Opinion
La crise
économique - La Chine - L'Afrique et
l'Europe
Robert Bibeau
Mercredi 22 février
2012
La semaine dernière nous
avons entrepris la publication de cette
étude d’économie politique
contemporaine en quatre
volets portant sur la crise économique
permanente qui frappe le monde
contemporain. Nous partons d’une
observation élémentaire : en synchronie,
il y a d’un côté une
nation prospère qui s’enrichit en
nouvelle Arcadie (la Chine) ; un peuple
qui vit dans un pays qui fait crédit et
investit. De ce côté-ci une
puissance ascendante qui étend son
influence avec patience et
consistance ; exporte ses marchandises
et importe des matières premières
qu’elle transforme en plus-value
et qu’elle revend aux plus offrants.
De l’autre côté on
observe une panoplie de puissances
déclinantes, hargneuses et impatientes,
qui importent tout ce dont elles ont
besoin (ou presque) ; qui réempruntent
pour payer l’intérêt de leurs dettes ;
qui ne produisent presque plus rien ;
des pays soumis à l’inflation
lancinante, au chômage endémique, au
crime social dépravant, à la révolte
véhémente des ouvriers face à la
méchanceté vindicative des affidés voués
aux gémonies. De ce côté-là
manifestation, imprécation et répression
des soulèvements populaires contre la
vie chère et la misère.
Y a-t-il un rapport entre ces deux
mondes en synchronie et quel est-il,
voilà notre problématique. Cette
semaine nous allons examiner pourquoi
des relocalisations industrielles
similaires produisent des résultats
opposés selon qu’elles sévissent en
Chine ou en Afrique et quel est le rôle
des pays impérialistes en déclin
(États-Unis – Europe) dans tout ceci
?
LE MODÈLE
ÉCONOMIQUE CAPITALISTE COMPRADORE
(AFRIQUE)
La semaine dernière nous avons
présenté la montée en puissance de la
République populaire de Chine à partir
des premiers actes de son
industrialisation foudroyante jusqu’à
son émergence sur la scène
internationale (1). La
Chine n’est pas une force latente, elle
est déjà la première puissance
industrielle – le premier pouvoir de
l’économie réelle – et en passe de
devenir la première puissance de
l’économie marchande, spéculative et ‘capitalisante’,
qui devrait déloger sa dernière
concurrente de sa fragile
estrade où sa flotte de guerre, son
armée de terre et ses dépenses
militaires somptuaires la maintiennent
encore…précaire (l’Amérique en faillite
effectue la moitié des dépenses
militaires sur Terre avec de l’argent
inexistant, grâce à sa planche à billets
inflationniste). La folie guerrière
américaine déchainée sous Reagan,
amplifiée sous Bush et maintenue sous
Obama, tire à sa fin. Un pays
capitaliste n’est jamais longtemps plus
puissant que son industrie le prétend,
comme le Japon et l’Allemagne l’ont
appris à leur dépend.
Quand les impérialistes américains et
européens – trusts industriels,
multinationales manufacturières et
consortiums financiers – ont commencé à
délocaliser leurs usines d’Occident pour
s’installer dans des pays de pauvretés
aux salaires de misère, sans bénéfices
marginaux, sans sécurité sociale, sans
charges fiscales, sans normes
environnementales, sans sécurité
d’emploi et sans sécurité sur les
chantiers et en ateliers –
autant de contingences qui ont un coût
qui se répercute sur la valeur de la
force de travail, sur le prix de revient
des produits finis et sur les taux de
profit en définitive –. Les
commis voyageurs de la relocalisation et
de la sous-traitance industrielle ont
parcouru le Bengladesh, la Corée, le
Viet Nam, la Thaïlande, l’Indonésie,
Taiwan, le Pakistan, le Sri Lanka, la
Chine ainsi que certains pays d’Afrique.
Tous ces pays ont « bénéficiés » des
investissements « bienfaisants » de
l’Occident. Pourquoi ces
investissements n’ont-ils laissés que
misère dans nombres d’aires d’Orient et
d’Afrique et pourquoi ces placements
ont-ils permis à la Chine d’amorcer son
« Take off » (décollage) industriel et
économique ?
