Baghdadi Mahmoudi torturé dès son
arrivée à Tripoli
Les bouchers de la
nouvelle Libye de BHL
Silvia Cattori
Mardi 26 juin 2012
L’ancien Premier
ministre libyen, extradé dimanche matin
de Tunisie, a été torturé et hospitalisé
dans l’après-midi suite à une
hémorragie. Son état est jugé grave par
des sources médicales libyennes. Selon
l’avocat Ceccaldi, il aurait été torturé
en présence de Abdelahakim Bel Haj, chef
militaire de Tripoli, qui aurait
lui-même frappé M. Mahmoudi.
Baghdadi
Mahmoudi a des côtes cassées et un
poumon perforé
A
peine atterri en Libye, M. Mahmoudi,
extradé dimanche 24 juin de bonne
heure de Tunisie vers Tripoli, a été
tout de suite soumis à
l’interrogatoire. Dans l’après-midi
du même jour, il a été hospitalisé
et son état de santé est inquiétant.
Selon son avocat français Marcel Ceccaldi, M. Mahmoudi a été violenté
par Abdelhakim Belhaj, chef
militaire de Tripoli, en personne.
Il a eu des côtes cassées, qui lui
ont perforé un poumon et abîmé des
intestins. Son état a nécessité son
hospitalisation en urgence.
La ministre de la Santé libyenne
Fatma Harrouche a été informée par
le médecin traitant qui lui a remis
un rapport sur l’état de santé de
l’ancien Premier ministre de Kadhafi
: grave hémorragie suite à la
fracture des côtes. L’enfoncement de
ces côtes ont perforé un poumon et
abîmé les intestins et il est
difficile d’arrêter l’hémorragie,
qui nécessite le transfert de M.
Mahmoudi à l’étranger pour des soins
intensifs.
Tous les ministres du gouvernement
tunisien Jebali (dont la majorité
vient du parti islamiste Ennahdha)
ont déclaré que M. Mahmoudi va
bénéficier d’un jugement équitable
dans son pays et qu’il ne risque pas
la torture, selon le constat des
membres d’un comité d’expert envoyé
par le gouvernement Jebali en Libye
et qui a été rassuré par des
associations locales de défense de
droits de l’Homme.
La suite ne semble pas avoir donné
raison aux conclusions pour le moins
hâtives et irresponsables de ce
comité.
26 Juin 2012
Ennahdha au
cœur de l’extradition de Mahmoudi
Le conseiller du ministre de la
Justice Saïd Ferjani (d’Ennahdha) et
Salim El Hassi, chef des services de
renseignement libyen se sont
rencontrés, en mai dernier, à
l’hôtel parisien Georges V. Les
comptes bancaires de Mouammar
Kadhafi étaient au centre de la
discussion.
Un rendez-vous a eu lieu entre le
Libyen et le Tunisien avec l’avocat
de Baghdadi Mahmoudi, Me Marcel
Ceccaldi qui a invité les deux
dirigeants islamistes au restaurant
le Fouquet’s.
L’avocat, qui dit conserver encore
la note des frais du restaurant
ainsi que les cartes
professionnelles de ses deux
visiteurs, a notamment déclaré à
plusieurs agences de presse que le
sujet tournait autour des clefs des
comptes de Mouammar Kadhafi en
France dont seul l’ancien Premier
ministre Baghdadi Mahmoudi, extradé
dimanche de la Tunisie vers la
Libye, a les secrets et les codes.
Selon l’avocat, de M. Mahmoudi était
décidé à livrer des secrets à un
juge français concernant le
financement de la campagne
électorale de Nicolas Sarkozy et son
enrichissement personnel.
A
son retour à Tunis, Saïd Ferjani a
rendu visite à Baghdadi Mahmoudi à
la prison de la Mornaguia. Que se
sont raconté les deux hommes ? On
n’en sait rien. Et que vient faire
M. Ferjani dans ce dossier
franco-libyen ? Intervenait-il au
nom d’Ennahdha ou du gouvernement ?
Dans les deux cas, des
éclaircissements sont nécessaires.
Quoi qu’il en soit, quelques jours
après, l’avocat français a rencontré
l’ancien Premier ministre de Kadhafi
qui a souhaité livrer le plus tôt
possible quelques secrets à un juge
d’instruction français concernant le
financement de la campagne de
Sarkozy et de l’acharnement de ce
dernier dans l’intervention de
l’OTAN en Libye.
C’était le 16 juin. Huit jours
après, M. Baghdadi a été extradé de
la prison de la Mornaguia vers
Tripoli. Où il a été transféré dans
une prison. Aussitôt arrivé,
l’interrogatoire a commencé et,
selon l’avocat français, en présence
de Abdelahakim Bel Haj, chef
militaire de Tripoli, un ancien
d’Al-Qaïda, qui aurait lui-même
frappé M. Mahmoudi, transporté dans
l’après midi à un hôpital.
Interrogé à propos d’un marché
conclu entre la Tunisie et la Libye
au sujet de cette extradition, le
ministre de la Justice, Nourddine
Bhiri, et Samir Dilou, ministre des
Droits de l’Homme et de la Justice
transitionnelle et porte-parole du
gouvernement, ont affirmé qu’aucun
marché n’a été conclu entre Tunis et
Tripoli autour de cette extradition.
Auparavant, leur collègue, le
ministre des Finances, Houcine
Dimassi avait déclaré qu’en
politique il n’y a pas de morale et
qu’il y a eu des accords entre les
deux gouvernements islamistes.
26 Juin 2012
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