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La « question iranienne » :
politiques du Moyen-Orient et propagande de guerre (2/2)

Willy Beauvallet


Photo RIA Novosti

Mardi 3 décembre 2008

L’Iran, les droits de l’homme et la démocratie

Les dénonciations des atteintes nombreuses et multiformes aux droits de l’homme et des femmes en Iran sont à la fois parfaitement fondées et légitimes[1]. Ce qui l’est moins cependant, c’est la combinaison entre une focalisation de la critique sur ce pays d’une part, son instrumentalisation au profit d’une entreprise militaire et impériale d’autre part.

L’Iran est en effet loin d’être le seul à violer les droits de l’homme. De ce point de vue, tant la situation de l’Arabie saoudite que celle du Pakistan ou encore de l’Egypte mériteraient une attention tout aussi soutenue. Or ces pays sont parmi les alliés les plus proches des puissances atlantiques dans la région. Le cas d’Israël constitue de même une démonstration chaque jour renouvelée de la duplicité des Etats occidentaux vis-à-vis de la diplomatie des droits de l’homme qu’ils prétendent mettre en œuvre.

 Ce pays se caractérise pourtant par des violations massives du droit international humanitaire et du droit de la guerre, sans susciter l’ombre d’une réaction de la part des Etats occidentaux qui, comme signataires des conventions en cause, en sont pourtant les garants[2], tandis que ces derniers ont couvert et soutenu l’interruption du processus électoral en Palestine après l’avoir pourtant quasiment imposé. Comment, enfin, ne pas évoquer les conséquences des crimes et violations massives des droits de l’homme dont les Etats occidentaux, derrière les Etats-Unis, se rendent coupable en Irak puis en Afghanistan depuis 1990 ?

Il apparaît pour le moins absurde de s’engager dans de tels cataclysmes humains sous prétexte de la « défense des droits de l’homme ». A tout le moins donc, une telle posture diplomatique supposerait de se tenir à égale distance de l’ensemble de ces pays, de cesser de la coupler à une perspective impériale et guerrière…

Par ailleurs, la critique visant les pratiques du régime iranien aboutit en général à produire un discours d’une extrême confusion, associant dans une image aussi floue que caricaturale, l’Iran et le régime des Talibans en Afghanistan, un peu comme on confond Al-Qaïda et le Hamas palestinien ou le Hezbollah libanais. L’Iran n’est pas seulement « théocratique » comme on se plait à le dire ici. La République islamique repose en fait et de plus en plus sur un partage du pouvoir entre « clercs » et « laïcs » (au sens de non membres du clergé).

 Elle forme un espace politique complexe dont les compétitions internes, tant au niveau local que régional, sont régulées par le biais d’élections qui se déroulent à échéances régulières[3]. Ainsi, si l’Iran ne constitue pas une démocratie puisque les libertés politiques n’y sont pas garanties, il n’en demeure pas moins que le pouvoir s’articule autour de groupes et de perspectives suffisamment contrastées pour faire des scrutins publics (au cours desquels le vote féminin est une donnée essentielle) de réels enjeux, pesant tout aussi réellement sur la distribution du pouvoir au sein de l’appareil d’Etat[4].

Dans une région où même les pouvoirs « laïcs » se transmettent souvent de pères en fils au gré d’élections sans enjeu à l’issue desquelles le candidat unique obtient souvent plus de 95% des voix, la focalisation des « démocrates » sur l’Iran apparait donc pour le moins surprenante.

Même l’espace religieux iranien ne doit pas être appréhendé avec le simplisme habituel. Il est à la fois pluriel et concurrentiel, recodant dans son langage et ses structures propres, les conflits qui traversent la société civile. A ce propos, Farida Adelkhah rappelait fort justement que « le religieux, loin de servir de simple élément de répression apporte sa contribution aux dynamiques du changement.

