Algérie
Lahouari Addi, la NED et les autres
Ahmed Bensaada
Photo :
Patrick Deschamps - MontréalExpress
Jeudi 25 juin 2020
« Que nul n’entre
ici s’il n’est géomètre »
Platon
Depuis la
publication de mon livre, M. Lahouari
Addi s’est publiquement exprimé à trois
reprises. Et à trois reprises, il s’est
comporté en Docteur ès insultes, ce qui
en dit long sur le sociologue qui veut
instaurer la démocratie et les bonnes
manières en Algérie. Car, qu’on se le
dise, les diplômes et l’éducation sont
deux choses complètement différentes.
Ainsi, après les « doubab
» et « sinistre personnage »,
voilà qu’il récidive, dans un entretien
publié par le journal Reporters [1],
avec des expressions un peu plus
élaborées, du genre : « il ne connaît
pas le b.a.ba de la science politique
», « Il n’est pas universitaire
», « Bensaada n’a aucun argument
», « il ne sait pas de quoi il parle
», etc.
Ne ratons pas
l’invitation : prenons la formule « il
ne sait pas de quoi il parle » et
essayons de voir à qui elle peut bien
s’appliquer en reprenant quelques-unes
des déclarations de l’illustrissime et
grandissime professeur.
A- La NED
Lahouari Addi
: « La NED est un think tank (club de
réflexion) créé et financé par le parti
républicain à Washington au lendemain de
la chute du Mur de Berlin. »
Ah, les « b.a.ba
de la science politique »! Autant
d’erreurs dans une même phrase est un
record inégalable. Ce n’est même pas
digne d’un étudiant de première année,
alors que dire d’un « professeur »!
1- La NED n’a pas
été créée au lendemain de la chute du
Mur de Berlin
La chute du mur de
Berlin [2] a eu lieu dans la nuit du 9
au 10 novembre 1989.
Encadrée par le
« National Endowment for Democracy
Act », la National Endowment for
Democracy (NED) a été créée le 18
novembre 1983 [3]. La loi a été
entérinée le 22 novembre 1983 [4].
Ainsi,
contrairement à ce qu’avance notre
professeur, la création de la NED
précède de six ans la chute du mur de
Berlin!
2- La NED n’est pas
un think tank
Selon les
informations mentionnées sur le site de
la NED : « La National Endowment for
Democracy (NED) est une fondation
privée à but non lucratif dédiée à la
croissance et au renforcement des
institutions démocratiques dans le
monde. Chaque année, la NED octroie plus
de 1600 subventions pour soutenir les
projets de groupes non gouvernementaux à
l'étranger qui œuvrent pour des
objectifs démocratiques dans plus de 90
pays. » [5]
3- La NED n’est pas
financée par le parti républicain
Bien qu’elle
possède le statut juridique d’une
association privée, la NED figure en
réalité au budget du Département d’État
américain. Et, comme le précise le
journaliste du Monde diplomatique
Hernando Calvo Ospina, son financement
est soumis à l’approbation du Congrès,
ce qui permet au gouvernement de se
dégager officiellement de toute
responsabilité. « La fondation ne
saurait être considérée comme une agence
ou une émanation du gouvernement des
États-Unis », stipule la loi créant
la NED [6].
4- La NED n’est pas
uniquement reliée au parti républicain
Selon le site de la
NED : « Depuis ses débuts, la NED est
restée résolument bipartisane. Créée
conjointement par les Républicains et
les Démocrates, la NED est dirigée par
un conseil équilibré entre les deux
partis et bénéficie du soutien du
Congrès à travers le spectre politique
» [7].
D’ailleurs, la NED
travaille par l’intermédiaire de quatre
organismes distincts et complémentaires
qui lui sont affiliés : le Center for
International Private Enterprise (CIPE —
Chambre de commerce des États-Unis),
l’American Center for International
Labor Solidarity (ACILS — Centrale
syndicale AFL-CIO), mieux connu comme le
Solidarity Center, le National
Republican Institute (IRI) et le
National Democratic Institute (NDI) [8].
