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Aujourd'hui le Maroc
Abou
Mazen et Olmert négocient en secret un accord sur l’Etat
palestinien
Robert Assaraf
Mahmoud Abbas et Ehoud Olmert - Photo CPI
22
août
2007 Le Premier ministre israélien
et le président de l’Autorité palestinienne mènent
actuellement d’intenses discussions en vue de la conclusion
d’un accord-cadre sur la création d’un Etat palestinien. Ces
pourparlers achoppent sur la délicate question des réfugiés. La
rencontre à Jéricho, le 7 août dernier, entre Mahmoud Abbas et
Ehoud Olmert, était certes symbolique. C’était la première
fois qu’un chef de gouvernement israélien acceptait de
rencontrer le dirigeant de l’Autorité palestinienne dans une
ville de Cisjordanie.
Grâce aux informations publiées ultérieurement par leur collègue
Shimon Shiffer dans Yediot Aharonot, les journalistes israéliens,
palestiniens et étrangers qui couvraient ce sommet ont compris
pourquoi les deux hommes s’étaient singulièrement montrés
avares de commentaires, positifs ou négatifs, à son issue.
Parallèlement à leurs rencontres protocolaires et aux entretiens
menés par le Premier ministre palestinien Salem Fayyed avec
plusieurs responsables israéliens, dont le ministre de la Défense
Ehoud Barak et la ministre des Affaires étrangères, Tsippi Livni,
Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas ont d’autres occasions,
quasi-quotidiennes, de discuter. Avec quatre de leurs conseillers,
ils négocient d’arrache-pied, depuis plusieurs semaines, la
conclusion d’un accord-cadre portant sur la création d’un
Etat palestinien et sur les «questions finales», à savoir le
tracé des frontières, le statut de Jérusalem-Est et le problème
des réfugiés. Le texte qui tiendrait, dit-on, sur un feuillet à
la dactylographie très serrée, est d’ores et déjà en partie
rédigé. Mais les négociations achoppent actuellement sur la
question des réfugiés. Selon des sources proches de la Primature
israélienne, Mahmoud Abbas se montrerait intransigeant, refusant
systématiquement les propositions israéliennes sur une
compensation financière même généreuse et la solution d’une
dizaine de milliers de cas «humanitaires».
Le blocage des discussions n’est pas sans inquiéter les
Etats-Unis pour lesquels la conclusion de cet accord-cadre est
indispensable afin d’assurer le succès de la Conférence
internationale de paix, prévue pour novembre. La signature préalable
de ce texte servirait en effet de catalyseur à la relance du
processus de normalisation diplomatique des rapports entre Israël
et le monde arabo-musulman et à la naissance de ce « nouveau
Moyen-Orient » que l’administration Bush appelle de ses vœux.
C’est la raison pour laquelle la secrétaire d’Etat américaine,
Condoleezza Rice, se rendra début septembre en Israël et dans
les territoires palestiniens pour contraindre Ehoud Olmert et
Mahmoud Abbas à lever leurs ultimes désaccords. Et, éventuellement,
pour les mettre en garde contre les solutions alternatives
auxquelles les deux hommes continuent à réfléchir chacun de son
côté.
Car c’est bien là le problème, souligné par les meilleurs
analystes de la presse israélienne : «Pour arriver à un accord,
il faut d’abord que quelqu’un y croie de tout son cœur et y
pousse de toutes ses forces. Or, le dialogue entre Olmert et Abou
Mazen est malheureusement un dialogue de non-croyants», écrit
l’un d’entre eux.
Leur scepticisme les incite à rechercher des solutions de
rechange qui suscitent l’inquiétude de l’administration américaine.
Mahmoud Abbas menace ainsi de « passer la main » et de céder
son fauteuil présidentiel à Ahmed Ranim, alias Abou Maher, un
ancien haut responsable militaire de l’OLP, connu pour s’être
opposé en son temps aux Accords d’Oslo. Car il pourrait
reprendre, sous certaines conditions, le dialogue avec le Hamas.
Et il serait, pour les Israéliens, un partenaire moins commode et
moins sûr que l’actuel dauphin présumé d’Abou Mazen, Marwan
Barghouti, dont le prestige peut rallier à un accord de paix la
« rue palestinienne ». Mais encore faut-il qu’il soit libéré
par les Israéliens !
Les rumeurs sur Ahmed Ranim, colportées par une partie de
l’entourage d’Abou Mazen, sont une réponse à l’inquiétude
suscitée dans les rangs palestiniens par la perspective d’une réouverture
du dialogue entre Israël et la Syrie, Washington ayant levé son
veto.
Certes, depuis plusieurs semaines, tant à Damas qu’à Tel-Aviv,
la presse distille quotidiennement des informations alarmistes sur
les risques de guerre entre les deux pays, mais aussi les déclarations
faites en sens contraire par leurs dirigeants, le président
Bachar Al Assad comme le Premier ministre Ehoud Olmert.
Pour les Palestiniens, il s’agit d’un écran de fumée. Ils
craignent que les Israéliens, comme ils l’ont fait à deux
reprises dans le passé, ne soient tentés de jouer la «carte
syrienne» au détriment de la carte palestinienne comme ils
n’ignorent pas que Damas fera passer la récupération du Golan
avant la solidarité avec les Palestiniens.
Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas campent actuellement sur leurs
positions, chacun étant persuadé qu’il dispose d’une carte
secrète, qui pourrait le dispenser de la conclusion du fameux
accord-cadre.
En se rendant de manière imprévue dans la région, Condoleezza
Rice entend les ramener à la raison et les contraindre à un
accord avant la tenue de la Conférence internationale de paix.
Elle sait qu’elle pourra invoquer le soutien à son initiative
des pays arabes modérés pour lesquels l’absence de progrès
dans le processus de paix est une menace pour leur stabilité même,
une menace qui prime sur toute autre considération. Par
: Robert ASSARAF
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