Centre
Palestinien
d'Information
Opinion
Les échecs et la
réussite du chef d'état-major israélien
Robin Badhstour
Photo CPI
Vendredi 17 septembre 2010
Tout d’abord, il faut noter qu’on ne pourra
en aucun cas qualifier le chef d’état-major actuel d’excellent.
Récemment, il a échoué à deux reprises ; il ne s’est pas du tout
montré suffisamment efficace.
Le général Gabi Ashkenazi est un excellent
chef d’état-major. Il y a un accord quasi-total sur ce sujet,
entre les politiciens et la plupart des envoyés et des analystes
militaires. Peut-être cela est-ce vrai ; mais comment
pourra-t-on dire qui sera le bon chef d’état-major ? Il faut
savoir qu’en "Israël", le chef d’état-major est le personnage le
plus important, tout de suite après le chef du cabinet. Cela
dit, il sera très important de ne pas le regarder d’un seul
angle : la qualité de son travail ; il est surtout important de
regarder sa vision, sa capacité stratégique.
En "Israël", le gouvernement n’a de pouvoir
sur l’armée que sur la planification. Les ministres de ce
gouvernement sont souvent obligés de se référer aux suggestions
de l’armée. Et étant donné que l’armée est un corps idéalement
hiérarchique, c’est le chef d’état-major qui décidera en fin de
compte ce qu’il montrera au gouvernement ou non.
Il est alors logique que la vision du chef
d’état-major influence les suggestions proposées aux ministres.
Le chef d’état-major, s’il ne croit pas possible une solution
politique avec nos ennemis (les Palestiniens), il est quasiment
sûr qu’il ne conseillera pas au gouvernement d’entamer des
négociations politiques. Son alternative, pour résoudre le
problème, sera la force militaire. Et c’est ainsi qu’ont réagi
les chefs d’état-major. Rafael en 1982 : la première guerre du
Liban. Mofaz, en septembre 2000 : la Première Intifada. Dan
Haloutz, en juillet 2006 : la deuxième guerre du Liban.
Quelle serait la vision générale
d’Ashkenazi ? On n’en sait rien ; non qu’il n’en a pas une, mais
parce que tout le long de son mandat, il n’a pas donné une seule
conférence de presse. Ceux qui le soutiennent voient en ce
silence un point positif. Le chef d’état-major devra accomplir
son travail comme il faut, il n’a à donner d’interviews. C’est
une grande erreur de croire en cela, le chef de l’armée devra
exposer ses visions stratégiques au public.
On ne lui demande pas de parler d’une
affaire politique, comme la construction d’un Etat palestinien,
mais d’autres sujets, telle la balance stratégique au
Moyen-Orient, l’image que devra avoir l’armée. Il nous intéresse
par exemple de connaître son avis sur la mobilisation des
étudiants des instituts religieux. Le chef d’état-major reste
une personnalité publique, ses avis ont de l’importance quand il
y a une discussion publique. Il devra faire entendre son avis
lorsque, par exemple, des colons (israéliens) attaquent des
soldats (israéliens), dans les territoires palestiniens. Ces
territoires sont sous l’administration de l’armée (israélienne)
qui y a le plein pouvoir. Pourtant, Ashkenazi a préféré le
silence. Mais ce qui est vraiment préjudiciable, c’est que les
médias l’ont non seulement pardonné, mais ils ont de plus
encouragé son silence.
Ashkenazi est un excellent chef
d’état-major, tout le monde le chante car il a bien reconstruit
l’armée, après la deuxième guerre du Liban. Comment en est-on si
sûr ? En se basant sur la performance de l’armée israélienne
durant l’opération Plomb durci (la dernière guerre agressive
israélienne menée contre Gaza). Oui, c’est possible, depuis
qu’il a fait son entrée dans le bureau du chef d’état-major, les
dépôts d’urgence sont remplis d’appareils de combat. Les
réservistes, délaissés depuis des années, ont été appelés aux
entraînements.
Les médias israéliens ont voulu dire au
public que l’armée israélienne a fait son travail de façon
parfaite, dans cette guerre de Plomb durci, en tirant des leçons
de la guerre du Liban. Ils ne disent cependant pas que pendant
les vingt-deux jours de combat, pas une seule vraie bataille ne
n’a eu lieu. Les combattants du Hamas n’ont nullement essayé de
stopper l’armée israélienne. Ils ont préféré se retirer sans
combat. Probablement, l’armée israélienne s’était construite,
mais sont opération de Plomb durci n’en est pas la preuve.
Il reste à voir la performance du chef
d’état-major au moment d’une épreuve. Dans le temps de son
mandat, il a eu deux occasions, et dans les deux cas, il n’a pas
enregistré une quelconque réussite. L’opération militaire contre
la flottille turque était un échec, un échec pour le chef
d’état-major qui en porte la totale responsabilité. Et le
comportement d’Ashkenazi dans l’affaire du « Document » est
douteux, dans le meilleur des cas.
Donc, avant de rejoindre la troupe vantant
le chef d’état-major, nous devons poser des questions sur la
façon de mesurer ses qualités. Enfin, il n’est pas évident qu’un
examen approfondi de la performance d’Ashkenazi puisse faire de
lui un « excellent chef d’état-major ».
Article écrit par Robin Badhstour, dans le
journal hébreu Haaretz, le 13 septembre 2010, traduit et résumé
par le département français du Centre Palestinien d’Information
(CPI)
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