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Opinion
Faire preuve de
bonne volonté ne signifie pas fermer les yeux et attendre
Soraya Hélou
Saad Hariri
Vendredi 24 septembre 2010
La trêve s’est certes installée, mais elle apparaît chaque jour
un peu plus précaire. C’est que le calme est descendu sur les
protagonistes et en particulier sur une importante partie des
membres du Courant du Futur, comme un miracle, sans qu’aucun des
dossiers en suspens n’ait été réglé. Le Conseil des ministres
tenu à Baabda, à la veille du départ du président de la
République à New York a résumé la situation : les sujets
restent toujours conflictuels, et aucune partie n’a voulu céder
d’un pouce, mais on a décidé pour l’instant de ne pas les
aborder en profondeur. Le Premier ministre Saad Hariri a bien
essayé, au cours de cette réunion, de défendre le point de vue
de son camp, en déclarant que les quatre généraux ont été
victimes d’une injustice, mais celle-ci n’est pas à comparer
avec celle subie par son père, le Premier ministre martyr et par
les autres martyrs du 14 mars. L’élément positif dans cette
déclaration est qu’elle reconnaît l’injustice subie par les
généraux. Mais comme d’habitude, cette constatation ne se
traduit pas par des mesures concrètes, ni au sujet du sort du
Procureur général de la République, ni à celui du département
des informations au sein des FSI, qui jouit de moyens et de
pouvoirs exceptionnels alors qu’il reste illégal. Le Premier
ministre a aussi affirmé qu’il tient à la stabilité et à la
justice internationale. Ce qui porte en soi une grande
contradiction, puisque le problème est justement dans le fait
que la justice internationale qui refuse de traiter le dossier
des faux témoins et de creuser la piste israélienne est en train
de provoquer une instabilité au Liban.
En d’autres termes, il est apparu clairement au cours du Conseil
des ministres de mardi dernier que le Premier ministre n’a pas
encore tranché ses options. Mais le ministre de l’Agriculture
Hussein Hajj Hassan l’a bien souligné au cours de cette même
réunion : l’opposition, et le Hezbollah en particulier, ne
renoncera pas à l’ouverture du dossier des faux témoins et il ne
se laissera pas accuser de l’assassinat du Premier ministre
martyr Rafic Hariri. De même, la convocation devant le procureur
du général Jamil Sayyed est d’autant plus injustifiée que la
Justice n’a pas daigné bouger lorsque le président Emile Lahoud
a été diffamé par des figures du 14 mars, alors qu’il était
encore en fonction. Pourtant, la Constitution prévoit des
poursuites judiciaires contre toute atteinte à la présidence de
la République, alors qu’elle ne stipule rien de tel pour les
autres responsables du pays. De même que le cas de l’ancien chef
des SR Johnny Abdo qui fait l’objet de plaintes judiciaires a
été escorté par le département des informations aux FSI de
l’aéroport jusqu’à son domicile, au lieu d’être amené devant le
juge, a été évoqué par les ministres de l’opposition…La justice
ne peut pas être partiale et au service d’un camp politique a
souligné le ministre d’Etat Youssef Saadé, alors que le ministre
de l’Intérieur Ziad Baroud a fait taire toutes les critiques
adressées au Hezbollah pour avoir effectué un déploiement de
force à l’aéroport pour assurer une protection politique et
sécuritaire au général Sayyed. Baroud a ainsi précisé que ce
déploiement n’a pas entravé le fonctionnement de l’aéroport,
alors que les éléments de sécurité présents sur place étaient
les gardes du corps légaux des députés et ministres venus
accueillir Sayyed.
La polémique a été ainsi suspendue et le Conseil des ministres a
pu donner l’illusion d’une certaine accalmie. Mais le lendemain,
un communiqué du bloc parlementaire relevant du Premier ministre
a rallumé le feu et repris les accusations contre le Hezbollah
et l’opposition de vouloir effectuer un coup d’Etat. Les médias
appartenant à ce Courant ont aussi participé à la campagne
affirmant que la bataille est entre les partisans de l’Etat et
ceux qui veulent le Non-Etat. Le Hezbollah a aussitôt répondu
par la voix du député Hassan Fadlallah et il est clair que
désormais, il compte répondre à toute accusation portée contre
lui. Mais tout cela montre que le climat général du pays reste
malsain et que les intentions cachées restent mauvaises. L’idée
que le Premier ministre serai en train de gagner du temps en
attendant des développements extérieurs ou la publication de
l’acte d’accusation du TSL est en train de faire son chemin dans
les esprits, alors que l’opposition est décidée à ne pas se
laisser faire. Respecter la trêve et faire preuve de bonne
volonté ne signifient pas fermer les yeux et attendre…
Il serait peut-être temps que les autres partenaires au sein du
pays le comprennent.
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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