Opinion
L'État voyou ou le
Capo di Capo de l'économie mondiale
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 23 octobre 2013
La dette souveraine d’un croque-mitaine
À l’automne 2013, le gouvernement
américain insolvable a tenu le monde
financier en haleine en refusant de
rembourser ses créanciers. La crise
s’est finalement résorbée quand le
Congrès étatsunien a accepté d’emprunter
encore d’avantage, alourdissant un
découvert qui ne sera jamais
couvert, comme chacun l’aura subodoré.
Tous les pays du monde doivent
créances auprès des banques. Cette
situation généralisée serait donc
normale et tolérable, mais est-elle
inévitable ? Cette situation est
inévitable ! Le fait que tous les pays
doivent de l’argent n’est pas du tout
rassurant et cet endettement
catastrophique est totalement inévitable
en économie capitaliste du moins. Deux
définitions suffiront à comprendre de
quoi il retourne quand les économistes
de service supputent à propos de la
dette publique (1).
La dette souveraine est,
dans le domaine des finances publiques,
l'ensemble des engagements financiers
pris sous forme d'emprunts par un État
souverain ainsi que par les
collectivités publiques et les
organismes qui en dépendent directement
(les corporations, les organismes de
sécurité sociale, d’enseignement et de
formation, etc.). On distingue la
dette publique intérieure, détenue
par les agents économiques (Fonds de
placements, banques, fiducies) résidant
dans l'État émetteur d’obligations et la
dette publique extérieure, détenue
par des prêteurs étrangers,
gouvernements ou banquiers (2).
Le tableau, visible sur ce lien
URL [http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_
countries_by_external_debt] présente
une liste de 188 pays classés selon
l’importance décroissante de leur dette
extérieure en 2013 (3). Tous les pays
ont une dette comme vous le constaterez.
Personne ne sera étonné
d’apprendre que les États-Unis
sont les premiers de cette collégialité
d’endettée.
Par contre, plusieurs seront
surpris d’apprendre que la riche Arabie
saoudite, le Qatar et les Émirats arabes
Unis, lesquels financent les djihadistes
qui agressent la Syrie, font partie des
pays endettés, et se retrouvent
respectivement au
34e
rang avec 134 milliards $,
au
33e
rang avec 137 milliards $,
et en 32e
position
avec 163 milliards de dette souveraine.
Afin d’apprécier l’état de
détresse qu’engendre la dette dans un
pays par rapport à un autre, différentes
classifications sont proposées selon :
1)
l’importance de la dette en fonction du
Produit Intérieur Brut (4);
2)
l’importance de la dette en fonction de
la population (5);
3)
l’importance de la dette nette une fois
soustraites les créances à recouvrer,
Les modalités d’emprunt des États
souverains
Ces dettes souveraines, quelles
que soient les modalités de calcul et de
comparaison, sont fondamentalement
acquises par trois types de créanciers
:
1) L’État
emprunteur émet des obligations que
les citoyens
de ce pays achètent via leur fonds
de pension, les fonds de placements, les
banques, les caisses d'épargne, etc. On
dira que la
dette est intérieure puisque ce sont
les institutions de l'État qui devront
aux citoyens du pays une certaine somme
à rembourser, grevée d’un intérêt, façon
de redistribuer la plus-value ouvrière
aux tondeurs de coupons.
Fait étonnant ici. Il advient souvent
que des particuliers milliardaires
spéculateurs et des institutions
financières acquièrent ces obligations
nationales
à crédit – sans verser un sou pour
l’achat de ces produits financiers.
Créances qu’elles revendront après un
certain temps sur promesse de paiement à
un autre conglomérat financier qui
achètera aussi cette créance
à crédit. Ces transactions font
partie des
produits financiers dérivés. C’est
ainsi que chacun de ces acquéreurs
spéculateurs produit de la monnaie sans
valeur d’échange, de la monnaie
inflationniste, qui quémande son intérêt
financier alors qu’elle n’a aucunement
servi à produire des marchandises ou à
les valoriser.
2) Les
clients acheteurs d'obligations
nationales peuvent être les institutions
d’un pays étranger qui achètent via des
agences de placement internationales;
des gestionnaires de fonds; la banque
centrale ou une autre banque d’un État
créancier. Ici,
la dette sera dite extérieure et
l’intérêt sera payé par cet
État-emprunteur-débiteur, une manière
d'exporter la plus-value nationale vers
les États prêteurs. Ainsi, la Chine, qui
détient 3,300 milliards de dollars de
créances américaines, devrait posséder
un immense ascendant sur les étatsuniens
paupérisés. Il n’en est rien
pourtant, nous verrons bientôt pourquoi.
3) Mais
les États emprunteurs sont plus retors
qu’on ne le pense. Le troisième acheteur
d'obligations étatiques peut être
la Banque centrale du pays emprunteur
(exemple la FED étatsunienne). Vous avez
alors un
pays emprunteur qui sollicite de
l’argent qu’il ne possède pas et se le
prête à lui-même à intérêt composé.
