Algérie
Journal Al Akhbar :
Entretien complet
avec Ahmed Bensaada
Ahmed Bensaada
Photo :
Patrick Deschamps - MontréalExpress
Samedi 4 juillet 2020
Journaliste : Lina
Kennouche
1- Votre dernier
ouvrage a suscité de vives critiques
dans une certaine presse algérienne, des
publications vous accusent à tort de
chercher à décrédibiliser le Hirak qui
serait instrumentalisé depuis l'étranger
ou du moins d'en avoir une vision
fortement réductrice. D'autres vous
soupçonnent d'occulter certains faits,
notamment lorsque vous mettez en lumière
les relations entretenues par certaines
figures comme l’ex membre du FIS Larbi
Zitout et des officines étrangères sans
revenir sur son passé d'ancien membre
des services renseignements algériens »
et questionnent donc la finalité de
votre livre. On l'aura compris ces
critiques portent peu sur le contenu de
votre travail d'enquête et prennent la
forme d'attaques personnelles et de
procès d'intentions. Comment
expliquez-vous cette levée de bouclier
et de quoi ces réactions sont-elles
l'indicateur ?(Autrement-dit est-ce que
face à la ténacité des faits qui
attestent du soutien apporté à certains
personnalités par des ONG américaines,
on cherche à minimiser cette réalité
pourtant lourde de conséquences ? À
réorienter le débat sur un autre terrain
? Quelle est la fonction aujourd'hui de
ces attaques dont votre travail est
l’objet?)
À l’écriture de mon
livre, j’étais certain qu’il allait
susciter une levée de boucliers. En
effet, le Hirak a été considéré, depuis
sa naissance, comme un objet sacré et
tout embryon de critique est
immédiatement considérée comme une
hérésie. Preuve en est que la plupart de
mes premiers détracteurs reconnaissaient
ne pas avoir lu mon livre. Hier encore,
un interminable texte à charge contre
moi (et non contre mon livre) a été
publié sur un blog et son auteur a admis
(sic), dans son préambule, ne pas avoir
lu l’ouvrage qu’il prétendait critiquer.
J’ai connu ce type
de réaction en 2011, à la sortie de mon
livre « Arabesque américaine » sur le «
printemps » arabe. Je me suis rendu
compte, en fait, que le romantisme «
révolutionnaire » était plus fortement
ancré chez les gens que le raisonnement
factuel. Cela a pris des années pour que
les gens adhèrent à ma vision malgré les
preuves avancées dans mes écrits. Mais,
entretemps, des pays comme la Syrie, la
Libye ou le Yémen ont été détruits et on
attend toujours que la démocratie
s’installe dans notre région.
Ce qui est
inquiétant dans le cas de l’Algérie,
c’est que des intellectuels algériens
qui avaient applaudi et encensé mon
livre « Arabesques$ » (édité en 2015 à
Bruxelles et en 2016 à Alger) m’ont
totalement désavoué lorsque j’ai
commencé à analyser le Hirak algérien
avec une approche similaire à celle
adoptée pour les pays de la région MENA
(Middle East and North Africa). Pour ces
personnes, l’Algérie est un pays à part
et le Hirak est un phénomène intouchable
et non critiquable. Cette combinaison de
divinisation du Hirak et de naïveté
d’analyse est très surprenante
lorsqu’elle émane de personnes censées
avoir suivi les soubresauts sanglants et
dramatiques de notre zone d’appartenance
géostratégique.
Pour d’autres,
l’explication est plus simple. Il s’agit
de défendre leurs positions et leurs
intérêts (et bien sûr de ceux de leurs
commanditaires) dans la situation
trouble que vit actuellement l’Algérie.
Il est quand même étonnant de voir que
les ONG algériennes qui reçoivent du
financement de la National Endowment for
Democracy (NED) et qui participent au
Hirak soient toutes coalisées autour de
la même vision, celle de la
confrontation avec les fondements de
l’État-nation. Rappelons que la NED est
une des principales organisations d’un
dispositif américain d’« exportation »
de la démocratie dont le rôle a été très
important dans les révolutions colorées
et le « printemps » arabe, sans oublier
l’Euromaïdan (Ukraine), les émeutes de
Hong Kong et bien d’autres mouvements de
contestation populaire à travers le
monde.
