Opinion
Le Hezbollah
empêche la discorde au Liban
Samer R. Zoughaib
Mercredi 26 juin 2013
Une fois de plus, les calculs du
Courant du futur (CDF) et de ses
sponsors régionaux se sont avérés faux.
Non seulement Ahmad el-Assir a échoué
dans la mission qui lui était confiée,
celle de poignarder la Résistance dans
le dos, mais son aventure sanglante et
déraisonnable s'est retournée contre
eux. Pour un courant qui prétend
défendre le projet de l'Etat, des
institutions et du règne de la loi,
l'image de miliciens assassinant des
soldats et affrontant l'Armée libanaise
est embarrassante, voire désastreuse.
Surtout que tout le monde sait qu'Ahmad
el-Assir jouissait de la bienveillance,
quand ce n'est du soutien direct et
généreux, de la député Bahia Hariri et
de son fils Ahmad, secrétaire général du
Moustaqbal. Dans tous leurs communiqués,
ainsi que ceux de l'ancien Premier
ministre Fouad Siniora, jamais le nom
d'Ahmad el-Assir n'a été prononcé. Et
même lors des derniers événements de
Saïda, le CDF et
ses responsables ont toujours évité
toute allusion directe au cheikh de
Abra. Ils se contentaient de propos
vagues et de principes généraux,
dénonçant toute atteinte à l'armée et
leur refus de la prolifération des armes
illégales. En revanche, ils ne rataient
pas une occasion de mêler le nom du
Hezbollah aux incidents de Saïda, même
au plus fort des combats, alors que les
extrémistes de leur poulain el-Assir
avaient déjà tué 17 soldats libanais et
en avaient blessé une centaine d'autres.
Et lorsque les canons se sont tus, les
responsables du CDF et ses journalistes
de service se sont littéralement lâchés.
Ils ont inventé des patrouilles du
Hezbollah tirant sur la villa de Bahia
Hariri à Majdelioune, imaginé des rôles
pour les «Brigades de la Résistance» aux
côtés de l'Armée libanaise, et ressorti
l'affaire des appartements de Abra,
habités depuis un quart de siècle par
des familles proches de la Résistance.
Il s'agit d'une tentative de diversion
grotesque et hystérique pour faire
oublier que le véritable problème est
«l'assassinat de sang-froid» des
militaires de l'armée par un fou furieux
qu'ils ont créé, financé, encouragé et
entretenu.
La
discorde interdite
Mais malgré l'écran de fumée que le
Courant du futur tente de répandre, la
majorité des Libanais savent qu'Ahmad
al-Assir était un pion dans le projet de
discorde au Liban, que le Hezbollah veut
à tout prix faire avorter. Dans ce
contexte, un diplomate occidental en
poste à Beyrouth a tenu, en comité
restreint, un discours qui a surpris son
audience. Bien que son pays adopte des
positions critiques vis-à-vis de la
Résistance et soutient à fond les
rebelles syriens, il souhaite le
maintien de la stabilité du Liban. Ce
diplomate a affirmé que le Hezbollah
fait preuve d'un grand sens de la
responsabilité et d'une patience
remarquable. La communauté
internationale, a-t-il dit, est étonné
de la capacité de ce parti à ignorer les
provocations en tout genre, à éviter les
réactions impulsives, et les décisions
irréfléchies. Il a rappelé, dans ce
cadre, la décision du Hezbollah de ne
pas se laisser entrainer dans des
polémiques à connotation
confessionnelle; ses démarches visant à
calmer sa base populaire après
l'enlèvement des onze pèlerins à Alep,
en mai 2012; sa décision de ne pas
réagir après la fermeture de la route du
Sud par Ahmad el-Assir, il y a un an;
son geste humanitaire qui a consisté à
faciliter le transport des rebelles
syriens blessés dans des hôpitaux
libanais à travers
ses fiefs dans la Békaa; ses efforts
d'apaisement après l'assassinat à
caractère sectaire des quatre jeunes
gens à Ras Baalbek. A ceux parmi les
présents qui semblaient dubitatifs, le
diplomate est revenu plusieurs années en
arrière. Il a rappelé comment le parti
n'avait pas réagi violemment à la mort
de treize de ses partisans sur le pont
de l'aéroport, en septembre 1993, lors
de la répression d'une manifestation
hostile aux négociations de paix
israélo-arabes; son attitude «civilisée
et exemplaire» après le retrait
israélien du Liban-Sud, lorsqu'il a
interdit les représailles contre les
collaborateurs et leurs familles, s'en
remettant à la justice libanaise; sa
décision de remettre à la justice le
résistant qui a abattu par erreur le
pilote libanais Samer Hanna. Les
habitants de Ersal ou ceux de Tripoli en
ont-ils fait autant avec ceux qui ont
assassiné les officiers et les soldats
de l'armée? s'est interrogé le diplomate
avant de poursuivre son énumération. Il
a notamment rappelé les efforts
d'apaisement déployé par le parti et le
Mouvement Amal pour apaiser la rue après
la mort, sous les balles de l'armée, en
janvier 2007, de sept jeunes gens qui
manifestaient contre les coupures
d'électricité, près de l'église Mar
Mikhaël. Il a conclu en rappelant les
derniers propos du secrétaire général du
parti, Hassan Nasrallah, qui a rejeté
les accusations lancées contre les
habitants de Ersal d'être à l'origine
des tirs de roquettes contre le Hermel.
Après cette longue tirade, le diplomate
a affirmé que le Hezbollah résiste
opiniâtrement aux tentatives effrénées
de l'entrainer dans une discorde
confessionnelle à travers une
exacerbation du discours sectaire et une
multiplication des provocations. Selon
lui, certains pays du Golfe n'ont plus
d'autres cartes que celle de la fitna et
ils ont trouvé des acteurs libanais
prêts à la jouer. «La discorde, c'est
comme le tango, il faut être deux. Et le
Hezbollah n'en veut pas», a plaisanté le
diplomate.
Les propos de ce diplomate rejoignent
les informations sur un rapport de
services de renseignements européens
faisait état de craintes sérieuses sur
un embrasement général au Liban d'ici à
deux mois. Cette note, circulant à
Beyrouth depuis plusieurs jours, et dont
des extraits ont été publiés par le
quotidien As Safir mardi, indique que
«la décision de la paix et de la guerre
est entre les mains du parti le plus
puissant politiquement et militairement,
le Hezbollah».
Or la boussole du Hezbollah indique
clairement la Palestine, et toutes ses
priorités sont définies en conséquence.
La discorde entre sunnites et chiites
n'en fait pas parti.
Source : French.alahednews
Le dossier Hezbollah
Les dernières mises à jour
|