Opinion
Rétrospective (2012) et prospective
(2013)
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 2 janvier
2013
Crise économique et résistance
politique
L’année
2012 se termine comme elle avait
commencé, sans perspective de reprise
financière, avec son lot de guerres
meurtrières, de crises boursières, de
pauvreté et de misère, de chômage, de
révolte, de manifestations et de
dépression économique, du moins de ce
côté-ci du Pacifique.
En Orient
lointain le « développement » économique
et industriel s’est poursuivi quoique de
façon ralentie, moins exubérant que
prédit. La léthargie des puissances
occidentales en déclin se poursuit et
s’est fait sentir sur les côtes des Mers
de Chine et du Japon. Le dragon chinois
s’essouffle et le Parti des mandarins a
récemment procédé à un remplacement de
la garde (bonnet rouge – rouge bonnet)
sans évidemment les mascarades
électorales qui accompagnent
habituellement ces changements
cosmétiques ici en Occident.
L’année
2012 aura vu s’approfondir les
conditions de la crise économique
générale du système impérialiste
mondiale. La concentration de la
richesse financière s’est poursuivie et
aujourd’hui, à l’aube d’une nouvelle
année, une poignée de ploutocrates,
une fraction de 1% de la population
mondiale, détient en propriété privée
plus de 20 % des richesses –
du capital – de
l’humanité. Ce processus de
concentration monopolistique
s’accentuera encore cette année –
repoussant davantage les fractions
intermédiaires des capitalistes vers la
périphérie du grand marché financier
international et boutant les
travailleurs vers les friperies et les
soupes populaires.
Cette
concentration financière se fera au
dépend des petits capitalistes
nationaux, des sous-traitants, des
artisans, des grossistes et
distributeurs locaux et de la petite
bourgeoisie d’affaires et du commerce
qui, faute de pouvoir résister à cette
poussée, se retourneront pour spolier
davantage la classe dite « moyenne »,
surtout les travailleurs – producteurs
de toutes les richesses sociales – et
enfin contre toutes les couches de la
population indignée…impuissantes, qui le
restera tant que le prolétariat
négligera de jouer son rôle
d’avant-garde révolutionnaire.
Les lois inexorables du développement
impérialiste poussent vers l’avant ce
processus inéluctable de concentration
monopolistique tandis que les
États bourgeois par le mensonge, la
duperie, la flagornerie, la
temporisation et la répression
judiciaire, carcérale, policière et
militaire vont tenter, chacun à leur
manière, chacun dans leur sphère de
responsabilité (municipale,
départementale, régionale, provinciale,
nationale et internationale) de
maintenir le couvercle sur l’autoclave
social sous pression. L’année nouvelle
verra s’accentuer ce stratagème
politique pseudo-démocratique dont se
rassurent et se repaissent les « bobos »
apeurés, chiens-de-garde du système.
L’année
2012 a bien préparé les conditions de
déperdition qui se poursuivront en 2013.
Tous les sondages le confirment, les
populations sont taciturnes, pleines
d’amertume et de rancune, découragées –
hantées par un sentiment de fatalité –
sans prise sur cette réalité souffrante.
Aucune reprise économique n’est en vue,
aucune n’est attendue et 2013 verra se
poursuivre la longue descente aux enfers
amorcée par la débâcle boursière de
2008.
Le cœur de l’empire en décrépitude
Commençons
par le cœur de l’empire en « mornitude
». Aux
États-Unis les deux factions
opposées de la classe capitaliste
monopoliste financière (Démocrate –
Républicain) ne parviennent pas à
s’entendre à propos de la gestion de la
crise et sur la meilleure façon de
sauver leur système socio-économique en
décrépitude.
La solution
« Ron Paul », d’isolement et de
protectionnisme continental, n’est plus
praticable maintenant que ce sont les
ci-devant monopoles multinationaux
étatsuniens qui exportent-importent les
marchandises sur le sol américain où ces
produits concurrencent l’exploitation de
la classe ouvrière étatsunienne. Les
rendements du capital spéculatif
boursier sont si bas que le capital
financier international cesse d’affluer
vers les USA et la planche à billet
inflationniste de la
FED ne peut, au mieux, qu’être un
pis-aller et retarder
la grande embardée du dollar qui
pourrait bien dévaluer drastiquement
encore cette année (2013).
La
réélection en 2012 du noir Obama
confirme que la section favorable à un
fascisme à « visage humain » maintient
sa domination sur l’appareil d’État et
tient toujours en respect la section
virulente qui souhaiterait l’imposition
d’un fascisme ouvert et radical sans
fards ni égards envers les souffrances
dégradantes des ouvriers pressurés,
surexploités (les
salaires d’une fraction substantielle du
prolétariat étatsunien sont en de ça des
besoins vitaux pour la reproduction
simple de leur force de travail).