De l’argent crédit-papier, appelé «obligation
nationale», sera émis par le
gouvernement national emprunteur à
destination du gouvernement national
prêteur (c’est-à-dire lui-même) contre
un papier-monnaie sans valeur (sans
travail productif ayant engendré la
création de valeurs accréditant ce
papier monnaie).
C’est la Banque centrale de
l’État qui émettra du papier monnaie –
des papiers à ordres – des créances – du
papier crédit sans valeur dont elle
inondera le marché. Selon ce scénario il
est entendu que
l'État emprunteur floue l'État prêteur
(c’est-à-dire lui-même) et
floue également tous ses autres
créanciers, les fonds
d’investissements et les banques privées
ainsi que ses créanciers étrangers venus
de Chine, de Corée, du Japon, de France,
d’Arabie, du Qatar qui se retrouvent
tous avec de la monnaie déflationniste
sur les bras ayant de moins en moins de
valeur marchande. Pourtant, personne ne
peut s’en débarrasser puisque tous ont
déjà leur lot et nul ne souhaite
accroître ses pertes. Pourtant, l’État
emprunteur ne peut faire autrement à
moins de déclarer faillite
immédiatement.
La dette nette et la dette brute
Autre élément à considérer dans
cette équation de la dette souveraine et
de la charge fiscale des ouvriers.
Il y a la
dette nette et il y a la
dette brute de L’État.
La dette brute c’est la somme de
ce que l’État a emprunté, à
l’interne et à l’externe. La
dette nette c’est la dette brute
moins ce que l’État possède en crédit
des autres pays, en monnaie papier,
lettres de change, obligations – tout
aussi dépréciées que la sienne
puisque dans cette économie
mondialisée toutes les monnaies sont
inter-reliées. Ainsi, si l'Arabie a une
dette souveraine, elle détient par
ailleurs des créances – de l’argent
qu’elle a prêté à d’autres pays – aux
États-Unis par exemple. Il faut
soustraire ces sommes l’une de l’autre
pour connaître la dette nette de
l’Arabie, et ainsi pour chaque pays…en
pensant toutefois que ces créances
étrangères ne sont pas toujours
garanties ni
recouvrables…ils l’apprendront
tous à leurs dépens…soyez patient.
Il ne faut pas confondre la
dette publique et la
balance des échanges internationaux
d’un pays. Ainsi, des milliardaires
saoudiens – des banques françaises, des
financiers canadiens peuvent détenir, à
titre privé, des obligations
d’entreprises américaines ou de d’autres
pays. À l’inverse, des cartels
financiers étatsuniens peuvent détenir
des actions d’entreprises étrangères.
Ces avoirs de part et d’autre de
l’Atlantique ne sont nullement
comptabilisés dans la dette souveraine
brute ou nette des États souverains.
Mais, comme ces dettes et ces créances
privées sont comptabilisées en dollar,
en euro ou en livre sterling, la valeur
réelle de ces dettes ou de ces créances
privées est donc largement tributaire de
l’état de santé économique de l’État
national considéré (y compris de la
balance des paiements et de la valeur de
la devise nationale) dans lequel ces
papiers sont libellés et transigés.
Ce sont tous ces vecteurs que les
agences de notation de crédit (Standard
and Poor’s, Moody’s) seraient censées
évaluer et représenter par la cote de
crédit qu’elles attribuent à chaque pays
emprunteur.
De l’État providence, à l’État
fraudeur, à l’État policier
C’est ainsi que
l’épargne-retraite et l’argent que les
travailleurs et les petits salariés ont
épargné sont dévalués par
l’État providence – si cher aux
bobos petits-bourgeois – devenu soudain
l’État fraudeur-failli, qui
deviendra
l’État policier refusant de
rembourser. C'est le serpent qui se
mange la queue. Par la suite, l’État
créancier s’avancera vers les ouvriers
et les retraités pour leur expliquer que
la monnaie nationale (l’Euro – le dollar
– le peso – le rial – le yen) a été
dévaluée et que le gouvernement ne peut
plus payer les retraités qui doivent
reporter leurs retraites au-delà de 70
ans. Ou alors, le crash
financier-boursier balaiera le pays et
jettera à la rue les emprunteurs
hypothécaires comme à Madrid en ce
moment où cent propriétaires sont jetés
sur le pavé chaque journée. On compte 6
millions de chômeurs dans le pays
madrilène alors que les banques
enregistrent des profits record (5).
Ici une mise en garde s’impose.
Les gauchistes, les réformistes, les
sociaux-démocrates et les
altermondialistes se laissent berner par
ces profits mirobolants des
banques sacs à vent. Ils se
scandalisent et demandent à
l’État policier,
l’État des riches, de sévir
contre leurs maîtres trop gourmands ce
que l’État ne fera pas évidemment – et
cela serait bien futile de toute manière
puisque ces hausses de profits sont
bidon. C’est de l’argent de Monopoly que
les banques comptabilisent ainsi, de
l’argent inexistant – immatériel – ne
représentant aucune valeur marchande (ce
n’est pas l’économie qui est irréelle
mais leur monnaie qui est virtuelle).