C’est à travers lui que la société négocie l’autonomie du privé, que l’intellectuel se lance dans la réforme, que l’institution cléricale exprime son souci du respect de la tradition et de son monopole sur la tradition (…). Les changements sociaux et religieux ne se font pas à sens unique, celui d’une prétendue « radicalisation ». Entre les acteurs sociaux et politiques, les ressources de la négociation ne sont pas épuisées.

 Le champ de cette dernière s’est même élargi à de nouvelles catégories, en particulier aux femmes. Il a ainsi débordé le simple jeu des facteurs qui domine la scène politique depuis une vingtaine d’années. En d’autres termes, l’islam n’est pas le passé de l’Iran, mais son avenir car il médiatise le changement social et politique, le rapport complexe de la société civile à l’Etat, et ce faisant il ne cesse de se recomposer lui-même. C’est au gré de cette dynamique que se définira sans doute ce qui reviendra respectivement à César, à Dieu mais aussi au peuple » [5].

Dès lors, il faut bien se rendre à l’évidence : c’est moins l’analyse critique qui guide les regards occidentaux sur l’Iran que la réactivation délibérée des clichés, pour ne pas dire des phobies, les plus ancrés dans l’histoire des sociétés occidentales. Parce qu’il s’agit d’un régime « islamique » tout peut se dire, toutes les confusions et toutes les caricatures, avec la force de l’évidence. Comment le registre « droits de l’homme », tel qu’il est utilisé dans ce cadre, pourrait-il dès lors être crédible et apparaitre autrement que comme la couverture idéologique d’un nouvel impérialisme ?

L’Iran et l’arme nucléaire

On prête à l’Iran la volonté de se procurer l’arme nucléaire. Loin d’être prouvée, cette assertion fait l’objet d’appréciations contradictoires de la part des services de sécurité. Certes, l’enrichissement de l’uranium, revendiqué au grand jour par le régime, justifie en partie les craintes des puissants de la planète[6].

Mais, si cette technique est une condition de la maîtrise du nucléaire militaire, elle est aussi une condition de la maîtrise du nucléaire civil que les iraniens - ni plus ni moins que les autres nations - ont parfaitement le droit de posséder[7]. Fondée ou non (et on sait ce que valent les accusations américaines en ce domaine…), l’ambition prêtée au régime d’acquérir la « bombe » témoigne dans tous les cas d’une évidence : la volonté de garantir son indépendance stratégique par l’acquisition des technologies permettant de s’assurer d’un outil militaire dissuasif[8].

Cette ambition doit à nouveau se comprendre à la lumière du contexte actuel, caractérisé par quatre éléments au moins : la relance de la course aux armements consécutifs au nouvel interventionnisme américain (après une période de désarmement progressif courant des années 1970 au milieu des années 1990)[9] ; l’agressivité croissante à l’égard d’un pays qui ne peut faire autrement que de se sentir menacé, alors que tout son environnement lui est désormais hostile ; la nucléarisation de la zone moyen orientale avec l’accession à cette technologie d’Israël, de l’Inde et du Pakistan ; l’adoption par les Etats atlantiques de doctrines militaires envisageant, précisément au Moyen-Orient, l’usage d’armes nucléaires « tactiques ».

 Or, ces choix formulés par les puissances atlantiques équivalent non seulement à une violation de l’esprit du Traité de non prolifération nucléaire (TNP), mais aussi à certaines de ses dispositions, enjoignant par exemple les Etats nucléaires signataires à s’engager dans des processus progressifs de désarmement, de limitation de leur arsenal militaire.

 Dans un tel contexte, exiger de l’Iran, ou de tout autre Etat, qu’il renonce à ses projets de défense ne peut avoir ni légitimité ni crédibilité. Les pays qui ont signé le TNP ne l’ont pas fait pour accepter de se faire bombarder préventivement ! A nouveau, c’est bien la remise en cause du système international de sécurité collective par les Etats sortis gagnants de la guerre froide qui affaiblit la crédibilité et l’efficacité de l’ensemble des mécanismes de régulation laborieusement négociés depuis 60 ans.

