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Aujourd'hui le Maroc
Israël
à la veille d'une possible crise politique
Robert Assaraf
Ehud Olmert
22
janvier 2008 A l’approche
de la publication, le 30 janvier, du Rapport définitif de la
Commission Winograd, la classe politique israélienne spécule sur
les chances de survie du Premier ministre Ehoud Olmert, lâché
par son allié Israël Beïtenou dirigé par Avigdor Lieberman, et
peu désireux de répondre aux exigences formulées par le parti
religieux séfarade Shass. Après plusieurs
semaines d’hésitation, le dirigeant du parti russophone et
raciste Israël Beïtenou, Avigdor Lieberman a finalement mis à
exécution sa menace de quitter, avec ses onze députés, la
coalition gouvernementale dirigée par Ehoud Olmert. Il a pris
pour prétexte de sa démission la décision du gouvernement
d’ouvrir avec l’Autorité palestinienne des discussions
portant sur les « questions au cœur du conflit », à savoir :
le tracé des frontières, le statut de Jérusalem et le problème
des réfugiés. Autant de lignes rouges qu’il ne voulait pas
franchir même s’il avait reporté sa décision définitive après
la visite effectuée par le président américain George Bush en
Israël et en Cisjordanie.
En claquant la porte du gouvernement, Avigdor Lieberman a, une
fois de plus, fait scandale en qualifiant les Arabes israéliens
de « cinquième colonne » et en affirmant que leurs élus à la
Knesset, en particulier Ahmed Tibi et Mohammed Barakeih étaient
plus dangereux que Cheikh Hassan Nasrallah, le Secrétaire général
du Hezbollah libanais, et Khaled Mechaal, le chef de la branche
extérieure du Hamas. Des propos fermement condamnés par le reste
de la classe politique israélienne pour laquelle Lieberman est un
raciste endurci. Ses théories appelant à un échange de
populations et de territoires entre Arabes israéliens et colons
juifs de Cisjordanie, constituent aux yeux des autres élus une
menace pour les valeurs démocratiques d’Israël.
Le départ d’Avigdor Lieberman et de son parti ne menacent pas,
en théorie, la survie du gouvernement Olmert. Le Premier ministre
dispose toujours d’une majorité de 67 sièges sur 120 à la
Knesset, le Parlement israélien. Toutefois, ce départ intervient
dans un climat politique particulièrement troublé. C’est le 30
janvier, à 18 heures, que la Commission Winograd doit en effet
remettre son Rapport définitif sur les carences constatées, au
sein de l’échelon politique et de l’échelon militaire israéliens,
lors de la Seconde Guerre du Liban ( 12 juillet-14 août 2 006).
Même si la Commission n’entend pas formuler de recommandations
nominatives visant tel ou tel dirigeant civil ou militaire, la sévérité
probable de ses conclusions incite d’ores et déjà de larges
secteurs de l’opinion publique, en particulier les réservistes
et les familles des soldats tués, à exiger la démission,
dès la publication du Rapport, de Ehoud Olmert. A leurs yeux, le
chef du gouvernement ne peut faire moins que l’ancien chef d’état-major,
le général Dan Haloutz, ainsi que l’ex-ministre travailliste
de la Défense, Amir Peretz. Les deux hommes ont été contraints
de céder la place et, pour de nombreux Israéliens, cette règle
devrait également s’appliquer au Premier ministre.
La survie politique de Ehoud Olmert dépend donc de l’attitude
du Parti travailliste dont le chef, l’actuel ministre de la Défense
Ehoud Barak, avait jadis promis de quitter la coalition au
lendemain de la publication du Rapport Winograd. Toutefois, les
perspectives de paix ouvertes par les négociations entre Tzipi
Livni et Ahmed Qoreï, pourraient l’inciter à ne pas chercher
à provoquer une crise politique et des élections anticipées
dont le grand vainqueur pourrait être le chef du Likoud, Benyamin
Netanyahou.
Un maintien des Travaillistes dans la coalition n’assurera pas
pour autant la survie du gouvernement car les ministres du parti
religieux séfarade Shass menacent d’imiter Avigdor Lieberman si
Israël discute avec l’Autorité palestinienne de l’avenir et
de l’éventuelle partition de Jérusalem.
Les exigences formulées par le Shass sont telles que certains analystes
n’hésitent pas à recommander à Ehoud Olmert de trancher dans
le vif en s’appuyant sur un gouvernement constitué par son
parti, Kadima, par le petit parti des Retraités et par les
Travaillistes.
Ce cabinet serait minoritaire ( 55 sièges) mais pourrait survivre
en s’appuyant sur le parti pacifiste Meretz (5 élus) et sur les
10 députés arabes, voire bénéficier des votes de certains députés
religieux ashkénazes. De la sorte, le gouvernement pourrait poursuivre
les négociations en vue de la conclusion, avant la fin 2 008, d’un
accord de paix avec l’Autorité palestinienne.
Reste à savoir si ces combinaisons d’état-major survivront à
la tempête politique et médiatique que provoquera, le 30 janvier
2008, la Conférence de presse convoquée par la Commission Winograd
pour présenter son Rapport final. Droits de reproduction et de diffusion réservés
© Aujourd’hui le Maroc 2008
Publié le 27 janvier 2008 avec l'aimable autorisation de : Aujourd'hui le Maroc
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