Opinion
Le combat Obama -
Netanyahu, la revanche
Robert Bibeau
Mardi 31 mai 2011
Nombreux sont les
commentateurs sportifs ayant assisté à la dernière confrontation
Obama-Netanyahu à avoir déclaré le pugiliste Netanyahu vainqueur
par KO technique, surtout après le 4e round dans la
salle du Congrès américain que le lutteur sioniste a remporté
haut la main. Tous ces analystes oublient simplement que ce
n’était qu’un combat qui appelle un match-revanche qui lui
n’aura lieu qu’après 2012, suite à la réélection possible
d’Hussein Obama comme aiment l’appeler les évangélistes
américains.
Passons en revue les
quatre premiers rounds de ce récent combat singulier. Le 13 mai,
George Mitchell, l'émissaire spécial de Barack Obama au
Moyen-Orient démissionne, suite à l’échec de sa mission
soi-disant de paix.
« En fait, c'est un
constat d'échec pour ce diplomate chevronné, qui tire un mauvais
bilan de ses deux années à tenter de briser l'impasse entre
Israéliens et Palestiniens. Navettes, entretiens, pressions,
compromis… Tout y est passé, en vain. Georges Mitchell n'a pas
réussi à relancer le processus de paix, pas même à réunir les
deux parties face à face autrement que pour des « photos », des
séances photos sans lendemain comme le Proche-Orient en a tant
connues. » (1)
Quand Barack a été élu à
la présidence américaine, il avait sincèrement le projet de
régler l’affaire palestinienne selon le point de vue américain
évidemment, c’est-à-dire d’amener le leadership palestinien
accrédité par Washington (L’Autorité sans autorité) à imposer
d’autres compromis honteux au peuple palestinien en récompense
de quoi lui, le Président des États-Unis (siégeant à dix mille
kilomètres de la terre sainte), accorderait un État (bantoustan)
au bon peuple palestinien, ce bantoustan couvrant la bande de
Gaza actuelle et une partie de la Cisjordanie. L’étendue du
terrain en Cisjordanie serait l’objet des négociations entre le
gouvernement qui gère la base militaire américaine au Levant et
l’Autorité palestinienne de l’accommodant Mahmoud Abbas,
président illégal depuis deux ans.
L’une des concessions
importantes attendues du traître Abbas concernait les 4 millions
et demi de réfugiés palestiniens qui ne devraient avoir droit de
retour que dans l’État bantoustan à venir; l’autre concession
concernait Jérusalem : un village de la banlieue de la capitale
israélienne serait rebaptisé Jérusalem et tiendrait lieu de
capitale éternelle pour le peuple martyr palestinien, comme
Yasser Arafat l’avait déjà concédé précédemment. Enfin. L’État
bantoustan devrait être démilitarisé et seuls les services de
sécurité répressifs seraient chargés d’incarcérer les
palestiniens refusant ces concessions. Dernière concession l’eau
disponible dans toute cette région serait en définitive sous
contrôle israélien.
« Une
Autorité palestinienne extrêmement souple, comme l'ont montré
les « Palestine Papers », les documents de négociation qui ont «
fuité » du côté de la chaîne Al Jazeera. Mais un leadership
faible, incarné par Mahmoud Abbas » (2)
Ayant arraché toutes ces
concessions aux négociateurs palestiniens, Barack Obama croyait
l’affaire entendue. Il se heurta au gouvernement fasciste
israélien qui avait justement été placé là par l’aile radicale –
revancharde – du Congrès américain en prévision de ce bras de
fer anticipé. Le gouvernement Netanyahu croit fermement que le
temps n’est pas encore venu de négocier et de régler avec les
traîtres palestiniens et que davantage de terre, d’eau et de
concessions peuvent leur être arrachées. Voilà toute la
différence qui oppose les deux pugilats.