Les deux derniers organismes sont
respectivement liés au parti républicain
et au parti démocrate.
B-
L’International Forum for Democratic
Studies Research Council
Lahouari Addi
: « La NED voulait un débat d’idées
et a créé ce Forum et aussi une revue
académique Journal of Democracy, dont
les articles sont consultables en ligne.
J’ai publié trois articles dans cette
revue et ils sont consultables en ligne,
ils n’ont rien à voir avec l’idéologie
de la droite américaine. La NED a mis
sur pied aussi un Forum qui réunissait
des universitaires de différentes
tendances. »
-
Comme expliqué
auparavant, la NED est bipartisane et
n’est pas exclusivement dédiée à
l’idéologie de la droite américaine.
-
Les articles
dont parle Lahouari Addi et qui ont été
publiés dans la revue de la NED,
« Journal of Democracy » sont : «
Religion and Modernity in Algeria »
(1992), « Algeria's tragic
contradictions » (1996), « The
failure of third world nationalism »
(1997) [9]. Mais la publication d’études
sans cette revue et l’appartenance au
Forum de la NED sont deux choses
différentes.
Il est important de
signaler que de 1997 à 2008, soit
pendant douze années, Lahouari Addi a
été membre de l’International Forum for
Democratic Studies Research Council, le
think tank de la NED, comme indiqué dans
le document en ligne.
Consulter en ligne la liste des membres
de l’International Forum for Democratic
Studies Research Council (1996
-2008)
Mais bien avant de
faire partie du think tank de la NED,
Lahouari Addi a participé à des réunions
organisées par ce Forum. Cela est
précisé dans le rapport de la NED
relatif à l’année 1995 :
« En outre, le
Forum parraine des discussions lors de
déjeuners avec d'éminents penseurs et
des militants démocrates. Au cours de
l'année écoulée, le Forum a tenu une
série de discussions axées sur le
Moyen-Orient avec des universitaires
Haleh Esfandiari (sur les femmes en
Iran), Lahouari Addi (sur l'Algérie) et
Kanan Makiya (sur l'Irak), ainsi qu'une
discussion avec Robert S. Leiken (sur la
démocratie dans l'hémisphère
occidental). Leiken, Esfandiari et
Makiya étaient des boursiers du Forum
international à l'époque. Le Forum a
également prévu des discussions avec
Richard Rose (sur les élections russes),
Bernard Lewis (sur l'islam et la
démocratie) et Hyug Baeg Im (sur la
mondialisation économique et la
démocratie), qui ont eu lieu en octobre
et novembre 1995; Le professeur Im était
chercheur invité au Forum. »
Lire en ligne un extrait du rapport 1995
de la NED
On voit donc bien
que le Forum favorise les rencontres
entre les « penseurs » qu’il recrute et
les « activistes » qui sont sur le
terrain où la « démocratie » doit être
installée.
Cette relation sera
très bien illustrée dans les sections
suivantes.
Notons au passage
qu’en 1995, le Conseil d’administration
de la NED comptait dans ses rangs
d’illustres noms de la politique
américaine. Citons en trois, à titre
d’exemple :
-
Zbigniew
Brzezinski, théoricien stratégique
belliciste, conseiller à la sécurité
nationale du président Jimmy Carter
-
Paula Dobriansky,
qui a été sous-secrétaire d'État à la
démocratie et aux affaires
internationales (2001-2009) sous George
W. Bush, membre du CA de Freedom House
et membre fondatrice du think tank
néoconservateur « Project for the New
American Century » (PNAC) qui a eu une
influence considérable sur
l’administration Bush fils.
-
Paul Wolfowitz,
illustre faucon néoconservateur,
secrétaire adjoint à la Défense
entre 2001 et 2005 dans le gouvernement
de George W. Bush, considéré comme un
des cinq principaux artisans de
l’invasion de l’Irak [10].