Pour lire mon
article sur l’Euromaïdan (Ukraine)
Ukraine: autopsie d’un coup d’état
3 mars 2014
Pour lire mon
article sur Hong Kong
Hong Kong : un virus sous le parapluie
12 octobre 2014
Précisons ici que
la NED n’est pas le seul organisme
impliqué en Algérie, mais en est
certainement le plus emblématique.
Alors que j’avais
pensé que mon livre allait être une
occasion pour ouvrir un débat sérieux
sur le Hirak et ses différentes
composantes, les attaques ad personam
ont fusé, parasitant et paralysant toute
initiative dans ce sens. Une technique
vieille comme le monde : jeter le
discrédit sur l’auteur pour le
disqualifier et tuer dans l’œuf toute
discussion. Mais le peuple n’est pas
dupe et le débat a fait rage sur les
réseaux sociaux.
Tout le vacarme qui
a accompagné la sortie de mon livre a
cependant révélé une inquiétante
réalité: l’énorme indigence du système
médiatique algérien. Ce dernier s’est
distingué par un manque de
professionnalisme et une absence
d’éthique inacceptables, surtout dans
cette période cruciale que vit notre
pays. Du côté de la presse écrite, seuls
deux journaux, « L’Expression » et «
Reporters », ont pris la peine de lire
mon livre et de proposer à leurs
lecteurs des recensions honnêtes ou des
entrevues avec certains protagonistes du
livre.
Le journal « El
Watan », fidèle à ses idées otanesques
de printanisation de l’Algérie a
commandité pas moins de cinq (5)
articles que pour parler de ma position
« pro-pouvoir » et « anti-Hirak » en
réussissant le tour de force de ne
jamais parler de mon livre.
Calomniez,
calomniez, il en restera toujours
quelque chose.
Pour tous les
autres journaux, c’est silence radio,
comme si mon livre n’avait jamais
existé. Ne pas se mouiller, c’est aussi
une stratégie gagnante quand on veut
manger à tous les râteliers.
Quant aux médias
audiovisuels, mis à part deux émissions
radio dans des chaînes étatiques, je
n’ai reçu aucune autre invitation.
Aucune autre radio ni aucune télévision
n’a osé ouvrir le débat sur le sujet
proposé par mon livre, faisant fi de
toute l’agitation qui a secoué (et qui
secoue encore) le cyberespace.
Ce faisant, le
comportement du système médiatique
algérien est complètement dépassé par
les évènements et en parfaite
contradiction avec les aspirations d’une
Algérie nouvelle qui exige intégrité,
transparence et déontologie.
Ainsi, en ignorant
mon livre ou en disqualifiant son
auteur, on cherche à fuir le débat de
fond qui consiste à identifier les
interventions étrangères dans la scène
politique algérienne et à les éradiquer.
Car seul un le Hirak intrinsèquement
algéro-algérien est salutaire pour notre
pays.
2- L'idée de ce
livre, qui s'inscrit dans la continuité
de vos enquêtes précédentes, est née en
réaction à une déclaration de Lahouari
Addi qui moins d'un mois après le début
du Hirak a appelé à la démission du
président de la République et la
nomination d’une instance de transition
au sein de laquelle serait représenté
Mustapha Bouchachi, Zoubida Assoul et
Karim Tabbou. Selon vous qu'est ce qui
explique le choix de ces trois personnes
au sein d’un Hirak qui n’avait pas de
leaders, quels liens entretiennent-elles
avec Addi ? Est-ce que cet appel
répondait aux priorités d’un agenda
étranger?
Mon livre s’inscrit
effectivement dans un travail de
recherche que je mène depuis plusieurs
années pour comprendre le rôle des
différents organismes américains d’«
exportation » de la démocratie ainsi que
leur modus operandi dans les « regime
change » en utilisant le « soft power ».
