Opinion
Les séparatistes - séparés !
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 12 décembre 2012
Depuis que
l’Option-séparation-du-Québec du reste
du Canada périclite dans les sondages
les divers mouvements, cercles,
alliances, groupuscules et partis
séparatistes n’ont jamais été aussi
nombreux à solliciter l’appui d’aussi
peu de partisans… se raréfiant.
Elles sont
pléthore les organisations de défense de
la « race » canadienne-française
(devenue québécoise) comme l’éructait
Lionel Groulx (le franquiste), leur père
spirituel à tous, et que plusieurs de
ces nationaux-socialistes renient
aujourd’hui en catimini. Pourquoi ce
soudain foisonnement de gourous et de
chapelles nationalistes naviguant de «
gauche » à droite ? Pourquoi tous ces
authentiques souverainistes, Action
Nationale, CAP sur l’indépendance,
Intellectuels pour l’indépendance,
Nouveau Mouvement pour le Québec,
Nationaux-socialistes pour la
souveraineté, Communistes-patriotes
(sic), Parti Québécois, Option Nationale
et Québec Solidaire ?
Pourtant,
René Lévesque et Lucien Bouchard – le
lucide encombrant, comparse de Faical le
désopilant, que les nationalistes
pavanent honteusement – avaient réussi à
tous les accrocher à leur char
allégorique patriotique. Maintenant que
le Parti Québécois s’interroge
sérieusement sur son destin et sur ses
desseins militants, plus personne ne
parvient à calmer la frénésie
sécessionniste parmi leurs partisans en
catharsis (1).
Pour
comprendre la problématique qui habite
les militants souverainistes depuis la
dernière élection non référendaire
(2012), il faut d’abord résoudre trois
énigmes : Première énigme,
connaître la nature et le rôle de tout
parti politique. Deuxième énigme,
comprendre la conjoncture économique
présente. Troisième énigme,
identifier la politique adoptée par la
classe dirigeante compte tenu de la
conjoncture économique présente. Nous
serons ensuite en mesure de résoudre le
paradoxe souverainiste.
Qu’est-ce qu’un parti politique ?
Un parti
est l’organisation politique d’une
classe sociale ou d’un segment de classe
sociale. Un parti politique a pour
mission de défendre les intérêts de la
classe sociale ou du segment de classe
sociale qu’il organise. Le but ultime
d’un parti politique est de s’emparer du
pouvoir, c’est-à-dire du contrôle de
l’appareil gouvernemental, afin
d’appliquer les politiques nécessaires
pour le bénéfice de la classe qu’il
représente.
Le père
fondateur du Parti Québécois a
toujours été franc avec ses commettants.
À plusieurs reprises René Lévesque a
reconnu que le Parti Québécois
n’était pas un parti ouvrier. À
peine a-t-il un jour concédé un «
préjugé favorable aux travailleurs » ce
qui n’a jamais empêché la coterie des «
bobos» syndicaux de se traîner aux pieds
du petit despote échevelé (1).
Sous la
houlette du toupet à Bouchard le PQ
affronta ses démons et osa afficher
ouvertement sa fidélité indéfectible
envers les capitalistes québécois de «
souche ». La prise de contrôle de la
machine du parti par la
multimillionnaire Pauline Marois et son
époux, le spéculateur
fédéraliste-souverainiste Claude
Blanchet, termina de jeter bas les
masques «
gaucho-socialo-démocrate-progressistes »
des péquistes élitistes, défenseurs
des intérêts de la section québécoise de
l’oligarchie financière canadienne.
C’est sur la rue Saint-Jacques à
Montréal et sur Grande Allée à Québec
qu’il faut chercher les préjugés
favorables des mentors du PQ sous
tutelle.
Québec Solidaire
est le parti de la petite bourgeoisie
aigrie par l’indifférence de la grande
bourgeoisie qui les sacrifie sur l’autel
de la récession mondialiste.
Intellectuels à gogo ; étudiants
déroutés , bureaucrates syndicaux vexés
d’être écartés de la gestion des
plantureux Fonds d’investissements des
solidarités capitalistes, retraités
frustrés de voir leur pouvoir d’achat
s’étioler, ainsi que tout ce que
Montréal et sa banlieue compte
d’ex-gauchistes endeuillés depuis le
sabordage de leurs organisations
opportunistes surannées, s’y rassemblent
« Solidaire » de la classe ouvrière, qui
pour sa part demeure étrangère à ces
ardeurs référendaires et pétitionnaires.
Option Nationaliste
droitiste et les autres sectes
groupusculaires, sectorielles,
thématiques ou professionnelles,
regroupent et représentent les mêmes
couches sociales que Québec Solidaire –
mais parmi les régions du Québec profond
– noyautées par les défroqués des
congrégations religieuses, les Sociétés
Saint-Jean-Baptiste dévotes, les amis de
Duplessis et de l’ecclésiastique
franquiste, fatras nostalgique des
années soixante-dix.