3- La NED n’a pas
créé le Forum pour le débat d’idées
uniquement. Le Forum a une mission bien
définie au sein de la NED.
À ce sujet, voici
ce qu’on peut lire dans le rapport 2001
de la NED :
« L’International
Forum for Democratic Studies a été créé
en tant que nouvelle division au sein de
la Dotation en avril 1994. Le Forum est
devenu un centre de premier plan pour
l'analyse et la discussion de la théorie
et de la pratique du développement
démocratique et un centre d'échange
d'informations sur les groupes et les
institutions travaillant à maintenir la
démocratie dans le monde. Par ses
publications, ses conférences et ses
réseaux universitaires, le Forum
soutient et améliore également le
programme de subventions de la NED et le
Mouvement mondial pour la démocratie
(World Movement for Democracy – WMD).[…]
Les programmes du Forum international
bénéficient des conseils et de
l’implication d'un Conseil de recherche
composé d'universitaires et d'autres
spécialistes de la démocratie du monde
entier. »
Lire en ligne l’extrait du rapport NED
2001
Cette mission est
encore plus détaillée dans le rapport
2017 de l’International Forum for
Democratic Studies intitulé: « From
‘Soft Power’ to ‘Sharp Power’, Rising
Authoritarian Influence in the
Democratic World » :
« L’International
Forum for Democratic Studies de la
National Endowment for Democracy (NED)
est un important centre d'analyse et de
discussion sur la théorie et la pratique
de la démocratie dans le monde. Le Forum
complète la mission principale de la NED
- aider les groupes de la société
civile à l'étranger dans leurs efforts
pour favoriser et renforcer la
démocratie - en reliant la
communauté universitaire avec des
militants du monde entier. Par ses
activités multiformes, le Forum répond
aux défis auxquels sont confrontés les
pays du monde entier en analysant les
opportunités de transition démocratique,
de réforme et de consolidation. Le Forum
poursuit ses objectifs à travers
plusieurs initiatives interdépendantes:
-
Publier le
Journal of Democracy, la plus importante
publication au monde sur la théorie et
la pratique de la démocratie;
-
Organiser des
programmes de bourses pour les militants
internationaux de la démocratie, les
journalistes et les universitaires;
-
Coordonner un
réseau mondial de groupes de réflexion;
et entreprendre une gamme variée
d'initiatives analytiques pour explorer
des thèmes critiques liés au
développement démocratique »
Lire en ligne l’extrait du rapport IFDS
2017
Comme on peut
aisément le constater, il ne s’agit pas
uniquement de participer à un anodin
débat d’idées, mais de collaborer
activement dans la mission principale de
la NED, c’est-à-dire l’« exportation »
de la démocratie « Made in USA ».
C- La mission de
l’International Forum for Democratic
Studies
Lahouari Addi
: « J’ai été sollicité en raison de
mes travaux académiques en compagnie de
noms prestigieux comme Lisa Anderson
(professeure à Columbia University,
connue pour ses travaux sur le monde
arabe), Filaly Ansary, directeur de la
Fondation Agha Khan de Londres,
Abdullahi Ahmed En-Naim, professeur de
droit international à Emory University
et disciple du réformateur musulman
Mahmoud Taha, Saad Eddine Ibrahim,
directeur du Centre de Recherche Ibn
Khaldoun au Caire, etc. »
À chaque fois qu’il
en a l’occasion, notre sociologue
national montre qu’il a de bonnes
fréquentations, un carnet d’adresses
étincelant.
Parmi les noms
cités, figure celui de l’Égyptien Saad
Eddin Ibrahim qui est le collègue de
Lahouari Addi à l’International Forum
for Democratic Studies Research Council.
Et, tout comme lui, il est sociologue,
ancien professeur à l’université
américaine du Caire. Saad Eddin Ibrahim
est le fondateur du « Ibn Khaldun Center
for Development Studies », une ONG
égyptienne financée par la NED, comme le
montre les rapports de la NED.
