Opinion
Machiavel
Drainville et les « Chartistes »
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 18 septembre 2013
À problème mal posé – réponse filoutée
Bernard Drainville, ministre
responsable des Institutions
démocratiques et de la
participation citoyenne,
mais surtout responsable des
magouilles partisanes en faveur
d’un vote référendaire
pour la renégociation du pacte
confédéral (ce que les péquistes
appellent frauduleusement la
souveraineté), a commis récemment un
ensemble de propositions visant à
soulever la xénophobie anti-immigrantes,
anti-étrangers dans le Québec profond où
peu ou prou d’immigrés vont s’installer.
Depuis ce temps, l’invective se répand
comme du chiendent, et la résistance
immigrante tout autant.
Suite à la divulgation de cette «Charte
des valeurs proprement québécoises»
(tous auront senti le fumet nauséabond
de cette formulation), nombre d’ouvriers
et d’employés du gouvernement québécois
se sont sentis interpelés par
l’ingérence de l’État législateur dans
leurs conditions d’emploi avec l’État
employeur. Face à cette attaque
évidente de l’État l’unité est en train
de se forger parmi le peuple québécois
sur le modèle de la solidarité étudiante
lors du «Printemps Érable» l’année
dernière.
Le prétexte invoqué par l’État
législateur pour s’immiscé sous la
tunique, le couvre-chef et la tenue
vestimentaire de ses employés serait la
menace appréhendée que ferait pesé ces
vêtements sur la laïcité des
institutions publiques, sur l’avenir de
la nation et l’identité québécoise «pure
laine» (!)
Il est faux de prétendre comme le
fait le ministre que la tenue
vestimentaire ou que tout autre signe ou
symbole aient perturbé la vie publique
québécoise depuis quelques années.
Les médias à la solde ont bien tenté à
plusieurs reprises de provoquer des
incidents, de monter en épingle un fait
insignifiant, afin de créer de
l’animosité parmi le peuple mais chaque
fois, la tentative fut un échec total.
Quelques chauvins nationalistes –
un gros brin raciste – sont quelques
fois montés aux créneaux pour appeler le
bon peuple – ceinture fléchée à la
taille – à la vigilance véhémente face à
«l’invasion» de l’immigration mais seuls
les médias propriétés des milliardaires
locaux, quelques punaises de sacristies
et certaines égéries universitaires bien
payées avaient porté attention à ce
salmigondis.
Mais cette fois, par la grâce de
Machiavel Drainville – la chicane a pris
un peu d’ampleur mais la riposte
populaire s’organise et elle va
surprendre l’État corporatiste.
Le ministre Drainville se
retrouve donc devant un non-événement,
un non-danger d’agression contre la
laïcité du gouvernement puritain et du
parlement de tartuffe (en effet, un
magnifique crucifix
trône au parlement, au cœur du
Salon de la race, comme
aurait dit Maurice Duplessis). Mais
monsieur le Ministre voulait tout de
même soulever un émoi là où il n’y en
avait pas. Pourquoi cet acharnement
auprès d’un patient qui n’est pas malade
(pas de racisme du moins) ?
Un autre constat étonnant dans
cette non-affaire tient au fait que plus
certaines
populations vivent en région
francophone, sans immigrants, sans
menace à sa laïcité-Catholique et sans
risque de voir quelque signe de
religiosité autre que Chrétiens
accrédités, davantage cette population
répond aux sollicitations des agitateurs
d’opinion, des propagandistes radio, des
journalistes machiavéliques, des
chroniqueurs télé et des intellectuels
dont c’est le métier de nous distraire
sur les non-affaires de société.
À contrario, plus la population
vit parmi les femmes voilées, les
crucifix assortis, les kippas brodées et
les turbans emmêlés, plus l’on vit parmi
ces gens avenants et différents, aux
mille et un usages, confessions,
traditions culinaires, culture, et
religions, moins cette population est
perméable aux conditionneurs d’opinion
publique et moins cette population
s’inquiète pour son identité et sa
laïcité, ne voyant autour d’elle aucun
motif de se disputer.
Pourtant le ministre Drainville
prétend que la « race-nation »
québécoise court au-devant d’une
profanation de son identité dite
"québécoise" et que sa conscience lui
ordonne de sonner le branle-bas de
combat de l’État législateur afin de
frapper du poids de la loi et du
congédiement quiconque porte le turban,
la kippa, la croix de Lorraine, le
crucifix orthodoxe, le voile ou le
Dastar.