C’est que dans plusieurs de ces pays
investis par l’impérialisme occidental
la bourgeoisie nationale s’est
transformée en bourgeoisie
capitaliste compradore chargée
:
A) d’administrer les usines
; de recruter la main d’œuvre à
exploiter dans les « sweat-chop »
locales ; de construire les
infrastructures portuaires et de
transport pour faire sortir soit la
matière première brute soit les produits
ouvrés à faible composition
organique en capital
(marchandises exigeant un fort apport en
capital variable – beaucoup de force de
travail – et un faible intrant en
capital constant – peu de machinerie)
(2).
B) d’assurer le maintien de
l’ordre – la paix sociale – et
réprimer dans le sang toute résistance
du prolétariat local et des travailleurs
en général, qui se rebellent parfois
contre leurs conditions d’exploitation
infernales.
Parfois, les différentes puissances
impérialistes occidentales se disputent
le contrôle d’une faction
ou d’une autre parmi cette bourgeoisie
compradore d’où les incessantes révoltes
– « révolutions », guerres carnassières,
soulèvements régaliens, tueries tribales
(Gbagbo – Ouattara, Kadhafi – CNT, al-Assad
– CNS, Kabila-Tshisekedi, Wade et
opposants) jusqu’à ce que le potentat
local gagnant soit celui adouber, qui
par la France, qui par le Royaume-Uni,
qui par les États-Unis, qui par la
Russie, qui par la Chine, qui par
l’Iran, etc. (3).
Pour ces multiples services rendus
aux puissances étrangères la bourgeoisie
mercenaire, larbins politiques et
thuriféraires financiers, empochent
prébendes, petits bénéfices, commissions
illicites et valises de devises… Ces
miettes tirées de la plus-value
ouvrière extraite en
néo-colonie ne sont jamais suffisantes
pour construire une industrie lourde et
une industrie des machines-outils
conséquentes, ce que la métropole
coloniale n’accepterait pas de toute
manière. Si bien que plus de vingt ans
après le début des transferts, ces pays
ateliers sont toujours aussi déprimés.
Pires, les salaires de famine, qui
suffisent à peine à subvenir aux besoins
élémentaires des familles indigentes, ne
permettent même pas de constituer un
marché national consistant qui pourrait
permettre le développement d’une
économie marchande importante sur
laquelle les bourgeoises africaines
pourraient s’appuyer pour prendre leur
décollage économique national. La
situation est différente en Amérique du
Sud où une puissance impérialiste
régionale – le Brésil – est parvenue à
amorcer son « démarrage » et aujourd’hui
le prolétariat brésilien a l’insigne
honneur d’être exploité par la
bourgeoisie brésilienne, parlant
portugais, et faisant affaire dans le
tiers-monde – pauvre parmi les pauvres
(4).
Au début de ce processus de
relocalisation (1989) et de
sous-traitance industrielle
de grande ampleur, les usines
occidentales, relocalisées au Sénégal
par exemple, rapatriaient en métropole
l’ensemble de la plus-value
spoliée aux ouvriers sénégalais
sous-payés, car en métropole les
rendements sur les placements boursiers,
sur les prêts aux particuliers, sur les
bons du trésor gouvernemental étaient
alléchants et donnaient de bons
rendement sans risque ni faux fuyant.
Nous vivons sous le règne du
capital financier, il ne faut
pas l’oublier, et le capital de risque
est sans cesse sollicité pour envahir le
champ de la production
industrielle, ou alors le champ
de la spéculation foncière
(construction
domiciliaire, industrielle, commerciale,
gouvernementale et d’affaires) ou encore
le champ de la spéculation
boursière, du crédit à la
consommation et autres formes
d’exploitation usuraire. Le
rendement le plus intéressant attire
l’investissement (5).
Le « Take off » sénégalais fut donc
remis sine die et la bourgeoisie
sénégalaise compradore, spoliée de « sa
» plus-value ouvrière, demeura enchaînée
à « ses » ouvriers trop pauvres pour
acheter les produits bon marché
fabriqués sur place dans les « sweat
chop nationaux ». Impossible dans ces
conditions de développer un marché
régional pour absorber une production
nationale quelconque. Il en est de même
pour un pays comme la République du
Congo qui voit partir ses métaux
précieux non transformés, donc très peu
porteurs de plus-value
ouvrière et sans
grande valeur marchande (6).
