Opinion
Un autre mode de
production est possible
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 3 juillet 2013
Produire pour se reproduire – le « Mode
de production »
Récemment j’ai
participé au «Festival
des Solidarités» [www.facebook.com/journal.alternatives].
Il est convenu, depuis que le système
d’économie politique impérialiste dérape
et s’enfonce inexorablement dans une
crise systémique, de montrer du doigt
les causes de cette déconfiture
économique, politique et écologique.
Quand on pointe ainsi du doigt les
causes profondes de cet effondrement les
activistes écologistes regardent le
doigt et conviennent qu’il représente
effectivement les motifs plausibles de
la surexploitation de la
Terre-mère-nourricière par le travail
ouvrier.
La
dernière
trouvaille du
conférencier des «
Solidarités », un habitué de ces
messes et festivals convivial de la
société civile (sic),
s’appelle
étrangement
l’«économie
extractive», larcin théorique
commis à l’encontre d’un universitaire
de renom faisant recette dans ces
cercles rocambolesques; concept qu’il a
probablement extrait de la somme d’«
économie discursive et contemplative
» de François d’Assise.
Il y a plus d’un
siècle que la communauté scientifique
sait que la nature a développé,
notamment à travers les communautés
humaines structurées, différentes
stratégies pour assurer sa reproduction
élargie. Historiquement, chaque période
de la courte existence des sociétés
humaines a vu naître un mode de
développement dominant qui, peu
performant en débutant, laissait une
faible empreinte écologique; puis,
devenu hégémonique, ce mode de
développement accentuait dangereusement
son empreinte écologique jusqu’à ce que
des contradictions internes à ce système
de production et d’échanges l’amènent à
disparaître et à être remplacé par un
autre plus performant. À titre
d’exemple, il aura fallu des siècles
pour que la mince couche de terre arable
recouvrant la péninsule italienne se
régénère suite à la surexploitation et
au lessivage des terres agraires sur les
latifundia esclavagistes romains (Ve
s. ap. JC.).
En d’autres
termes, l’être humain dans son processus
social de reproduction élargie a imaginé
des solutions efficaces pour se nourrir,
se vêtir, se loger, se déplacer, se
soigner, s’éduquer, s’amuser et se
cultiver et surtout se reproduire
(Femme(s) + Homme(s) = Enfants.
L’ensemble constituant le noyau familial
de base). Si l’homo sapiens en tant
qu’être sociable et social n’avait pas
conçu des solutions ingénieuses et
durables, il serait disparu en tant
qu’espèce animale extrayant et
transformant les ressources rares de la
biosphère planétaire.
Ces solutions
sociales aux impératifs de survie et de
reproduction élargie sur une planète aux
ressources finies s’appellent un «
Mode de production ».
Historiquement, il y eut le mode de
production
Primitif (chasseur-cueilleur sans
classe sociale); le mode de production
Esclavagiste-antique; le mode de
production du
Servage-féodal; le mode de
production
Salarié-capitaliste et le mode de
production
Socialiste (aujourd’hui disparu,
mais il renaîtra de ses cendres soyez
sans crainte).
Un «
Mode de production » est un
système global et complexe d’extraction
et de transformation des ressources
rares de la nature, y compris des
énergies fossiles non-renouvelables; de
distribution et d’échange des biens et
des services produits; de renouvellement
des moyens de production et
d’exploitation des forces productives;
et enfin,
d’appropriation-accumulation des
richesses sociales produites, visant
à assurer la reproduction élargie du
système de production dans son ensemble.
S’administrer et s’organiser – les
Rapports sociaux de production
Un mode social de
production implique nécessairement le
développement concomitant de «
Rapports de production »
concordants avec les
forces productives mise en œuvre.
Autrement dit, les communautés humaines,
pour produire et se reproduire sur cette
Terre de misère, se sont organisées en
classes sociales et se sont dotées de
superstructures organisationnelles pour
régir chacun des modes de production,
extraire et utiliser les ressources de
la biosphère et les transformer en biens
et en services pour le bénéfice de la
communauté.
