Opinion
Les resquilleurs
de la charte des valeurs québécoises !
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 9 octobre 2013
La «Charte des valeurs communes à tous
les québécois» !?...
Les différentes idéologies
religieuses propagées parmi la classe
ouvrière et le peuple par les
marguilliers de l’éternité et les
thuriféraires de Lucifer provoquent des
contradictions dans les rangs des
travailleurs soumis qu’ils sont à
l’idéologie des riches. Malgré cette
influence de la religion sur le front
idéologique, les prolétaires ne doivent
pas se laisser dévoyer ou diviser par
les idées nationalistes-chauvines,
xénophobes et racistes émanant de la
bourgeoise et de ses affidés.
La classe ouvrière doit impérativement
préserver son unité de classe insécable.
Les contradictions que la mystique
religieuse engendre au sein de notre
classe, entre athées et tenants
embrigadés des religiosités, ne doivent
surtout pas dégénérer en relations
antagonistes dans nos rangs soudés. Ces
contradictions doivent être
impérativement réglées sur une base
non-antagoniste, grâce au temps, à la
persuasion, à la démonstration, à la
patience et la pertinence de
l’argumentation.
Il faudra des décennies d’efforts et le
changement radical du système social
pour effacer des millénaires de
prosélytisme religieux. Aucune loi
ne peut transformer le cerveau d’un
ouvrier ou d’une employée salariée.
Peu importe les stratagèmes
imaginés par notre ennemi de classe, et
essaimés par les bobos-petits-bourgeois,
courroies de transmission des médias,
notre classe doit non seulement demeurer
unie mais elle doit défendre
farouchement chacun de ses segments
que la bourgeoisie tente d’isoler afin
d’en faire un bouc émissaire et la
victime de ses émissaires xénophobes et
chauvins.
Prenons l’exemple de la «
Charte des valeurs communales
québécoises ». Les oligarques du
Parti québécois admettent que ce projet
de charte constitue une attaque contre
les travailleuses musulmanes et contre
les travailleurs de certaines
communautés religieuses (sikhs et juifs)
employés dans la fonction publique.
Bien malin qui parviendra à
trouver ces valeurs
communes à tous les québécois,
c’est-à-dire communes à toutes les
classes sociales – travailleurs – grands
capitalistes – petits-bourgeois – vivant
dans la Province de Québec de façon
permanente, et que l’État pourrait
consigner dans sa Charte des valeurs
québécoises «communautaires». De fait
c’est impossible car ces classes
sociales n’ont pas du tout les mêmes
valeurs.
Démonstration = aucune valeur commune
La formulation des
valeurs morales diffère d’une
religion à une autre ; d’une tendance
religieuse à une autre au sein d’une
même religion ; d’une secte à une autre.
La laïcité peut être un objectif de
l’État en tant qu’institution mais le
gouvernement ne peut l’imposer à tous
ses commettants qui pour la majorité
sont toujours croyants. Les valeurs
morales sont des valeurs personnelles
sur lesquelles l’État bourgeois n’a pas
à légiférer. Il faut empêcher l’État de
se mettre le nez dans nos foyers, sous
les vêtements des engagés et dans nos
chambres à coucher.
L’égalité
homme-femme dont les ténors du Parti
québécois font les gorges chaudes n’est
qu’un vœu pieu que la pratique en
société dément chaque journée. Les
femmes sont encore largement
sous-représentées au gouvernement, au
parlement et dans l’administration
publique, dans les conseils
d’administration et dans une majorité de
métiers. La femme enceinte perd souvent
son emploi à son retour au travail même
si l’employeur le dément. Les salaires
dans le secteur manufacturier et dans le
commerce sont différenciés selon la
citoyenneté et le sexe du journalier.
Les valeurs de
tolérance et d’ouverture
aux communautés culturelles sont
brocardées justement par ce projet de
«Charte» d’exclusion qui constitue la
contrefaçon parfaite de ce qu’il prétend
défendre. Trois québécois sur quatre
croient fortement à la valeur
fondamentale du «droit
au travail» que le gouvernement
bafoue et s’apprête à répudier en
congédiant des milliers de travailleuses
et de travailleurs pour motif religieux.
Les valeurs
d’éthique et
de
transparence, prétendument chères au
PQ, sont trainées dans la boue par les
élus fédéraux, provinciaux et
municipaux, par les hauts fonctionnaires
et par les bureaucrates syndicaux comme
le démontre la Commission Charbonneau et
comme l’a démontré le scandale des
commandites et comme le démontre le
scandale des sénateurs à Ottawa.
La bourgeoisie prêche l’honnêteté
et l’équité
et s’empresse de transférer ses profits
dans les paradis fiscaux pour ne pas
payer d’impôt
avec la complicité obséquieuse des
gouvernements qui tolèrent ces
échappatoires frauduleuses.