Impossible dans ces conditions de
développer une industrie lourde
congolaise à l’abri de barrières
tarifaires protectrices. Nous
reviendrons plus loin sur ces notions de
barrières tarifaires et d’économie
post-industrielle (7).
LE MODÈLE
D’ÉCONOMIE CAPITALISTE CHINOIS
La République populaire de Chine en
décida autrement et la bourgeoisie
nationaliste chinoise, s’appuyant sur
le plein contrôle de son
appareil d’État, imposa
cinq règles de base aux capitalistes
occidentaux, japonais,
taiwanais et coréens qui souhaitaient
relocaliser leurs usines en Chine
(8). Ces cinq règles
visent toutes à conserver sur place le «
patrimoine de plus-value
nationale ».
Premièrement, la
plupart des entreprise étrangères
souhaitant se relocaliser ou
sous-traiter en Chine doivent établir un
partenariat avec une firme chinoise qui
règle générale possède la majorité du
capital-actions de l’entreprise en
copropriété. Ceci assure que la majorité
de la plus-value absolue
produite dans cette entreprise restera
propriété des chinois, base de leur
capitalisation et du développement des
grands conglomérats qui aujourd’hui
menacent les entreprises occidentales.
Deuxièmement, une
entreprise qui s’installe en Chine doit
assurer un transfert technologique
source de plus-value relative
(gain de productivité).
Troisièmement, une
entreprise est invitée à introduire en
Chine ses ingénieurs et ses ouvriers
spécialisés mais elle doit aussi
embaucher des ingénieurs et des ouvriers
spécialisés chinois. La société
Bombardier a décroché un
contrat de fabrication de fuselage
d’avion en Chine. Aujourd’hui, la
société chinoise COMAC
produit et commercialise l’aéronef
ARJ-21 concurrent de la
série C de Bombardier,
présentant un merveilleux fuselage très
aérodynamique. Voilà comment la Chine
récupère la plus-value relative
(ingénierie) produite par « son »
prolétariat national.
Quatrièmement,
certains secteurs industriels sont
exclus des investissements étrangers
importants. Ce sont les secteurs des
ressources naturelles (mines, forêts,
agriculture, pêches et énergie) ; la
Chine ne souhaite pas devenir un
fournisseur de matières premières non
ouvrées – comme les pays dépendants
d’Afrique le sont devenus – et voir la
plus-value absolue de « ses
» ouvriers s’envoler vers les paradis
fiscaux « Off –shore ». Les secteurs de
l’armement militaire et de l’aérospatial
sont exclus des investissements
étrangers pour des raisons évidentes.
Les secteurs de l’industrie lourde tels
fonderies, aciéries, alumineries,
chantiers navals, base stratégique du
développement économique en régime
capitaliste ne sont pas ouverts au
partenariat. Ce ne sont pas les
services, l’« industrie du savoir »
(sic), la consommation et le commerce,
la finance et la bourse qui assurent le
développement d’une économie
impérialiste comme l’a prouvé le
développement américain le siècle
précédent et comme le prouve le
développement chinois présent ; ce sont
l’industrie lourde et l’industrie des
machines-outils (production des moyens
de production). C’est
d’ailleurs ce qui explique la puissance
industrielle, économique et financière
exceptionnelle de l’Allemagne dans
l’Union européenne. La Chine le sait et
elle se réserve ces secteurs
industriels.
Cinquièmement, toute
entreprise implantée en Chine doit payer
taxes, impôts et redevances selon les
lois en vigueur dans le pays ce qui
assure une source d’accumulation de
plus-value que l’État
capitaliste monopoliste chinois utilise
ensuite pour assurer la construction des
infrastructures d’exploitation (routes,
ports, barrages, canaux, aéroports,
etc.).
Enfin, la hausse régulière du
salaire minimum et le rehaussement
contrôlé de la valeur du Yuan
(monnaie nationale) assurent la
croissance du marché national, assise
définitive du développement impérialiste
chinois qui tente présentement de se
libérer de sa dépendance vis-à-vis des
marchés extérieurs états-unien et
européen.
