David Miliband semble faire confiance aux urnes,
là où elles n’ont jamais rien produit, surtout en ce
qui concerne la situation au proche-orient.
Celle-ci, effectivement, et depuis qu’elle a éclaté
il y a soixante ans, n’a jamais été influencée par
quelque changement d’élite ou de régime. « Je crois
que 2009 sera une année très importante. Ce sera
l’année du changement au niveau mondial avec un
nouveau président américain, un nouveau gouvernement
israélien, des élections au Liban et des élections
aussi en Iran », a indiqué le ministre. « Chaque
pays doit penser comment il compte contribuer à la
paix et à la stabilité au Proche-Orient », a-t-il
ajouté.
« Nous savons tous qu’il n’y a pas de paix et de
stabilité dans le monde, s’il n’y a pas de paix et
de stabilité au Proche-Orient. De même, il n’y a pas
de paix et stabilité au Proche-Orient, s’il n’y en a
pas au Liban », a poursuivi le ministre. Même
sentiment du diplomate en chef de l’Union européenne
qui souhaite, quant à lui, que le président élu des
Etats-Unis, Barack Obama, s’intéresse « dès le
premier jour » à ce conflit. « Je pense que c’est
l’un des dossiers-clés que le président élu devrait
aborder et j’espère bien qu’il va agir très vite à
ce sujet », a ajouté Javier Solana, alors que
M. Obama a fait savoir pendant sa campagne
électorale qu’il ferait de la crise économique et du
conflit en Afghanistan les priorités de son mandat.
Plus mesuré, le président palestinien, Mahmoud
Abbas, a appelé M. Obama à s’atteler au processus de
paix israélo-palestinien dès son entrée à la
Maison-Blanche. « Nous l’appelons à s’associer
immédiatement au processus de paix, sur la base de
l’application des résolutions internationales liées
à la question palestinienne, dont le plan arabe »,
a-t-il ajouté. « Depuis six ans, on parle de
l’initiative arabe qui tient en deux mots :
retirez-vous de Palestine, du Golan et des fermes de
Chebaâ (un secteur stratégique au sud du Liban
occupé par Israël, ndlr) et 57 pays arabes et
islamiques vous reconnaissent », a lancé M. Abbas à
l’adresse des Israéliens. « Que voulez-vous de
mieux ? Au lieu de vivre dans un îlot de paix, vous
vivrez dans un océan de paix », a ajouté le
président palestinien.
C’est ainsi que se décline sa réponse à l’appel
téléphonique que lui avait adressé Barack Obama, où
il lui a promis de continuer à œuvrer pour faire
avancer le processus de paix. C’était leur première
conversation, et M. Obama est particulièrement
attendu sur ce dossier, lui qui avait commencé sa
campagne en s’engageant sur un seul volet, celui de
la sécurité d’Israël. M. Obama a également réitéré
son fort soutien à l’établissement d’un Etat
palestinien aux côtés d’Israël. Bien entendu, et le
contraire aurait surpris, M. Obama s’est contenté de
cette déclaration, en attendant qu’il dévoile les
moyens qu’il compte déployer pour y parvenir, car
dans le fond, tous ses prédécesseurs, depuis près
d’un quart de siècle, tiennent les mêmes propos :
celle de l’édification d’un Etat palestinien, sans
dire si celui-ci sera celui que prévoient les
résolutions internationales (181, 242 et 338
notamment) évoquées par le leader palestinien, ou le
territoire (palestinien) que les Israéliens
accepteront de céder aux Palestiniens. Ce qui
revient à perpétuer une injustice,et aussi faire
perdurer un conflit qui n’a que trop duré.
Quant au dossier iranien, une vingtaine
d’experts- chercheurs et anciens diplomates US l’ont
pris au mot, en l’appelant à ouvrir le dialogue sans
conditions avec Téhéran. « Les Etats-Unis tentent
depuis 20 ans de traiter avec l’Iran en utilisant
l’isolement, les menaces et les sanctions. Ils n’ont
résolu aucun des problèmes majeurs qui affectent les
relations USA-Iran et ils les ont même
détériorées », soulignent ces experts, parmi
lesquels l’ancien ambassadeur américain à l’ONU,
Thomas Pickering, et l’ancien émissaire américain
pour l’Afghanistan, James Dobbins. Pour désamorcer
les tensions avec l’Iran et éviter que ce pays se
dote de l’arme nucléaire, les experts appellent,
notamment, la prochaine administration américaine à
cesser de financer des programmes pro-démocratie en
Iran, qui équivalent à appeler à un changement de
régime.
La prochaine administration devrait également
s’asseoir à la table des négociations multilatérales
avec Téhéran sur le programme nucléaire iranien,
estiment ces experts. Elle devrait, enfin,
intervenir directement dans le processus de paix
israélo-palestinien en tant que « courtier
honnête ». « Après de nombreuses années d’hostilité,
personne ne doit s’attendre à ce qu’un dialogue avec
l’Iran soit facile. Cela pourrait même se révéler
impossible », poursuivent les experts. « Mais les
politiques du passé n’ont pas marché »,
concluent-ils. « Il est temps de voir ce qu’une
vraie diplomatie peut accomplir ». Ainsi interpellé
par des hommes qui ont dit tout le mal qu’ils
pensent de ce qui a été fait, Obama introduira-t-il
là aussi, le changement qu’il a préconisé ?