Les valeurs de
fraternité et de solidarité
sont outragées par le gouvernement qui
coupe dans l’aide sociale destinée aux
déshérités. Même chose pour le soutien
aux
logements sociaux dont les budgets
vont à vau-l’eau.
L’assurance chômage n’est assurée
qu’à 40% des chômeurs. Où sont
fraternité et
solidarité pour les 60% de sans
emploi sans prestation ?
Pas étonnant que le nombre de
sans-abris (SDF) augmente chaque
décennie. Sans-abris que la police met à
l’amende pour vagabondage faute de
monnaie dans leur besace.
La valeur de
liberté est ridiculisée par les élus
municipaux entravant le droit de
manifester, d’afficher et de protester.
Cette valeur est biaisée par les lois
gouvernementales spéciales brisant les
grèves légales et par les décrets
imposant les règlements des conventions
collectives. Et que dire de la
liberté de culte que le gouvernement
transgresse par sa proposition de
législation «chartiste» !
L’appétit de
justice est le plus bafoué de tous
par les juges des richards qui
attribuent les sentences en fonction du
patrimoine et du statut social des
prévenus.
Les juges des patrons rendent
injonction par-dessus
injonction contre les grévistes pour
casser leur lutte et permettre aux
patrons de continuer la production. Des
spéculateurs boursiers, financiers et
immobiliers cartonnent quelques mois ou
quelques années pour avoir dépouillé de
leur rente des milliers de petits
retraités, des sentences moins lourdes
que celles assénées aux voleurs à la
tire. Un médecin spécialiste peut tuer
ses enfants et s’en tirer allègrement.
Un pédophile connu est libéré, il
récidive et il tue. Que fait donc la
justice ? Les usines, les minières,
les pétrolières, les compagnies de
chemin de fer polluent et tuent. L’État
assume, décontamine et refile la facture
aux contribuables qu’il harcèle ensuite
de ses règlements tatillons
sur le pollueur-payeur.
La
paix est une valeur largement
partagée par les ouvriers et les
travailleuses de toute origine. Si cette
valeur était importante pour la
bourgeoisie québécoise, celle-ci
mènerait campagne pour sortir la
province et le Canada de l’OTAN et du
NORAD et de toute autre alliance
guerrière. De plus, la bourgeoisie
interdirait à une entreprise de produire
des mines anti personnel. La valeur de
paix ne semble pas partagée par ces
surfaits.
Où est l’équité
pour améliorer les services hospitaliers
et cesser de subventionner des
compagnies privées qui font des
profits exorbitants. La grande
majorité des québécois s’oppose à ces
cadeaux de roi offerts à ces compagnies
milliardaires. De quelles valeurs
québécoises parle-t-on ici ?
Les travailleuses immigrées sont visées
pour être isolées
Face à la crise économique qui
s’approfondit il est requis pour
l’État policier d’intervenir de
façon musclée afin
d’écraser toute volonté de résister à
l’autorité. Si l’État policier ne
parvient pas à isoler des sections de
salariés et à briser le front uni des
ouvriers il ne pourra imposer les
mesures d’austérité qu’il s’apprête à
promulguer.
Nous l’avions observé l’an
dernier. En repoussant le gouvernement,
le mouvement étudiant a constitué
l’avant-garde des luttes populaires
contre l’État d’austérité qu’il a fait
reculer. La tactique était la même :
n’attaquer que les étudiants et les
diviser en différents segments :
militants (CLASSÉ) - non militants -
petits collabos et jaunes «scabs». Cette
stratégie a échoué. Cette année, voilà
un nouveau gouvernement promouvant la
même tactique machiavélique. Isoler
quelques groupes d’immigrés – les
séparer des autres
travailleurs-travailleuses sous prétexte
de valeurs opposées : les «de souche»
d’un côté et les étrangers «drôlement
accoutrés» de l’autre.
Ceux qui ont des valeurs communes
ce sont tous les ouvriers et les
salariés. Peu
importe leur origine ethnique ou leur
religion, ils ont tous des valeurs de
labeur, de paix, de solidarité, et
d’honnêteté propres aux travailleurs.
Ceux qui ont des valeurs opposées ce
sont les
milliardaires, les patrons
d’usines, les capitalistes, la
bourgeoisie péquiste et leurs affidés,
les bobos-petits-bourgeois resquilleurs.
Aucune valeur commune dans cette Cour
aux miracles chauvine.
Allez – grands et
petits-bourgeois – retournez dans votre
Assemblé nationale « crucifiée » et
laissez
nos camarades travailleuses et
travailleurs de la fonction publique
œuvrer à réparer les misères que vous
nous infligez.
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