Opinion
La "grande
bataille de Damas"... n'aura pas lieu
Samer R.
Zoughaib
Samedi 20 avril 2013
De l'aveu des
rebelles et des médias occidentaux,
généralement peu enclins à rapporter les
succès militaires du régime, l'armée
arabe syrienne a réalisé des progrès
notables sur le terrain, qui auront des
conséquences importantes sur la suite
des événements.
La progression des troupes régulières
ces cinq dernières semaines a dépassé
les objectifs initiaux fixés par le
commandement militaire. L'avancée ne se
limite pas à un secteur bien déterminé
mais concerne plusieurs fronts,
notamment Damas, les campagnes de Homs,
Idleb et Lattaquié, ainsi que les
alentours d'Alep.
A Alep, une attaque fulgurante menée,
fin mars, par une colonne motorisée de
150 véhicules -y compris une quarantaine
de tanks- à partir de Salmiya, à Hama, a
permis à l'armée régulière d'ouvrir une
route de ravitaillement vers le sud
d'Alep et d'empêcher les rebelles
d'achever l'encerclement de l'aéroport
de la ville et du vaste complexe
industriel militaire. L'armée a sécurisé
tous les villages situés sur cette route
de plus de 120 kilomètres et a éloigné
les insurgés des environs de l'aéroport,
avant de lancer une offensive dans le
but d'opérer une jonction avec les
troupes situées au sud de la ville
d'Alep.
Utilisant la même tactique de
l'attaque fulgurante, une autre colonne
de l'armée a réussi, la semaine
dernière, à briser le blocus imposé
depuis six mois à deux bases militaires
stratégiques situées dans la province d'Idleb
(Nord), près de la ville de Maarat al-Nohman,
tombée entre les mains des rebelles en
novembre. Le désenclavement des bases de
Wadi Deif et de Hamidiya a permis
d'approvisionner les soldats qui y
étaient encerclés et de reprendre le
contrôle d'une portion de l'autoroute
Damas-Alep au niveau de Maarat al-Noham,
qui reste sous le contrôle des rebelles.
Ces derniers ont subi de lourdes pertes,
évaluées à plusieurs dizaines de morts
et davantage de blessés. Cet important
succès de l'armée lui a permis de
revenir dans la campagne d'Idleb et, par
conséquent, de réduire les pressions
exercées par les groupes armés sur le
chef-lieu de cette province, qui porte
le même nom, et qui est restée sous le
contrôle de l'armée.
Au nord de la province de Lattaquié,
non loin de la frontière avec la
Turquie, l'armée a menée une série
d'attaques destinées à désorganiser les
rebelles implantées dans des villages
turkmènes de la région.
Dans la campagne de la province de
Homs, une vaste offensive est en cours
depuis plusieurs jours dans la région de
Qoussair, non loin de la frontière avec
le Liban. Les rebelles ont perdu du
terrain et ont subi de lourdes pertes.
L'armée régulière a occupé la colline
stratégique de Mando, qui surplombe la
ville même de Qoussair, considérée comme
une des principales place-fortes des
insurgés. Ces derniers ont envoyés
d'importants renforts, acheminés
principalement du Liban, pour tenter de
reprendre cette colline. Les combats se
poursuivent presque sans interruption.
Revers
rebelles autour de Damas
Toutefois, les succès les plus
importants de l'armée syrienne ont été
enregistrés autour de Damas. Utilisant
encore une fois la tactique de l'attaque
fulgurante menée par des colonnes
motorisées très mobiles et rapides,
l'armée a pratiquement réussi à
contourner puis à encercler le fief des
rebelles appelé la Ghouta orientale (Est
de Damas). Cette vaste offensive a été
lancée vers la localité de Oteiba (30
kilomètres de la capitale) à partir de
deux axes: le premier part de l'aéroport
de Damas et de la localité de Awamid et
le second de la localité de Doumeir et
de son aérodrome militaire. Cette
attaque a permis à l'armée régulière
d'encercler la Ghouta orientale, où sont
retranchés des milliers de rebelles, et
d'où les renforts et le ravitaillement
étaient
envoyés aux insurgés retranchés dans la
banlieue de Jobar, situé à un kilomètre
de la célèbre place des Abassides, à
l'intérieur même de Damas. Pour
compléter le blocus total et hermétique
de la Ghouta orientale, l'armée doit
encore occuper les localités de
Nachabiyé et de Marj el-Sultan, à l'est
de l'aéroport international de Damas.
Dans le même temps, les troupes
régulières ont repris le contrôle de la
quasi-totalité de Daraya, considérée
comme le principal quartier général
rebelle, situé dans la Ghouta
occidentale (sud-ouest de Damas),
sécurisant davantage la route de
l'aéroport, qui sépare les Ghouta
orientale et occidentale.
Selon des experts militaires, ces
opérations visent à empêcher les forces
rebelles d'opérer la jonction entre les
Ghouta orientale et occidentale,
condition préalable et indispensable
pour lancer la fameuse "attaque
décisive" contre Damas. Surtout qu'une
telle jonction assurerait aux rebelles
une continuité géographique allant du
Nord-est de la capitale à leurs fiefs
dans la province de Daraa, au Sud, en
passant par la Ghouta occidentale.
A Daraa, plusieurs milliers
d'insurgés, entrainés, équipés et armés
par les troupes spéciales américaines en
Jordanie (de l'aveu même des médias
américains et britanniques), ont lancé
une offensive qui leur a permis
d'occuper une ceinture de 25 kilomètres
le long de la frontière avec le royaume
hachémite ainsi que plusieurs localités,
notamment la grande bourgade de Daël.
Mais après ses succès initiaux,
l'avancée rebelle a été stoppée par
l'armée qui a regroupé ses troupes et
lancé une contre-offensive.
La conséquence première de ces
développements militaires, plus
particulièrement autour de la capitale,
est que la grande bataille de Damas,
dont les préparatifs se déroulaient
d'arrache-pied depuis des mois, n'aura
pas lieu dans les mois à venir. Cité par
le quotidien saoudien Ach Shark Al-Awsat,
le porte-parole officiel du secteur sud
de l'«Armée syrienne libre» (ALS,
rebelles), Matar Ismaïl, reconnait ces
faits. «La bataille de Damas n'aura pas
lieu dans les prochaines semaines, comme
l'affirment les médias, dit-il. Après
l'ouverture (par l'armée) des fronts de
Oteiba et de la Ghouta orientale, à
partir de Doumeir et de l'aéroport, le
lancement de l'offensive contre la
capitale a été reporté». Un certain Abou
Adel, présenté par le même journal comme
membre du «Bureau de la communication
des forces rebelles» à Jobar, estime,
quant à lui, que l'heure de la bataille
décisive de Damas est «très lointaine».
Ces développements militaires, qui ne
sont pas en faveur des rebelles, en
dépit de leur relative progression à
Daraa, éloignent la perspective de la
chute du régime à court ou moyen termes,
y compris dans le discours politique des
puissances occidentales. Il ne faut pas
s'étonner, dès lors, que ces pays
reprennent prochainement langue avec la
Russie pour reparler de la «solution
politique».
Source: moqawama.org
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