Ils peuvent bien stocker ces
billets de pacotille plein leurs
écoutilles, aucun de ces papiers n’a de
valeur d’échange. Au moment où les
payeurs travaillants et les épargnants,
les ouvriers criblés de dette, ne
parviennent plus à payer leur hypothèque
et qu’on les chasse de leur foyer où
voulez-vous que les banques trouvent les
biens pour adosser ces papiers de crédit
garantissant leurs profits ?
L’arnaque suicidaire…et imparable
Donc, nous en arrivons à cette
situation où le gueux emprunteur se
prête de la monnaie à lui-même, l’État
va-nu-pieds, alors qu’il est évident
qu’il n’a pas ce qu’il faut en valeur
d’échange (en production de marchandises
et de services) pour garantir ni
l’emprunt, ni le prêt, ni la création de
monnaie. Et ce faisant ce mendigot
déprécie la valeur de sa monnaie et de
toutes les créances que détiennent ses
créanciers. Cet État devrait normalement
être mis en demeure par ses prêteurs de
rembourser ou de déclarer faillite, ou à
tout le moins être sanctionné par les
agences de notation dont c’est la
mission (!)
Rien de ceci ne se produit. Au
lieu de cela tous assistent impuissants
aux doléances des chinois qui voient
fondre la valeur de leurs créances à
chaque émission d’obligations
américaines. L’Allemagne tente de
récupérer son
or-métal
stocké à la FED avant que les USA ne
déclarent faillite, mais la FED
américaine refuse de lui rendre. Elle en
serait bien incapable puisqu’elle
ne le possède plus, les coffres
de
Fort-Knox sont probablement vides.
Il est évident que ce stratagème
est une arnaque. Imaginez que chacun
d'entre vous auriez la possibilité
d'imprimer autant de deniers que vous le
souhaitez sans jamais avoir à
rembourser. Fini le travail fastidieux
et astreignant, vous auriez votre
imprimante à monnaie et par ici la belle
vie. Imaginons maintenant que les
créanciers de monsieur l’imprimeur de
monnaie de la rue Garnier se fâchent en
apprenant que cette monnaie est
illégitime et imprimée dans le garage
d’un faussaire farnienté. Chaque
créancier se présente à la résidence du
bandit pour réclamer son dû et apprend
que l’emprunteur-faussaire-imprimeur est
le Capo di Capo du pays et que le temps
qu’il se présente au salon, le commerce
de la rue Syrie a sauté, après celui de
la rue Libye, et celui de l’avenue
Serbie et du boulevard Congo, et la
boutique de l’impasse Venezuela et la
banque de la rue Iran sont fortement
menacées !
La situation est identique avec
l’État paria américain. Les
États-Unis d’Amérique (16 770 milliards
de dette avec émission mensuelle de 85
milliards de
monnaie illégitime.
La FED américaine en faillite prête
de la monnaie à son créancier, un
propriétaire insolvable, c’est-à-dire le
gouvernement américain). Mais cet État
voyou est aussi le seul à posséder 3 500
ogives nucléaires à têtes multiples, 11
porte-avions et 700 bases militaires à
l'étranger et cet
État voyou en faillite consacre 600
milliards $ à ses dépenses de «défense»,
autant que tous les autres pays réunis.
Nous venons d’identifier
l’État voyou –
le Capo di Capo – de l’économie
mondiale dont nombre de pays tolèrent
les frasques et soutiennent les
agressions espérant s’en sortir un jour
en faisant faillite eux aussi et
en
reniant leur dette souveraine aux dépens
de leurs commettants. Ce jour-là,
camarades, oubliez vos
retraites dorées si vous en
bénéficiez, vos bas de laine, et comme à
Chypre essayez de figurer ce qui
pourrait vous rester sur votre compte
bancaire, si vous en avez, après les
expropriations imposées.
Vous aurez toujours
l’organisation néo-nazi
Aube Dorée pour tenter de vous
effrayer à propos de l’expropriation des
riches par les communistes, mais ce
seront bien les banquiers capitalistes
qui seront en train d’exproprier votre
compte de banque, votre salaire et votre
fonds de retraite. Pourrez-vous
conserver votre résidence et votre
automobile ? Rien n’est moins certain.
Nous serons tous alors
en économie de guerre. Justement,
pourquoi ne pas leur faire la guerre à
ces expropriateurs afin de les
exproprier ?
(1)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dette_souveraine
(2)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dette_publique
(3)
http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_countries_by_external_debt
(4)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_pays_par_dette_publique
(5)
http://www.michelcollon.info/A-Madrid-il-y-a-chaque-jour-cent.html
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