Mais l’idée précise
de ce livre est née d’une déclaration du
sociologue Lahouari Addi qu’il a énoncée
ainsi, moins d’un mois après le début du
Hirak:
« Mustapha
Bouchachi, Zoubida Assoul et Karim
Tabbou devraient être sollicités pour
exercer les prérogatives d’une
présidence collégiale qui nommera un
gouvernement provisoire qui gérera les
affaires courantes et préparera les
élections présidentielle et législative
dans un délai de 6 à 12 mois. »
J’ai trouvé étrange
que pour un mouvement qu’on prétend sans
leader, un triumvirat soit proposé aussi
rapidement. Sur quels critères ces
personnes ont-elles été choisies? Des
sondages d’opinion ont-ils été
organisés? Ces personnes se
connaissaient-elles avant le Hirak? De
quelle prérogative a usé M. Addi pour
mettre en avant certains noms et pas
d’autres?
Autre signe notable
: l’omniprésence des personnes citées
dans certains médias (algériens,
islamistes ou occidentaux) prônant
ouvertement la proposition du sociologue
et ne donnant aucun espace pour les
opinions opposées.
Tout en évitant
sciemment de traiter du cas de M. Tabbou
― étant donné qu’il est actuellement
emprisonné et en attente d’un procès ―,
j’ai essayé de trouver des dénominateurs
communs susceptibles de relier ces
personnes. J’en ai décelé deux : i) leur
proximité avec des intérêts étasuniens
et ii) leurs liens étroits avec des
représentants du FIS (Front Islamique du
Salut) dissous. Des dizaines de
références ainsi qu’une importante
section contenant divers documents
relatifs au faits cités appuient cette
double relation.
Il faut comprendre
que mon livre n’est nullement conçu
comme un réquisitoire contre des
personnes mais présente des faits
relatifs à la foultitude de moyens
utilisés par les organismes étasuniens
afin de préparer une orientation des
mouvements populaires lorsqu’ils se
déclenchent.
Je tiens à préciser
que ce ne sont pas ces organismes qui
ont créé le Hirak ou toute autre révolte
de la rue arabe. La contestation
populaire est causée par de véritables
problèmes de société comme le déficit de
démocratie, la répartition non équitable
des richesses, la mauvaise gestion, le
chômage endémique, la hogra, le
favoritisme, la corruption, etc.
Par contre, dès que
la rue gronde et que les manifestations
prennent de l’ampleur, les groupes
formés à la « lutte non violente » et au
cyberactivisme montent au créneau pour
orienter idéologiquement la contestation
avec l’appui d’un fort battage
médiatique complaisant. Et c’est à ce
moment que les agendas étrangers sont
déployés.
3- Comment les
officines étrangères ont-elles travaillé
pour infiltrer le Hirak algérien et
quelles sont les similitudes que vous
observez avec le mouvement de
contestation né au Liban en 2015 en
réaction à la crise des déchets ?
Dans leur plan
d’exportation de la démocratie, les
États-Unis divisent le monde en régions.
Celle qui nous intéresse dans le cadre
de cette discussion est la région MENA
qui englobe une très grande partie des
pays arabes. Dans cette zone
géographique, des ONG locales sont
financées et leurs activistes formés par
des organismes appartenant à un
dispositif américain d’« exportation »
de la démocratie. Outre la NED et ses
quatre satellites qui sont le NDI
(National Democratic Institute), l’IRI
(International Republican Institute), le
Solidarity Center et le CIPE (Center for
International Private Enterprise), ce
dispositif regroupe l’USAID, Freedom
House, le MEPI (Middle East Partnership
Initiative), POMED (Project on Middle
East Democracy) et l’OSI (Open Society
Institute) appartenant aux fondations de
George Soros.
En Algérie, comme
au Liban (et tous les autres pays de la
région MENA), de nombreuses ONG locales
sont financées par ces organismes, et
tout particulièrement la NED. Pour
certains observateurs, elles servent de
« cheval de Troie » qu’il est possible
d’activer au temps opportun.
Il est important de
savoir que le Liban a été le premier
pays arabe à être ciblé par le « soft
power » américain, bien avant le «
printemps » arabe. Déjà, en 2005, de
nombreuses ONG libanaises financées par
quelques-uns de ces organismes ont été
très impliquées dans ce qui a été nommé
« la révolution du Cèdre ». D’autre
part, le rôle de Freedom House a été
clairement établi et quelques figures du
mouvement de contestation ont été en
contact avec les diplomates américains à
Beyrouth. Cerise sur le gâteau, les
activistes serbes d’Otpor, fondateurs du
centre CANVAS (Center for Applied Non
Violent Action and Strategies) étaient
présents en personne à Beyrouth pour
offrir des formations à la « lutte non
violente » aux manifestants.