Avant qu’il ne soit trop tard
haro à la répression zélotes,
hypocrites-laïcs contre la puéricultrice
de la garderie
Le Petit Minois qui
«assaille» le petit François (2 ans) de
son voile et que sa mère écervelée
confie chaque journée à cette femme
voilée (sic).
Il faut en convenir, il n’y a
aucun péril en la demeure de ce
côté-ci de l’Assemblée de la race du
moins. Le peuple du Québec fait face,
comme des centaines d’autres, à la crise
économique systémique. Quantité de
québécois sont pauvres, les soupes
populaires ne suffisent plus à la
demande et les friperies sont bondées de
déshérités. L’État québécois ne comble
aucunement son déficit gargantuesque. Le
dollar est menacé et la guerre risque
d’éclater. Pourquoi le gouvernement
Marois
sort-il soudain ce lapin
d’infortune et pourquoi menace-t-il de
frapper les employés de l’État d’une
autre de ces lois inopportunes ?
La vraie question «chartiste» de
Machiavel Drainville
Formulons la question que
souhaitait vraiment poser le
thuriféraire Machiavel Drainville dans
son projet de charte des valeurs
d’exclusion québécoises. Sa question
allait comme suit : «Acceptez-vous
que nous, patrons québécois pure laine,
vexions et excluions les ouvriers et les
employées immigrantes sous prétexte
qu’elles portent des vêtements
différents ?».
Que chacun sache que ce ballon
d’essai fumeux ne passera pas la rampe
politique ni juridique au Canada. Soit
l’opposition opportuniste à L’Assemblée
nationale rejettera cette proposition
bâtarde ; soit que la Cour Suprême du
Canda trouvera cette loi « ultra vires
», vexatoire et superfétatoire,
contrevenant à la Charte des droits et
libertés largement suffisante pour
assurer la neutralité (en faveur de la
bourgeoisie canadienne et québécoise)
des institutions publiques au Canada et
au Québec.
Mais voilà que c’est exactement
le résultat recherché par les
marguillers de l’Assemblée nationale
péquiste. Imaginez la vague nationaliste
chauvine que tous ces crucifiés de la
laïcité vexée pourront soulever chez
leur électorat québécois francophone, du
moins le croyaient-ils, jusqu’à tout
récemment.
Encore une fois le «méchant
Canada» aurait empêché le pieux Québec
de Lionel Groulx et de Maurice
Duplessis, et ses politiciens
xénophobes, de brimer librement leurs
minorités d’immigrés.
Aussitôt du haut de la colline
parlementaire Machiavel Drainville se
serait écrié : «Vite trottinons marauder
les souverainistes pour renégocier la
partition des pouvoirs (AANB-1867)
et dégager une marge de manœuvre
ostentatoire en faveur de la bourgeoisie
québécoise afin de la libérer de la
tutelle vexatoire des capitalistes
«fédéralistes» et comme disait notre ami
Duplessis : Ramenons notre butin
d’Ottawa». Fin de la citation.
L’ouvrier, le travailleur,
l’employé québécois, amérindien,
acadien, canadien, quelle que soit son
origine ethnique, quelle que soit
sa langue ou son pays d’origine n’a rien
à gagner dans ce coup fourré où la
laïcité de l’État bourgeois n’est
aucunement menacée.
Mais rassurez-vous camarades. Un
vent de résistance se lève de différents
horizons du peuple solidaire pour
rejeter
ces velléités d’intrusion de
l’État policier dans nos vies, dans nos
lieux de travail et dans la société en
général.
Non à la charte des valeurs xénophobes
et vexatoires.
Non à une nouvelle intrusion de l’État
dans les affaires de la classe.
Non aux attaques de l’État contre ses
employés.
