Opinion
Syrie : les résidus du « printemps »
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 16 mars 2015
Samedi 14 mars, un rassemblement « Pour
la Syrie » a eu lieu à Paris. Il est le
résultat d’un appel lancé par 55
organisations. Parmi elles, les plus
nombreuses, celles qui sont nées,
tambour battant, à l’occasion de la
« révolution démocratique » qui allait
mettre la Syrie à feu et à sang et dont
on peut deviner les sources de
financement. Il y avait aussi des partis
politiques français et des associations
ou syndicats ayant pignon sur rue. Il y
avait, encore, à tout seigneur tout
honneur, un « ambassadeur » de cette
« Coalition nationale syrienne », dont
on se demande ce qu’elle devient depuis
qu’il n’est plus tellement question de
« révolution » mais de Daech et de Front
Anosra. Avec 55 organisations, dont le
Parti dit encore Socialiste, le Parti
dit encore communiste et des partis dit
d’extrême-gauche, nous devions nous
attendre à ce qu’il y ait une marée
humaine. Surtout que la médiatisation a
été très lourde. Mais, contre toute
attente optimiste, le nombre de
participants, largement pesé, pouvait
s’élever à 700. Soit une capacité de
mobilisation moyenne de 13 personnes
pour chaque chapelle. La conclusion,
incontournable, est que le
« printemps », si tant est qu’il faisait
recette, ne recueille que de
l’indifférence, sauf auprès de ceux qui
en vivent, que ce soit au sens financier
ou politique. Et ce, même si le slogan
s’est enrichi des données de la scène.
« Ni Assad, ni Etat islamique » ont
scandé les manifestants, tout en voulant
faire croire que ce serait le
gouvernement syrien qui aurait transmué
l’Armée syrienne libre en armée de
djihadistes. L’expression, probablement,
du désarroi devant l’effondrement du
fonds de commerce qui a permis à tant de
notoriétés de se faire et à tant
d’espoirs de carrière de se dessiner.
Fallait-il s’attendre à plus
d’intelligence ? Il est évident que non,
puisque l’histoire a déjà commencé son
travail de nettoiement des scories. Pour
ce qui est des milliers de Syriens qui
ont été interdits, par le gouvernement
français, de voter en mai 2014, ce sera
donc d’un regard amusé qu’ils ont dû
observer cette agitation « printano-parisienne».
C’est avec le sourire, sûrement, qu’ils
doivent apprécier les propos du
directeur de la CIA, John Brennan, qui
vient de déclarer : « aucun d'entre
nous, Russie, Etats-Unis, coalition
[contre l'EI], Etats de la région, ne
veut un effondrement du gouvernement et
des institutions politiques à Damas ».
Un sourire que viennent conforter
les nouvelles dispositions de la
diplomatie étatsunienne, vis-à-vis de
l’Etat syrien. Elle qui ne voyait de
solution, sa solution, qu’avec « départ
de Bachar El Assad », la voici qui admet
qu’il faut négocier. Restant posée, bien
sûr, la question de savoir en quoi
Washington devrait se mêler de la
situation intérieure d’un pays étranger.
Sachant, en l’occurrence, que le bain de
sang qui inonde la Syrie est du fait de
ses bons offices et de ceux de ses
alliés « amis du peuple syrien »,
exécutés sur le terrain par ses propres
supplétifs, recrutés, formés, armés et
financés sous ses ordres et sous son
contrôle.
Ahmed.Halfaoui
Le sommaire d'Ahmed Halfaoui
Le dossier
Syrie
Les dernières mises à jour
|