La compréhension
des «
Rapports sociaux de production »
sera indispensable quand nous aborderons
le problème de la destruction des
écosystèmes et de la pollution de la
biosphère. Les rapports de production
sociaux sont les relations que les
humains entretiennent entre eux dans le
cours du processus de
production-reproduction élargie des
forces productives, des moyens de
production et des biens et services
requis pour la survie de l’espèce.
Ainsi, un humain devient ferblantier,
menuisier, soudeur, camionneur et
l’autre deviendra fossoyeur, marchand,
enseignant, banquier, directeur; alors
qu’un troisième sera fonctionnaire,
policier, juge ou député. Chacun gagne
sa vie à la sueur de son front ou de
celui de ses compagnons.
Ce sont ces
rapports sociaux de production – cette
structure organisationnelle et sociale
fondée sur le système de propriété, et
de transmission de ces propriétés d’une
génération à une autre (héritage), qui
fonde le droit, le pouvoir (militaire)
et la puissance sociale que confère la
propriété privée de la richesse et
détermine en dernier ressort l’empreinte
écologique qu’auront les activités
humaines – si celle-ci sera négligée,
atténuée, compensée, contrée ou
accentuée.
Le « modèle » de capitalisme brésilien
Démonstration. Une multinationale privée
productrice de bois d’œuvre a obtenu par
prévarication des fonctionnaires et des
politiciens brésiliens des droits de
coupe sur une immense étendue de forêt
amazonienne. Cette entreprise privée
possède une usine de sciage dans la
région de Manaus au cœur de l’Amazonie.
Habituellement, un député, un sénateur
ou un ministre du Parti «socialiste» des
Travailleurs du Brésil est actionnaire
de cette multinationale impérialiste.
Cette entreprise n’a pas pour vocation
de préserver la nature mais elle a pour
plan d’affaires de couper du bois, de le
scier et de le vendre à une manufacture
de meubles, tout cela au plus bas coût
qui soit (salaires et charges sociales
minimisées) de façon à maximiser les
profits de cette compagnie cotée à la
bourse de Sao Paulo pour le plus grand
bénéfice des actionnaires de cette
multinationale prospère.
Les bucherons en
forêt, les ouvriers en scierie, les
camionneurs et les administrateurs de
cette entreprise privée ne sont que des
rouages sans pouvoir dans l’ensemble de
ce processus de production – non pas de
production de bois d’œuvre comme vous
pourriez le penser, mais en réalité,
cette firme produit des profits et
fonctionne indépendamment des hommes
impliqués dans ses activités (changez le
personnel et le processus restera le
même). En effet, en « Mode de production
» capitaliste, la finalité de la
production des biens et des services
n’est pas de satisfaire les besoins
humains. La finalité du système de
production capitaliste est de se
reproduire et, pour y parvenir,
ce « Mode de production » s’assure qu’il
y aura production de plus-value qui sera
expropriée pour partie sous forme de
profits-dividendes que les
actionnaires encaisseront assurant ainsi
la capitalisation et la reproduction
élargie du système d’économie
capitaliste.
Qu’une entreprise forestière ne se plie
pas à cette loi d’airain pour des
raisons environnementales et par souci
de préserver la forêt équatoriale en
perdition, et cette entreprise sera
bientôt elle-même en perdition. Elle
congédiera sa main-d’œuvre et déposera
son bilan, qu’une entreprise
concurrente, plus ardente, achètera afin
de gober ses droits de coupe et
poursuivre l’exploitation abusive de la
ressource accumulant d’immenses profits
pour assurer sa reproduction élargie.
Ainsi va la vie des compagnies sous
l’écologie impérialiste.