La Chine utilise sa monnaie (le yuan)
comme entrave à l’importation –
barrière tarifaire et mur anti-dumping
qui ne dit pas son nom –. La
valeur du Yuan est maintenue
artificiellement basse ce qui rend les
produits importés très coûteux pour les
chinois continentaux et décourage leur
commercialisation. Cette politique
protectionniste a un coût cependant : 1)
le niveau de vie des chinois est
maintenu artificiellement bas et ; 2)
les prix des matières premières
importées dont est si gourmande
l’industrie chinoise sont élevés. Enfin,
dernière conséquence de cette politique
volontariste c’est que la valeur du yuan
ne peut que s’élever avec le temps, si
bien que chaque épargnant chinois – et
ils sont nombreux parait-il – verra ses
économies s’apprécier avec les années.
Achetez du yuan si vous le pouvez.
LIBRE-ÉCHANGE
ET ÉCONOMIE DE SERVICES «
POST-INDUSTRIEL »
Des tas d’économistes vulgaires,
engoncés dans leur science économique
pré scientifique, nous songeons à
l’ex-premier ministre Bernard Landry et
ses forfanteries, à Jacques Delors
ex-ministre des finances de France, à
Jacques Attali qui prédit tout et sa
contre-partie, à Michel Rocard, chantre
de l’Euro, et à DSK, économiste sans
pantalon de triste renom, tous ces
laudataires battent la chamade pour
expliquer aux prolétaires que l’avenir
appartient au libre-échange, à l’«
industrie du savoir » (sic), à
l’économie des services post-industriels,
à la spéculation boursière et aux
banques ; que s’endetter c’est
s’enrichir ; que les barrières
tarifaires entravent le commerce et la
richesse… Fadaises redondantes que
certains colportaient dans les colloques
jusqu’à ce jour du 21 janvier 2008, jour
où leur univers « post-industriel »
s’écroula ; s’effondra la vacuité de ces
billevesées pseudos scientifiques et ne
demeura qu’un vaste gouffre financier où
disparurent des milliards de chiffons –
des actions, des obligations, des
hypothèques et des produits dérivés, du
papier sans valeur en définitive. Ne
subsistèrent que des usines vidées – des
forces productives industrielles sous
utilisées et des ouvriers, l’armée de
réserve des chômeurs et des assistés
désœuvrés – inutilisée et sans valeur
marchande.
Les ouvriers savent déjà que plus ils
s’endettent moins ils sont riches et que
plus ils travaillent moins ils gagnent
et que plus se déprécie leur valeur
d’échange et plus s’affaisse le prix de
leur survie. Mais ils n’ont aucune prise
sur le monde de la finance, ni sur les
mécanismes de l’échange, ni sur la
propriété privée des moyens de
production source de toutes leurs
souffrances. Les travailleurs savent,
ces damnés de la terre qui vitupèrent,
que la démocratie des riches n’est
qu’éphémère panacée manigancée par ceux
qui ont le fric pour diriger le baudrier
électoral.
QU’EN
EST-IL DE CETTE CRISE INTERMINABLE ?
Le modèle d’exploitation impérialiste
du tiers-monde fonctionnait pourtant, et
l’accaparement de la
plus-value métropolitaine,
et la récupération de la
plus-value lointaine
(néocoloniale) permettaient de compenser
les pertes d’emplois productifs suite
aux délocalisations industrielles. En «
mère-patrie » les emplois se
multipliaient dans le tertiaire
prometteur, ingénieur,
administrateur, superviseur, vendeur,
revendeur, grossiste, détaillant,
décorateur, dessinateur, informaticien,
designer, publicitaire, styliste,
modiste, photographe, bookmaker,
artiste, infirmière, enseignant,
serveur, maître d’hôtel, femme de
chambre, plongeur et tutti quanti, des
milliers de métiers différents laissant
subodorer que les bases de
l’économie capitaliste avaient changé et
que maintenant il n’était plus
nécessaire de produire des biens
tangibles, des produits, des
marchandises sonnantes et trébuchantes
mais qu’il suffisait de les vendre, de
les « monnayer » sur les marchés et de
faire du profit avec du vent, en
spéculant.
En pays impérialistes comme le
Canada, la France, les États-Unis, entre
75 % et 78 % de la main d’œuvre active
s’active dans le tertiaire et le
quaternaire parasitaire à des
métiers variés mais qui ne produisent
aucune plus-value.
