Opinion
Équité et justice,
version de «gauche» et de droite !
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 1er février
2012
Les
indignés de Wall Street et ceux d’un
millier de cités réparties dans 70
contrées où ils ont planté leur drapeau
ont imaginé le slogan
Nous sommes les 99 % qui
s’appauvrissent et nous réclamons une
plus grande justice
sociale et économique
: « Le 17 septembre 2011, une poignée de
gens se rassemble dans un parc de New
York pour réclamer une meilleure justice
sociale et économique. (…)
La chose que nous avons tous en
commun, c’est que nous sommes les 99%
qui ne toléreront pas plus longtemps la
cupidité et la corruption des 1%
restants » (1).
SOROS LE
HÉROS MILLIARDAIRE
Le milliardaire spéculateur et
boursicoteur Georges Soros, lui-même
adjudant des 1 pour cent et cible des
indignés frustrés, a émis pour
l’occasion un communiqué pour appuyer
ceux qui le houspillaient. Soros déclare
dans ce communiqué que « La décision
(des gouvernements NDLR) de ne
pas injecter de capitaux dans les
banques mais en réalité de les
soulager de leurs mauvais avoirs et de
leur permettre de s’extraire du trou,
laisse les banques avec des super
profits et leur permet de verser des
super-bonus (à leurs gestionnaires
NDLR).» (2).
On comprend ici que Soros convoitait
le contrôle de l’une de ces banques qui,
avec l’aide du gouvernement, a rétabli
son crédit et échappé à sa voracité.
Soros fait partie de la faction
déclinante des
spéculateurs-boursicoteurs qui implorent
que l’État n’intervienne qu’en leur
faveur dans les affaires spéculatives de
leur clan afin de brouiller les cartes –
et que chaque capitaliste se batte – et
que les meilleurs survivent – comme dans
la jungle primitive.
Les ‘indignés’ ont félicité Soros
pour son appui et son courage «
désintéressé ». Et de ce fait les
‘indignés désorientés’ se retrouvent
dans le CLAN des moins de 1 pour cent de
tyrannosaures qui soutient le
libre-échange et les lois de la libre
concurrence contre ceux qui, parmi les
moins que 1 pour cent – en difficulté –
quémandent une intervention étatique
pour les sauver du danger et renflouer
leurs entreprises. Dites-moi, quelle
faction des impérialistes –
libre-échangistes ou interventionnistes
– devrions-nous vilipender ou
congratuler aux prochaines élections ?
Ni l’une ni l’autre, direz-vous ! Et
vous aurez raison. C’est pourtant le
choix que vous offrent les candidats de
la « gauche caviar » et de la « droite
cassoulet » aux présidentielles
françaises, aux présidentielles
américaines et dans toute une série de
mascarades électorales qui se préparent
dans plusieurs pays secoués par
l’effondrement des marchés boursiers.
ÉGALITARISME
INACCESSIBLE
Contrairement à ce que suggèrent les
indignés et l’ensemble de la «gauche
égalitariste», il ne peut y avoir de
justice dans la répartition de la
richesse en société capitaliste, c’est
impossible. La répartition
égalitaire de la richesse n’est pas un
objectif du développement économique
sous régime capitaliste. La
concentration de la richesse est une
résultante, le produit du fonctionnement
imprescriptible de ce système incontrôlé
– anarchique. Aucune volonté humaine ne
dirige le développement du système
capitaliste qui suit son processus de
concentration monopolistique inexorable.
Ainsi de nombreux candidats dits de «
gauche » et des dirigeants de partis
dits «d’extrême-gauche» exposent devant
leur sympathisants des chiffres
révoltants prouvant hors de tout doute
que la richesse se concentre toujours
davantage entre les mains de quelques
capitalistes (ce que George Soros
souhaite maintenir puisqu’il fait partie
des gagnants pour le moment) ; et ces
hâbleurs démagogues exposent des
statistiques démontrant
l’appauvrissement concomitant des plus
que 99 pour cent restants. Même
l’aristocratie ouvrière et la petite
bourgeoisie salariée sont victimes de
cette paupérisation évidente et
permanente (3).
L’ÉCONOMIE DE
MARCHÉ
C’est la faute à ‘l’économie
de marché’, clament en chœur et
l’extrême-gauche et l’extrême-droite.
Ils ont tout faux, tous les deux. C’est
une appellation erronée pour
caractériser l’économie
capitaliste avancée. Cet
épouvantail nous est présenté afin de
déplacer le centre de gravité de la
contradiction principale qui ébranle
l’économie impérialiste toute entière et
la fait tituber d’une crise à une autre.
L’appellation ‘économie de
marché’ suggère que le
problème des peuples et des ouvriers se
situe dans l’iniquité de la distribution
de la richesse, l’injustice distributive
: tous n’ont pas accès aux
marchandises parce que le pouvoir
d’achat n’est pas réparti équitablement
par la faute du mauvais fonctionnement
des ‘marchés libres’ qui seraient régis
en sous-main par les financiers, les
banquiers, les spéculateurs et les
boursicoteurs avides. Le président de la
société WalMart est aussi de cet avis
tout comme Marine Le Pen, François
Hollande, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas
Sarkozy, Stephen Harper et Barack Obama.
Venant de gauche et de droite, ils
font consensus pour présenter cette
vessie pour une lanterne.