Lire en ligne le rapport 2009 – Égypte –
de la NED (exemple)
Saad Eddin Ibrahim
a été membre du conseil consultatif du
« Project on Middle East Democracy »
(POMED) [11], un organisme qui travaille
de concert avec Freedom House [12] et
qui est financièrement soutenu par la
NED et l’Open Society de G. Soros [13].
C’est POMED qui
avait décerné un prix, en octobre
dernier, à Sofiane Djilali [14]. M. Saad
Eddine a lui aussi été honoré, mais par
Freedom House, en 2002 [15].
Saad Eddin Ibrahim
L’étude du cas Saad
Eddine Ibrahim est très intéressante
dans la mesure où elle illustre bien
cette contribution à la mission
principale de la NED, à savoir « aider
les groupes de la société civile à
l'étranger dans leurs efforts pour
favoriser et renforcer la démocratie en
reliant la communauté universitaire avec
des militants du monde entier ».
Tout d’abord,
signalons que Saad Eddin Ibrahim a été
très impliqué dans le « printemps »
égyptien [16]. Il a été en contact
étroit avec les cyberactivistes ONGistes
égyptiens, qui ont été formés par les
différents organismes d’« exportation »
de la démocratie et qui ont été le fer
de lance de la contestation de la place
Tahrir [17].
Voici quelques
photographies illustrant ces
connivences :
Saad Eddin Ibrahim
et les jeunes activistes égyptiens
1-
Bassem Samir; 2-
Sherif Mansour; 3- Saad
Eddin Ibrahim;
4-
Dalia
Ziada; 5-
Israa Abdel
Fattah
-
Bassem Samir,
membre de l’« Egyptian Democratic
Academy » (EDA) [18], une ONG largement
subventionnée par la NED.
-
Sherif Mansour,
responsable des programmes de Freedom
House de la région MENA (Middle East and
North Africa). Il a été en contact
étroit avec Ahmed Maher et Mohamed Adel,
deux leaders du « Mouvement du 6 avril »
égyptien [19].
-
Saad Eddin
Ibrahim, le « collègue » cité par
Lahouari Addi.
-
Dalia Ziada,
cyberactiviste, membre de l’« Ibn
Khaldoun Center for Development
Studies » dirigé par Saad Eddin Ibrahim
-
Israa Abdel
Fattah, surnommée la « Facebook Girl »,
cofondatrice avec Ahmed Maher du
Mouvement du 6 avril. Avec Bassem Samir,
elle est membre de l’ « Egyptian
Democratic Academy » (EDA)[20]. Tout
comme Saad Eddin Ibrahim, elle a été
honorée par Freedom House qui lui a
octroyé, en juin 2010, le prix « New
Generation » [21].
Israa Abdel Fattah
posant avec son prix décerné par Freedom
House
Sherif Mansour
(Freedom House); 2- Mohamed Adel
(Mouvement du 6 avril).
Mohamed
Adel a reconnu
avoir été formé par CANVAS
(Serbie) en 2009
en compagnie d’un
groupe d’Égyptiens et d’Algériens.
Sherif Mansour
(Freedom House) en discussion avec
Hillary Clinton
Dalia Ziada et Bill
Clinton
Hillary Clinton et
Bassem Samir
Les relations entre
Saad Eddin Ibrahim, membre de
l’International Forum for Democratic
Studies Research Council, et les jeunes
activistes ONGistes égyptiens donne une
idée précise sur le modus operandi de la
NED et de ses structures.
En y prêtant
attention, on remarque une similitude
avec la scène algérienne. Une
participation à l’International Forum
for Democratic Studies Research Council,
des ONG algériennes financées par la NED
et des activistes algériens formés par
les organismes américains
d’«exportation » de la démocratie.