Pour lire mon
article sur le Liban
Liban 2005-2015 : d’une « révolution »
colorée à l'autre
14 septembre 2015
Dix ans plus tard,
lors de « la crise des déchets » de
2015, les activistes les plus en vue et
les plus médiatisés étaient tous
financés et formés par ces organismes
américains. Certains d’entre eux
faisaient partie de ce qu’on a appelé la
« ligue arabe du Net ». Il s’agit d’un
groupe de cyberactivistes arabes de la
région MENA qui ont été regroupé dans
des différents meetings pour y recevoir
des formations relatives à la maîtrise
du cyberespace, de l’anonymat en ligne
et des nouvelles technologies.
Quelques-unes de ces formations ont même
eu lieu à Beyrouth, bien avant la «
crise des déchets ». À noter que
quelques activistes impliqués dans la «
crise des ordures » avaient fait leurs
armes dans la « révolution du cèdre »,
dix ans plus tôt.
Tous les «
ingrédients » observés au Liban, à
savoir des ONG financées par les
organismes américains d’«exportation »
de la démocratie, la proximité de
certains activistes avec l’ambassade
américaine, la surmédiatisation des
figures de la contestation par des
médias complaisants, l’utilisation sur
le terrain des techniques de la « lutte
non violente » vulgarisées par les
Serbes de CANVAS, l’usage efficace des
nouvelles technologies, sont présents
dans le Hirak algérien.
En plus, il est
intéressant de noter, aussi bien au
Liban qu’en Algérie, une implication
active de certains ténors de la «
révolte » au sein même des organismes
américains.
Autant de
similitudes ne peut être, en aucun cas,
le fruit du hasard.
4- Quelles sont les
revendications ou actions mises en avant
dans le cadre du Hirak qui vous ont
alerté sur la volonté de certains
acteurs exogènes de déstabiliser l'Etat
algérien et ses institutions?
Au mois d’avril
2019, soit quelques semaines après le
début des manifestations, j’ai publié un
article fouillé dans lequel j’ai
minutieusement analysé les techniques
utilisées dans le Hirak algérien. J’y ai
montré que nombre de ces techniques
suivaient à la lettre le manuel de
CANVAS où sont recensées les 199
méthodes d’actions non violentes. La
maîtrise de ces techniques ne pouvait
être que le résultat de formations
préalables.
Pour lire mon
article sur la "printanisation" de
l'Algérie
Huit ans après : la « printanisation »
de l’Algérie
4 avril 2019
Dans ce même laps
de temps, des figures émergèrent du
Hirak et ont commencé à être très
médiatisées. Et bien que le leitmotiv du
soulèvement populaire soit le refus
catégorique de structuration, des noms
ont commencé à circuler, dont ceux
proposés par Lahouari Addi. D’autre
part, les demandes du Hirak ont connu
une forte inflation à mesure que les
vendredis se succédaient, même après
l’écartement du président Bouteflika,
qui était l’exigence initiale. Deux
voies se sont alors dessinées : la voie
constitutionnelle menant à des élections
(prônée par l’institution militaire) et
la voie de la phase transitoire demandée
par une partie des manifestants. De «
Djeich Chaab Khawa Khawa » (Armée
peuple, frère frère), les slogans se
sont durcis jusqu’à « Dawla Madaniya,
Machi 3askaria » (État civil et non
militaire).
Après les élections
de décembre 2019, les positions se sont
durcies et sont devenues inconciliables.
Mais ce qui a attiré mon attention,
c’est le fait que les ONG financées par
les organismes américains qui étaient
visibles dans le Hirak depuis de début,
militaient toutes pour la phase
transitoire. De plus, les « ténors » de
cette option étaient très visibles dans
les médias étrangers (surtout français)
et la chaîne Al Magharibia (proche de
l’ex-FIS). Très peu de place (voire
aucune) n’était accordée aux partisans
de la voie constitutionnelle. Ce double
standard, contraire à tous les nobles
principes véhiculés par le Hirak
lui-même, était surprenant. Une volonté
d’alimenter la confrontation avec
l’institution militaire et de créer un
climat de déstabilisation était
clairement palpable.
