Opinion
Anesthésié ou à
froid - Romney ou Obama ?
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 7 novembre
2012
Si Romney avait été
président,
à n’en pas douter, le traitement aurait
été diligent pour le patient, avec le
risque que l’éclopé, non anesthésié,
réagisse méchamment sur la table
d’opération et se révolte avant que
d’être asphyxié.
Obama président, c’est différent, le
patient chloroformé – anesthésié –
subira l’ablation de son porte-monnaie
sans trop souffrir; il suffira de bien
le contrôler au moment de s’éveiller.
Il y a
effectivement des différences
cosmétiques et politiques entre le parti
Démocrate et le parti Républicain.
La faction Démocrate représente les
capitalistes monopolistes industriels,
le secteur des technologies nouvelles et
la bureaucratie syndicale
collaboratrice, alors que
la faction Républicaine représente
les pétroliers, les banquiers, les
capitalistes financiers et les sectes
hystériques du «Bible Belt»; tandis que
les mafieux et les bandes criminelles se
répartissant équitablement entre les
deux formations.
Les Républicains
pensent qu’il faut commencer par
matraquer les ouvriers et les citoyens
lambda, puis les assommer de propagande
terrifiante à propos de la sécurité et
de tous ces dangers suite aux crimes de
guerre de l’armée américaine que les
frères des assassinés souhaitent venger.
Les Démocrates
préfèrent apaiser l’ouvrier, et lui
présenter de multiples considérations
compliquées, puis le chloroformer de
promesses et de publicité, et à la fin
seulement matraquer ceux qui restent
révoltés.
L’élection de
Romney aurait certainement soulevé
inutilement les bobos indignés – vexés
de ne pas être écoutés
démocratiquement-futilement. Aucun doute
que l’industrie de la pétition en série
aurait fait de bonnes affaires. Des
millions de bobos auraient barbouillé
des dizaines de pétitions sur la
violence faite aux canins, sur les
aérosols et le pergélisol, sur la
pollution par le son et les ions, sur la
barbe du père Noël ainsi que pour exiger
que la pauvreté soit stigmatisée
(pétitions réellement observées sur le
site mondial des pétitions). Quelques
agités se seraient fièrement retrouvés
au journal télévisé pour dénoncer les
riches affamés de profits et pour les
supplier de plus d’altérité.
L’élection d’Obama
ne règlera rien mais elle calmera tout
cela et
dans quatre ans les experts patentés,
les analystes sous-fifres et les
thuriféraires déjantés viendront
admettre en pleurnichant que finalement
la Révolution Obama n’aura pas eu lieu
ni au premier ni au second mandat.
L’Amérique est en
panne, elle vit en léthargie et son
système économico-social ne sait plus
progresser. Exit la prospérité et le
refrain du rêve américain!
Finalement, les ouvriers lucides n’ont
pas voté. Laissés pour compte,
désœuvrés, attendant d’être employés –
usés – exploités – puis mis aux rebuts,
ils ont refusé d’être complices de leurs
sévices.
Le vrai gagnant est
aux abonnés absents. Il a recueilli plus
de 40 % des non-suffrages populaires (85
millions-abstentions), à travers les
abstentions de gens ordinaires qui n’ont
plus rien à perdre, même pas leurs
illusions « démocratiques » et qui
attendent patiemment que sonne le signal
du soulèvement général des travailleurs
salariés – sous-payés – des opprimés des
sweat shops mal rémunérés, des
maltraités de la restauration rapide et
des grandes surfaces de distribution,
des pressurés du tertiaire hypertrophié
et des estropiés du secteur industriel
comprimé et délocalisé.
Sous Obama, les
milliardaires vont engraisser, ils
l’auraient fait également sous Romney.
Sous Obama, la dette souveraine va
s’envoler, elle aurait gonflé tout
autant sous Romney. Pendant quatre
années Obama devra gérer la descente aux
enfers d’un empire en déclin –
une crise sur laquelle le gouvernement
américain – Démocrate ou Républicain –
n’a aucun pouvoir souverain.
Le prolétariat
étatsunien le sait bien. Ce qu’il sait
moins, c’est que lui seul possède la
solution à cette gabegie. Quand il
l’aura compris, c’en sera fini du
mépris, à la
condition que d’ici là il s’organise en
tant que classe dominante pour
exproprier le pouvoir politique des
capitalistes.
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