Opinion
Ça va de mal en
pis à Hydro-Québec
Privatisation
d'une société d'Etat
Robert
Bibeau
Pierre
Karl Péladeau
Mercredi 24 avril
2013 Ça va de mal en pis, c’est ainsi que nos
pères patriotes statuaient à propos des
mauvaises nouvelles qui s’empilaient à
l’horizon politico-économique.
L’instinct de gauche – quasi-inné chez
tous les travailleurs – leur permettait
instantanément de percevoir l’intention
dissimulée sous le geste apparemment
désintéressé. La semaine dernière la première ministre
du Québec madame Pauline Marois, chef du
Parti Québécois, annonçait fièrement la
nomination du magnat des communications
M. Pierre Karl Péladeau (PKP) à la
présidence du conseil d’administration
de la société d’État Hydro-Québec, l’une
des plus grosses corporations publiques
au Canada, premier producteur
d’électricité au pays (1). M. Péladeau,
milliardaire de son état, renoncera à
son salaire de 125 000 dollars. En
effet, l’opération que je vais vous
révéler risque de lui rapporter beaucoup
plus que ce salaire de pitié (2).
Bonne nouvelle, renchérirent à qui
mieux-mieux les éditorialistes et autres
pseudos analystes à la solde de l’empire
des communications Quebecor-Vidéotron
comme des autres monopoles de
l’information (Gesca, Bell, Rogers,
Radio-Canada monopole d’État, etc.) (3).
Quand je dis que ça va de mal en pis
vous aurez compris ! La nomination d’un
ploutocrate des communications
(Quebecor) et des télécommunications (Vidéotron)
à la tête d’une société d’État de
l’électricité qui a la particularité de
remettre des bénéfices mirobolants (plus
de 2 milliards de dollars par année en
moyenne), que la bourgeoisie capitaliste
monopoliste convoite au point de devoir
s’en cacher et qu’elle souhaite voir
privatiser depuis nombre d’années, est
une mauvaise nouvelle pour les ouvriers
(4).
Non pas
qu’une société d’État ce soit un morceau
de socialisme virtuel
– rien de tel. Une société d’État sous
régime capitaliste est un morceau de
capitalisme géré directement par les
sous-ministres au service des riches,
par et pour le bénéfice les riches
monopolistes. Mais du fait même que la
classe capitaliste ait jugé nécessaire
d’en faire une société d’État – le temps
de lui faire assumer les lourds
investissements d’infrastructures
risqués (barrages hydro-électriques et
lignes de haute tension; tout ceci étant
aujourd’hui accompli) – entraine que la
grande bourgeoisie doit tolérer un
intermédiaire étatique dans le processus
de circulation du capital qui, plutôt
que de tomber directement dans son
escarcelle, doit auparavant passer par
un processus de conciliation publique.
J’explique. Dans le cycle normal de
circulation du capital, le
capital-argent est
investi par le monopole capitaliste pour
être transformé en
capital-productif –
chantiers de construction de barrages
pleins d’ouvriers, et de parcs
d’éoliennes pleins de travailleurs
productifs, qui y abandonneront tous
leur
plus-value
produite – puis le produit fini, enrichi
de la plus-value ouvrière, est vendu sur
le
marché de l’électricité
– par cette vente le monopole
capitaliste récupère et son
capital
fixe-constant et son
capital variable-circulant
et surtout la
plus-value
nouvellement produite
qu’il empoche aussitôt. Ce que l’on
appelle le
capital-marchand-financier
qui, réinjecté dans l’économie pour lui
assurer un nouveau cycle de reproduction
élargie, va générer sa manne de
plus-value-profits…ainsi
va le fric sous le capitalisme
monopoliste.