A l’inverse de la politique actuelle, il conviendrait donc, d’une part de s’engager dans un processus global de dénucléarisation du Moyen-Orient, incluant évidemment Israël, et susceptible de faciliter la constitution d’un équilibre stratégique régulé et réciproquement contrôlé ; d’autre part que les Etats-Unis et l’Europe s’engagent à ne pas faire un usage unilatéral et « préventif » de la force militaire (a fortiori nucléaire) contre les Etats de la région, tout en donnant sur ce point de réelles garanties ; enfin que les grandes puissances nucléaires, Etats-Unis en tête, remplissent leurs engagements découlant du TNP, les enjoignant d’entamer, sous contrôle international, leur désarmement nucléaire progressif[10].

On prête cependant à l’Iran, en lien avec la proposition précédente, des visées hégémoniques. Une telle affirmation constitue même l’un des lieux communs les plus ancrés sur ce pays.

 Cette allégation paraît pourtant particulièrement décalée dans un contexte marqué par l’activisme militaire sans précédent des USA, d’Israël et de pays européens aux portes mêmes de cet Etat[11]. Une telle allégation se fonde ainsi et en premier lieu sur un grotesque retournement des rapports de force caractéristiques de la région : les principales menaces pour la paix et la sécurité collective au Moyen-Orient résident bien, avant tout, dans les perspectives et comportements hégémoniques des Etats-Unis, d’Israël et de leurs alliés, y compris arabes[12].

Dans un tel contexte, la posture iranienne, quand bien même elle inclurait une dimension nucléaire, doit s’entendre comme essentiellement défensive et dissuasive, comme une stratégie du faible (l’Iran) aux forts (Israël / Etats-Unis)[13]. Ce qui est insupportable aux dirigeants américains, israéliens et désormais européens, c’est en fait la sanctuarisation du territoire qu’elle suppose.

En second lieu, l’idée selon laquelle l’Iran est engagé dans une politique hégémonique fondée sur l’instrumentalisation complice des « chiites » du monde arabe, néglige l’historicité propre des sociétés dans lesquelles le régime iranien est supposé manipuler des groupes de fidèles. Au Liban par exemple, la problématique du Hezbollah est loin de se résumer, comme on le dit généralement, au soutien de l’Iran.

Elle répond avant tout à des dynamiques proprement libanaises marquées par la situation défavorable de la communauté chiite dans le partage du pouvoir au Liban, les déséquilibres territoriaux caractéristiques du pays et surtout le risque stratégique que le régime politico-militaire israélien fait peser sur ce dernier, notamment sur sa région sud[14].

Ces lectures font par ailleurs l’impasse sur les soutiens, souvent bien plus directs, dont bénéficient certains dirigeants ou leaders concurrents de la part des pays occidentaux ou de leurs alliés régionaux. Au Liban, les ingérences américaines et saoudiennes sont si explicites qu’elles rappellent les pratiques syriennes des années 1990. Depuis 2006 au moins, elles ont fait échouer plusieurs tentatives de règlement des conflits politiques qui agitent le pays. Comparativement, l’influence iranienne sur le Liban parait nettement moins évidente, comme filtrée par l’autonomie politique et le poids propre acquis par le Hezbollah libanais.

En troisième lieu, prétendre que le régime iranien constitue une menace existentielle contre l’Etat d’Israël justifiant une attaque préventive relève d’une affirmation infondée. Le pouvoir iranien se caractérise certes par une hostilité de principe au régime politique israélien. Depuis l’Iran, comme dans les opinions publiques arabes, le sionisme d’Etat continue d’être perçu comme expansionniste et ségrégationniste (au détriment des libanais et des palestiniens notamment).