L’abcès n’est pas l’individu mais le
rapport de production entre les
individus
Aucun capitaliste ne détruit
l’environnement ni ne surexploite les
ressources de la biosphère pour le
plaisir sadique de détruire et de
déplaire, ni ne pollue l’atmosphère pour
satisfaire un penchant pervers. Ce
capitaliste sait mieux que quiconque que
la destruction de la biosphère
entraînera un jour des coûts exorbitants
qui se répercuteront sur les profits de
sa compagnie (éloignement des zones
d’exploitation, fermetures d’usines,
déperdition de la ressource, coût
d’extraction prohibitif), mais aucun
capitaliste ne peut s’y attarder pour le
moment puisque son concurrent est à
l’affut – tout comme son
banquier-créancier, et ses actionnaires
stipendiés qui faute de rentabilité
élevée auront tôt fait de retirer leur
investissement et de déplacer leurs
capitaux vers des concurrents plus
performants. Et si le Conseil
d’administration de cette multinationale
ne se résout pas à cette
surexploitation, le taux de profit
affiché par leur entreprise s’affaissera
inexorablement jusqu’à ce qu’une
multinationale chinoise, indienne ou
brésilienne s’empare du marché et assure
la surexploitation de la biosphère de la
Terre toute entière.
Par exemple, pour
produire quelques litres d’éthanol il
faut détruire des mètres carrés de
canopée et il faut affamer (tuer
violemment) des dizaines de brésiliens
Sans-terre de la ville de
Porto Alegre, la Mecque brésilienne,
où les verts-écolos aiment retourner en
pèlerinage annuel ameuter les
communautés outrées
d’écolo-citoyens-démocratiques et
pacifistes.
Le gaspillage-marchand
Si une marchandise ne trouve pas
preneur, et ne permet pas de réaliser la
plus-value-profit, l’entreprise privée
ou d’État préfèrera la brûler, la
détruire ou la laisser pourrir plutôt
que de la donner ou de la vendre à prix
trop coupé ce qui entrainerait
l’effondrement du marché et réduirait la
rentabilité de l’industrie et de
l’économie toute entière. Dans le monde
un tiers des denrées alimentaires sont
ainsi jetées et javellisées chaque année
pour ce satanique motif.
www.les7duquebec.com/ 7-de-garde-2/plutot-jeter-la-nourriture-que-la-donner/.
La commercialisation et la consommation
des marchandises sont des étapes
cruciales du cycle de reproduction
élargie du capital. L’arrêt de la
consommation signifie l’arrêt des
profits et donc la fin de la
reproduction élargie et la disparition
du mode de production capitaliste
industriel-financiarisé (impérialiste).
Warren Buffet, ce milliardaire de «
gauche » le disait récemment: pour
sauver le capitalisme il faut relancer
la consommation. Peu importe ce que vous
consommez l’important est d’acheter et
de consommer, disait-il…Mais avec quel
argent ?
Les Verts-éco-socialistes réactionnaires
Et voici le
naturiste – l’écologiste en
képi-treillis – le David Suzuki de
l’éco-socialisme, dénonçant le mode de
production de l’«
économie extractive » (sic);
voilà que le Nicolas Hulot éco-Vert en
colère s’avance sur la scène du
Festival des festivités
irresponsables, déversant ses
rodomontades sur cette dame sidérée
assise en première rangée recopiant
soigneusement leurs billevesées.
L’acteur pointe la
dame d’un doigt accusateur et aboie : «
Je vous ai vue là-bas jeter par terre ce
sachet pollueur et destructeur de la
couche d’ozone. Négligence criminelle
qui m’a tant chagriné et qui vous sera
difficilement pardonnée. Chacun doit
changer sa mentalité, enchaîne-t-il, et
transformer son quotidien afin de
composter, recycler, éco-épargner.
Faites un don à notre ONG, ou mieux
encore, achetez les actions
écoresponsables de notre société
multinationale et cessez de consommer
d’autre «liquidité» que l’eau
embouteillée certifiée recyclée de
source naturelle. La simplicité
volontaire (vous connaissez ?) est une
priorité, sinon la Terre entière sera
saccagée ».