L’injustice distributive serait la
conséquence du mauvais fonctionnement du
capitalisme, le pire système à
l’exception de tous les autres disait
feu Winston Churchill, le réactionnaire
ancien premier ministre britannique.
Le remède serait l’égalitarisme
et une meilleure répartition de la
richesse.
RENDONS LE
CAPITALISME JUSTE ET ÉQUITABLE
L’étape suivante dans ce processus de
mystification consiste à
proposer des lois pour réguler les
marchés, légiférer sur la répartition de
la richesse, interdire la pauvreté
(sic), augmenter le salaire minimum – le
SMIC –, proposer un revenu minimum
garanti, surenchérir, comme le
font les candidats de gauche et la
candidate d’extrême-droite (Marine Le
Pen), par d’utopiques propositions
d’aide sociale aux ménages et de
rétablir la retraite à 65 ans et la
semaine de 35 heures, augmenter les
rentes de retraite, plafonner les
salaires des dirigeants d’entreprises,
ré-industrialiser les pays
‘industriellement
délocalisés-disloqués’, etc. Un ensemble
de propositions irréalistes qui ne sont
que mirages pour attirer les électeurs
désorientés, désemparés.
Évidemment, si jamais la supposée
gauche s’emparait du pouvoir, elle ne
pourrait jamais remplir ses promesses ou
alors au prix d’un approfondissement de
la dette souveraine, ce qui ne ferait
que retarder l’échéance du règlement de
compte final entre la classe ouvrière et
ce système d’exploitation moribond.
Entre temps, évidemment, la droite
serait trop heureuse de glapir à propos
de l’ineptie des politiques de droite du
« Front de gauche », et vice versa si
c’est Le Front National qui se casse le
nez en mettant en application ses
politiques de gauche populiste. Sachez
que les travailleurs ne croient plus à
ces miroirs aux alouettes. Il n’y a que
le clergé, l’Osservatore Romano, les
indignés décontenancés, les socialistes
utopiques-pré-scientifiques, les
révisionnistes, la gauche vénale et la
droite démagogue qui espèrent faire
avaler ces couleuvres aux électeurs.
La bourgeoisie accorde tous les
bonbons que nous venons d’énumérer et
attache ces chaînes dorées au cou des
travailleurs quand l’économie va bien,
que les profits sont en hausse,
l’exploitation des pays du Tiers monde
florissante – d’où vient la plus-value
abondante – si bien que des miettes
peuvent être distribuées aux
travailleurs méritants. En période de
crise, de repartage des dividendes, de
partage des marchés, des ressources
minières et des sources d’énergie, face
à une superpuissance économique montante
– la Chine – qui
dispute toutes les régions du monde à
l’hégémonie occidentale (États-Unis-ALENA
et Union Européenne),
il est hors de propos d’offrir de
nouvelles concessions, que dis-je, il
est hors de question de maintenir les
avantages qui ont déjà été concédés. La
guerre des classes est déjà engagée.
Nous ne vivons pas une époque de
montée des réclamations ouvrières, mais
une épopée de résistance aux
revendications des patrons qui cherchent
à reprendre ce qu’ils avaient
précédemment accordé.
L’EXPROPRIATION PRIVÉE DE LA PLUS VALUE
Et tout ceci non pour cause
de mauvaise répartition du pouvoir
d’achat et des revenus, pas du tout,
mais pour cause d’expropriation privée
des moyens de
production et du fruit de la production
– la plus-value à travers la valeur des
marchandises – ce n’est pas un
problème d’équité c’est un problème de
PROPRIÉTÉ du capital. La PROPRIÉTÉ
privée des moyens de production (usine,
moyens de transport, bureau
administratif, mines, sources
d’énergies, etc.) a pour conséquence
l’accumulation de la plus-value – source
de la richesse – et des marchandises
dans les mains de moins en moins
d’individus toujours plus riches et
puissants, et, toutes choses étant
égales par ailleurs, l’appauvrissement
de ceux qui ne possèdent rien d’autre
que leur force de travail à vendre (4).
Conséquence de la tautologie qui
précède, on ne peut mettre
fin à la crise et à ses
conséquences – l’iniquité
grandissante dans la répartition de la
richesse et l’injustice qui est faite
aux pauvres, aux travailleurs
paupérisés, aux petit-bourgeois
injustement rétribués – au point qu’ils
doivent sacrifier leur loft sur le
Plateau pour un meublé en sous-sol dans
Hochelaga, échanger leur BMW pour une
petite cylindrée…et autres calamités…
Inutile de se bercer d’illusion. La
prospérité ne reviendra pas – elle s’est
déplacée vers l’Asie-Pacifique, vers
l’Ouest – vers d’autres horizons et une
guerre nucléaire serait un bien lourd
tribut à payer pour ramener « l’équité »
en faveur des anciens colonisateurs
occidentaux.
Le capitalisme ne peut être rafistolé
et l’équité ne peut être instaurée sans
changer de système économique.
(1)
http://www.dannykronstrom.com/blog-marketing-web/occupons-wall-street-medias-sociaux-reseaux-facebook-twitter/
(2)
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/10/04/04016-20111004ARTFIG00573-george-soros-nouvel-allie-des-indignes-de-wall-street.php
(3)
http://www.centpapiers.com/737-maitres-du-monde-controlent-80-de-la-valeur-des-entreprises-mondiales/81601
(4)
http://www.challenges.fr/classements/fortune/?t=rang&s=asc
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