Obama et sa
clique savent bien que les conditions
sont trop risquées pour imposer le
fascisme ouvert et affiché, car un
minimum de 310 millions d’armes (une par
habitant), dont moult fusils d’assaut,
sont essaimés de par le pays tout
entier. Ses tentatives de surfer sur la
vague du massacre de Newtown pour
désarmer le peuple américain feront long
feu. Des centaines de milliers
d’ex-militaires entraînés à la guerre
errent, désœuvrés, au cœur des cités
saccagées (contre 1,5 millions de
soldats en service). Le tiers de la
population étatsunienne vit dans
quelques mégalopoles surpeuplées, soit
105 millions d’individus armés qui
pourraient s’engager dans une guérilla
urbaine impossible à maîtriser. La
composition sociale, ethnique,
démographique et la répartition
géographique de l’immense population
américaine essaimée sur ce gigantesque
continent diversifié ne permet pas
l’imposition du fascisme ostentatoire.
Les noirs
(13% des effectifs) forment un groupe en
marge de la société des WASP. Les
latinos, qui constituent 15% de la
population étatsunienne, forment
également un groupe à part, scindé du
noyau central des
blancs-anglicans-mystiques-puritains
eux-mêmes fragmentés. Le cinquième des
habitants des
États-Unis ne parlent pas anglais à
la maison, indice de leur
non-intégration au melting pot Yankee.
Les contingents d’immigrants ayant
fraîchement percé les frontières
cloîtrées de l’empire disloqué ne se
font plus imposer l’utopique « rêve »
américain éludé (1).
S’ajoutent
à tous ces frustrés la masse des
chômeurs enragés (12% de la main-d’œuvre
active), les miséreux toujours plus
nombreux (15% de la population); alors
que ces fous du capital, au Congrès à
Washington, proposent de couper dans la
charité et les services publics pour
donner davantage aux riches sous le
fallacieux prétexte que ces cadeaux en
taxes et en impôts permettront de créer
des emplois que le dernier des ouvriers
a vu depuis longtemps délocalisés vers
des cieux éloignés. L’Amérique allait
mal en 2012, ce sera pire en 2013.
En Europe,
l’année 2012 a vu tous les pays se
ranger sous la botte de la faction
monopoliste
franco-allemande qui commande à
Bruxelles la gouvernance du capital
financier de l’Euroland. Les ouvriers
grecs sont plongés dans la misère pour
avoir refusé de rembourser la dette
souveraine de l’État
Grec chargé d’assurer la pérennité
de la classe des armateurs ayant planqué
leur fric en Suisse. La révolte
Hellénique ayant été contenue, les
autres peuples de l’Euroland seront
désormais soumis au régime des fourches
caudines et ceux qui se rebifferont
seront expulsés du sérail bruxellois.
En 2013 la
planche à billet de l’Euroland tournera
rondement sous la baguette des banquiers
nourrissant la futile espérance de ne
pas être entraînés jusqu’au fond de
l’abime par la débâcle américaine
imminente.
En 2012, la
grande
bourgeoisie française a laissé
tomber son ami Sarkozy, l’hystérique
pantin incapable de dissimuler le visage
malandrin du Grand capital français en
déclin (les « tondeurs de coupons »
comme Lénine les appelait). Un minimum
de compassion feinte s’imposait au
«marquis de» Sarkozy. Au moment où le
peuple est soumis à l’austérité sévère
il n’est pas de bonne manière d’exposer
le désintéressement de la cour des
Grands du Régime qui poursuivent le
transfert de leur argent vers les
paradis fiscaux et le voisin Helvétique
avant que la crise s’abatte sur
l’hexagone déconfit. Hollande saura
donner le change…le temps de compléter
l’arnaque sous la supervision de la
Banque Centrale Européenne…après la
crise de 2013 il sera temps d’aviser et
qui sait de retourner voter.
L’Afrique et le monde Arabe
L’Afrique,
toujours considérée par les riches comme
la prostituée de service est intimée de
se soumettre à son nouveau proxénète
(chinois), et pour ce faire en 2012 le
continent a été soumis à de terribles
guerres fratricides. Dans de nombreux
pays néocoloniaux les intérêts
économiques des anciennes métropoles se
sont heurtés aux agios du nouveau «
capot » et comme chaque fois lors de
tels ébats les néo-colonies doivent se
réaligner (la précédente altercation
avait vu se confronter le
social-impérialisme soviétique et
l’impérialisme étatsunien). Ce sont les
estafettes et les généraux d’opérettes
africains qui sont appelés à trancher
quelle faction de la bourgeoisie
compradore « nationale » empochera les
miettes. Là-bas, sur le continent du
chocolat, du minerai et du bois, l’année
qui vient (2013) sera identique à
l’année qui s’éteint (2012).