La dame est
terrifiée et l’ouvrier atterré, assis à
ses côtés, s’est éloigné pour ne pas
être contaminé – lui qui ne possède en
or que ses nuits blanches et sa force de
travail à vendre sur ordonnance. Dans
l’assistance pétrifiée les enfants et
les mamans se tiennent coi, toutes ces
gens sans pouvoir d’achat, sans argent
pour la consommation,
et
sans propriété privée (ou si peu) – sans
capital et sans épargnes – tous démunis,
sont pourtant ébaubis, ils sont accusés
de trop consommer, de trop circuler, de
trop copuler, de trop chauffer, de trop
manger, de trop s’habiller, de trop
s’amuser, de trop travailler, de trop
s’attarder dans les bras de Morphée,
alors que leur quotidien n’est qu’une
suite sans fin de luttes de résistance
pour conserver leur emploi précarisé; de
batailles pour vendre leur force de
travail à un salaire suffisant pour
retourner se faire exploiter encore une
journée; de manifestations pour
conserver les services de santé
privatisés ou liquidés; de contestations
pour défendre l’accessibilité aux études
supérieures et pour lutter contre la
dilapidation des fonds publics
stipendiés; de guerres de classe contre
les hausses de tarifs des services
publics et contre la liquidation des
sociétés d’État et pour opposer la
destruction des terres domaniales, des
parcs et des espaces verts… Ah le mal
que l’on peut leur faire à tous ces gens
biens ordinaires.
Si les Verts-les
écologistes,
les-simplistes-volontaristes,
les-miséreux-involontaires et
les-éco-irresponsables veulent éradiquer
la pollution et le mode d’extraction,
de transformation, de distribution et de
consommation des biens et des services,
ils doivent abolir le mode
d’exploitation de l’homme et de la
nature par l’homme capitaliste avide en
quête de profits toujours insuffisants.
Ils devraient foutre la paix à leurs
invités – cesser de culpabiliser le «
bobo-écolo » pour avoir égarer un papier
et lui désigner l’ennemi de classe –
celui qui possède tout et se fout de la
biosphère – celui qui administre la
bourse et la banque, et qui gère les
usines polluantes et gouverne l’État des
riches – celui qu’aucun bulletin de vote
au monde ne fera obvier de son dessein
d’austérité pour les ouvriers et de
profits amplifiés pour sa société privé.
Sa maxime est d’engranger les profits au
prix de sa patrie et de ses amis, de
l’environnement et de tous ces gens afin
d’assurer la reproduction élargie du
système dont il n’est qu’un exécutant
obéissant car le système d’exploitation
de l’homme et de la Terre par
l’impérialisme fonctionne selon des lois
implacables dont la variable
"parcimonie" ne fait pas partie.
Un mode de développement planifié est
possible
C’est le mode de
production capitaliste-impérialiste,
son mode de propriété privée des moyens
de production et d’échange mue par la
loi du profit maximum à monnayer,
engranger et faire fructifier le capital
financier sur les marchés boursiers, que
vous devez abolir si vous souhaitez
contrecarrer les néfastes conséquences
écologiques et environnementales sur le
biotope de ce mode de
production-reproduction élargie
destructeur qui a fait son temps et ne
peut être
«
réformé », ne vous en déplaise
apologistes de l’«éco-socialisme
contre l’économie-extractive»
(sic).
Tant que
l’économie politique sera régie par les
lois de la plus-value spoliée, du profit
accaparé, et du travail salarié
exploité, les périodes de surproduction
de services
et
de marchandises succèderont aux périodes
de récession et de destruction de la
production, entrecoupées de périodes
d’expansion, de crises
monétaires
spéculatives et inflationnistes,
interrompues de périodes de tribulations
financières, bancaires et boursières
cacophoniques et chaotiques...et le tout
recommence inexorablement.
Comme les riches
capitalistes au pouvoir ne voudront
jamais céder leur place aux commandes de
ce
bateau ivre, il faudra d’abord
renverser leur mode de production
moribond afin d’instruire un grand
procès contre ces criminels de
l’environnement, du
biotope et des indigents
et instituer sur les cendres de
ce rafiot à la dérive un
système de
production planifiée
qui réponde aux lois du développement
socialiste : «
De chacun selon ses capacités, à chacun
selon ses besoins », sans propriété
privé, aucune, des moyens de production
et d’échanges, mettant définitivement
fin au gaspillage des ressources et à la
dégradation de la biosphère qui ne doit
plus être mise aux enchères des
rendements décroissants. Voilà tout un
chantier pour le mouvement ouvrier
révolutionnaire.
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Pour se documenter
http://www.robertbibeau.ca/palestine.html
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