Opinion
Oui, la guerre, c'est la France...
impérialiste
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mardi 15 janvier
2013
Quand un
grand ponte de l’establishment doit
descendre dans l’arène se colleter avec
ses acolytes c’est qu’il y a de l’eau
dans l’essence, dit-on par ici.
Le
citoyen Dominique de Villepin, ex-commis
de la ploutocratie de Paris,
particulièrement guerrière ces temps-ci,
a publiquement pris parti contre
l’aventure militaire française au Mali.
L’ex-ministre Dominique de Villepin,
héritier de l’ère Raffarin, rentier de
l’ère Chirac et prostré de l’ère
Sarkozy, s’est commis d’un écrit plein
de finesse et d’hypocrisie. Son propos,
tout de fil blanc cousu, va comme suit:
Ne refaites pas les erreurs du passé et
apprenez de vos billevesées, bande de
demeurés –… Non, la guerre ce n’est pas
la France déclame-t-il.
Tout
cela coule de source ma foi.
L’impérialisme français arrogant,
revanchard et pédant, après avoir été
complice dans la destruction de la
Serbie, du Kosovo, de l’Afghanistan, de
Djibouti, de la Côte d’Ivoire, de la
Libye, de la Syrie, de la Somalie,
s’attaque aujourd’hui au Mali… pensant
probablement que, la proie étant plus
démunie, le chacal (ou le Rafale!) en
aura vite fini.
Dominique sait d’expérience l’engrenage
de la dépendance à la souffrance (des
peuples néo-colonisés) et il le dit d’un
air déconfit : «
Tirons les leçons de la décennie des
guerres perdues, en Afghanistan, en
Irak, en Libye.
Jamais ces guerres n’ont bâti un État
solide et démocratique. Au
contraire, elles favorisent les
séparatismes, les États faillis, la loi
d’airain des milices armées. Jamais ces
guerres n’ont permis de venir à bout de
terroristes essaimant dans la région. Au
contraire, elles légitiment les plus
radicaux. Jamais ces guerres n’ont
permis la paix régionale. Au contraire,
l’intervention occidentale permet à
chacun de se défausser de ses
responsabilités.
Pire encore, ces guerres sont un
engrenage. Chacune crée les conditions
de la suivante. Elles sont les batailles
d’une seule et même guerre qui fait
tache d’huile, de l’Irak vers la Libye
et la Syrie, de la Libye vers le
Mali en inondant le Sahara d’armes de
contrebande. Il faut en finir.» (1).
Que de
sagesse ! Notez que monsieur de Villepin
ne dit pas que les impérialistes
français devraient s’abstenir de
s’immiscer dans les affaires intérieures
de leurs néo-colonies d’Afrique; en
effet, ce n’est pas ce que l’ex-candidat
à la candidature suprême préconise. Il
dit simplement que l’espionnage, le
magouillage, la manipulation des pions
dans la région, quelques strapontins et
quelques valises diplomatiques bien
garnies sont plus payantes que force ni
que rage.
La
recette militaire a été essayée sans
succès, elle n’a donné que révoltés
enragés, destruction des
infrastructures, famine chez les futurs
esclaves salariés à bientôt exploiter,
moins d’affaires, moins de ressources
minières à exproprier et moins de
marchés à s’emparer. Pourquoi ne pas
tenter la solution toute de diplomatie
emberlificotée ?
Lisez
plutôt : «Il faut aussi une dynamique
régionale, en mobilisant l’acteur
central qu’est l’Algérie et la CEDEAO en
faveur d’un plan de stabilisation du
Sahel. Il faut enfin une dynamique
politique pour négocier en isolant les
islamistes en ralliant les Touaregs à
une solution raisonnable. (…) Telle est
la responsabilité de la France devant
l’histoire.» (2). Autrement dit, faire
faire la guerre de la «mère patrie» par
les soldats des néo-colonies. Africains
contre africains pour le bien des
métropolitains.