La démission de Mitchell
étant annoncée, Barack Obama s’avança dans l’arène le 19 mai
dernier pour faire une grande déclaration impérialiste sur les
affaires des peuples du Proche-Orient. Dans ce discours le
président américain fit simplement le constat d’échec de toute
sa politique étrangère dans cette partie du monde.
Après avoir humilié son allié pakistanais, il le voit se
tourner de plus en plus résolument vers l’impérialisme chinois
concurrent, et soutenir les Talibans qui vont finir par chasser
l’OTAN de leurs terres. L’Irak est maintenant dans la sphère
d’influence iranienne et l’Iran poursuit son développement
nucléaire et économique sous la houlette chinoise. Le
gouvernement libanais est paralysé mais loin du contrôle
américain. De nombreux pays arabes ont connu des révoltes mais
aucune n’est vraiment apaisée, ni aucun gouvernement à la solde
véritablement stabilisé. La marmite arabe pourrait ré-exploser
sous peu. Obama promet un Plan Marshall pour l’Égypte et la
Tunisie notamment, et il promet même de déposer un milliard de
dollars dans la corbeille, alors qu’il ne possède pas les
crédits nécessaires pour payer les fonctionnaires américains qui
pourraient se trouver en chômage technique sous peu. De toute
façon, que serait un milliard quand la Tunisie à elle seule
réclame 25 milliards ? Les chinois, les véritables banquiers du
monde (3 000 milliards de réserve), n’ont pas dit qu’ils
contribueraient à ce plan mort né. (3).
Sur la question
palestinienne par contre, Obama a été très précis dans ce
discours et pour la première fois de l’histoire américaine
récente il annonce un programme complet et compromettant. Il
indique qu’il maintiendra la pression sur les négociateurs
palestiniens pour qu’ils ne remettent aucunement en question les
concessions déjà convenues; cela visait particulièrement le
Fatah et le Hamas pour qu’ils ne se lancent pas dans une
surenchère de demandes et de refus pour gagner les élections
qu’il a prévues pour eux l’an prochain. Donc, la question de
Jérusalem comme capitale, la question des réfugiés et la
question de l’État démilitarisé ne devront pas ressurgir lors
des négociations qu’il souhaite pour après 2012.
Aux Israéliens, Barack
Obama signifia que premièrement il prenait acte de l’échec de sa
politique étrangère les concernant au cours de ce premier
mandat; mais qu’il entendait se reprendre après sa possible
réélection et que, cette fois, pour son dernier mandat, il
entendait les faire plier. La condition qu’il leur a annoncée
est précise : il souhaite un accord de paix entre les deux
belligérants et la création d’un État palestinien dont les
frontières devront être fixées À PARTIR DES LIMITES DE 1967,
CECI PERMETTANT DES ÉCHANGES DE TERRITOIRES CONVENUS ENTRE LES
DEUX PARTIES. Chaque mot de cette sentence est très important à
comprendre.
Ceci signifie qu’il ne
veut pas d’un État palestinien en fromage gruyère formé d’une
constellation de cités emmurées et reliées entre elles par des
tunnels, comme le proposent les sionistes. Qu’il accepte que
certaines colonies sionistes (Ariel par exemple) soient annexées
par Israël en contre partie de territoires quelconques à
convenir entre eux.
Obama sait très bien qu’il
a étiré la corde pour pendre les leaders palestiniens à son
maximum et qu’il ne peut leur en réclamer davantage au
risque de les obliger à se faire harakiri devant leur peuple.
Par contre, il savait que Netanyahu n’accepterait jamais ces
compromis et qu’il se rebifferait,
Obama ne comptait pas
obtenir son assentiment et de fait il annonce sans le dire que
ce dossier est clos pour lui jusqu’après les élections de 2012.
Par contre, pour que cette
manigance fonctionne, Barack Obama avertit déjà la partie
palestinienne qu’elle ne doit pas s’enfermer dans les frontières
rigides de 1967 (lui-même utilise le terme « limites » de 1967)
par une malencontreuse résolution bidon à l’Assemblée générale
de l’ONU en septembre, résolution dont le Hamas ou d’autres
factions palestiniennes se serviraient ensuite pour remettre en
question d’autres concessions territoriales à venir pour les
palestiniens et
l’annexion israélienne de Jérusalem-Est déjà concédée depuis
l’époque d’Arafat.