La conjoncture économique mondiale
Ces partis politiques et ces
regroupement de militants sceptiques
œuvrent à propager la mystique
sécessionniste : «
L’indépendance du Québec n’appartient
pas aux partis politiques, mais aux
citoyens (sic). L’affirmation de la
souveraineté populaire est au cœur
des déclarations de principes des deux
rassemblements mis sur pied en 2111 pour
se livrer à un travail de
mobilisation citoyenne… », alors que la
crise économique mondiale frappe
durement le peuple québécois en émoi, ce
peuple québécois pas du tout en appétit
de confondre des vessies avec des
lanternes et qui migre nombreux vers
l’Ouest canadien pourvoyeur d’emploi.
Rapatrier taxes et impôts d’Ottawa pour
confier ce magot à la gestion du Parti
Québécois bourgeois « néo-libéral »
comme le proposent ces maîtres chanteurs
n’est pas de nature à rassurer les
électeurs. Le premier budget Marceau
(PQ) aurait pu tout aussi bien être
confectionné par Bachand (Libéral) et
dévoilé par Legault (CAQ). En Assemblée,
Françoise, de Québec Solidaire l’a
approuvé et Amir l’a répudié. Quelle
République de sirop d’érable ces «
nationaleux » concoctent-ils ?
Pendant ce
temps, à la bourse de Toronto, la
section québécoise francophone des
capitalistes monopolistes canadiens se
positionne pour tirer le meilleur
avantage du saccage du Nord québécois
autochtone et du Nunavut esquimaux
canadien par les multinationales
chinoises, indiennes, brésiliennes,
coréennes et de moins en moins
américaines.
Alors
comprenez bien, «
le chantage à la
souveraineté-association » afin
d’obtenir une
plus grosse part du « butin » canadien…
ils repasseront les Chevaliers de
l’indépendance, pensent les
milliardaires vitupérant. Il y a péril
en la demeure et le Roi se meurt, alors
pas le temps de s’amuser des
bouffonneries de Bernard Landry et
compagnie sur les « alliances
mathématiques » !
La politique capitaliste dans le
contexte de la crise présente
La haute
direction du
Parti Québécois a déjà compris que
l’heure n’est plus aux mesquineries de
parti et que ses maîtres capitalistes
monopolistes québécois francophones
exigent le Front uni au Conseil
de la Fédération, sur le marché boursier
de New-York et partout parmi la patrie
en danger.
Pauline
entonne bien le refrain linguistique et
chauvin afin de distraire la galerie et
apaiser ses larbins séparatistes – il
lui en reste quelques-uns – mais le cœur
n’y est plus. Combien de temps encore
les estafettes péquistes
souffleront-elles le chaud et le froid
souverainiste ?
Québec Solidaire
n’en revient pas d’avoir doublé sa
représentation à l’Assemblée et fait
taire la moitié de ses députés de peur
d’effaroucher l’autre moitié de son
électorat. Le parti des solidarités
prépare fiévreusement sa prochaine
campagne électorale, anxieux de faire
mieux si chaque militant apprend à
rassurer sa mère, son père et son
voisin. Le risque étant cependant de
tout perdre pour ne pas avoir su se
démarquer… leur mentor à Radio-Canada
saura-t-il leur rappeler cette sage
vérité ?
Comprenez-bien, ceux qui font la «
realpolitik » en société capitaliste
n’ont plus besoin de ce viatique
séparatiste éculé non plus que du
chantage à la souveraineté
pour promouvoir leur « Option » d’achat
d’actions et d’obligations en faveur
d’un Québec fort dans un Canada uni
à spolier par les riches de « souche »
de toute nationalité et de toute langue
maternelle.
Le paradoxe n’est plus
un mystère
Orphelins
de leurs pères spirituels, abandonnés
par leur classe de tutelle, esseulés sur
la banquise de la crise,
les divers mouvements, cercles,
alliances, groupuscules et partis
séparatistes devenus inutiles entonnent
le chant du cygne de la cause
nationaliste-chauvine avant que de
disparaître de la manifestation et du
tintamarre social qui se dirige vers les
barricades de l’insurrection populaire.
(1)
Dans le volume
Impérialisme et question nationale (le
modèle canadien) (2012) nous
présentons l’évolution de la lutte de
libération nationale au Québec du
soulèvement patriote (1837) jusqu’à
Québec Solidaire (2012).
http://www.robertbibeau.ca/commadevolume.html
Le volume
est disponible gratuitement en
téléchargement
(format PDF Acrobat)
http://www.robertbibeau.ca/commadevolume.html
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