5- Vous évoquez la
nécessité d’encadrer les financements de
certaines ONG locales qui ont partie
liée à des intérêts étrangers ou
d’interdire le financement en provenance
d’agences gouvernementales américaines
comme c'est le cas en Russie, pourquoi
dans un pays comme l'Algérie dont on
connaît les constantes historiques
(souveraineté, indépendance), cette
dimension n'a pas été prise en compte
jusque-là ?
Quelques semaines
avant la parution de mon livre, j’avais
plaidé dans un article qui avait fait du
bruit, pour un encadrement strict, voire
une interdiction du financement étranger
des ONG algériennes. Il est inconcevable
que des individus ou des organismes
reçoivent des subventions d’un pays
étranger dans un but de déstabilisation
politique ou de « regime change ».
L’instauration de la démocratie est
certes louable, mais elle ne se fait pas
avec l’appui et l’assistance de pays
étrangers qui travaillent en catimini.
La philanthropie n’existe pas dans
ce
domaine. Tout financement se fait dans
un but politique précis qui sert les
intérêts du pays donateur au détriment
du pays de ceux qui le reçoivent.
L’histoire des révolutions colorées et,
plus récemment, celle du catastrophique
« printemps » arabe sont des exemples
pédagogiques dont il faut impérativement
tirer des leçons. Et ce qui est
étonnant, c’est que de telles pratiques
sont interdites sur le sol des
États-Unis.
Des pays comme la
Russie, l’Égypte, l’Inde, le Venezuela
(et bien d’autres) ont interdit ou
imposé un contrôle strict des activités
de ces organismes toxiques de promotion
de la démocratie.
Pour lire mon
article sur les ONG
ONG : Organisations Non Grata
4 juin 2016
Avec la publication
à Alger de mes livres « Arabesque
américaine » en 2012 et « Arabesque$ »
en 2016, j’avais espéré attirer
l’attention des pouvoirs publics sur
cette problématique, mais rien n’a été
sérieusement fait. C’est pour cette
raison que j’ai plaidé de nouveau pour
un encadrement et un contrôle des
activités et des financements de ces
organismes qui se sont faufilés dans
différents domaines de la vie sociale en
Algérie.
6- Est-ce que les
intellectuels algériens qui soutiennent
inconditionnellement le Hirak et vous
accusent de complotisme, sont aveugles à
cette dimension des ingérences
étrangères ? ou est-ce qu’ils ont
tendance à idéaliser le Hirak en
considérant que les ingérences n'ont
aucune prise sur la réalité ? (Ou pire
encore, comme en Syrie, l'ingérence
étrangère apparaitrait elle comme une
solution acceptable dès lors qu'elle
permettrait de se débarrasser de ce
régime ?)
Depuis les
révolutions colorées, cette question de
l’ingérence étrangère a souvent été
abordée et différentes réponses ont été
données.
La première est de
dire que pour se débarrasser du pouvoir
en place, la collaboration avec une
puissance étrangère est indispensable et
ce, quel que soit le prix à payer par la
suite.
La seconde,
empreinte de naïveté, est d’accepter
l’ingérence étrangère et d’en minimiser
les conséquences. C’est le cas, par
exemple, du cyberactiviste tunisien Slim
Amamou
qui a reconnu l’aide américaine mais
nie l’ingérence : « Ce ne sont pas eux
qui décident, c’est le peuple tunisien
qui décide. Et eux, ils choisissent
juste qui soutenir », a-t-il déclaré
dans une interview.
Pour visionner la vidéo de Slim Amamou
18 juin 2011
Enfin, la troisième
relève d’une méconnaissance (voire
ignorance) du phénomène d’ingérence
étrangère car il est très peu médiatisé,
ou même passé sous silence par les
médias mainstream. D’autant plus que le
concept a été galvaudé par sa
surutilisation dans des campagnes de
propagande. Cette conception, qui va
souvent de pair avec une sanctification
du Hirak, mène instinctivement à des
accusations de complotisme et de
conspirationnisme.
Dans tous ces cas,
ne pas prendre au sérieux l’ingérence
étrangère dans de tels mouvements
populaires de contestation peut mener au
chaos, comme on peut le voir dans les
pays « printanisés » de notre région, en
particulier la Libye, la Syrie ou le
Yémen.
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