« J’ai été
sollicité en raison de mes travaux
académiques en compagnie de noms
prestigieux » a déclaré Lahouari
Addi. J’y ajouterai une petite
précision : « des noms prestigieux
qui sont rémunérés pour contribuer à la
politique américaine d’exportation de la
démocratie dans leurs propres pays
».
Avez-vous compris
de rôle de la NED, monsieur le
professeur?
D- L’histoire du
CV de Lahouari Addi
Lahouari Addi
: « Ahmed Bensaada n’a jamais lu mon
CV et il ne sait pas de quoi il parle.
Il ne sait pas comment fonctionnent les
institutions de recherche et
l’université en Occident. »
Non, M. Addi. J’ai
bien lu et étudié vos différents CV.
Ceux qui sont publiés sur les sites des
institutions où vous avez œuvré. En
plus, je les ai téléchargés et archivés,
comme j’ai coutume de faire pour tout
ouvrage que j’écris au cas où les
documents seraient modifiés entre-temps.
Voici un extrait de
votre CV institutionnel publié sur le
site du laboratoire Triangle (UMR 5206)
de l’ENS de Lyon :
Lire en ligne le CV institutionnel
complet de Lahouari Addi
Comme on peut le
constater, tous les séjours académiques
de Lahouari Addi aux États-Unis y sont
mentionnés. Mais il n’y a aucune trace
de son appartenance à l’International
Forum for Democratic Studies Research
Council, le think tank de la NED, où il
a été membre de 1997 à 2008.
Alors, M. le grand
professeur, vous qui savez parler et qui
connaissez le fonctionnement des
institutions de recherche et de
l’université en Occident, pouvez-vous
nous expliquer ce « petit oubli »?
E- À propos des
« figures » du Hirak
Lahouari Addi
: « Une grande partie des Algériens,
pas tous évidemment, s’est reconnue dans
l’offre politique de Karim Tabou,
Mustapha Bouchachi, Assoul Zoubida,
Mohcene Belabbès, Kaddour Chouicha,
Fodil Boumala et d’autres encore. »
Que veut dire « Une
grande partie des Algériens, pas tous
évidemment »? Avez-vous réalisé des
sondages pour connaître l’avis des
Algériens? Comment se fait-il qu’un
professeur aussi « brillant » que vous
puisse proférer de telles énormités et
décider à la place du peuple algérien?
En plus, je vois
que la liste de vos élus s’est allongée
par rapport à celle que vous avez
décrétée en mars 2019. Et à voir
certains nouveaux noms, vous confirmez
admirablement bien tout ce que j’ai
développé dans mon livre.
Vous prétendez que
le Hirak n’a pas de leader, mais vous
vous comportez en Grand Manitou de ce
mouvement populaire. C’est vous qui
décidez de la proportion de la
population qui est d’accord avec vous,
du type de voie à choisir et des
personnes qui doivent conduire le peuple
vers la « lumière ». Et tous ceux qui
osent vous contredire sont des
« doubabs », n’est-ce pas? Et vous
prétendez que le Hirak n’a pas de
ténors?
Et puis qui sont
ces personnes que vous sortez de votre
chapeau de magicien à chaque fois? Vous
n’avez pas encore compris que ce n’est
pas à vous de dire qui doit être quoi ou
qui doit faire quoi? Le Hirak vous
aurait-il désigné « guide suprême » et
on n’est pas au courant?
F- À propos des
pour et des anti Hirak
Lahouari Addi
: « Ahmed Bensaada montre qu’il est
hostile au Hirak et qu’il soutient le
régime. »
Le grand Manitou
s’est prononcé. C’est lui qui décide qui
est pour et qui est contre le Hirak. Par
n’importe quel Hirak, son Hirak!
L’inquisition, l’excommunication et le
takfirisme tous réunis dans les propos
de l’immense sociologue.
Mais qui vous a
donné le droit de juger les gens?
Êtes-vous le gardien d’un temple que
vous avez édifié autour de vos ambitions
et de vos lubies? C’est vous qui
distribuez et tamponnez les cartes
d’adhésion au Hirak?