Dans une structure de
capitalisme
monopoliste étatique,
comme le gouvernement du Québec et
Hydro-Québec, le
capital-marchand-financier
récupéré suite à la vente de
l’électricité doit subir une
étape de
conciliation-partage
entre la petit capital (PME) et les
demandes de la petite bourgeoisie
bureaucratique-gouvernementale et le
grand capital qui voit son pécule public
rogné d’une certaine quantité avant de
lui être retourné sous forme de baisses
de tarifs d’électricité consenties en
faveur des super gourmandes alumineries
et des très gourmandes fonderies,
aciéries, etc. Rio-Tinto-Alcan –
Rio-Tinto-Québec-fonderie, Alouette,
Poudres métalliques de Sorel, Arcelor-Mital
de Contrecœur, etc.
Pendant cette phase de conciliation des
intérêts de classes, la bourgeoisie
non-monopoliste (PME) et la petite
bourgeoisie
bureaucratique-gouvernementale, faisant
pression sur les marionnettes politiques
fraîchement élues, parviennent à
arracher quelques concessions – quelques
miettes de la plus-value expropriée aux
ouvriers sur les chantiers – autant de
taxes et d’impôts à payer en moins pour
«bozos les culottes» que nous sommes.
Le bénéfice est mince, je vous
l’accorde, mais réel. C’est cette
partition des profits d’Hydro-Québec
entre les super-riches, la petite
bourgeoisie, les PME et les travailleurs
qui déplaît aux monopolistes et chacun
d’entre eux se demande pourquoi ils
devraient partager les bénéfices publics
– qu’ils considèrent leurs propriétés
privés car les capitalistes ont une
conscience de classe aiguisée et ils
refusent de partager ces deniers avec
les péquenots sous le préau.
De nombreux prétendants du grand capital
(dont messieurs Legault et Sirois de la
Coalition Avenir Québec) se proposaient
de régler cette affaire et de privatiser
la société d’État de façon que chacun
puisse placer son capital
d’investissement (achats d’actions et
d’obligations privées corporatives
plutôt que de laisser ce joyau au
gouvernement seul actionnaire public)
si
bien qu’à tous les trimestres les
dividendes d’Hydro-Québec leur seront
directement et intégralement versés dans
leur compte en Suisse ou aux Iles
Caïmans sans attendre et sans
intermédiaire étatique.
Il est entendu que la société privée
HYDRO-QUÉBEC INC aura toujours
l’obligation d’exploiter les ouvriers
afin de vendre l’électricité très cher
aux particuliers-ouvriers-consommateurs
et à prix coupé aux grandes corporations
milliardaires privées – comme elle le
fait présentement, ce mandat d’enrichir
les monopolistes privés ne changera pas.
C’est l’étape du partage d’une partie
des dividendes de l’Hydro entre les
travailleurs-payeurs, ses alliés de la
petite bourgeoisie besogneuse, et le
grand capital monopoliste qui serait
ainsi abolie.
Chacun aura compris le but de la
manœuvre politique qui consiste à nommer
un magnat de la presse et de la télé à
la tête de la société d’État à
privatiser.
Le PQ
entreprend la phase préparatoire de
l’opinion publique en vue de cette
grande braderie. Compter
sur Péladeau sa télé et ses journaux
pour nous expliquer les bienfaits de la
privatisation d’Hydro-Québec.
En effet, il est requis de sérieusement
embrouiller les cartes pour vendre
l’idée aux ouvriers québécois, pas bêtes
du tout, que de les piller davantage et
de les surtaxer en supplémentaire après
la saison régulière (ce qui sera le
résultat final de l’arnaque) est un
excellent «deal» pour eux. Pas facile de
faire passer une vessie pour une
lanterne. La joute est engagée et je
crois que le petit peuple du Québec ne
sera pas le dindon de la farce et qu’il
continuera de s’opposer farouchement à
toute privatisation de cette société
d’État…
Nous refusons de renoncer aux quelques
miettes qui tombent de la table des
riches et d’Hydro-Québec…en attendant
que l’on exproprie, et pour de vrai, et
sans compensation, la table tout
entière.
(1)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Karl_P%C3%A9ladeau
(2)
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/376011/pierre-karl-peladeau-presidera-hydro-quebec
(3)
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2013/04/17/003-pierre-karl-peladeau-conseil-administration-hydro-quebec.shtml
(4)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hydro-Qu%C3%A9bec
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