Mais, si l’Iran participe bien à l’entretien d’une résistance multiforme aux politiques israéliennes et américaines - se présentant dès lors comme un obstacle sérieux à la finalisation des entreprises de mise sous tutelle de la région et de règlement aux conditions israéliennes de la question palestinienne - l’ambition qui lui est prêtée de vouloir « rayer Israël de la carte » est peu crédible. D’abord, parce que c’est sans doute moins l’entité politique et sociale israélienne qui est visée dans les propos de certains des dirigeants iraniens que les comportements du régime à l’égard des palestiniens et des populations voisines[15].

Ensuite, parce que quelles que soient les provocations, insultes ou menaces du président Ahmadinedjad, une telle assertion se fonde à nouveau sur une extraordinaire méconnaissance des rapports de force caractéristiques de la région. On voit mal les iraniens décider de la destruction de leur propre pays en attaquant les premiers un Etat possédant plusieurs centaines d’ogives nucléaires, incluant une composante sous-marine et par ailleurs très proche allié de la principale puissance militaire et nucléaire du monde. Cette hypothèse est parfaitement absurde et les provocations politiques d’un M. Ahmadinedjad, par ailleurs très loin de détenir le pouvoir suprême en Iran, pour scandaleuses qu’elles soient sur le plan politique et moral, n’y changent rien.

« En définitive, argumente J.-F. Bayart, Mahmoud Ahmadinedjad apparaît moins être un dictateur en herbe qu’un intempestif, passablement ignorant et ne mesurant pas toujours la portée scandaleuse de ses propos, par exemple au sujet d’Israël. Il ne saurait être comparé à Hitler comme on le fait parfois sur la base de son négationnisme et de son nationalisme. D’une part, il est antisioniste mais pas antisémite, et il n’est porteur d’aucune revendication territoriale.

Il n’y a d’ailleurs pas en Iran de racisme d’Etat, ni de racisme politique ou idéologique similaire au nazisme - les juifs sont reconnus en tant que minorité religieuse et sont représentés au Parlement – et il n’y a pas non plus dans la société ou la classe dirigeante une sensibilité irrédentiste susceptible d’inspirer un projet expansionniste. Si par malheur Mahmoud Ahmadinebjad devait se sentir pousser les ailes du Führer, il ne disposerait pas du fond de commerce qui a rendu possible l’ascension de celui-ci dans l’Allemagne de l’entre-deux-guerres.

D’autre part, précisément, il n’est pas le leader suprême et ne prétend pas à ce statut dont le système institutionnel de check and balance rend impossible l’émergence. Ses prérogatives de président de la République sont circonscrites et soumises au contrôle du Parlement, du Conseil de surveillance de la Constitution, du Conseil du discernement. Comme laïque, il ne dispose même pas des qualifications religieuses pour devenir à terme le Guide de la Révolution, si d’aventure Ali Khamenei venait à mourir ou à être destitué par la prochaine Assemblée des experts (…) »[16]

Sur ce point à nouveau, les appels à une posture plus conciliante à l’égard d’Israël ne trouveront de crédibilité et surtout d’efficacité que lorsque les Etats qui la réclament seront en mesure d’obtenir des dirigeants israéliens un règlement juste et équitable du conflit entre Israël et ses voisins, en particulier les palestiniens.

Or, contrairement aux discours actuels, la réalité sur le terrain montre bien que nous sommes engagés dans un processus précisément inverse : le soutien des européens et des américains à un règlement aux conditions israéliennes de la question palestinienne, fondée sur la « cantonisation » des territoires occupés. Il n’y a aucune raison, dans ces conditions, que cesse l’hostilité de principe des opinions publiques arabes et iraniennes à l’encontre du régime israélien. 

Pour appréhender le gouvernement de l’Iran et le rendre intelligible, il convient par conséquent de revenir à une lecture plus contextualisée et moins idéologique des relations internationales. Le romantisme associé à la révolution de 1979 s’est depuis bien longtemps estompé au profit de la réaffirmation d’un réalisme d’Etat plus classique.

