Opinion
ONU: le discours
va-t-en-guerre de Netanyahu contre
l'Iran
S.G.
Mardi 1er octobre 2013
Le Premier
ministre israélien Benjamin Netanyahu a
affirmé solennellement mardi à l'ONU que
son pays était prêt à "agir seul"
militairement pour empêcher Téhéran de
se doter de l'arme nucléaire, rompant
ainsi avec le timide rapprochement de
son allié américain avec l'Iran la
semaine dernière.
"J'aimerais croire Hassan Rohani mais
je ne le peux pas", a-t-il encore
déclaré en référence aux déclarations
conciliantes du président iranien.
Celui-ci a juré que l'Iran ne cherchait
pas à se doter de la bombe, ce
dont Israël et les Occidentaux le
soupçonnent. Pour le Premier ministre
israélien, le nouevau président iranien
est "un loyal serviteur du régime", pas
plus fiable que son prédécesseur Mahmoud
Ahmadinejad, qui se livrait à de
violentes diatribes anti-israéliennes à
la tribune de l'ONU. Il faut "se
concentrer sur les actions de l'Iran",
a-t-il estimé, et en attendant il faut
"maintenir la pression" et les sanctions
contre Téhéran, de façon à s'assurer que
le programme nucléaire iranien soit
"démantelé complètement et de façon
vérifiable".
Pas de
compromis
"Israël ne laissera pas l'Iran
obtenir des armes nucléaires.
Si Israël est obligé d'agir seul, il
agira seul", a-t-il martelé devant
l'assemblée générale de l'ONU, dénonçant
un Iran "provocateur et
belliqueux". L'Iran n'a pas encore
franchi la ligne rouge, a-t-il expliqué,
mais il "veut être en position de
pouvoir accélérer et construire des
bombes atomiques" quand il le voudra
"avant que la communauté internationale
ne puisse le détecter et l'empêcher".
Il a estimé qu'un Iran nucléaire
serait aussi dangereux que "cinquante
Corées du Nord". "Face à une telle
menace, Israël n'aura d'autre choix que
de se défendre", a-t-il souligné. "Je
n'accepterai jamais qu'un régime qui a
juré à plusieurs reprises de nous rayer
de la carte aie des armes nucléaires
(..) je ne ferai jamais de compromis sur
la sécurité de mon peuple et de mon
pays".
Pas d'accord
partiel
On ne doit "lever les sanctions que
quand l'Iran aura totalement démantelé
son programme de fabrication d'armes
nucléaires", a poursuivi Benjamin
Netanyahu, qui a rejeté l'idée d'un
"accord partiel" relâchant l'étau en
échange de "concessions
superficielles"
de la part de Téhéran. Il a énuméré une
série de mesures que les Iraniens
devraient prendre, à commencer par
"cesser tout enrichissement de leur
uranium" et transférer en dehors d'Iran
les stocks d'uranium enrichi. L'uranium
peut faire marcher une centrale
nucléaire civile mais, à un plus haut
dégré d'enrichissement, il peut aussi
servir à fabriquer une bombe.
Le premier ministre israélien prend
ainsi et une nouvelle fois le
contre-pied de Barack Obama. Ce dernier
avait eu une conversation téléphonique
historique avec son homologue iranien
vendredi dernier, qui avait accepté de
reprendre les négociations sur le
nucléaire avec les pays membres du
groupe 5+1 (les cinq grandes puissances
et l'Allemagne) à la mi-octobre à
Genève. Tout en réclamant que
l'offensive de charme du président
iranien soit suivie d'effet, Barack
Obama avait choisi de "donner une chance
à la diplomatie" et n'avait pas exclu que
Téhéran puisse conserver une capacité
nucléaire civile.
Discours belliqueux pour
Téhéran. Un diplomate iranien a
immédiatement réagi en séance au
discours de M. Netanyahu en le
qualifiant d'"extrêmement provocateur"
et de "belliqueux". Selon Khodadad Seifi,
conseiller à la mission iranienne auprès
de l'ONU, "toutes les activités
nucléaires iraniennes ont, et ont
toujours eu, un objectif exclusivement
pacifique".
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S.G.
© Journal
L'Humanité
Publié le 2 octobre 2013 avec l'aimable
autorisation de
L'Humanité
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