« Sous nos yeux »
Hollande a peur de
ses armées
Thierry
Meyssan
Craignant
que des militaires ne tirent sur le
président de la République, le service
de sécurité de l’Élysée a fait
neutraliser les armes, lors de la
cérémonie des vœux annuels (base
d’Olivet, 9 janvier 2013).
© Présidence de la République
Dimanche 27 janvier
2013 Nicolas
Sarkozy et François Hollande utilisent
les armées françaises pour satisfaire
des intérêts privés ou étrangers. Ils
ont envoyé des hommes à la mort pour
voler le cacao de Côte d’Ivoire, les
réserves d’or de Libye, le gaz de Syrie,
et l’uranium du Mali. La confiance est
brisée entre le chef des armées et des
soldats qui se sont engagés pour
défendre la patrie.
Les aventures
militaires de Nicolas Sarkozy et
François Hollande en Afghanistan, en
Côte d’Ivoire, en Libye, en Syrie et
maintenant au Mali sont très
vivement discutées au sein des
armées françaises. Et l’opposition
qu’elles rencontrent est arrivée à
un point critique. Quelques exemples
:
En 2008, alors que Nicolas
Sarkozy venait de modifier la
mission des soldats français en
Afghanistan pour en faire des
supplétifs des forces d’occupation
états-uniennes, le chef d’état-major
de l’Armée de terre, le général
Bruno Cuche, refusa d’y envoyer des
chars Leclerc. La crise fut si
profonde, que le président Sarkozy
profita du premier faits divers pour
contraindre le général Cuche à
démissionner.
En 2011, c’était au tour de
l’amiral Pierre-François Forissier,
chef d’état-major de la Marine,
d’exprimer publiquement ses doutes
sur l’opération en Libye qui, selon
lui, éloignait les Forces françaises
de leur mission principale de
défense de la Patrie.
En 2012, le général Jean Fleury,
ancien chef d’état-major de l’Armée
de l’air fut encore plus explicite
pour affirmer que la France n’a ni
la vocation, ni les moyens
d’attaquer la Syrie.
Au cours des cinq dernières
années, la conviction s’est
installée parmi la plupart des
officiers supérieurs —souvent des
catholiques très pratiquants— que la
puissance des armées françaises a
été détournée par les présidents
Sarkozy et Hollande au service
d’intérêts privés ou étrangers,
états-uniens et israéliens.
Ce que confirme l’organisation
même des récentes opérations
extérieures. Depuis 2010, la plupart
d’entre elles ont échappé au
commandement du chef d’état-major
des armées, l’amiral Édouard
Guillaud, pour échoir au
commandement du général Benoît Puga,
depuis l’Élysée.
Ce parachutiste, spécialiste des
Opérations spéciales et du
Renseignement, incarne à la fois la
dépendance à Israël et le renouveau
du colonialisme. C’est lui qui
supervisa, en Égypte, la
construction du Mur d’acier qui
termine de clôturer la Bande de Gaza
et l’a transformée en un ghetto
géant.
On sait que Nicolas Sarkozy
n’aimait pas le contact des
militaires. François Hollande, quant
à lui, les fuit. Ainsi, lorsqu’il
s’est rendu au Liban pour enjoindre
le président Michel Sleimane de
soutenir la guerre secrète en Syrie,
le 4 novembre dernier, il n’a pas
jugé bon d’aller saluer le
contingent français de la FINUL. Cet
outrage n’est pas à mettre sur le
compte du dédain, mais de la crainte
du contact avec la troupe.
La crise de confiance a atteint
un point tel que le service de
sécurité de l’Élysée craint que des
militaires n’attentent à la vie du
président de la République. Ainsi,
le 9 janvier, lors de la
présentation des vœux présidentiels
aux Armées, sur la base du 12e
régiment de cuirassiers d’Orléans,
l’Élysée a exigé la neutralisation
des armes. Les percuteurs des fusils
d’assaut et des mitrailleuses ont
été retirés, ainsi que les platines
des pistolets. Les munitions ont été
confisquées et stockées dans des
sacs plombés. Une telle mesure
n’avait pas été prise depuis la
crise algérienne, il y a une
soixantaine d’années.
Lorsque François Hollande
déclarait : « La communauté
militaire est une famille, avec les
actifs et les réserves (…) j’en
connais la stabilité, la solidarité
et j’apprécie aussi le sens de la
discipline, de la cohésion et même
de la discrétion », le
comportement de son service de
sécurité démentait ses propos. Le
président a peur de ses armées. Il
se défie de ses soldats, car il sait
ne pas pouvoir justifier des
missions qu’il leur assigne.
Cette crise ne manquera pas de se
développer si le président de la
République poursuit dans sa volonté
d’étendre les opérations secrètes à
l’Algérie. Or, depuis la suspension
de la conscription obligatoire et la
professionnalisation des armées, de
nombreuses recrues sont issues de
familles musulmanes originaires
d’Algérie. Elles ne manqueront pas
de réagir avec émotion à une
recolonisation rampante de la patrie
de leurs parents.
Thierry Meyssan
Intellectuel français,
président-fondateur du
Réseau Voltaire et de la conférence
Axis for Peace. Professeur de
Relations internationales au Centre
d’études stratégiques de Damas. Dernier
ouvrage en français :
L’Effroyable imposture : Tome 2,
Manipulations et désinformations
(éd. JP Bertand, 2007).
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