 Dans ce cadre, les comportements provocateurs du pouvoir iranien s’entendent plutôt comme une tentative de normalisation, par un marchandage imposé, des relations avec les Etats-Unis et les pays européens en vue d’obtenir des garanties de non-ingérence d’une part, la reconnaissance de son statut d’interlocuteur régional d’autre part.

 En agitant la perspective de son armement nucléaire, en laissant le président iranien multiplier les provocations à l’encontre d’un Israël dont les dirigeants intensifient aussi les agressions à l’égard des palestiniens, et en continuant de reprendre à son compte l’antisionisme traditionnel des opinions publiques moyen-orientales, la tête de l’Etat iranien semble pousser les Etats-Unis à une négociation que ces derniers continuent de refuser parce qu’elle impliquerait l’abandon de leur projet de « Grand Moyen-Orient » et le retour à une perspective plus directement multilatérale. Plusieurs éléments militent en faveur de cette interprétation.

Le fait tout d’abord que les USA sont perçus, en Iran, comme étant bloqués par leur occupation problématique de l’Irak, incapables de supporter l’effort supplémentaire que supposerait une attaque de grande envergure contre l’Iran. Le fait ensuite que les iraniens aient dès 2001, contre un changement des perspectives américaines à leur égard, proposé leur collaboration, dans la lutte contre le « terrorisme » Al-Qaïda, dans le containment des talibans puis dans la stabilisation de l’Irak et de l’Afghanistan.

Le fait enfin que celui dont tout le monde sait qu’il détient la réalité des pouvoirs en matière de relations internationales et de défense nationale, le Guide suprême, ne néglige jamais de formuler des ouvertures, y compris en direction d’Israël, lorsque les conditions s’y prêtent[17]. Si le régime israélien continue quant à lui d’entretenir et de pousser à une ligne dure à l’égard de l’Iran, c’est que toute négociation et pacification avec ce pays supposera de sa part des reculs sur la question palestinienne, tous les conflits de la région étant, en partie au moins, structurellement liés à cette dernière.

Plutôt que de s’enfermer dans une lecture caricaturale des sociétés du Moyen-Orient et de leurs dynamiques propres, les diplomaties européennes seraient donc bien inspirées de rééquilibrer leur politique dans la région. D’abord en se démarquant des tentatives actuelles visant à isoler l’Iran sur la scène internationale et à justifier une agression militaire à son encontre puis en lui offrant de réelles garanties quant à la préservation de son indépendance stratégique. Ensuite en insistant sur l’importance structurelle du conflit israélo-palestinien. Les visas longtemps donnés au gouvernement israélien par ces mêmes autorités se font au mépris des développements réels sur le terrain (fondés sur une appropriation du territoire cisjordanien), lesquels vont à l’encontre de toute perspective d’un règlement juste et pacifique.

Il s’agit en somme d’abandonner une perspective diplomatique fondée sur l’usage de la guerre, la résurgence de l’impérialisme atlantique et l’infériorisation des Etats du Sud, pour renouer avec une approche contractuelle des relations internationales. Cela ne suppose pas d’abandonner toute perspective critique, c’est au contraire la condition d’une politique aussi crédible qu’efficace en faveur d’un meilleur respect des droits humains, individuels et collectifs, en Iran comme ailleurs.

Notes:

[1] Sur la violence de la répression intérieure entre 1981 et 1988 notamment, voir par exemple : Henry Sorg, « Le massacre des prisonniers politiques de 1988 en Iran : une mobilisation forclose ? », Raisons politiques, n°30, mai 2008, p. 59-88.

