Nouvelles d'Irak
Prédiction:
les Etats-Unis resteront en Irak
Tom Hayden
Dimanche 22 mai 2011
(revue de presse : ZNet – 17/5/11)
C’est une
presque certitude : les Etats-Unis ont réussi à obliger l’Irak
« à inviter » des milliers de troupes américaines à
rester indéfiniment dans le dernier bastion impérial des
Etats-Unis dans le monde arabe (New York Times - 12 mai).
Récapitulons :
l’administration Bush avait signé un pacte avec le gouvernement
irakien dans l’intermède entre les deux administrations et le
Président Obama y avait adhéré. Mais, début 2009, Obama y
avait ajouté, sans qu’on s’y attende, une promesse de retirer
toutes les troupes pour décembre 2011, sans laisser de force
résiduelle comme suggéré lors de sa campagne. Le Pentagone avait
pressé les Irakiens d’amender l’accord pour permettre la
présence d’une base américaine et de troupes.
Une base près des champs pétrolifères
Le Pentagone a
gagné. Si ce n’était que l’ouverture d’une autre base au sein
des 800 autres éparpillées de par le monde, on pourrait
l’accepter avec résignation. Mais, celle-ci place les forces
américaines au centre des tensions confessionnelles en Irak,
près des champs pétrolifères en cas de troubles. Elle agit comme
un contrepoids à un Iran lourdement armé (sans oublier le
soutien apporté à un régime religieux autoritaire connu pour sa
longue histoire de violations de droits de l’homme).
Peu de voix au
Congrès ou dans le mouvement pour la paix se sont élevées,
encore moins organisées contre le bastion en cours. Parmi les
personnes influentes, seuls les conseillers occasionnels d’Obama
au Centre pour le Progrès américain (Center for
American Progress) sont connus pour favoriser le retrait
total.
Diviser pour régner
Le régime
chiite, mis en place par les Etats-Unis, penche déjà vers l’Iran
dans le cadre de la géopolitique de la région. Une base US,
dit-on, l’empêchera de glisser davantage hors de l’orbite. De
plus, le gouvernement composé en grande partie d’opposants
arrivés dans les wagons des Américains, craignent un nouveau
soulèvement des Sunnites en cas de départ des Américains. De
l’autre côté, les groupes de guérilla sunnites appréhendent,
eux, un massacre par les forces de sécurité chiites. Les Kurdes
veulent que les Américains les protègent des chiites et des
sunnites. Cette équation conduit à la plus étrange des formules
impériales fondées sur la domination : « si les
« civilisateurs » occidentaux partent, les indigènes se battront
entre eux ». La règle de diviser pour régner camouflée sous
celle du maintien de la paix !
« Les chagrins de l’empire »
Cette
stratégie a été développée par Stephen Biddle du Conseil
pour les Relations Etrangères (Council on Foreign
Relations) depuis de nombreuses années. En mars-avril 2006,
il écrivait dans Foreign Affairs :
« Washington doit cesser de déplacer la responsabilité de la
sécurité (de l’Irak) sur d’autres et doit au contraire menacer
de manipuler l’équilibre militaire du pouvoir entre Sunnites,
Chiites et Kurdes pour les obliger à conclure un compromis
durable ».
Seul un
président visionnaire et ses conseillers peuvent voir les
dangers d’être piégés en Irak pour toujours, ce que Chalmers
Johnson appelle « les chagrins de l’empire ». Il
n’y a aucun signe à l’heure actuelle d’une telle vision.
Traduction : Xavière Jardez
Texte original :
http://www.zcommunications.org/contents/178424
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 22 mai 2011 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
Le dossier
Irak
Les dernières mises à
jour
|