Ces gens dépensent la plus-value
produite par les 25 pour cent restants
de la main d’œuvre œuvrant dans les
usines du secteur secondaire et dans les
mines, la forêt, la mer et la terre du
secteur primaire les bases
fondamentales de la richesse sociale.
« La plus-value produite par la
classe ouvrière ne reste pas tout
entière entre les mains des capitalistes
exploitant directement les ouvriers dans
le procès de production : une partie de
cette plus-value passe aux commerçants
sous forme de profit commercial, une
autre passe aux banquiers sous forme
d’intérêts, une autre va dans la poche
des propriétaires fonciers sous forme de
rente foncière (loyer et hypothèque
NDLR) et le reste constitue le profit de
l’industriel. La plus-value se divise en
plusieurs parties et affecte plusieurs
formes : profit (industriel et
commercial.) intérêts et rentes. »
(9).
L’investissement en capital
ce n’est finalement que de la plus-value
ouvrière spoliée et cristallisée, morte,
que le travail ouvrier fait revivre pour
produire de la nouvelle plus-value
vivante à spolier à nouveau, et à
redistribuer à nouveau dans les
différentes branches de l’économie.
LE CRASH
BOURSIER DE JANVIER 2008
Revenons au crash boursier survenu en
janvier 2008. Tant que les cartels
internationaux rapatriaient leurs
dividendes (plus-value
cristallisée) en métropole
(France, États-Unis, Allemagne, Italie,
Canada, etc.), l’afflux de capitaux –
taxes et impôts sur les bénéfices aidant
; emplois tertiaires étant –
l’économie-de-service-et-du-savoir-post-industrielle
donnait l’impression de fonctionner
normalement, les milliardaires étaient
toujours plus milliardaires et toute une
couche de petit-bourgeois vivait de la
plus-value redistribuée.
Un jour vint toutefois où de plus en
plus d’entreprises impérialistes
occidentales détournèrent une large
partie de leurs bénéfices provenant
d’outre-mer vers des paradis fiscaux «
Off-shore » sans droits ni lois.
La moitié des flux financiers
internationaux transitent ainsi par ces
paradis fiscaux non assujettis aux lois
ni au fisc. C’est que pour le
capitaliste il n’est plus financièrement
intéressant de ramener la
plus-value (sous forme de capital
financier) dans les pays endettés
d’Europe et d’Amérique et de convertir
leurs deniers en dollars ou en euros
dévalués. Un premier ministre canadien,
donnant l’exemple à ses concitoyens,
avait inscrit sa flotte de transport
maritime à ce régime fiscal amaigrissant
aux Iles Caïmans.
Qui plus est, les capitalistes
commencèrent à rechigner à payer taxes,
droits, redevances et impôts sur l’autre
moitié de la plus-value non
encore détournée. Qu’à cela ne tienne,
Ronald Reagan, Margaret Thatcher, Bush,
Sarkozy et Harper, suivis de tous les
politiciens poltrons des environs firent
amende honorable, et s’amorça une vague
de cadeaux fiscaux pour riches aigris
sous prétexte de libérer le crédit afin
de créer des emplois, que l’on cherche
encore de surcroit.
Les emplois industriels producteurs
de plus-value continuent
d’être délocalisés vers les pays de
misère et les travailleurs des pays
impérialistes en déclin continuent
d’aller grossir les rangs de l’armée de
réserve des chômeurs et des assistés, si
bien qu’au lieu de rapporter des impôts
et des taxes ces ex-travailleurs coûtent
à la collectivité alors que les riches
menacent de fuir le pays si on leur
retire le pont d’or fiscal qu’ils se
sont octroyé. C’est ainsi que l’on
construit des budgets toujours plus
profondément déficitaires.
L’État d’une puissance en déclin est
confronté à un dilemme cornélien : les
riches ne veulent pas payer ; les
ouvriers ne peuvent pas payer ; la
plus-value importée s’est éclipsée ; les
dépenses gouvernementales sont
incontrôlées ; les dépenses militaires
se font somptuaires pour réprimer ; les
emprunts pharaoniques sont contractés à
des taux léonins et l’usurier financier
attend sa proie dans l’antichambre de
l’Élysée, de la Maison Blanche et du 10
Downing Street muni d’une offre que le
politicien bourgeois ne peut refuser,
comment échapper à sa destinée ?