« Soutenir le
régime »! Quel argument M. le grand
professeur! La reductio ad Hitlerum
dans toute sa splendeur!
Mais dites-moi, si
je travaille avec le « régime », avec
quel régime travaillez-vous lorsque vous
vous réunissez pendant douze ans dans
les bureaux de la NED? Vous avez une
petite idée ou faut-il qu’on vous aide à
trouver la réponse?
Lorsque vos
travaux [22] sont cités par la RAND
corporation [23], avec quel régime
travaillez-vous?
Lorsque vous
publiez un article intitulé « Algeria's
Army, Algeria's Agony » [24]
(L’armée de l’Algérie, l’agonie de
l’Algérie) dans « Foreign
Affairs » [25], un des magazines
américains les plus influents de la
politique étrangère des États-Unis, pour
quel régime travaillez-vous?
G- La liberté
d’expression selon Lahouari Addi
Lahouari Addi
: « Dès que les conditions politiques
s’éclairciront dans notre pays, je
déposerais plainte contre l’auteur et
contre la maison d’édition. »
En plus de la
sociologie, Lahouari Addi semble être un
spécialiste de la météo politique en
Algérie. Lui qui se targue de plaider
pour la libération de tous les détenus
d’opinion, il veut en mettre d’autres
sous les barreaux dès que les éclaircies
arriveront. Des tribunaux populaires
seront alors organisés pour juger ceux
qui n’auront pas la carte d’adhésion au
Hirak spécialement tamponnée par le
Grand Manitou en personne.
Sachez, M. le
sociologue, que l’Algérie nouvelle n’a
pas besoin de personnes hautaines,
imbues d’elles-mêmes et qui usent de
l’insulte au lieu de l’argument. Notre
jeunesse s’est révoltée pour que les
citoyens se respectent et respectent les
idées d’autrui sans les disqualifier
lorsqu’ils ne partagent pas leurs
opinions. En vous comportant de la
sorte, vous n’êtes pas différent de la
3issaba (bande mafieuse) qui a été
emportée par le tsunami populaire. Le
Hirak est une vraie bénédiction pour
notre pays, mais il ne faut pas qu’il
soit souillé par les « exportateurs » de
la démocratie dont l’agenda n’œuvrent ni
pour l’intérêt de notre pays ni pour
celui de notre peuple.
Alors, M. Addi, qui
de nous deux ne sait pas de quoi il
parle ?
[1] Salim Koudil, « Entretien
Lahouari Addi « je déposerais plainte
contre l’auteur et la maison
d’édition », Reporters, 22 juin 2020,
https://www.reporters.dz/entretien-lahouari-addi-je-deposerais-plainte-contre-lauteur-et-la-maison-dedition/
[2] Georges de Brulon, « Le jour où
le mur est tombé: 9 novembre 1989, la
nuit de Berlin », Le Figaro, 8 novembre
2019,
https://www.lefigaro.fr/culture/le-jour-ou-le-mur-est-tombe-9-novembre-1989-la-nuit-de-berlin-20191109
[3] Decision, « National Endowment
for Democracy », 9 septembre 1992,
https://www.gao.gov/assets/510/504435.pdf
[4] National Endowment for
Democracy, 20th
anniversary », 20 octobre 2003,
https://www.govinfo.gov/content/pkg/STATUTE-117/pdf/STATUTE-117-Pg2957.pdf
[5] NED, « About the National
Endowment for Democracy », https://www.ned.org/about/
[6] Hernando Calvo Ospina, « Quand
une respectable fondation prend le relai
de la CIA », Le Monde diplomatique,
juillet 2007,
http://www.elcorreo.eu.org/Quand-une-respectable-fondation-prend-le-relais-de-la-CIA
[7] Voir Réf. 5
[8] National Endowment for Democracy
(NED), «Idea to Reality: NED at 30 »,
http://www.ned.org/about/history
[9] Les résumés des articles de 1996
et 1997 peuvent être lus à l’adresse URL
suivante :