Les
pontifes français sont prompts à charger
leur nation des missions du trublion que
personne pourtant ne souhaite leur voir
assumer. Bien entendu quelques
«mécréants» diront que les intérêts de
la France au Mali sont plus immédiats,
plus sonnants et trébuchants et plus
pressants que le ponte ne veut bien
l’avouer. Ces éternels palabres
africains où le maître doit à la fin, de
toute façon, donner de la cravache et du
goupillon, ne garantissent nullement que
les pillards pourront conclure leur
larcin.
«
L’intervention française, baptisée «
Opération Serval », du nom d’un félin
africain, a été décidée après que les
islamistes d’Ansar Edine eurent pris
plusieurs positions dans le sud du pays,
notamment la région de Komma, et menacé
de prendre la capitale Bamako, et donc
d’avoir un contrôle total du pays (ce
qui aurait placé cette organisation –
qui est sous le contrôle dont on ne sait
qui dans la région – en position de
force pour les négociations de la
cession du butin de radiation. NDLR). »
« Une
situation qui posait un problème à la
France, non pas pour les raisons
«humanitaire» si chères à Bernard
Kouchner et autres BHL de ce monde, mais
plus vraisemblablement parce que la
société Areva, groupe industriel
français spécialisé dans les métiers du
nucléaire, en particulier l’extraction
de minerai d’uranium, bataille depuis
plusieurs années pour obtenir
l’exploitation de quelques 5,000 tonnes
de minerai qui se trouvent à Faléa, une
commune de 21 villages et 17,000
habitants, située dans une région isolée
à 350 kilomètres de Bamako, capitale du
Mali. » (3).
Ah si
tous ces politiciens, ces militaires et
ces terroristes-djihadistes à leur solde
– le problème avec les mercenaires
djihadistes c’est qu’ils se vendent au
plus offrant et que comme les soldats
ils sont sans foi ni loi – seule l’odeur
de l’argent les fait changer de camp; si
tous ces gens avaient entendu le chaman
du Nord Mali que nous avons interviewé
récemment : « Mes frères, déclara le
sorcier malien, croyez-vous que le
nouveau Président puissant, ce monsieur
Hollande de France, tirera leçon des
massacres afghan et irakien et syrien et
libyen ? Aucunement, et nous les
attendons bientôt avec leurs armées et
leur équipement de mort, venir
engraisser les ploutocrates obséquieux
qui tiennent lieu de
Président-polichinelle à Bamako notre
capitale, entouré de son armée de
pacotille en guenille, toujours prête à
faire feu sur les paysans maliens, à
violer les femmes et à recruter leurs
enfants-soldats. »
Et le
vieux marabout de conclure assis dans sa
case de l’Azawad envahi : « Que tous ces
preux demeurent chez eux parmi les leurs
en pleurs et qu’ils laissent le malien
palabrer avec le malien, le noir
discuter avec le blanc, le Touareg avec
le Bambara, le Bobo et le Dogon. Qu’ils
laissent le chrétien africain négocier
avec le musulman africain et qu’ils nous
laissent en paix. Tous ces étrangers ont
assez saccagé nos contrées pour ne pas
insister et blesser davantage notre
fierté. Dites au Président à Paris, fils
de colonialistes proscrits, ce monsieur
Hollande «socialiste», de ne plus s’en
faire : nous Maliens nous saurons régler
cette affaire sans détruire la
terre-mère qui nous appartient. » (4).
La
France hors du Mali.
L’Afrique aux Africains.
(1) Non, la guerre, ce n’est pas la
France. 12.01.2013.
http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Actualite/Villepin-Non-la-guerre-ce-n-est-pas-la-France-585627
(2) Non, la guerre ce n’est pas la
France. 12.01.2013.
http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Actualite/Villepin-Non-la-guerre-ce-n-est-pas-la-France-585627
(3) Spencer Delane. L’intervention
militaire française au Mali. Mécanopolis.
13.01.2013.
http://www.mecanopolis.org/?p=26739
(4) Légende du nouvel an au Mali
5.01.2013.
http://www.partisadi.net/2013/01/legende-du-nouvel-an-au-mali/
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