Benjamin Netanyahu
comprend tout cela et il s’empresse, au moment même où son
président fait son discours, d’annoncer sa rébellion et la
construction de nouveaux logements à Jérusalem annexée. Le
lendemain il se présente à la Maison Blanche en rejetant
péremptoirement toutes les prémices présentées par son
supérieur. Il court les médias américains pour insulter son hôte
et en remettre toujours davantage. Il se présente enfin au
Congrès pour annoncer son soutien au candidat républicain pas
encore choisi; le Congrès à majorité républicaine l’entend bien
ainsi et lui accorde ovation après ovation. L’élection
américaine de 2012 est déjà engagée… Mais les primaires ne se
tiennent pas dans les salons du Congrès.
Pendant ce temps Barack
Obama tolère patiemment rebuffade après insulte, agression
verbale après humiliation tonitruante sachant que, le poltron
Netanyahu peut bien s’exciter tant et mieux, la véritable
bataille ne se gagnera pas là et qu’à trop humilier et insulter
publiquement le Président des États-Unis d’Amérique le larbin
nuit à sa propre cause.
Les analystes politiques
américains et français ne s’y trompent pas et annoncent déjà
pour l’automne violence et troubles en Palestine occupée. Le
peuple palestinien lui ne dit mot, il écoute et il comprend que
des tas de gens sont à discuter et à se chamailler sur son dos
sans aucunement écouter ses propos.
Les peuples arabes ont
accumulé, depuis l’époque des Croisades puis de la colonisation
européenne, une longue expérience de ces batailles contre
l’occupant et de la trahison de certains de ses dirigeants,
et ils savent que
souvent il faut beaucoup de temps avant que le vent change de
direction.
L’évolution démographique
régionale, l’évolution économique (faillite de l’économie
américaine), l’évolution politique et militaire (défaite
militaire américaine après défaite) jouent toutes en faveur du
peuple palestinien sur le long terme.
Il lui suffit de maintenir ses positions de principes et
de laisser le monde impérialiste occidental s’enferrer toujours
davantage dans cette situation inextricable pour que dans vingt
ou quarante ans la « datte » israélienne lui tombe dans les
mains comme un fruit mûr (4).
(1)
http://www.rue89.com/2011/05/28/proche-orient-rendez-vous-a-la-prochaine-explosion-de-violence-206380-0
(2)
http://www.rue89.com/2011/05/28/proche-orient-rendez-vous-a-la-prochaine-explosion-de-violence-206380-0
(3)
« Et
encore, ce qui rend le FMI attirant, est qu'il peut fournir un
soutien financier à ses pays membres. Depuis 2009, les fonds que
possède le FMI ont augmenté, passant de 250 milliards de dollars
à 900 milliards de dollars. Pour vous donner une idée concrète
de ces 900 milliards de dollars, les réserves en devises de la
Chine ont déjà dépassé 3 000 milliards de dollars, soit plus du
triple. D'ailleurs, les fonds du FMI, qui ont subitement
augmenté, ont un caractère de bulle, du fait qu'ils sont liés à
la politique monétaire souple de la réserve fédérale américaine.
Ainsi à l'heure actuelle, le rôle du FMI est très limité pour
sauver l'Europe de la crise de la dette, bien qu'il soit aux
mains des Européens. Quel résultat y aura-t-il pour les nouveaux
pays montants, si un candidat venant de ces pays émergents est
élu directeur général du FMI ? »
http://chine.aujourdhuilemonde.com/une-solution-chinoise-pour-le-fmi
(4)
http://www.foreignaffairs.com/articles/67863/daniel-levy/same-netanyahu-different-israel?page=3
Robert Bibeau gère le site
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