations, d'une part, et non
seulement la passivité turque face à
l'avancée de «Daech», mais surtout
l'interdiction par le gouvernement
Erdogan aux volontaires kurdes venus de
Turquie de franchir les frontières pour
porter secours à Aïn-al 'Arab, d'autre
part, tout cela ne fait, malgré la
prétendue guerre mondiale dirigée par
Washington contre «Daech», que prouver
le désir qu'ont Ankara et Washington de
livrer la ville à «Daech» afin qu'il y
commette ses exactions habituelles
envers ses défenseurs et les civils qui
n'ont pas pu ou voulu la quitter.
Pourtant l'accord total de Washington et
d'Ankara sur cette question cèdera la
place, dans les conditions des
divergences grandissantes entre les
parties engagées dans la guerre contre
la Syrie, à des différences de vues en
ce que concerne l'étape qui suivra la
chute de Aïn-al 'Arab et la conquête par
«Daech» de territoires supplémentaires
sur les frontières turques.
De son côté, Erdogan voit dans la chute
de la ville, en plus du renforcement de
la puissance de «Daech» qui est devenu
le principal cheval dans la guerre
contre la Syrie, une punition aux Kurdes
syriens qui refusent de rejoindre le
camp des ennemis de la Syrie.
D'un autre côté, la possible adhésion de
la Turquie à la prétendue coalition
contre «Daech» lui permet de jouer le
rôle de la victime en prétendant qu'elle
se trouve d'ores et déjà sous la menace
de «Daech». En outre, cela donne de la
force à ses revendications en ce qui
concerne la création d'une zone-tampon
qui mettrait ses frontières à l'abri de
cette menace. En même temps, cela lui
permet de poursuivre son action visant à
réaliser le grand rêve d'Erdogan
représenté par la destruction de la
Syrie le plus rapidement possible.
Cependant, les Américains qui tiennent à
leur tour à détruire la Syrie mais qui
sont certains de l'impossibilité
d'atteindre cet objectif à court terme,
considèrent cette idée d'Erdogan (elle
n'est admirée que par François Holland)
comme maladroite et débile. Elle
requiert l'accord du Conseil de sécurité
qui, plus d'une fois, s'est heurté au
véto russe et chinois. En outre,
Washington qui n'a jamais respecté le
Conseil de sécurité et la loi
internationale n'est plus à même de
mener une guerre d'agression contre la
Syrie ou tout autre pays, car elle sait
qu'une telle aventure l'embourbera dans
une nouvelle guerre qui ne pourra que
lui être beaucoup plus désastreuse que
toutes ses guerres perdues en
Afghanistan, en Irak, en Liban, à Gaza
et au Yémen...
Guerre civile à l'intérieur de
la Turquie
Pour toutes ces raisons, mais aussi en
raison des difficultés et de la longue
durée nécessaire pour entrainer ce qu'on
appelle l'opposition syrienne, ou pour
former des armées arabes et/ou
musulmanes pour intervenir en Syrie sous
le couvert de la lutte contre «Daech»,
Washington préfère que la Turquie se
charge, elle-même, qu'elle le veuille ou
non, de cette tâche... ce n'est pas pour
rien qu'elle possède la deuxième plus
puissante armée dans le Nato, et rien
n'empêche de l'engouffrer dans une
guerre qui, l'affaiblissant, l'ajoute
aux pays que le projet dit du Grand
Moyen-Orient vise à déchirer et à
détruire.
La Turquie refuse, certes, de s'engager
«toute seule» dans une telle guerre.
Pourtant, personne ne lui demandera son
avis lorsque les ordres seront donnés à
«Daech» et à ses cellules dormantes
partout en Turquie d'entrer en action.
Même en laissant de côté la maladresse
d'Erdogan quant à son pari concernant le
renversement de la Syrie, ou au fait
qu'il compte sur une fidélité absolue
qui lui est due -pense-t-il- de la part
de «Daech», son arrogance et son peu
d'imagination quant à sa manière d'agir
envers le Kurdes et leur cause, ont
introduit la Turquie, déjà affaissée
sous ses problèmes, dans la fournaise
d'une véritable guerre civile. Ainsi,
depuis le 7 octobre, le cessez-le feu en
vigueur depuis un an et demi avec la
Parti des Travailleurs Kurde (PKK) est
rompu. Il s'ensuit que la Turquie
entière, et non seulement ses régions
kurdes, est devenue, selon radio «France
Internationale», le théâtre de violences
«sans précédent». Es centaines de morts
et de blessés et d'incalculables
manifestations de destruction et de
chaos à Istanbul, Ankara, Izmir et
autres villes... A rappeler que le
problème kurde n'est qu'un seul parmi
d'autres problèmes qui pèsent lourd pour
Erdogan et son gouvernement.
Source : French.Alahednews
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