seraient l’égalité entre l’homme et la
femme, la laïcité de l’appareil
gouvernemental, la liberté, l’égalité
entre citoyen, la fraternité, la charité
chrétienne et d’autres rengaines
colportées par les plumitifs à la solde
des souverainistes, comprenant une
militante raciste ex-musulmane,
islamophobe. (2)
Pourtant, le problème posé par
Machiavel Drainville ne porte nullement
sur la laïcité de la société, mais bien
plutôt sur l’oppression organisée contre
les travailleurs dans le milieu
hospitalier, les milieux de l’éducation,
des garderies, des services publics, des
services paragouvernementaux et
municipaux, près de 500 000 employés au
total dans l’ensemble de l’appareil
gouvernemental, que leurs syndicats,
dont la direction est noyautée par les
petits-bourgeois paupérisés, ont
abandonné, attachée qu’ils sont ces
bureaucrates syndicaux pervertis au char
allégorique des péquistes. (3)
Nous savons fort bien que madame
Blancheville d’Hérouxville n’a
jamais rencontré de sa vie, ni jamais
fréquenté un instant une puéricultrice
portant le voile; ni un infirmier
portant le kippa; ni jamais entendu
parler un éducateur portant le Dastar
(turban); ni jamais assisté à la
lapidation d’une femme (dont je ne
saurais vous citer un seul exemple au
Canada). Je sais parfaitement que madame
Blancheville est très inquiète de ces
rites étranges et exotiques qui
pourraient être introduits à
Hérouxville ou à La Malbaie
par l’afflux soudain et massif de
milliers d’étrangers aux mœurs bizarres
et pas catholiques (sic) !
C’est exactement sur ces
ignorances infamantes, cette xénophobie
puritaine et cette bigoterie malsaine de
gens aigris du fond du «pays»,
surexcités par les marguillers de
l’Assemblée nationale péquiste, que
table notre petit Napoléon de la laïcité
pour semer son venin chauvin et
persécuter la travailleuse « immigrée »,
l’acculer au mur cette «étrange »,
l’opprimée encore davantage sous le faux
prétexte de la laïcité. En fait, pour
fournir une raison de plus aux patrons
de menacer et de surexploiter ces
démunis déjà mal lotis «Ca va faire les
grèves dans les garderies et les CPI»
s’écrient les patrons malappris.
Nous sommes parfaitement
conscient que le petit ami blond, blanc,
de la garderie « Auclair Gourbi »
ne s’est jamais senti oppressé par
le voile de la dame qui lui a donné son
goûter ce midi et qui prendra soin de
lui cet après-midi au parc La Vérendrye.
Nous savons aussi que le petit ami ne se
sent jamais oppressé par la couleur de
la peau de son ami Kouao originaire de
Bamako. Toutes craintes qui ne
fleurissent que dans la cervelle de
Machiavel Drainville et de ses
pareils très éloignés des personnes
incriminées.
Il est étrange que madame Lafleur
qui vit dans le quartier Rosemont
et qui rencontre à toute heure ces
immigrants avenants, un peu partout dans
son environnement, se dise très
satisfaite des services professionnels
rendus par tous ces employés empressés,
pas si étranges que cela à bien y
penser, dans notre monde fortement
urbanisé et mondialisé. Conséquence des
crises économiques systémiques qui
affament les gens du Sud les poussant,
migrants-survivants dans la tourmente,
vers le Nord inhospitalier, sur les
traces des ressources naturelles pillées
au Mont Pelé.
Pillées par qui demandez-vous?
Pas par madame Blancheville de
Hérouxville ni par madame Lafleur
de la rue Lavigueur évidemment, mais par
les multinationales du Nord que
Machiavel Drainville, servile, est
si excité de servir, docile. Voilà le
réel motif pour lequel on
rencontre si souvent des immigrants
«étranges et différents» (sic) dans nos
sociétés blanchies, chrétiennes et
aseptisées.
Que les monopoles impérialistes
laissent les richesses appartenant aux
ouvriers du Sud dans les pays du Sud et
les peuples du Sud resteront au Sud.
Nous savons bien que ce vœu est
impossible à réaliser sans un grand
chambardement, sans un
Grand Dérangement
révolutionnaire, diraient nos frères
acadiens de Shippagan. Alors d’ici là ne
nous demandez pas de tyranniser nos
camarades ouvrières et ouvriers
disqualifiés et exploités dans tous ces
métiers déclassés.
Machiavel Drainville, comme ses
maîtres financiers, voudrait le beurre,
l’argent du beurre, mais il ne veut rien
savoir du vacher, de la vachère, qui
voudrait suivre son troupeau jusqu’à
l’usine de transformation et de
valorisation de la ressource et jusqu’à
la banque d’accumulation des profits sur
Bay Street, rue Saint-Jacques et Grande
Allée.
