Dimanche, au Cinéma
Afric’Art, à Tunis, la projection du
film ‘‘Ni Allah ni maître’’ de Nadia El
Fani a provoqué une rixe commanditée par
des extrémistes religieux.
Selon l’exploitant de la salle, Habib
Belhédi contacté par Kapitalis, personne
ne s’attendait à une telle issue.
«J’étais vers 16h45, devant la salle, en
compagnie de Sadok Ben M’Henni et Mounir
Bouaziz, accueillant les cinéphiles
venus pour regarder le programme du
jour. Une fois les agents de sécurité
partis et que tout le monde a pris place
à l’intérieur, nous avons été surpris
par au moins 80 personnes dont plusieurs
barbus nous attaquant avec des pioches,
des barres de fer, etc.».
Les assaillants, en une vitesse
d’éclair, ont commencé à saccager et à
casser la vitrine, les portes, le
guichet et les lumières. «Sadok et moi
avons tenté de leur faire face. Et là,
ils se sont acharnés sur nous avec des
coups de bâtons en lançant même une
bombe d’acide piquant sur notre visage»,
raconte Habib Belhédi.
Selon lui, les agents de la sécurité
nationale, qui se trouvaient à même pas
une vingtaine de mètres de la salle du
cinéma, sise au cœur de l’avenue Habib
Bourguiba, où se trouve par ailleurs le
ministère de l’Intérieur, auraient pu
réagir plus promptement. «Arrivés près
de trente minutes après, ils ont pu
arrêter quatre ou cinq individus », a
expliqué Habib Belhédi. «Ils sont tous
filmés et la police va certainement les
arrêter», a-t-il conclu.
Nous souhaitons un bon rétablissement à
notre ami Habib Belhédi, dont le corps
porte les traces des violences qu’il a
subies!
Le silence assourdissant des
partis
Le film ‘‘Ni Allah ni maitre’’ a été
projeté le 18 mai, au cinéma les
Arcades, à Cannes. La Quinzaine des
réalisateurs a rendu hommage à la
réalisatrice Nadia El fani pour son
courage en ouverture du festival de
Cannes. Dans un reportage sur la chaine
Hannibal TV, début mai, qui a provoqué
la colère des extrémistes religieux, la
cinéaste expliquait sa démarche: un
voyage dans une Tunisie tolérante à
l’été 2010, parmi ceux qui refusaient de
faire le ramadan. Après la révolution,
elle s’est précipitée, avec sa caméra,
dans la rue et sur l’esplanade de la
Kasbah, et découvert que le thème de
laïcité est au centre des débats dans la
nouvelle Tunisie qui se mettait en
place.
Nadia El Fani a donc expliqué à
Hannibal TV que ses choix et son
histoire personnelle ne font pas d’elle
une amie des islamistes avec lesquels
elle est en guerre idéologiquement. Face
à la critique, la chaîne n’a pas tardé à
se désolidariser de la cinéaste et à
licencier la journaliste qui a réalisé
l’interview avec elle.
Ce que la cinéaste déplore par-dessus
tout, «c’est le silence des partis
politiques de gauche» alors même qu’ils
se proclament les défenseurs de la jeune
démocratie tunisienne.
Ces partis, mais aussi les partis à
connotation islamiste, comme Ennahdha,
nous aimerions bien entendre
aujourd’hui leur voix.
Les avis reproduits dans les textes
contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs.
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance
du webmaster merci de le lui signaler.
webmaster@palestine-solidarite.org