[2] Ainsi l’Union juive pour la paix et le Centre d’information Alternative de Jérusalem ont-ils présenté, dans le cadre d’une plainte remise à la Cour internationale de Justice, un dossier juridique établissant, sur la base d’enquêtes détaillées, la réalité des crimes de guerre commis par l’Etat israélien au Liban au cours de la guerre de l’été 2006. Ce dossier est consultable à l’adresse suivante : http://www.ujfp.org/modules/news/article.php ?storyid=226

[3] Plusieurs auteurs soulignent ainsi la relative « démocratisation » qui a suivi la mort de Khomeiny et la fin de la guerre avec l’Irak. Voir par exemple, Farhad Khosrokhavar, « L’Iran, la démocratie et la nouvelle citoyenneté », cahiers internationaux de sociologie, n°111, 2001/2, p. 291-317.

[4] Jean-François Bayart rappelle ainsi : « Force est de reconnaitre que la République islamique dispose encore aujourd’hui d’une véritable base sociale que reproduisent des institutions partiellement représentatives, à défaut d’être démocratiques, et un pluralisme limité mais réel. Elle conserve une légitimité nationaliste héritée de la Révolution de 1979 et de la guerre contre l’envahisseur irakien. Aucun mouvement politique d’opposition n’est en mesure de la concurrencer sérieusement et d’incarner une relève crédible. Les Moudjahidines du Peuple sont en particulier discrédités par leur collaboration avec Saddam Hussein et, désormais, les Etats-Unis », J.-F. Bayart, « L’Iran est-il soluble », Note Terra nova, 3 juillet 2008, http://www.tnova.fr/

[5] F. Adelkhah, « Une société en pleine transformation », Questions internationales, n°25, mai-juin 2007.

[6] Par exemple : « le gouvernement iranien a réaffirmé samedi qu’il n’avait pas l’intention de renoncer à son programme d’enrichissement d’uranium, 24 heures après avoir remis sa réponse aux propositions avancées par les "Six" pour l’inciter à renoncer à ses ambitions nucléaires. », Reuters, 5 juillet 2008.

[7] Sur ce problème, voir notamment : J.-F. Bayart, « Et si l’Europe faisait fausse route dans la crise iranienne ? », op. cit. ; G.. Leguette, « le défi nucléaire », Questions internationales, n° 25, mai-juin 2007 ; Y. Richard, « le nucléaire iranien en perspective », La Revue internationale et stratégique, n°70, été 2008.

[8] « L’évidence est que la République islamique veut plus que jamais sanctuariser le territoire national selon la logique française de la dissuasion, à un moment où les troupes américaines déployées en Afghanistan, en Irak et dans plusieurs républiques d’Asie centrale l’encerclent et où l’administration Bush la classe dans « l’axe du mal ». Elle souhaite ainsi affirmer son standing de puissance dans un environnement d’ors et déjà nucléarisé », J.-F. Bayart, « Et si l’Europe faisait fausse route dans la crise iranienne ? », op. cit., p. 21.

[9] De cela découle aussi la remise en cause de l’ensemble du système international de sécurité collective, TNP compris. Cf. W. Beauvallet, « la tentation néo-impériale… », op. cit.

[10] « Article VI - Chacune des Parties au Traité s’engage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace », Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), 1er juillet 1968.

[11] Récemment encore, G. Bush faisait voter des crédits pour l’intensification des opérations clandestines en Iran. « Révélations sur les opérations secrètes américaines en Iran », Le Monde, 29 juin 2008.

[12] « Les Etats-Unis, pour être plus explicite, sont devenus un facteur de déstabilisation et non d’apaisement, obligeant les différents acteurs d’un champ politique donné à se positionner par rapport à eux. », F. Charillon, op. cit., p. 26.

[13] Une stratégie dissuasive se comprend dans un contexte stratégique donné. Telle qu’adoptée par la France (dissuasion nucléaire face à l’Union soviétique), la dissuasion repose sur la capacité à montrer à l’adversaire que, si ce dernier possède bien les moyens de vaincre voire de supprimer, toute victoire se soldera par un coût tel qu’il rend finalement inopportun l’attaque du territoire concerné. Parce qu’elle s’inscrit dans un rapport évident d’asymétrie (la France face à l’Union soviétique, l’Iran face à Israël et aux USA), cette stratégie est fondamentalement défensive.