La vraie question «chartiste» de
Drainville
Formulons la question réellement
posée par le thuriféraire Machiavel
Drainville dans sa charte des valeurs
d’exclusion québécoises. Sa question
devrait aller comme suit : «Acceptez-vous
que nous, patrons québécois pure laine,
vexions et excluions
les ouvriers et les employées
immigrantes sous prétexte qu’ils portent
des vêtements différents ? ». (4)
Que chacun sache que ce ballon
d’essai fumeux ne passera pas la rampe
politique ni juridique au Canada. Soit
l’opposition à L’Assemblée nationale
rejettera cette proposition bâtarde ;
soit la Cour Suprême du Canda trouvera
cette loi raciste « ultra vires »,
vexatoire et superfétatoire,
contrevenant à la Charte des droits et
libertés largement suffisante pour
assurer la neutralité en faveur de la
bourgeoisie
des institutions publiques au
Canada et au Québec. (5)
Mais voilà que c’était exactement
le résultat recherché par les
marguillers de l’Assemblée nationale
péquiste. Imaginez la belle vague
nationaliste chauvine que tous ces
crucifiés de la laïcité vexée pourront
soulever chez leur électorat québécois
blanc, catholique et francophone, du
moins l’espèrent-ils. Encore une fois le
méchant Canada aura empêché le pieux
Québec, de Lionel Groulx et de
Duplessis, et ses politiciens racistes
et xénophobes de brimer librement leurs
minorités anglophones ou immigrés.
Aussitôt du haut de la colline
parlementaire Machiavel Drainville
s’écrira «Vite courons marauder les
souverainistes pour renégocier le
partage convenu
des pouvoirs en 1867 (AANB) et
dégager une marge de manœuvre
ostentatoire en faveur de la bourgeoisie
québécoise afin de la libérer de la
tutelle vexatoire de la bourgeoisie
«fédéraliste» et comme disait notre ami
Duplessis ramenons notre butin d’Ottawa»
(Ce Qu’il Fallait Démontrer).
L’ouvrier, le travailleur,
l’employé québécois, amérindien,
acadien, canadien, quelle que soit son
origine ethnique, proche ou lointaine;
quelle que soit sa langue ou son
pays d’origine n’a rien à gagner dans ce
coup fourré où la laïcité de l’État
bourgeois capitaliste n’est aucunement
menacée. Il faut rejeter ces velléités
d’intrusion supplémentaire de l’État
policier capitaliste dans nos vies, dans
nos lieux de travail et dans la société.
Toute cette agitation, cette
montée en puissance des exclusions
«identitaires et ethniques» ne sont que
malversations de la part d’une bande de
brigands péquistes qui font un tour de
piste supplémentaire afin de préparer
les «conditions gagnantes» d’un
hypothétique référendum perdu d'avance,
que le prolétariat québécois rejettera
encore une fois, tout comme il doit
rejeter cette charte de «l’identité et
des valeurs chauvines» du porte glaive
Machiavel Drainville et de ses associés
Lisée et autres défroqués.
Gouvernement péquiste, foutez la
paix à nos amis des communautés
culturelles et à nos camarades
immigrantes de toute obédience et de
toute allégeance. Avant que vous ne
veniez tout emmêler, nous, on aimait
fraterniser et on le fera encore dans
les défilés de la solidarité des
révoltés. L’ennemi et le danger ce n’est
pas le voile de ma copine. L’ennemi
c’est le masque exclusif – raciste –
xénophobe de la bourgeoisie perfide.
À bas la charte anti-immigrés de la
bourgeoisie dégénérée.
____________
(1) <http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/politiqueprovinciale/archives/
2013/09/20130910-104935.html>
(2)
http://www.vigile.net/Djemila-Benhabib-appuie-la-charte
(3) [La charte pourrait
affecter 2% des fonctionnaires, soit 10
000 travailleurs au minimum <http://www.ledevoir.com/politique/quebec/387270/la-charte-vise-moins-de-2-des-fonctionnaires?utm_source=infolettre-2013-09-12&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne>
(4) Tout l’été les femmes
québécoises ont porté des shorts si
courts que l’on pouvait se demander si
le tisserand avait manqué de tissu – Y
aurait-il motif là à légiférer pour
établir une charte des normes
vestimentaires, un code de vie de la
décence et des bonnes mœurs citoyennes
authentiquement québécoise – excluant la
ceinture fléchée j’ose espérer ?
Évidemment non voyons !
(5) <http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2013/09/11/005-charte-gra%20mmond-probleme-juridique-voile-charte-des-droits.shtml>
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