Opinion
Beppe Grillo -
Triste clown désolant -
Que du vent inquiétant
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 6 mars
2013
Il y a trois ans éclatait l’immense «Printemps
arabe» couvrant tout un
sous-continent opprimé et ostracisé. Il
y a deux ans détonait la révolte des
ouvriers grecs, espagnols et portugais
contre les mesures d’austérité
imméritées. Il y a deux ans se
dressaient les «indignés»
réclamant la compassion des riches et
l’arbitrage des flics. Il y a un an
explosait le «Printemps
érable» dans un coin de
pays lointain, plus tout-à-fait serein.
Il y a des mois pétaradait la révolte
des mineurs Sud-africains assassinés. Il
y a quelques jours fulminait la hargne
du peuple italien contre ces vauriens de
politiciens et les mafieux larbins.
Toutes ces révoltes
populaires ont la même origine, les
mêmes causes et s’expriment toutes de la
même manière spontanée,
désorientée, désolante et impuissante.
Comment, pourquoi, jusqu’à quand ce
désarroi ?
Pourtant nos souffrances sont
tangibles; immanentes au système
économique impérialiste qui nous
assujettis via ses nervis. La crise
économique systémique frappe réellement
les gens du peuple et les artisans, les
paysans et les manants, les travailleurs
et les ouvriers, systématiquement,
inexorablement, tous pareillement,
aveuglément et injustement.
Nous devons tous payer et rembourser
les présents qui ont été donnés aux
banquiers, aux actionnaires prédateurs
tout-puissants – indifférents à notre
misère égrotante. Partout, sur tous les
continents, indistinctement, les petits
et les grands croquants, les mamans et
leurs enfants, les étudiants et les
manifestants, les chômeurs et les
sans-papiers, les autochtones et les
ouvriers, hurlent leur colère
désemparée, désorientée.
Partout la crise systémique de
l’impérialisme laisse à la traîne son
fatras de dégâts; son fouillis de
famines; son amoncellement de victimes;
sa flopée de noyés de la traversée de la
mer des émigrés; son lot d’assoiffée au
Sahel occupé, à la frontière du Texas
emmuré; son quantum de paupérisés des
cités, des casbahs et des souks ameutés;
son monceau de désœuvrés des campagnes;
sa multitude de saqués des usines, de
grand brûlés des «sweet chops»
cadenassés, de délogés des taudis;
pendant que la machine à calculer les
profits grince en broyant la vie de ceux
qu’elle maudit.
Tous ces révoltés sur tous ces
continents saignés à blanc, ont perdu
leurs repères les orientant contre les
omnipotents profiteurs cachés dans leurs
repaires de brigants – dans la banque de
Wall Street – de la City – rue
Saint-Jacques et sur Bay Street – Place
Vendôme et à Shanghai la tonitruante;
voilà où logent les coupables à châtier.
Quand tout un peuple prostré finit
par penser qu’un bouffon grimaçant peut
exprimer son désenchantement face à un
système économique et politique
impuissant à développer ses forces
productives sociales et à assurer la
reproduction élargie de la richesse
collective, c’est que ce peuple a été
trompé et sa colère dévoyée.
Les billevesées de ces révoltés
pseudo-apolitiques mais véritablement
anarchistes, mammouths politiques ni de
gauche, ni de droite mais réellement
d’extrême droite populiste – sont nées
du vide idéologique foudroyant des
milliers de révoltés désorientés qui ont
vu « de leurs yeux vu » la trahison des
clercs «communistes»-révisionnistes et
des «socialistes» opportunistes et
va-t’en guerre.
Ceux-là, tout comme les
pseudo-gauches de Mai-68, traînent dans
le paysage révolutionnaire depuis des
années, comme leur héraut Beppe depuis
quelques mois, soutenus par la presse à
la solde, trop heureuse de détourner le
mouvement vers des sables mouvants.
Tous, ils ont trahi les sacrifices de
Sidi Bouzid l’immolée; les sacrifiés de
place Tahir l’enragée; les indignés de
Wall Street l’occupée; d’Athènes
l’éternelle d’où les colonels ont un
jour été chassés; de Rome l’immortelle
où les chemises noires ont un jour été
écrasées; de Berlin l’éprouvée où les
chemises brunes ont un jour été
laminées; de Madrid l’endeuillée où les
brigades internationales ont un jour été
glorifiées; de Montréal la spoliée d’où
les jaunes ont un jour été expulsés.
Partout, les mêmes illusions
réformistes, propagées via les réseaux
sociaux – comme si le médium faisait le
message – illusion menant droit au
marais des désillusions. Puis, le feu de
paille consumé, le travailleur accablé
retourne à l’usine gagner de quoi payer
son triste loyer.
Non, Beppe Grillo le pseudo critique
défaitiste n’enfantera pas l’espérance;
pas plus que les jaunes qui l’ont
précédé. Ni Beppe, ni aucun de
ces gringos n’apportent la compréhension
des contradictions qui minent ce système
économique obsolescent qui a fait son
temps. Beppe Grillo ne fait
qu’amuser la galerie – distraire les
révoltés de leur colère renfrognée. Il
fait le jeu des porte-faix qui cherchent
à gagner du temps pour le bénéfice des
grands, leurs gérants, les capitalistes
monopolistes tout puissants que les
ouvriers doivent exproprier séance
tenante.
Beppe Grillo dénonce les sous-fifres,
désigne la victime comme étant le
coupable, et propage la confusion sur ce
qui est pourtant évident. Ils sont tous
pareils et tous coupables ces
politiciens bourgeois, y compris ceux
qui, comme lui, opportunistes et
sournois, collectent des voix en
houspillant leurs malversations sans les
renverser pour de bon (1).
(1)
http://www.pressegauche.org/spip.php?article13241
ANNONCE
IMPÉRIALISME ET QUESTION NATIONALE
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