[14] Ces lectures pêchent on l’a dit par l’accent excessif mis sur le poids des divisions confessionnelles au sein des sociétés arabes, au détriment de la prise en compte des lignes de clivages sociopolitiques et de la prégnance des identités nationales.

[15] L’expression « rayer Israël de la carte » relève elle-même d’une extrapolation des propos tenus, lesquels présentent plutôt le régime politique et militaire israélien comme étant sans avenir. Sur ce point, sur l’affaire des caricatures de la Shoah et sur l’invitation des négationnistes à Téhéran, voir l’article très intéressant de Y. Rabkin (auteur d’une passionnante histoire de l’opposition juive au sionisme), « La campagne contre l’Iran : le lobby sioniste et l’opinion juive », La Revue internationale et stratégique, n°70, été 2008, pp. 194-207. Au-delà de la personne de Mahmoud Ahmadinedjad, différents propos confirment l’hypothèse selon laquelle c’est moins l’entité étatique et sociale que le régime politique israélien qui est visé par l’antisionisme des dirigeants iraniens, ce qui constitue une nuance de taille. Ainsi, les dirigeants du Hezbollah, réputés proches du régime iranien, ont-ils affirmé à plusieurs reprises leur soutien à la perspective d’un Etat en Israël-Palestine qui serait fondé sur l’égalité de l’ensemble de ses habitants, juifs et arabes. Hassan Nasrallah lui-même avait expliqué en 2005 : « Israël fera tout pour empêcher l’émergence d’un Etat palestinien viable. La Palestine est trop petite pour supporter deux Etats séparés. L’impasse permanente des négociations avec Israël vient de là : on ne peut pas mettre deux personnes dans le même pantalon. Mais nous ne disons pas qu’il faut jeter les gens à la mer. Réfléchissons plutôt à un seul Etat dans lequel juifs, chrétiens et musulmans vivraient ensemble, dans un système démocratique où chacun aurait les même droits. C’est notre avis. », Le monde, 15 avril 2005. Voir aussi Ali Fayyad, membre de la direction du Hezbollah, « La solution est un seul Etat pour les musulmans, les chrétiens et les juifs », Confluences méditerranée, n° 55, Automne 2005, pp. 121-130.

Récemment, Ali Akbar Velayati, conseiller du Guide suprême de la République islamique pour les affaires internationales, exprimait un point de vue similaire : « Durant toutes ces années, l’action du Guide a été fondée sur la conviction sur le maintien de la paix mondiale passait par la reconnaissance de la souveraineté des Etats et par le respect des frontières internationales (…). L’affirmation de ses positions sur la question palestinienne et les droits des populations de cette région découle ainsi de son attachement à la défense des opprimés, et à la création d’un monde de paix exempt de violence. Il est convaincu que le destin politiques des principales populations qui sont actuellement présentes dans cette région doit faire l’objet d’élections démocratiques, dont le résultat sera admis et respecté, si tous – musulmans, juifs et chrétiens – y participent librement », Libération, 2 juillet 2008.

[16] J.-F. Bayart, « Et si l’Europe… », op. cit., pp. 30-31.

[17] Ce fut le cas tout récemment. « L’Iran calme le jeu après le durcissement de ces derniers mois. Entre les occidentaux et le régime mais aussi au sein même de ce dernier. Face à l’intransigeance du président Mahmoud Ahmadinedjad, Ali Akbar Velayati, conseiller diplomatique du Guide – suprême autorité de la République – a affirmé dans une interview au quotidien Jomhuriye Eslami (République islamique) que les discours « provocateurs » sont dommageable à la cause de Téhéran. Des thèmes qu’il développe dans le texte transmis à Libération alors que les tensions internationales se précisent », Libération, 2 juillet 2008. Voir aussi la note 26.

Willy Beauvallet, Docteur en science politique

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Publié le 3 décembre 2008 avec l'aimable autorisation d'Oumma.com



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