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Opinion
Les chrétiens
d'Orient: un message d'espoir du Général Aoun
Soraya Hélou
Michel Aoun - Photo: CAPE France
Samedi 25 septembre 2010
C’est un sujet délicat et de la plus haute importance: y a-t-il
encore un rôle pour les chrétiens dans la région, après leur
exode massif d’Irak et de Palestine et l’émigration constante
des jeunes au Liban? Les chrétiens du Liban n’aiment pas évoquer
ce sujet car, comme ils le font depuis des années, ils préfèrent
se cacher la tête dans le sable et continuer à se comporter de
façon suicidaire en favorisant les divisions entre eux sans
avoir une vision claire pour l’avenir. Un homme a voulu pourtant
briser ce mur du silence et tout en rappelant le rôle pionnier
des chrétiens dans l’ensemble de la région, il a voulu leur
faire prendre conscience des dangers qui menacent leur présence,
tout comme il a voulu les pousser à s’entendre avec leurs
partenaires musulmans, puisque, en fin de compte, tous vénèrent
un même Dieu. Cet homme, c’est le général Michel Aoun, qui a
profité de la tenue prochaine du synode pour le Moyen Orient,
organisé par le Vatican à partir du 10 octobre, pour adresser un
message d’ouverture et d’entente aux chrétiens du Liban, aux
musulmans et au monde entier.
Dans un exposé clair et concis, le général Aoun a expliqué sa
vision du rôle essentiel des chrétiens dans la région, mais un
rôle conçu en harmonie avec les musulmans. « Plus nous nous
rapprochons de nos frères dans la patrie, a dit le général, et
plus nous réussissons ».
Allant à l’encontre de la tendance actuelle occidentale qui
cherche à diaboliser l’islam et à ne retenir de lui que l’image
des quelques groupes extrémistes, Aoun a expliqué que les causes
de l’émigration chrétienne de la région ne sont pas uniquement
dûes à la crainte de l’extrémisme religieux. Il a insisté sur le
fait que la création d’"Israël" et le partage de la Palestine
ainsi que l’instabilité politique et économique sont aussi en
grande partie responsables de l’émigration des chrétiens.
Le général Aoun a repris pour son compte la cause palestinienne,
demandant au monde occidental à quoi serviraient les chrétiens
s’ils perdaient le berceau du Christ?
Sans le dire explicitement dans le document qu’il a adressé aux
participants au synode, Aoun a quand même laissé entendre que
l’Occident est aussi responsable de l’exode des chrétiens,
notamment en Irak où près d’un million d’entre eux est parti
alors que les troupes américaines occupent le pays. Il a aussi
mis l’accent sur les pressions exercées par les Israéliens pour
faire fuir les habitants de Jérusalem et pour obtenir une
reconnaissance de la judaïsation d’"Israël", bafouant ainsi
toute idée de tolérance et d’acceptation de l’autre et modifiant
la physionomie de l’ensemble de la région.
En parlant ainsi-et ce document ne s’adresse pas seulement aux
Libanais, puisqu’il est destiné à faire partie des outils de
travail proposés aux évêques de la région en présence du Pape
Benoît XVI- Aoun a lancé un appel vibrant aux chrétiens et à
ceux qui se soucient de leur sort de ne pas abandonner leur
terre et au contraire de s’y accrocher pour donner au monde une
leçon d’ouverture, d’harmonie entre les religions et de
tolérance. Si les chrétiens quittent la région, déclare Michel
Aoun, le Mal règnera alors et cela signifiera que les
extrémistes auront eu raison et que les religions et les
civilisations ne peuvent que s’affronter. Lui fait le pari
contraire et il a donné un message d’espoir aux chrétiens, en
leur assurant qu’il y a un avenir pour eux dans la région à
travers l’entente avec leurs frères musulmans. A travers ces
propos, le général Aoun confirme une fois de plus le choix qu’il
a fait le 5 février 2006 en signant un document d’alliance avec
le Hezbollah qui a changé la vie et la perception de nombreux
chrétiens à l’égard de ce parti. Il l’avait dit ce jour-là,
cette alliance est stratégique car elle repose sur une vision et
la conviction d’un avenir commun. Il le confirme aujourd’hui à
travers le document envoyé au Synode, qui doit en principe
constituer un témoignage fort de la situation des chrétiens dans
la région donné par un chrétien qui a connu des moments de
gloire et des revers et qui a tiré toutes les leçons du passé
pour le bien des Libanais, des chrétiens et des Arabes. Aoun a
aussi invité les chrétiens à ne pas avoir peur, à briser les
barrages psychologiques qu’on leur a dressés avec les musulmans
et surtout à écouter les principes de leur religion qui est
faite d’amour et de tolérance et le message que leur donne leur
terre qui leur crie chaque jour: ne me laissez pas.
Par ce document, le général Aoun a donc laissé de côté les
considérations politiques courantes, pour replacer les problèmes
dans leur dimension stratégique: "Israël" et ses alliés
cherchent à effriter la région et à la diviser en entités
ethniques et religieuses hostiles pour pouvoir les dominer et
leur faire accepter l’implantation des réfugiés palestiniens,
après le départ massif des chrétiens. Vue de haut, l’équation
est simple, tellement simple qu’on ne comprend pas comment tous
les Libanais ne la voient pas. Mais certains ont malheureusement
choisi de fermer les yeux et ce sont eux qui demain,
critiqueront Aoun pour faire oublier ce message très important.
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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