Tunisie
Tunisie. Le
gouvernement serait-il désarmé face aux
extrémistes religieux ?
Zohra
Abid
Samedi 10 mars
2012
«S’il y a des armes, les forces de
l’ordre interviennent automatiquement,
comme le fut le cas à Bir Ali Ben Khlifa,
début février», a précisé le
porte-parole du ministère de l’Intérieur.Des
paroles, en attendant des actes…
Par Zohra Abid
Selon Khaled Tarrouch, qui
intervenait vendredi, lors de la
rencontre périodique avec les médias, au
palais du Gouvernement, à la Kasbah,
même les sit-in qui nuisent à l’ordre
public, par exemple en coupant les
routes, ne sont pas autorisés. Et
d’ajouter que «les manifestations, sans
autorisation limitée dans l’espace et
dans le temps, n’ont aucune chance
d’être organisées».
Le ministère de l’Intérieur a donc
prévenu tout le monde. La loi c’est la
loi, il faut donc l’appliquer. Et c’est
tant mieux ainsi
Deux poids
deux mesures
En effet, le 25 février dernier, lors
de la manifestation de l’Union générale
tunisienne du travail (Ugtt), les
protestataires n’ont pas respecté la
durée. Une quinzaine de minutes après,
les forces de la sécurité ont prévenu
les manifestants «violents, selon les
autorités» pour l’évacuation de l’avenue
Habib Bourguiba. Tout de suite après, la
police est intervenue pour disperser la
foule. Il y a eu des affrontements avec
des matraques et du gaz lacrymogène.
Ce même jour, une dizaine de
journalistes, munis de leurs cartes
professionnelles, ont été agressés par
les forces de l’ordre alors qu’ils
étaient en train de couvrir l’événement.
Des condamnations ont fusé de toute
part.
Selon le ministère de l’Intérieur,
qui a subi la foudre des critiques, une
enquête a été ouverte pour identifier
les coupables. Ces derniers ont été
filmés en flagrant délit. Les vidéos ont
été partagées par les centaines de
milliers d’internautes. L’enquête suit,
depuis, son cours. Livrera-t-on un jour
ses conclusions?
Dans l’enceinte de la faculté des
Lettres de la Manouba, des salafistes
extrémistes ont occupé plus de 3 mois
les lieux perturbant non seulement les
cours, mais semant aussi la peur par
leurs discours violents les étudiants.
Ceux qui leur résistent, ils les
agressent à l’arme blanche. Les
évènements du 7 mars – jour de la
profanation du drapeau national – en
disent long sur l’agressivité et la
violence de ces éléments que les forces
de l’ordre semblent pourtant vouloir
ménager. Pourquoi? Résultat: des hommes
armés, filmés et identifiés courent dans
la nature… A ce qu’on sache, le port
d’arme est un délit! Celui qui détient
une arme blanche ou autre ne doit-il pas
être arrêté et déféré devant le juge
immédiatement? Où y a-t-il des
exceptions à cette règle concernant les
salafistes?
Un bus pour
faire circuler des discours religieux
Des mosquées sont occupées depuis
plusieurs semaines au nord-ouest par des
religieux extrémistes. Ils imposent
leurs rites et leurs lois et gagnent du
terrain. Ils refusent même de dialoguer
avec les autorités afin de trouver, à
l’amiable, un terrain d’entente. Un
sit-in, observé devant l’Etablissement
de la télévision depuis le 24 février,
nuit horriblement aux journalistes et
aux riverains ainsi qu’à l’ordre public.
Les journalistes exaspérés par cette
situation ont multiplié les appels aux
autorités afin d’agir. En vain.
Depuis jeudi, un bus flambant neuf,
couleur bleu-pétrole métallisé, rempli
d’extrémistes agitant des drapeaux noirs
et criant Allah Akbar (Dieu est grand)
sillonne les rues de Tunis. Il a été vu
notamment à la Kasbah, du côté du
ministère de l’Enseignement supérieur,
et au quartier Lafayette… Ce bus a-t-il
reçu l’autorisation de circuler et de
diffuser des discours religieux?
Les responsables du ministère de
l’Intérieur, au lieu de se perdre en
justifications oiseuses, seraient bien
inspirés de rassurer les gens en mettant
leurs actes en conformité avec leurs
paroles.
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Publié le 10 mars 2012 avec l'aimable
autorisation de Kapitalis
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