http://www.readabstracts.com/Political-science/Algerias-tragic-contradictions-The-failure-of-third-world-nationalism.html
L’index du volume
de l’année 1992 du « Journal of
Democracy » peut être consulté à
l’adresse URL suivante :
https://muse.jhu.edu/article/225488/pdf
[10] OLJ/AFP, « Dix ans après, les
artisans de la guerre en Irak
discrédités », L’Orient le Jour, 20 mars
2013,
https://www.lorientlejour.com/article/amp/806026/Dix_ans_apres%2C_les_artisans_de_la_guerre_en_Irak_discredites#
[11] The Arab American News, « Egypt
sentences opposition activist Saad Eddin
Ibrahim », 8 août 2008,
https://www.arabamericannews.com/2008/08/08/Egypt-sentences-opposition-activist-Saad-Eddin-Ibrahim/
[12] Freedom House: un autre
organisme américain d’« exportation » de
la démocratie
[13] Ahmed Bensaada, « Algérie:
Youpi! Sofiane Djilali a reçu un
prix! », AhmedBensaada.com, 24 octobre
2019,
http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=503:2019-10-25-00-09-50&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
[14] Ibid.
[15] Freedom House, « Freedom
House Annual Report 2002 »,
https://freedomhouse.org/sites/default/files/inline_images/2002.pdf
[16] Ahmed Bensaada, « Les
activistes du ²printemps² arabe et le
lobby pro-israélien »,
AhmedBensaada.com, 25 septembre 2013,
http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=238:les-activistes-du-l-printemps-r-arabe-et-le-lobby-pro-israelien&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
[17] Pour plus de détails, lire
Ahmed Bensaada, « Arabesque$ - Enquête
sur le rôle des États-Unis dans les
révoltes arabes », Ed. Investig’Action,
Bruxelles (Belgique), 2015 – Ed. ANEP,
Alger (Algérie), 2016, chap.4 « Le cas
de l’Égypte »
[18] SourceWatch, « Egyptian
Democratic Academy »,
http://www.sourcewatch.org/index.php/Egyptian_Democratic_Academy
[19] Voir réf. 16
[20] SourceWatch, « Egyptian
Democratic Academy »,
http://www.sourcewatch.org/index.php/Egyptian_Democratic_Academy
[21] Journal of Middle Eastern
Politics and Policy, « A Conversation
with Esraa Abdelfattah and Bassel Adel »,
15 avril 2015,
https://jmepp.hkspublications.org/2013/04/15/a-conversation-with-esraa-abdelfattah-and-bassel-adel/
[22] Voir, à titre
d’exemple : Dalia Dassa Kaye, Frederic
Wehrey, Audra K. Grant, Dale Stahl,
« More Freedom, Less Terror?
Liberalization and Political Violence in
the Arab World », RAND Corporation,
2008,
https://www.rand.org/content/dam/rand/pubs/monographs/2008/RAND_MG772.pdf
[23] La RAND Corporation est
considérée comme le think tank le plus
influent des États-Unis. Financée en
majorité par le gouvernement américain
(essentiellement par le secteur
militaire), elle produit des rapports
d’analyse politique et de renseignement
pour l’armée et les décideurs
américains.
[24]
https://www.foreignaffairs.com/articles/algeria/1998-07-01/algerias-army-algerias-agony
[25] « Foreign Affairs » est publié
par le CFR (Council on Foreign
Relations) un des think tanks les plus
importants des États-Unis, spécialisé
dans la politique étrangère et les
affaires internationales. Fondé en 1921,
le CFR a compté parmi ses membres des
politiciens de premier plan comme Henry
Kissinger, Madeleine Albright ou Colin
Powell (en tout une douzaine de
Ministres des Affaires étrangères),
ainsi que des directeurs de la CIA, des
banquiers, des juristes, des
journalistes et des professeurs.
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