Comme si ce drame épique d’un monde
en déclin ne suffisait pas, voici
s’avancer la super puissance
industrielle et commerciale des Hans,
d’une ampleur et d’une vigueur que vous
ne pouvez soupçonner. Un milliard
d’ouvriers à exploiter grâce aux
technologies les plus sophistiquées
jamais imaginées. « Quand la Chine
s’éveillera le monde tremblera »
écrivait le romancier. Le dragon est
déjà éveillé et il brasse les cartes et
refait la donne sur l’ensemble de
l’échiquier. Ce n’est pas l’incident du
onze septembre 2001 qui a chamboulé le
monde c’est le rugissement du dragon qui
redéfinit l’équilibre industriel,
économique, politique et financier.
Le diable de la finance, à qui l’État
capitaliste a vendu son âme, attend à la
porte du parlement, de la Chambre des
représentants le kilogramme de chair
qu’on lui a promis contre un instant de
de survie… l’heure avance et il
s’impatiente…
LA SEMAINE PROCHAINE :
PEUT-ON RÉINDUSTRIALISER L’AMÉRIQUE ET
L’EUROPE !
(1)
http://www.legrandsoir.info/la-chine-puissance-imperialiste-triomphante.html
(2) Le
capital
constant
est représenté par
la valeur des moyens de production
(bâtiments, machines, matières
premières, énergie, etc.) qui n’est que
de la plus-value cristallisée et
réinjectée dans le processus de
production de plus-value. Le
capital
variable
est la valeur de la force de travail
engagée dans une usine (que les
économistes bourgeois appellent le
salaire et les bénéfices marginaux) mise
en jeu dans la production de la
plus-value élargie de cette entreprise.
La
composition organique du capital
est le rapport entre ces deux
composantes. Une manufacture fabriquant
des chemises nécessitera beaucoup de
main d’œuvre (capital variable) et
produira beaucoup de plus-value absolue
alors qu’une aluminerie entièrement
mécanisée (à fort capital constant - ces
machines-outils coûtant très cher)
produira plus de plus-value relative et
aura une forte
composition
organique en capital.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Plus-value_%28marxisme%29
(3) La plupart
des bourgeoisies compradores africaines
n’ont jamais véritablement contrôlé
l’appareil d’État, ni les leviers
financiers fondamentaux. Qu’il suffise
de rappeler que quatorze pays de la zone
Francafrique utilisent le Franc CFA,
assujettis à l’Euro, une monnaie gérée,
administrée et contrôlée par la Banque
de France. Des bases militaires
étrangères quadrillent toute l’Afrique.
Aucune base militaire étrangère n’occupe
le sol de la Chine continentale.
http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article5453
(4) Quelques états
comme Taiwan, la Corée du Sud et la
République Sud-africaine sont parvenues
à tirer leur épingle du jeu.
(5) La démonstration
vaut pour la France, le Royaume-Uni, le
Canada, l’Allemagne ou pour d’autres
pays impérialistes.
(6) « Quelle
est l’origine de cette plus-value ? Elle
ne peut ni venir du fait que l’acheteur
a acheté les marchandises au-dessous de
la valeur, ni du fait que le vendeur les
a revendues au-dessus de la valeur. Car,
dans les deux cas, les gains et les
pertes de chaque individu se compensent,
puisque chacun est tour à tour acheteur
et vendeur. Elle ne peut provenir non
plus du vol, puisque le vol peut sans
doute enrichir l’un aux dépens de
l’autre, mais il ne peut pas augmenter
la somme totale possédée par l’un et
l’autre, non plus, par conséquent, que
la somme des valeurs circulantes en
général. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Plus-value_%28marxisme%29
(7)
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/libre-echange-et-mondialisation-108283
(8) Vincent
Gouysse. Le réveil du dragon. Septembre
2010.
www.marxisme.fr
(9) L. Ségal.
Principes
d’économie politique.
Éditions sociales internationales. 1936.
P. 54.
http://www.marxisme.fr
Publié sur
Cent papiers
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