L’intégrisme musulman aura bon dos
encore cette année – dans les pays du
Sahara du moins.
En
Afrique du Sud néo-apartheid, avec
l’année trépassée (2012) l’admirable
prolétariat noir surexploité a amorcé sa
rupture radicale d’avec la bourgeoisie
noire compradore – obséquieuse et
corrompue –. Le combat interracial étant
terminé, l’année qui s’amorce verra la
lutte de classes – toutes couleurs
confondues – s’envenimer.
En 2012, la
France, s’est enfoncée un peu plus
avant dans sa politique d’intervention
parmi ses néo-colonies (la
zone du Franc CFA) avant que d’être
repoussée par le nouvel adjudant. En
2013, le prolétariat africain devra
prendre du poids avant de pouvoir
s’emparer de la direction des révoltes
néocoloniales bourgeoises pour en faire
cette fois d’authentiques révolutions
socialistes.
En 2012,
les
« Printemps » arabes ont terminé de
livrer leur quota de billevesées. La
récupération a été complétée au cours de
l’année, ce qui signifie que l’année qui
vient n’augure rien de bien pour les
nouveaux roitelets, présidents, pharaons
et larbins élus « démocratiquement » –
oripeaux prétentieux couvrant la
détresse extrême de ces populations
abscons qui auront plus que jamais
besoin d’une
Révolution ouvrière.
Au
Proche-Orient le Hezbollah au
Liban a maintenu ce pays hors du
conflit en Syrie. En 2013, la
Turquie paiera la rançon «Kurde» de
son immixtion dans la tourmente
syro-iranienne, d’autant que la
Turquie n’a pas été ceinte de la
couronne de nouveau gendarme de l’empire
au Proche-Orient. En
Syrie, le nouveau gendarme des
États-Unis dans le Golfe Persique a
poursuivi son agression contre le
gouvernement syrien et la guerre civile
n’a connu ni vainqueur ni répit. La
Russie y défend sa néo-colonie ce
qu’elle n’avait pas réussi en
Serbie. Le Pentagone laisse ses
alliés locaux mener le bateau à
vau-l’eau. À vrai dire les américains ne
souhaitent pas un règlement rapide de
cette guerre civile où ils sont peu
engagés car après Bachar al Assad
destitué il ne restera plus rien devant
les mollahs
iraniens et l’Amérique n’est pas
pressée de pousser sa politique
d’agression dans cette région en ces
temps de dépression (PIB-USA = - 2,4%).
Comme en
2012, les sionistes
israéliens entre deux complots
contre leurs rivaux, entre trois
assassinats contre Gaza et quatre
constructions de maisons pour colons,
poursuivront leur tragique réalignement
stratégique… Quelle sera la misérable
puissance de tutelle qui héritera de
cette charge déshonorante quand les
États-Unis se seront enfuis de ces
malappris ? N’attendez aucune réponse
définitive à cette énigme au cours de
cette année du calendrier de l’Hégire
(1434).
Le prétendant au trône doit se
commettre
Ce n’est
pas non plus en 2013 que l’Irak,
l’Afghanistan
et le
Pakistan sortiront de la terreur
imposée de l’extérieur. La situation ne
fera qu’empirer, les morts
s’additionner, et les USA s’exfiltrer de
ce guêpier qu’ils ont créé alors que
l’ineffable Stephen Harper (Canada)
jouera le matamore avec son armée de
matadors emmurée dans Kaboul l’encerclée
à former de futurs soldats pour les
Talibans…!
En 2013,
les menaces – les mêmes qu’en 2012 –
s’abattront sur l’Iran
sanctionnée qui n’a d’autre choix que de
résister et de menacer de fermer
le
Détroit d’Ormuz en cas d’agression
planifiée. L’économie mondiale ne
pouvant se payer une telle agonie, la
guerre contre l’Iran n’aura pas lieu,
même après l’élection du bouffon à la
Knesset sioniste.
En 2013, la
Chine est intimée de s’exposer. Elle
ne pourra fuir plus longtemps ses
responsabilités, sommée par le grand
capital international de tenir son rang
de super puissance économique,
industrielle et financière mondiale (2).
En 2013,
surveillez la Chine c’est là que
s’écrira quelques pages caractéristiques
du nouveau règne du Dragon à moins que
le puissant prolétariat chinois ne
déjoue les ambitions de ses patrons.
______________________________
(1)
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tats-Unis
(2)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chine
Dans le
volume
Impérialisme et question nationale (Le
modèle canadien) (2012) nous
présentons la question nationale
(GRATUIT EN PDF)
http://www.robertbibeau.ca/imperialisme.pdf
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